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Rythmes scolaires Hamon: « Un cautère sur une jambe de bois... »
(L'estropié à la Béquille et à la Jambe de Bois, auteur anonyme, domaine public)
C’est une expression connue qui qualifie bien les mesures d’assouplissements projetées par Benoît HAMON, pour essayer de sauver la non réforme des rythmes dits « scolaires ».
Le ministre s’entête à conserver la rigidité d’un décret avec des mesures de soi-disant assouplissements dont certaines ahurissantes si elles doivent être mises en oeuvre à la prochaine rentrée mais significatives ou de la méconnaissance de ce que sont les rythmes des enfants ou de l’incapacité du ministre à se faire entourer de conseillers compétents à moins que ce ne soient toujours les mêmes que sous Vincent PEILLON ...en tout cas, une méconnaissance de la vie des écoles.
Monsieur Benoît HAMON persiste et signe pour le non changement dans la continuité...des incohérences de son prédécesseur...
QUELS ASSOUPLISSEMENTS ?
Possibilité de pouvoir dégager un après-midi par semaine pour le temps d’activités périscolaires (TAP) des enfants : Ce système permettrait, par exemple, d’échanger le mercredi matin contre un après-midi que les enseignants pourraient consacrer à leurs travaux notamment de concertation ou d’animations pédagogiques.
C’est peut-être le seul « assouplissement » intéressant. Reste à voir comment il pourra être intégré dans les projets existants pour qu’il soit utile pour les enfants.
Mais le carcan reste le même. La semaine scolaire peut aussi être organisée sur 8 ou 9 demi-journées avec 5 matinées (mercredi ou samedi qui reste dérogatoire) et 3 ou 4 après-midi.
L’incohérence de la rupture de rythme du week-end est bien sûr conservée.
Les propositions devraient aussi marquer la fin des matinées de plus de 3h30. Si cela s’avérait confirmé , c’est une une aberration de plus alors que dans nombre d' écoles on travaille 4 heures le matin et que des projets dérogatoires ont été déposés avec cette organisation horaire.
Il faudrait rappeler au ministre que c’est le matin que les enfants sont les plus attentifs et les plus concentrés. Monsieur HAMON devrait peut-être s’informer et écouter ceux qui travaillent sur le terrain plutôt que d’essayer de rafistoler le décret de son prédécesseur qui est « mauvais » depuis le début, incohérent et ne tient pas compte véritablement des enfants quand ils sont élèves: un décret essentiellement taillé pour le périscolaire et dans l'intérêt des adultes, rien de plus.
LES ALLÈGEMENTS DE JOURNÉE : POUR QUOI EN FAIRE ?
La possibilité de raccourcir la journée scolaire est une bonne idée mais sans étudier ce que cela pourrait apporter sur les pratiques de la classe et laisser le carcan hebdomadaire actuel , c’est une aberration de plus. On ne parle pas de pédagogie mais de nombre d’heures de classe sans savoir ce qu’on y met et sans lien une fois de plus avec l’ensemble des activités éducatives scolaires ou non scolaires, la révision des programmes et la pédagogie.
En échange, on réduirait les vacances...
(cadran solaire, auteur Greudin, domaine public)
RÉDUCTION DE VACANCES... UNE PROPOSITION SANS ÉTUDE DE FOND
Réduire le nombre d’heures de classe par jour, pourquoi pas. Cela irait dans le bon sens mais à condition aussi de considérer l’ensemble des rythmes des enfants y compris extra scolaires. Le problème est donc de savoir pour quoi faire et ce qu’on y met. Dans l’état actuel de la réflexion, on est plutôt au point zéro sur le sujet.
Ainsi on pourrait passer à 23 heures de classe hebdomadaire au lieu de 24 et même à 20 heures à condition de rattraper cela sur les vacances et en particulier les petites.
Pour une réduction d’une heure semaine cela voudrait dire des petites vacances raccourcies de 36 heures (36 semaine X 1h) soit donc environ 7 jours à récupérer sur une année... Quand on sait que ces petites vacances sont nécessaires pour le repos des enfants....
Quand on imagine de passer à 20 heures par semaine, soit une réduction de quatre heures, cela veut dire 144 heures (4h X 36h) à rattraper ou environ 28 jours soit environ 7 semaines à retirer des vacances...
Quand ? Cela-a-t-il été bien réfléchi? On peut en douter.
