• RYTHMES « SCOLAIRES » : LA NON REFORME CONTINUE

    (auteur Greudin , 2002, domaine public)

    RYTHMES « SCOLAIRES » : LA NON REFORME CONTINUE

    Dans mon précédent article, je dénonçais la « mascarade » actuelle orchestrée par le premier ministre et le nouveau ministre de l’Education nationale quant à l’assouplissement du cadre du décret sur les rythmes dits « scolaires ».

    Monsieur Benoît Hamon annonce maintenant clairement, à l’assemblée nationale , à propos du décret de son prédécesseur un "futur cadre réglementaire". Un nouveau terme pour préciser sans doute« l’assouplissement »annoncé par lui même et le premier ministre.

    Manuel Valls, dans son discours du 8 avril 2014 estime que la réforme est " une bonne réforme" parce que "Grâce à elle, un nombre accru d’enfants accède à des activités périscolaires". C’est donc bien l’aveu de l’unique utilité de ce qu’est le décret de l’ex ministre Vincent Peillon : une non réforme des rythmes scolaires!

    CAR DANS TOUT CELA, QU’EN EST-IL EFFECTIVEMENT DU TEMPS SCOLAIRE ?

    Rien de sensiblement notable n’a été fait car le carcan horaire du décret a cassé toute possibilité d’autonomie pédagogique organisationnelle de la semaine par les équipes pédagogiques en les enfermant dans des contraintes horaires journalières et de demi journées complétement absurdes. Le décret a aussi volontairement permis la non consultation et la non concertation de fait pour élaborer des projets collectifs. ( voir entre autres mes propos sur http://quaiducitoyen.eklablog.fr/vincent-peillon-ministre-du-periscolaire-communal-a103919758 )

    Sur tout cela le ministre ne revient pas car on ne veut pas admettre qu’on a perdu deux années en soumettant par ce décret les équipes pédagogiques et les parents, les conseils d’école au dictat des organisations horaires hebdomadaires par les collectivités locales.

    Monsieur HAMON a affirmé qu’il fera des propositions dans quelques jours " à partir de la concertation que j’ai commencée avec les organisations d’enseignants, avec les parents d’élèves et avec les élus".

    Une concertation en une dizaine de jours ! DE QUI SE MOQUE-T-ON ?

    LA CHANSON DE LA « CONCERTATION »

     

    RYTHMES « SCOLAIRES » : LA NON REFORME CONTINUE

    Depuis l’annonce de la Refondation et de ses objectifs, je suis passé, au fil des mois, de l’enthousiasme à la déception puis à la contestation en critiquant positivement pour finir par l’abandon de la confiance envers un ministre et un gouvernement qui ne respectent pas leur parole dans les actes.

    Je n’ai pas été le seul et je connais nombre d’enseignants, de parents voire de spécialistes des rythmes qui ont subi la même déception.

    On connaît la chanson de la concertation : Le ministre Vincent PEILLON avait beaucoup parlé de la concertation avec tous les intervenants. "Chaque fois que ça marche, il y a eu dialogue" disait-il. Le problème est que son décret a été rédigé de telle manière à ce que rien n’institue ni oblige au niveau de chaque commune le dialogue et le projet partenarial concerté. De nombreux exemples l'attestent dans les faits.

    RYTHMES « SCOLAIRES » : LA NON REFORME CONTINUEMonsieur PEILLON a été crédible sur la concertation jusqu’à la réunion du Conseil supérieur de L’Education nationale qui a examiné son projet de décret qui a recueilli 5 voix pour, 23 contre, 30 abstentions et 14 refus de vote. Au lieu de prendre en compte les remarques et nombreuses suggestions, il publié de manière autoritaire son décret et « s’est assis » sur l’avis du conseil. Le dialogue a été rompu et bien sûr... « ça ne marche pas » !

    La concertation n’était plus à l’ordre du jour malgré de multiples avis éclairés auxquels le ministre a répondu par le silence, enfermé dans « ses vérités ». Il promulgué le décret avant le vote de la loi sur la refondation au parlement.

    La suite, on la connaît avec sa cohorte de problèmes sur le terrain. Le début de l’avortement de la refondation avait commencé.

