• NICOLE BELLOUBET MINISTRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE - 3

    Le premier ministre Gabriel ATTAL veut faire croire qu’il va rétablir « l’autorité » à l’école sans la réflexion, la concertation et les moyens nécessaires autres que les discours avec un air martial ou des mesures trompeuses comme l’uniforme pour répondre au retour d’une école du passé que nombre de nos concitoyens fantasment comme si « c’était mieux avant », mais derrière lequel se cache l’intention politique de plaire tout en mettant en place un autoritarisme véritable de l’état sur l’enseignement et les enseignants : la labellisation des livres scolaires est une des composantes de cet autoritarisme que veut appliquer le pouvoir macronien comme a voulu un temps le faire Jean-Michel BLANQUER avec l’imposition d’une méthode syllabique au CP en lien avec les neurosciences… :
    "Entre quelque chose qui ne marche pas – la méthode globale – et quelque chose qui fonctionne – la syllabique - il ne peut y avoir de compromis mixte", ( J.M. Blanquer). Pour imposer la méthode syllabique, ce ministre a adressé certaines instructions précises aux enseignants d'école primaire recensées dans un guide de 130 pages. Il affirmait entre autres que les écarts ne seraient plus tolérés. C’est dans la droite ligne de cet autoritarisme que Gabriel ATTAL veut mettre en place la fin de la liberté pédagogique des enseignants avec la labellisation des ouvrages scolaires.

    EDUCATION NATIONALE:  LA CASSE A MACRON  VIA BLANQUER - Chapitre 3

    Clin d'oeil sur un vieux manuel

    LA LABELLISATION DES OUVRAGES SCOLAIRES

    Les remarques d’un Syndicat (FEP-CFDT)  me semblent sensées :

    « En pratique, les enseignants auront le choix entre des manuels labellisés ou non. Mais ce choix sera forcément biaisé car seuls ceux qui auront reçu le label seront financés. Sans compter, suite à une inspection, les conséquences que pourrait avoir pour un professeur la sélection d’un manuel non validé. » « Ce recours à la labellisation laisse supposer que, pour le ministère, les enseignants ne sont pas en mesure de choisir un manuel, ni les supports pédagogiques, pas plus que les bonnes méthodes. C’est ne pas reconnaître leurs compétences pour mener les recherches utiles à l’élaboration de leurs cours et vouloir réduire leur liberté pédagogique en les transformant en de simples exécutants. C’est aussi oublier leur statut de cadres.

    Enfin, imposer des méthodes revient à nier que celles-ci doivent varier pour s’adapter aux élèves et à leurs besoins, que la façon de faire de l’enseignant entre forcément en ligne de compte quand il s’agit de pédagogie. Avec cette mesure, ce sont la différenciation et la prise en considération de la diversité des élèves qui sont mises à mal. Ainsi que l’inclusion. » (FEP-CFDT)

    Pour mémoire, l’état n’a jamais financé de manuels scolaires. En primaire c’est la commune qui attribue des enveloppes pour chaque école. Les enseignants choisissent ensuite les ouvrages scolaires et matériels qui sont utilisés selon les pédagogies et méthodes mises en œuvre dans l’école. Dans le secondaire, les livres sont choisis par les professeurs et des systèmes variés de bourses aux livres permettent aux élèves, sans avoir à les acheter, d’avoir les manuels nécessaires pour leur année scolaire.

    En lançant cette labellisation avec à la clé les livres labellisés payés par l’état, le gouvernement a-t-il bien réfléchi au financement ? Comme pour les uniformes on lance une nouvelle expérience...

    La labellisation des manuels scolaires pour tous les niveaux de classe du CP à la terminale d’ici 2026, va à l’encontre d’une tradition républicaine instituée en 1880. Il s’agit ici des libertés éditoriale et pédagogique qui n’ont réellement été remise en cause que par le gouvernement de Vichy. On pourra lire l’excellent article de Rachel Scheneider sur sonblog, sur le sujet : https://blogs.mediapart.fr/rachel-schneider/blog/030124/pourquoi-labelliser-les-manuels-scolaires-est-une-decision-politique-de-droite .

    Tout cela est donc dans la continuité des tentatives faites par l’ex ministre Jean-Michel Blanquer pour imposer une méthode unique inspirée des méthodes syllabiques d’antan .(source SNUIPP https://www.snuipp.fr/system/resources/W1siZiIsIjIwMjEvMDYvMjEvMjBoYmhweGUxel9CRF9WMl9BNF9MRUdPX0pVSU5fMjAyMS5wZGYiXV0/BD_V2_A4_LEGO_JUIN_2021.pdf) . Il a voulu reléguer l’enseignant à un lecteur de notice à appliquer. Il n'y pas réussi.