Un allongement de l’année scolaire ou un raccourcissement des vacances n’a aucun sens tant que le nombre d’heures annuelles de cours n’aura pas été établi en fonction de ce que les élèves doivent apprendre dans le cadre d’une organisation hebdomadaire des rythmes qui respecte l’équilibre de l ‘enfant et du jeune. C'est tout l'enjeu de la refonte des programmes qu'il faut accélérer. On ne pourra rien faire de sérieux d'ici là. (voir mon avis sur entre autres http://quaiducitoyen.eklablog.fr/refondation-de-l-ecole-les-vacances-d-ete-a93207489)
LE MINISTRE JOUE LA MONTRE
Comme je le disais dans un article précédent, dire que « Le cadre réglementaire sera assoupli après les concertations nécessaires avec les enseignants, les parents et les élus." alors que « l’assouplissement ne concerne en rien la date d’application de la réforme, qui s’appliquera dans toutes les communes à la rentrée, Il n’y a donc ni report, ni retrait, ni libre choix." c’est, vu le temps qu’il reste à courir d’ici la fin de l’année, se moquer des parents et des enseignants et faire croire à une concertation qui n’aura pas le temps de se mener.
La fin de l’année scolaire avec sa surcharge de travaux à faire dans les écoles (passage de classes, orientation, ...) n’est pas propice à permettre de revenir sur des projets dans le cadre d’une vraie concertation de tous les partenaires. Une vraie concertation ne se fait pas à la va vite et rien ne pourra changer sans cela.
(image anonyme, montage perso, domaine public)
TOUT EST À REFAIRE.
Les classes vont reprendre au mois de mai. L’information ministérielle doit redescendre. Il faut que tout soit très clair pour chacun quant aux modalités :enseignants ; collectivité locales, parents. ...
Quand on sait que de nombreux projets ont été déposés sans véritable concertation, ...nous ne sommes pas là dans le cadre de quelques expérimentations bien avancées mais dans le soucis de permettre à ce que chaque « communauté éducative » puisse étudier de vrais projets concertés. Sinon, nous serons une fois encore dans la situation paradoxale d’une « réforme » des rythmes dits « scolaires » dont les modalités organisationnelles sont décidés par les collectivités locales qui ne se préoccupent en définitive que du périscolaire.
Je confirme mes propos du 16 avril 2014, ici-même:
« On retrouvera ces écoles à la rentrée 2014 avec monsieur Benoît HAMON qui devra faire face aux mêmes problèmes pour de nombreuses écoles : des projets qui sont subis par les équipes pédagogiques, non considération de la différence de rythme entre des enfants de 3 ans et ceux de 8 ans par exemple, fatigue des enfants constatée dans nombre d’endroits et due à la multiplication des adultes intervenants ou le changement des repères trop nombreux, directeurs d’école exténués, profs excédés de ne pas avoir leur mot à dire, enfants déboussolés, parents perdus ... »
Mais peut-être croit-on que le temps des vacances permettra d’oublier...
Vive la rentrée !
Pour que certaines propositions du ministre de l’Education nationale puissent entrer dans un cadre crédible , il faut honnêtement donner le temps aux communautés éducatives d’étudier de vrais projets sur la base d’un nouveau décret qui ne soit pas ségrégatif envers les enseignants et les parents et qui contienne toutes les possibilités et les directives nécessaires pour avancer vraiment.
CAR ACTUELLEMENT , UNE QUESTION ESSENTIELLE N’A PAS DE RÉPONSE :
Où seront les changements dans les classes au niveau des pratiques, des conditions d’apprentissages des élèves permettant un meilleur équilibre des temps et des moments d’apprentissages, au niveau de la prise en charge des enfants et notamment ceux en difficulté ?
Car là est l’essentiel pour mettre en place une école de la réussite pour tous les élèves.
POUR CONCLURE...PROVISOIREMENT
Il faut arrêter de continuer de s’enfoncer dans l’erreur à savoir d’en rester sur les seuls aspects réducteurs
- du rythme hebdomadaire de 8 ou 9 demi-journées sur 4 jours et demi avec mercredi matin travaillé (le samedi étant une dérogation!)
- du placement d’activités extra scolaires au gré des fantaisies des uns ou des autres
- des vacances d’été, les petites vacances devenant des variables d’ajustements
Il faut arrêter de superposer des « mesurettes », des dispositifs et « machins divers » désuets, des « assouplissements » sparadrap pour colmater les brèches et tenter de calmer les « râleurs » sans entrer vraiment dans le vif du sujet qui est, avec l’ensemble des partenaires, de vraiment réfléchir et d’agir au mieux dans l’intérêt des enfants et des jeunes pour "un mieux vivre » au quotidien.
On oublie tout simplement les élèves, les difficultés quotidiennes des parents et celles des enseignants au profit d’organisation théoriques dépassées qui ne permettront en rien que la refondation pour une meilleure réussite des élèves se fasse, bien au contraire.
J'y reviendrai ...pour proposer.
« RYTHMES « SCOLAIRES » : LA NON REFORME CONTINUEDECRET SUR LES RYTHMES : CE QU’ON POURRAIT FAIRE ... »
Tags : rythmes scolaires, HAMON, Vacances scolaires, programmes