• REFONDER L'ÉCOLE EN 2024...

    Depuis plusieurs législatures et j’y inclus aussi celle de Hollande, les pouvoirs en place n’ont fait que mettre des cataplasmes sur des jambes de bois pour faire croire qu’ils agissaient pour améliorer l’école. On peut y ajouter l’électoralisme et les diverses tentatives de certains élus pour affaiblir l’école publique au profit de l’école privée . Les exemples sont nombreux sous Sarkozy, Chirac et Macron notamment. Et sous Hollande c’est le manque de courage politique qui a laissé l’école en plan. Après avoir voulu faire croire à une refondation. On voit ce que cela a donné.

    On pourra relire les articles que j’ai consacrés pour chacune de ces législatures et entre autres :

    - http://quaiducitoyen.eklablog.fr/hollande-ca-va-mieux-c-est-lui-qu-il-l-dit-education-2-a125922674

    - http://quaiducitoyen.eklablog.fr/la-revalorisation-des-enseignants-selon-nicolas-sarkozy-1-a112938438

    et http://quaiducitoyen.eklablog.fr/la-revalorisation-des-enseignants-selon-nicolas-sarkozy-2-a112979868

    - http://quaiducitoyen.eklablog.fr/education-nationale-la-casse-a-macron-via-blanquer-chapitre-un-a159819964 et suivantsLES JOURNÉES DE LA REFONDATION...DE L’ÉCOLE  1 sur 2

    JE TIRE LES LEÇONS DU PASSÉ

    J’ai eu l’occasion ces dernières années , du temps où j’aurai pu croire que les ministres de Hollande allaient s’attaquer à refonder véritablement l’École, de fixer un certain nombre de priorités pour une école refondée. Des objectifs avaient été définis et pouvaient être enthousiasmants mais je me suis vite aperçu que le clientélisme politique prenait le pas sur l’intérêt général de construction d’une école adaptée aux élèves. La politique politicienne a vite fait son retour. Comme je le disais précédemment, à l ‘époque,(en 2011)j’avais trouvé l’objectif de refonder l’école motivant, enthousiasmant même et digne d’y participer.

    Comme j’ai bien dû le dire plus tard, hélas, au fur et à mesure du temps, le désenchantement à fait place à l’enthousiasme du départ. Dans un article intitulé « la refondation de l’école est en danger d’asphyxie » (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/la-refondation-de-l-ecole-est-en-danger-d-asphyxie-a91422307), du 31 mai 2013 , je faisais déjà un constat amer sur la manière dont le ministre de l’époque avait commencé à mener la refondation :

    « Comme pour l’asphyxie, la strangulation provoquée par le carcan du décret sur les rythmes scolaires qui étouffe les équipes pédagogiques, l’absorption irrespirable des miasmes de l’électoralisme et des pressions des lobbies, la non considération des symptômes des désillusions des acteurs de terrain sont en train de mener la refondation à une agonie réelle et ce beau projet n’aura bientôt plus de dynamique. Cela entrainera des séquelles irréversibles dans les forces vives de notre système éducatif alors que le poison du doute s’y est de plus instillé. »

    A cette époque, Il y eut trois ministres de l’Education nationale sur 4 ans avec, à mon sens, une refondation qui s’est fait attendre et a traîné tant sur le plan de la réflexion que sur le plan de la mise en œuvre et a fini par avorter. J’ai eu l’occasion de la suivre pas à pas depuis son annonce et le moins qu’on puisse dire, c’est que, même sil y a eu quelques mesures qui allaient dans le bon sens, on est arrivé bien loin, au bout de quatre années, des discours prononcés en 2012.

    Ma réaction fut de dire qu’il n’y avait pas grande cohérence et que l’on perdait du temps. Depuis l’annonce de la refondation par le Président de la République et Vincent Peillon, il y eut nombre d’incohérences et par exemple incohérence dans la chronologie pour véritablement refonder : les « rythmes» avant les programmes,  les plages de vacances scolaires complètement déconnectées des rythmes des enfants et des jeunes.

    Si la refondation de l’Ecole est une œuvre de longue haleine, elle ne pouvait vraiment aboutir que dans la mesure où une réflexion cohérente et les vrais moyens auraient été prévus et planifiés pour ce faire. On n’en a pas pris, hélas, le chemin :

    - recul dans le temps de la refonte des programmes

    - aucune remise en cause du nombre d’heures de travail annuel des élèves

    - aucune remise en cause d’une réforme des rythmes, dévoyée par l’électoralisme au profit des activités périscolaires et qui n’ont rien apporté durant le temps scolaire ont  fatigué souvent nombre d’élèves et les ont placés dans des situations complètement loufoques permises par le système mis en place comme par exemple les Temps d’Activités Périscolaires tout au long d’une journée, le mardi. 

