• RYTHMES « SCOLAIRES » : DES PISTES POUR AVANCER - 1-

    Comme je le disais dans l’article précédent, il faut dénoncer ce qui ne va pas, critiquer en argumentant mais aussi proposer des pistes pour avancer .
    C’est ce que des praticiens de terrain ont fait depuis deux ans et ce que j’ai déjà fait, à mon humble niveau de réflexion, lors de la nomination de Benoit HAMON. (voir notamment  http://quaiducitoyen.eklablog.fr/decret-sur-les-rythmes-ce-qu-on-pourrait-faire-a107713706 et http://quaiducitoyen.eklablog.fr/rythmes-scolaires-hamon-un-cautere-sur-une-jambe-de-bois-a107691460)

    Dans l’hypothèse où la nouvelle ministre voudrait changer de direction pour que l’on construise effectivement des projets dans l’intérêt de l’enfant (et de l’élève) qui permette donc de tenir compte de tous ses rythmes de vie et tous ses temps de vie, il est encore temps d’ajuster et de revenir sur ce qui ne va pas.

    RYTHMES « SCOLAIRES » : DES PISTES POUR AVANCER  - 1-

    (auteur Greudin, domaine public)

    Je conseille la lecture d’ une interview accordée par Claire LECONTE à Blog Forum Infos de Lille 3, dans lequel elle expose très clairement de quelle manière on doit considérer tous les temps de vie de l’enfant pour avancer.

    http://inforum.univ-lille3.fr/2014/09/entretien-avec-claire-leconte-il-faut-considerer-tous-les-temps-de-vie-des-enfants-a-egale-importance/

    Voilà pour le cadre.

    Bien sûr, le handicap est que madame Najat Vallaud-Belkacem a hérité du décret Peillon et que Benoit Hamon a persisté à ne pas vouloir réécrire ce décret malgré les nombreux appels qui lui ont été faits par les praticiens. Dommage, il eut été possible entre mai et juin de prendre nombre de décisions pour ne pas se laisser piéger et prendre une nouvelle année de retard.(http://quaiducitoyen.eklablog.fr/non-monsieur-hamon-le-debat-sur-les-rythmes-n-est-pas-clos-a108295922)

    Pour l’instant, il est sûr que la rentrée s’étant faite sur les bases actuelles , il reste à laisser courir l’année scolaire telle qu’elle a été mise en place mais il faut absolument, dès maintenant, lancer une autre voie pour éviter l’échec définitif : celui de la prise en charge des élèves dans un cadre obsolète, étriqué et qui ne permettra pas les progrès ni dans le domaine des temps de vie de l’enfant ni dans la prise en charge des apprentissages à l’école.

    PREMIÈRE ÉTAPE : se détacher des avis et actions technocratiques

    Il me semble indispensable pour la nouvelle ministre de se détacher des avis et actions technocratiques qui ont présidé à la mise en place d’un décret inepte pour revenir à ce que j’appellerai une dynamique de construction qui concerne tous les partenaires de terrain : enseignants, parents, animateurs, associations éducatives, élus des collectivités locales, chercheurs de terrain.

    Ce serait l’occasion aussi de lancer la réflexion sur les rythmes pour les ados, les collégiens et les lycéens qui certes doit tenir compte de l’âge des jeunes mais qui fait partie d’une ensemble cohérent de réflexion à mettre en place pour agir positivement.

    J’ai employé ici le terme « technocratique » de manière péjorative en le définissant comme au service d’une pure théorie politique, celle du gouvernement, qui au premier abord semble intéressante mais qui, mal étudiée par rapport à la réalité dont elle se déconnecte donc, met en place des solutions néfastes et qui en définitive sape tout ce qui est ou aurait pu être positif par les « embrouillaminis » non prévus qu’elles créent.

    RYTHMES « SCOLAIRES » : DES PISTES POUR AVANCER  - 1-

    (Auteur inconnu, domaine public)

    Avant que de lancer une réforme, il eut fallu

    • être honnête vis à vis des connaissances qu’on avait du sujet et ne pas dévier pour suivre les sondages
    • et avoir le courage politique nécessaire de prendre de bonnes mesures même si elles allaient à l’encontre de mauvaises habitudes comme le non travail du samedi matin

    On aurait pu ainsi examiner sérieusement – ce qui n’a pas été fait- les véritables conditions d’une réforme pour un véritable aménagement des temps de vie de l’enfant et du jeune, temps scolaire compris, avant que de « pondre » un décret inadapté.