    Pourquoi a-t-il alors choisi le mercredi matin travaillé au lieu du samedi qui n'est plus que dérogatoire?  Dans l'intérêt des enfants comme l’a proclamé de nombreuses fois monsieur Peillon quand il était soumis aux critiques? On n’est en droit d’en douter !

    Les faits  prouvent pourtant la connaissance imparfaite voire la méconnaissance de tous les acteurs sur les rythmes, le sommeil, la fatigue (et bien d’autres choses encore) des enfants. Cette connaissance est pourtant indispensable pour débattre et faire des choix en matière de rythme et d’organisation hebdomadaire.

    Le débat été tronqué ce qui est grave car l'impression a été donnée que les décisions d'organisation prises ici ou là ne seraient que positives pour l'enfant.

    J’ai peut-être une partie de la réponse: Parce qu’il fallait faire vite,  politique politicienne oblige.  L’objectif premier  était que le maximum de communes mettent en place les « nouveaux rythmes scolaires » de Vincent Peillon à la rentrée 2013 et dans certains cas, n’importe quoi, n’importe comment. Et puis, les municipales approchaient en mars 2014...

    Je le disais dans mon article précédentANNONCER LA CONCERTATION TOUT EN DISANT QUE LE DECRET SERA APPLIQUE A LA RENTREE 2014 POUR TOUTES LES ECOLES , vu le temps qu’il reste à courir d’ici la fin de l’année, c’est se moquer des parents et des enseignants et faire croire à une concertation qui n’aura pas le temps de se mener.

    IL FAUT EXIGER LA REECRITURE DU DECRET ET DENONCER LES ABERRATIONS. 

    Monsieur le ministre Peillon a eu beau se démener pour affirmer que sa réforme des rythmes était la bonne, il a persisté à refuser la réécriture de son décret et cela a permis à nombre de collectivités locales de continuer de pouvoir décider des horaires hebdomadaires y compris ,dans nombre d'endroits, sans l’aval des équipes pédagogiques et des parents. ... avec la grogne qui a suivi.

    Monsieur Hamon et son premier ministre disent la même chose même s’ils admettent que "Cependant (...) nous avons constaté comme vous et en toute bonne foi que des difficultés existaient".

    Monsieur Hamon poursuit "Je lui ferai des propositions sous une dizaine de jours à partir de la concertation que j'ai commencée avec les organisations d'enseignants, avec les parents d'élèves et avec les élus. Je n'entends pas, je vous le dis, enfermer cette réforme dans un cadre théorique ou dans un cadre réglementaire trop strict. Là où il existe des expérimentations qui servent le même objectif, la réussite de tous les élèves, nous adapterons le cadre réglementaire à ces expérimentations".

    Dont acte, mais les problèmes ne se limitent pas aux seules expérimentations.

    Il faut aussi parler des très nombreuses écoles qui n’ont pas pu élaborer des projets dans le cadre d’une vraie concertation et subiront à la rentrée prochaine une organisation derrière laquelle il n’y a, en fait, que des activités périscolaires décidés unilatéralement par des municipalités. Tout cela se fera de manière inégale d’ailleurs  sur le territoire en fonction des moyens qu’auront bien voulu leur attribuer les communes dont les ressources sont très diverses.

    On retrouvera ces écoles à la rentrée 2014 avec monsieur HAMON qui devra faire face aux mêmes problèmes pour de nombreuses écoles : des projets qui sont subis par les équipes pédagogiques, non considération de la différence de rythme entre des enfants de 3 ans et ceux de 8 ans par exemple, fatigue des enfants constatée dans nombre d’endroits et due à la multiplication des adultes intervenants ou le changement des repères trop nombreux, directeurs d’école exténués, profs excédés de ne pas avoir leur mot à dire, enfants déboussolés, parents perdus ...

    RYTHMES « SCOLAIRES » : LA NON REFORME CONTINUE

    Où seront les changements dans les classes au niveau des pratiques permettant un meilleur équilibre des temps et des moments d’apprentissages, au niveau de la prise en charge des enfants et notamment ceux en difficulté ? 