    - aucune vraie revalorisation de la fonction d’enseignants du premier degré.

    ....

    J’ai détaillé l’ensemble des manques sur ce blog comme de nombreux autres l’ont fait aussi en le faisant entendre. Ils n’ont guère été écoutés. Mais sans doute étaient-ils trop près du terrain.

    On ne gouverne pas seulement à coups de décrets mais en lançant une vraie dynamique avec tous ceux, et ils sont nombreux, qui veulent que les enfants réussissent : parents, enseignants d’abord, des experts, des chercheurs de terrain, des expérimentateurs, des élus municipaux avisés...Et là on gagne du temps et on peut aller plus vite pour mettre en place la semence d’une vraie refondation qui se construirait sur de bonnes bases avec le temps. 

     On s‘est contenté de « faire » comme souvent :

    • lancer d’en haut une idéologie, une théorie séduisante

    • faire de la pseudo consultation

    • ne retenir que ce qui confirme la théorie et éluder ce qui gêne

    • faire la loi ou le décret

    • demander qu’on applique.

    • ....

    C’est ce qu’ont subi depuis des décennies les parents et les enseignants de la part de tous les gouvernements. Les derniers de l’ère Macron ne font pas exception.

    Il faut donc changer de cap :

    - Tout de suite , mettre en place les moyens d’urgence pour faire fonctionner l’école et non se contenter de gadget poudre aux yeux.
    - Tout de suite, redonner confiance au corps enseignants et aux acteurs de terrain qui les accompagnent.

    - Tout de suite entreprendre la refonte des programmes.

    EDUCATION NATIONALE : LA CASSE A MACRON via BLANQUER- Chapitre deux

    ( Couverture de "La Poudre aux yeux" (René Boylesve, 1909), CC0 domaine public)

    DES MOYENS IMMEDIATS PLUTOT QUE DES GADGETS

    Car c’est bien ce qu’ont fait, comme je le montrai dans le précédent article, Jean Michel BLANQUER et ses successeurs actuels avec l’ uniforme gadget, le groupe de niveau illusoire...

    Il faut de suite pallier aux énormes manques actuels quant aux remplacements et au nombre de professeurs devant les élèves pour que les établissements fonctionnent et que les élèves aient au moins les heures qu’ils ont le droit d’avoir durant leur scolarité. C’est loin d’être le cas partout. Les exemples sont nombreux des carences. Là est la première étape et non le lancement d’expériences gadgets qui coûtent et ne résolvent rien. Simultanément il faut

    - mettre en place une formation initiale digne de ce nom

    - mettre en place une formation continuée qui doit se faire sur le temps de travail par stages de plusieurs semaines. (Dans les années 70/80 j'ai eu le plaisir de participer à nombre de stages qui ont fait progresser ma réflexion et ma pratique mais ce n'était pas une petite journée de "conférence pédagogique le mercredi" comme j'ai pu le vivre beaucoup plus tard mais bien de vraies semaines de travail, d'échanges, en contact avec des professeurs de haut niveau, des inspecteurs de terrain, des conseillers pédagogiques,... Et à chaque fois il y avait un stage de retour pour analyser ce qui avait été mis en pratique et en tirer d'autres enseignements. Je ne veux pas dire par là que c'était l'idéal car ça n'existe pas mais au moins il y avait une volonté de donner du temps et des moyens aux "instituteurs" que nous étions pour se remettre en cause, avancer et ne pas stagner. Volontaire je fus et je n'ai pas regretté car l'enthousiasme était là et la motivation de progresser pour être bien dans le travail qu'on menait.)

    - payer les enseignants à la hauteur de leur mission pour rendre le métier attractif notamment dans le premier degré. (Voir mon avis :http://quaiducitoyen.eklablog.fr/priorite-a-l-ecole-primaire-a106671196 ) 

    - se préoccuper de l’accompagnement des élèves handicapés ou en difficulté pour rendre l’inclusion véritable et pas comme cela se fait actuellement sans tenir compte ni des élèves , ni du fonctionnement de la classe , ni de la continuité de l’action de chaque intervenant dont bin interrompt la mission pour "boucher un trou" provisoirement ailleurs pour d'autres élèves.

    REDONNER CONFIANCE AU CORPS ENSEIGNANT AU LIEU DE LE MÉPRISER

    Au lieu de mettre en place un « pacte » qui ne fait pas recette sauf auprès des enseignants qui veulent avoir un meilleur salaire, il s’agit  de revaloriser vraiment et notamment le personnel du premier degré.D’autres personnels doivent aussi être pris en considération : les  Auxiliaires de Vie Scolaire (AVS) ou les Accompagnants des Elèves en Situation de Handicap (AESH).

     Comme je le disais, l’urgence n’est pas de faire des expériences pour tenter de généraliser l’uniforme à l’école . 