    NICOLE BELLOUBET MINISTRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE - 3

    Jules Ferry  Domaine public

    Fixée par Jules Ferry et Ferdinand Buisson en 1880, la triple liberté du choix du manuel scolaire est remise en cause: liberté de produire (pour les maisons d’édition), de choisir et d’utiliser (pour les enseignants).

    Viser à empêcher les enseignants-es de choisir leurs outils pédagogiques  est une atteinte grave à la liberté pédagogique.

    La labellisation rend en effet impossible à cette liberté de s’exercer. 

    Choisir et imposer des livres et les méthodes n’est pas de la compétence du ministre. Sa compétence est de permettre que des programmes cohérents soient rédigés, programmes qu’ensuite il appartient aux professionnels de suivre pour que l’apprentissage des savoirs se fassent à parti des méthodes multiples et variées en fonction de chaque élève pour qu’il progresse à son rythme. Il existe d'ailleurs un conseil supérieur des programmes dont le rôle est de se pencher sur ces programmes. 

    Pour l’instant des programmes existent. Ils doivent être examinés et comme je le disais en 2012 l’état doit donc permettre que soient élaborés ou modifiés des programmes. C’est la première condition pour qu’il y ait une base solide et cohérente sur laquelle peuvent s’appuyer les enseignants pour mettre en place leur enseignement et les pédagogies et méthodes multiples que l’on peut utiliser en fonction des élèves que l’on a devant soi. 

    Pour ce faire, l’enseignant choisit les ouvrages et le matériel pédagogique dont il a besoin pour faire progresser ses élèves dans le cadre des programmes.

    Comme sous la mandature Hollande , on lance des réformes gadgets comme la non réforme des rythmes « dits scolaires » , à la va vite, complètement déconnectée de la réalité des classes et qui n’a rien apporté dans l’amélioration de la prise en charge des enfants du point de vue de leur scolarité.

    Pour cela, comme en 2024 et dès le début du mandat de’Emmanuel Macron on a fait fi d’une vraie concertation avec les acteurs du terrain, enseignants comme parents ou éducateurs. Le vrai objectif est toujours électoraliste comme sous Hollande  par exemple ne pas toucher au samedi matin mis en place par Darcos pour ne pas déranger les parents. Et à partir de là, des technocrates ont pondu un décret complètement absurde qui a mis à bas toute ambition réelle de vouloir prendre en compte sérieusement les rythmes des enfants et des jeunes. Blanquer a continué la politique du gadget avec

    • La rentrée en musique : annonce de mise en place de "deux heures de chorale proposées dans chaque collège de France".

    • « une petite leçon de morale tous les matins à l'école".

    • La dictée quotidienne à l'école élémentaire

    • la distribution des « fables » de la Fontaine

    • l’interdiction des téléphones portables ou smartphones (qui existait déjà)

    • Il a même été affirmé que « les enfants doivent "savoir lire, écrire, compter et respecter autrui à la sortie de l'école primaire." 

    • L'idée des « internats ruraux », autrement dits les internats« d’excellence » de la mandature Sarkozy, a été relancée

    • Les « devoirs faits à l'école" est une mesure qui reprend ce qui existe déjà comme les études surveillées ou les études dirigées

    • On a remis en action les stages de vacances pour les CM2 qui font croire qu’en deux semaines on rattrapera tout ce qui n’a pu être acquis en une année scolaire,…

       Tout cela pour faire croire au bon peuple que c'était mieux "avant" dans l'école fantasmée par ceux qui ne l'ont pas connue.

    LES JOURNÉES DE LA REFONDATION DE L’ÉCOLE - 2 SUR 2

    LA POLITIQUE DU FANTASME ET DE L’AUTORITARISME

    Avec ATTAL/BELLOUBET ça continue…

    L’utilisation de la politique du FANTASME se poursuit .La preuve avec l’uniforme , les groupes de niveau et pourquoi pas l’examen d’entrée en sixième, gadgets qui ne permettront pas aux élèves d’avancer à leur rythme ni de faire progresser la laïcité dans et hors l’école bien au contraire.