    Je l’ai déjà dit , « les réductions horaires journalières ont souvent fait place à des aberrations dont celle du samedi non travaillé imposé par le décret et laissés au libre choix des communes. Les nombreux exemples de dysfonctionnements prouvent à l’évidence que, sur le terrain, on a laissé tomber « l’élève » au profit d’un occupationnel après la classe qui est la plupart du temps sans lien avec l’école. 

    Il est aussi assuré que le financement pour mettre en place des activités se poursuivra en 2014. Mais, en aucun cas, il n’est annoncé qu’il faudra des conditions bien précises pour que ses financements soient octroyés. Ces conditions devraient être,  en premier chef, basées sur des projets cohérents réellement construits avec les enseignants et les parents. On continuera donc de financer les collectivités locales y compris pour des aberrations d’organisations non concertées. »

    Continuer, comme le fait le gouvernement, de soutenir le décret PEILLON et la mise en place actuelle de la réforme des « rythmes scolaires » telle que ce décret la définit c’est continuer de faire capoter malheureusement une vraie réforme qu’il pourrait y avoir des rythmes des enfants et des jeunes et à terme la refondation de l’Ecole. ..

    (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/la-refondation-de-l-ecole-est-en-danger-d-asphyxie-a91422307)

    Le nouveau ministre de "l’Education nationale" et le Premier ministre persistent dans des déclarations qui pérennisent les erreurs...en attendant la prochaine rentrée scolaire.

    Peut-être croient-ils que le temps des vacances permettra d’oublier...

     Vive la rentrée !

    ORGANISER LA RESISTANCE ET DEMANDER DES REPORTS D’APPLICATION

     Si le ministre de l’éducation nationale ne veut pas entendre raison, réécrire le décret et laisser du temps pour, là où cela n’a pas pu être fait, élaborer de vrais projets sur la base d’une organisation horaire hebdomadaire laissant place à la souplesse et à l’autonomie et donnant l’obligation de projets élaborés et décidés en vraie concertation, alors la réaction s’impose!

    Dans ce cas, la résistance des équipes pédagogiques et des conseils d’école doit s’organiser partout ou les projets n’ont pas été élaborés par l’ensemble des partenaires dans le cadre d’une vraie concertation.

     REECRIRE LE DECRET, C’EST FACILE !

    MODULER DANS LE TEMPS LA MISE EN PLACE D’UN NOUVEAU DECRET, C’EST AISEMENT POSSIBLE, IL SUFFIT DE LE VOULOIR !

    Comment ? Un peu de bon sens, penser à l’intérêt des enfants, informer vraiment sur les rythmes ce qui n’a pas été fait, obliger à la concertation pour l’élaboration des projets pour les écoles qui n’ont pu le faire et aider au financement si cette obligation est respectée...

    Dans le cas contraire, tout cela sera, à terme, un beau fiasco ! ... qui va se poursuivre... jusqu’à la mort d'un beau projet de refondation qui méritait d'exister.

    RYTHMES « SCOLAIRES » : LA NON REFORME CONTINUE

    Le partenariat doit se définir comme une association active de différents intervenants qui, tout en ayant leur autonomie, acceptent de mettre en commun leurs efforts en vue de réaliser des objectifs communs. Dans ce cadre  ils doivent y avoir un intérêt, une responsabilité, une motivation mais aussi une obligation acceptée qui les engagent conjointement.

    C’est ce que n’a pas permis, de fait, le décret Peillon.

     J’y reviendrai pour proposer...

     POUR FINIR .... PROVISOIREMENT

    J’invite aussi à lire la lettre que Claire LECONTE, chercheur en chrono biologie, adresse sur son site à Vincent PEILLON ... ex ministre.

    Longue et précise, dans cette expression on perçoit la déception d’une chercheuse, militante du terrain, au service de l’intérêt des enfants.

    Je ne la commente pas plus, il faut la lire...

    C’est plein d’enseignements notamment sur « la concertation » et autres pratiques de l’ex- ministre dont le successeur suit fidèlement les traces.

    A lire, oui, comme devrait le faire monsieur Benoit Hamon - à défaut de Vincent Peillon – pour avoir un avis éclairé sur les réalités du terrain ... notamment

     (http://www.claireleconte.com/blog/lettre-a-vincent-peillon-qu-il-ne-lira-pas-pourtant.html )

     

    Patrick Patte 

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