    L’urgence n’est pas non plus de labelliser les ouvrages scolaires et de financer leur achat au niveau national.

    Tout cela ne sont que des trompe-l’oeil qui coûteront chers et qui ne s’attaquent pas aux vrais problèmes et notamment le remplacement des enseignants, le développement des aides aux élèves en difficultés et plutôt par exemple que de réduire le personnel des RASED , au contraire les augmenter comme d’ailleurs le nombre psychologues scolaires, le nombre d’assistants sociaux, le nombre de médecins et d’infirmières scolaires, le nombre de personnels d’encadrement dans les collèges et lycées.

    Tout cela coûte de l’argent, c’est évident. Mais il s’agit de savoir où on met les priorités.

    Refondation de l’Ecole : quel avenir ? (2)

    REFLEXION ET CONCERTATIONS POUR UNE REFONTE DES PROGRAMMES

    Il s’agit simultanément de lancer la refonte les Programmes mais sans aller dans le brouillard.

    Il ne suffit pas de missionner le Conseil Supérieur des Programmes dont il faut d'ailleurs revoir la composition, pour que le travail soit efficace et adapté aux réalités.

    Si on estime que le conseil doit être « Supérieur », tel que composé,  il n’en a que le nom.

    La refonte des programmes est un élément très important de la refondation : Le Conseil Supérieur des Programmes a pour mission de définir « de nouveaux contenus d'enseignement et l’articulation entre programmes et nouveau socle commun », éléments clés de l’actuelle loi. 

    C'est une lourde responsabilité mais aussi une nécessité vitale.

    On devrait pouvoir aller vite si on prend les moyens de faire agir une vraie commission de travail et pas ce qui semble être un « machin » ankylosé par des principes de fonctionnement éculé.

     On vient de le constater avec le lancement de la labellisation des manuels scolaires, le gouvernement fait fi des enseignants du terrain qui n’auront pas non plus leur mot à dire sur les programmes.Naguère , sous Hollande, un amendement avait été proposé au sénat pour que le conseil supérieur soit composé pour moitié d’enseignants de terrain. Cela a été rejeté. Cela relève du mépris pour les acteurs de terrain.  

    La seule modification a été de porter de 16 à 18 membres le conseil mais c’était pour apporter plus de poids à la représentation du parlement dans cette instance. Dix personnalités qualifiées sont en effet nommées par le ministre. Le nombre de parlementaires est passé de 4 à 6 ( 3 députés  et 3 sénateurs) auxquels s’ajoutent deux membres du CESE. Il eut été plus utile de conforter la présence d’enseignants de terrain plutôt que de rajouter des parlementaires.  Ou alors il fallait nommer à côté de cette instance une commission composée de véritables acteurs de terrain dont le rôle aurait été de rédiger les programmes : Une structure moderne ayant tous les moyens de travailler rapidement  et donc délestée des lourdeurs étatiques. Elle aurait pu faire un travail de fond,  cohérent, en dépassant les conceptions désuètes habituelles, ceci pour qu’il y ait une production en continu, intelligente et rapide. 

    En 2024, on continue de la même manière .

    Il est repris les mêmes procédés élitistes et désuets de la technocratie de l’éducation nationale  pour continuer de faire travailler un conseil de cette importance, sans l’expertise du terrain. Pas sûr que l’on aura des programmes vraiment rénovés, allégés et cohérents de la maternelle à l’université.

    Je maintiens que seuls les compétences des enseignants de terrain de tous les degrés, des conseillers pédagogiques, des IEN (inspecteur de l’éducation nationale), des IPR (Inspecteur pédagogique régional) mais aussi  des chercheurs, des experts engagés dans des projets qui ont su concrètement montrer la voie de la rénovation pourront apporter  une rédaction claire de programmes adaptés et en cohérence entre les cycles.  

    En plus d’être clairs, ces programmes doivent être débarrassés des redondances et des inutilités et donc enfin - ce qui est réclamé depuis longtemps par les enseignants-   faisables dans un  nombre d’heures annuelles à déterminer. 

    Il faut le faire en articulant bien maternelle, élémentaire, collège et lycée (et prévoir le passage et la préparation par exemple vers l’université) .

    Cela doit permettre aux enseignants de ne pas faire" la course   pour finir le programme" et laisser sur le chemin celles et ceux des élèves « qui ne suivent pas ».  

    C’est aussi très étroitement lié à la pédagogie et aux moyens de mise en œuvre de la prise en charge des élèves en difficulté.

    Le conseil Supérieur des programmes a certes travaillé depuis 2013 mais n’a finalement pas abouti à ce qu’il y ait des programmes suffisamment cohérents et bien adaptés aux besoins des élèves.

     

    J’y reviens...

    « NICOLE BELLOUBET MINISTRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE - 3

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