    Ça ne coûte rien de l'annoncer en grande pompe et ça fait bien auprès d’un certain public qui aime « la tradition »... qui a la nostalgie d'une école « à l'ancienne »qui rassure mais qui était celle d’un certain « mérite » pour une minorité de 20 % des élèves passer en sixième puis à un pourcentage encore moindre passer le baccalauréat…

    Gabriel ATTAL a le projet d’instituer le conseil de discipline à l’école primaire. Ce monsieur devrait peut-être se renseigner sur la pratique du terrain dans les écoles. Comment peut-il d’ailleurs faire le grand écart de passer des « cours d’empathie » à la mise en place d’une structure disciplinaire qui ne servira à rien sauf à montrer son autoritarisme? Encore une annonce pour faire « bien » et flatter l’opinion dans le sens du poil. Il devrait peut-être associer les acteurs de terrain pour avoir la connaissance des pratiques . A l’école élémentaire ça ne se passe pas comme dans le second degré. Il existe des sanctions qui sont prises par le conseil des maîtres et le directeur en concertation avec les parents. Tout cela peut s'améliorer mais sûrement pas avec un conseil de discipline.

    Ce qui manque dans les écoles primaires ce ne sont pas des structures inutiles de plus qui ne régleront pas les problèmes de fond de l’attitude de l’élève perturbé mais bien les moyens de prévention nécessaires pour traiter les problèmes de ces élèves qui ont aussi des problèmes à la maison. Il faut traiter ces problèmes avec les moyens adaptés avec le concours des psychologues scolaires qui hélas font souvent défaut car en nombre très insuffisant pour examiner, entendre les élèves et les parents concernés et trouver les solutions adaptées au mal être des enfants. Tout cela manque. Plutôt que de faire de l’autoritarisme de façade inutile, monsieur Attal devrait plutôt s’attacher à concerter les acteurs de terrain, y mettre les moyens d’une véritable prévention et d’une véritable prise en charge des élèves perturbés.Ces moyens sont connus mais on ne les donne pas. Le conseil de discipline tel qu’il le conçoit aura beau prendre une sanction comme celle par exemple de changer l’élève d’école, cela ne fera que transporter le problème ailleurs sans qu’il y ait eu des actions positives nécessaires pour faire évoluer le comportement de l’élève en concertation avec la famille. Une mesure donc inutile qui ne résoudra rien en attendant que l’élève passe au collège où il continuera de s’enfoncer dans ses travers comportementaux. Au collège et au lycée le conseil de discipline existe mais où sont là aussi les moyens d’action de l’éducation nationale pour agir et prévenir?

    Cette mesure si elle est mise en place comme beaucoup d’autres ne sera qu’une mesure de façade sans moyens adaptés pour agir en amont et prévenir ou prendre en charge le problème de l’élève et le suivre ce qui n’est pas possible actuellement vu l’insuffisance de moyens humains compétents comme le psychologue, le médecin scolaire, l’assistanat social et autres.

    NICOLE BELLOUBET MINISTRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE - 3

     

    Dernière mesure étudiée par la ministre madame Belloubet : les élèves de collège déposeront leur téléphone à l’entrée du collège...Que les élèves ne puissent pas utiliser leur portable dans l’enceinte du collège est tout à fait normal. Je rappelle que cette interdiction existe déjà. Le seul problème est que c’est difficile de contrôler l’usage ou non du téléphone par les élèves car le collège manque des moyens humains pour le faire. La solution me semble être non pas la récolte des téléphones à l’entrée en classe ce qui poserait des problèmes de temps insurmontables pour déposer, trier et reprendre mais bien de dire à l’élève de déposer son téléphone dans le casier qui en principe lui est attribué pour mettre ses livres. On pourra rétorquer que cela posera des problèmes de sécurité. Ils peuvent être résolu par les moyens nécessaires à mettre en place. Et puis il faut associer les parents et les responsabiliser à la surveillance de ce que font leurs enfants ou ados avec leur téléphone notamment vis à vis des réseaux sociaux. Le contrôle parental existe déjà mais n’est utilisé que pour 7 % des téléphones. 

    CONCLUSION?

    Tout ceci montre bien qu'il ne suffit pas de discourir  mais bien d'être en phase avec le terrain où se posent les problèmes et d'y mettre les véritables moyens que les mots ne sauraient masquer. 

    Mais , pour revenir à des choses plus générales , quand va-t-on enfin planifier l’étude sérieuse et la mise en place des véritables réformes pour une refondation de qualité  de notre ÉCOLE? 

    Il faut arrêter de faire de la communication à propos de mesurettes qui ne sont que de la poudre aux yeux voulant masquer le manque de réflexion sur l’école et le manque de moyens pour en assurer le bon fonctionnement.

    Pour l’heure, dans les annonces de la nouvelle ministre, il n‘y  a aucune trace d’un plan d’action sérieux et d’envergure pour corriger un système scolaire qui a besoin d’être refondé de manière cohérente en profondeur pour mieux prendre en charge les élèves. Pour l’instant elle applique les directives de son prédécesseur devenu premier ministre et c’est pas « top » !

     

    J'y reviens bientôt.

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