    On ne fait pas en deux ans ce que certains pays ont mis en place en plusieurs décennies et pour ce faire on commence modestement par le bon bout au lieu de vouloir pavoiser et faire croire que tout sera résolu par un décret qu’il faut absolument appliquer même s’il est mauvais, ce qui est le cas.

    On ne gouverne pas seulement à coups de décrets mais en lançant une vraie dynamique avec tous ceux, et ils sont nombreux, qui veulent que les enfants réussissent : parents, enseignants d’abord, des experts, des chercheurs de terrain, des expérimentateurs, des élus municipaux avisés...Et là on gagne du temps et on peut aller plus vite pour mettre en place la semence d’une vraie refondation qui se construira sur de bonnes bases avec le temps.

     On s‘est contenté de « faire » comme souvent :

    • lancer d’en haut une idéologie, une théorie séduisante
    • faire de la pseudo consultation
    • ne retenir que ce qui confirme la théorie et éluder ce qui gêne
    • faire la loi ou le décret
    • demander qu’on applique.
    • ....

    C’est ce qu’ont subi depuis des décennies les parents et les enseignants de la part de tous les gouvernements. Les deux derniers ne font pas exception.

    Le problème c’est qu’il manque l’essentiel : les moyens de la mise en œuvre d’une dynamique réelle de toutes les parties prenantes. On a au contraire progressivement démobilisé ceux qui croyaient à une vraie refondation.

    Il reste une solution au gouvernement : admettre qu’il s’est trompé et reprendre sérieusement l’étude du sujet pour véritablement avancer... sinon il aura perdu son temps et gaspillé des moyens.

    Aujourd’hui, on n’avance pas dans les pratiques et les moyens de la classe et sur la fatigue des enfants on recule : les bilans montrent pour nombre d’écoles qui ont appliqué la réforme en septembre 2012, un accroissement de la fatigue chez les enfant et donc tout l’inverse du but recherché.

    Toutes les conditions sont donc réunies pour une remise en cause du décret et envisager de prendre une autre direction : une nouvelle ministre, un sondage qui montre le mécontentement des parents, des enseignants prêts à se mobiliser pour peu qu’on les associe vraiment aux projets...

    Rien n’est impossible pourvu qu’on en ait la volonté.

    Ce n’est pas se déjuger que d’admettre qu’on peut prendre en compte les critiques positives pour mobiliser non pas l’électorat mais les acteurs du terrain de l’école.

    Quant aux critiques des politiciens qui ne pensent qu’à 2017 on peut s’asseoir dessus car elles ne sont pas force de propositions positives pour les enfants.

    DEUXIEME ETAPE : récréer donc une dynamique.

    Cela doit se faire et peut se faire sur la base de principes clairs qui permettent l’initiative, la responsabilité et une véritable prise en compte de tous les temps de vie de l’enfant y compris le temps scolaire qui ne représente, rappelons-le, que 24 heures sur les  168 heures d'une semaine.  

    Créer une dynamique c‘est beaucoup plus difficile que de « pondre un décret » à la "va-vite" parce que politiquement on veut faire croire à des résultats rapides...

    Pour créer un vrai projet, on doit donc réellement associer tous les acteurs en y mettant les vrais moyens et en reconsidérant tout ce qui est à examiner : Les pratiques pédagogiques bien sûr mais aussi les pratiques éducatives hors de l’école, les manières dont on peut travailler sur une commune grande ou petite, un village, un regroupement, la disparités des moyens, les difficultés ou les facilités, les conditions de travail des enseignants, des animateurs, l’information et l’action des parents, premiers éducateurs pour influer sur le sommeil par exemple...bref tout ce qui n’ a pas été vraiment fait et la liste est longue.

     C'est tout de suite qu'il faut commencer!

    J’y reviendrai dans la suite du propos.

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