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LES ANNONCES ÉVENTÉES D'EMMANUEL MACRON: PEU SATISFAISANTES - 1 sur ...
En conclusion de mon dernier article à propos des annonces faites par le président de la République, Emmanuel Macron, ce jeudi 25 avril 2019, je disais : « Emmanuel Macron a raté sa dernière chance d’être crédible pour solutionner les problèmes de la France et des français. » (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/les-annonces-eventees-d-emmanuel-macron-a161963470)
Je posais deux questions :
- Comment est pris en compte ce que réclame la majorité de la population
- Les annonces du président de la République ont –elles répondu aux revendications des Gilets jaunes ?
Il l’a dit lui-même lors de sa conférence de presse :"ce ne sera pas une réponse aux gilets-jaunes, mais à tous les Français"… De fait, il a nié en les snobant que c’était les Gilets Jaunes qui étaient à l’origine des quelques concessions qu’il faisait en reléguant ceux-ci, à un mouvement qui était devenu le repaire des casseurs, des racistes, des homophobes, des haineux et autres amabilités. Facile vu la lumière qui en a été fait de ces aspects notamment par certains médias…C’est en tout cas ce que j’ai perçu dans ses propos liminaires, mettant tous les gilets jaunes dans le même sac…
(Expression du mépris,Inconnu — Popular Science Monthly Volume 36 - domaine public)
LES REVENDICATIONS D’ORIGINE DES GILETS JAUNES
Je me permets donc de rendre à César ce qui est à César. Les revendications des Gilets Jaunes ont été listées et sont pour beaucoup concordantes avec ce que j’énonçais dans mon dernier article et ce qu’attendaient une majorité des français dont je suis et qui ont soutenu à au moins 75% le mouvement et ses demandes.
Devant ce soutien, après de trop longues tergiversations, en décembre 2018, le pouvoir a accordé, bien trop tardivement, "quelques miettes" insatisfaisantes pour tenter de satisfaire les revendications formulées. Il s'en est suivi la situation que l'on connait et dont il porte l'entière responsabilité.
Certes, ce mouvement a connu des hauts et des bas de participation. Mais cela pouvait-il en être autrement vu la poursuite de la tactique de pourrissement adoptée par le gouvernement avec un grand débat de plus de trois mois dont on peut douter que l’on ait les véritables synthèses et qui a servi de faire valoir à un président qui a été omniprésent, jusqu’à saturation, sur toutes les chaines d’information de télévision de nombreuses heures alors qu’il eut été normal qu’il laisse les citoyens débattre sans intervenir.
Emmanuel Macron n’a pas rencontré de Gilets jaunes dans ses déplacements. Sans doute en avait-il peur de ces citoyens qui osaient dire tout haut ce que 75% des français disent entre eux dans les villes, cités et villages, dans les marchés… Il ne pouvait pourtant que les entendre vu le bruit qu’ils faisaient mais n’ a retenu que le négatif qu’il a projeté sur grand écran pour s’en servir pour casser le mouvement, le discréditer, le réduire aux yeux des français tout en affirmant qu’il avait entendu ceux-ci grâce au « Grand Débat » qui n’ a de grand que le qualificatif que le président et son gouvernement lui ont donné mais qui en réalité n’était que poudre aux yeux pour gagner du temps pour faire tomber les pressions de la rue et essayer une fois encore, comme en décembre leurrer les français par des mesurettes.
(Image modifiée geralt, CCO domaine public
Car, comme je l’ai déjà dit, le « grand débat » a bien été une mascarade et ses résultats de participation que j’estime peu probants ne doivent pas masquer que l’on a perdu du temps à attendre ce qui ne viendra pas à savoir une politique fiscale et sociale juste et équilibrée et un renouveau démocratique pour des français qui ne sentent pas justement représentés dans les diverses instances nationales de la République. Sur ce grand débat, je reviendrai donc avec des faits et des chiffres qui le démontrent. Il a quand même coûté 12 millions d’euros… Ça mérite qu’on s’y attarde.
La grande majorité des revendications des Gilets Jaunes restent après ces annonces.
Et d’abord celles qui ont trait au pouvoir d’achat des français dont les Gilets Jaunes.
LES MESURES DU 10 DÉCEMBRE 2018 : PRÉCISIONS SUR LES "MIETTES"
D’aucuns diront, en effet, qu’après les dix milliards de décembre 2018, les annonces d’Emmanuel Macron permettront aux français les plus pauvres de voir leur pouvoir d’achat augmenter. Je suis obligé d’y revenir avec de nouvelles précisions avant que d’aborder les annonces d’avril.
Ce n’est pas 10,3 milliards que l’état va débloquer en plus pour améliorer le pouvoir d’achat des citoyens en cette année 2019 mais tout au plus 3 à 4 milliards.
Faisons les vrais comptes, en nous plaçant du point de vue des français :
- l’augmentation de la prime d’activité, incorrectement baptisée" augmentation du SMIC" ce qui fera 100 euros de plus pour les smicards, coûte 2,5 milliards. Ce n'est pas le salaire minimum lui-même qui a été revalorisé. Il était déjà prévu que le Smic augmente de 1,8% au 1er janvier, ce qui fait environ 20 euros. Le gouvernement va rajouter la hausse de la prime d'activité et un abaissement des cotisations sociales, prévues au départ sur l'ensemble du quinquennat. La mesure sera donc accélérée. Il n’en coûtera pas un euro de plus pour l'employeur sur ces 80 euros. ( Voir aussi http://quaiducitoyen.eklablog.fr/10-decembre-2018-intervention-decevante-d-emmanuel-macron-2-sur-2-a155228670 )
- l’allègement des charges sur les heures supplémentaires a été annoncé pour un coût de 2,5 milliards. Ces heures sont désocialisées c'est-à-dire dispensées des cotisations sociales, à hauteur de 1,2 milliard d’euros. Elles sont défiscalisées c'est-à-dire exonérées de l’impôt sur le revenu, ce qui représente 1,3 milliard. La moitié des ménages, les plus pauvres, ne payant pas l’impôt sur le revenu, ils ne bénéficient pas de cette mesure. Les 1,3 milliard d’euros d’exonération ne bénéficieront donc qu’aux ménages imposés au titre de l’impôt sur le revenu. Cette défiscalisation n’est donc pas une contribution pour augmenter le pouvoir d’achat des plus pauvres quoiqu’on puisse nous faire sous entendre.
Il n’y a donc pas 10 milliards de cadeaux comme il est annoncé par le gouvernement et relayé par certains médias (pas tous heureusement) mais bien au maximum 3,8 milliards (2,5+ 1,3).
AuteurChristopher Smart — book, 1771, domaine public
Pour le reste, ce sont les jeux habiles de bonneteau habituels d’Emmanuel Macron :
J’avais déjà analysé ce que j’ai qualifié de « miettes » ou « aumônes » pour les gueux : (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/mesures-macron-des-miettes-pour-les-gueux-1-sur-2-a155863744 et http://quaiducitoyen.eklablog.fr/mesures-macron-des-miettes-pour-les-gueux-2-sur-2-a155864134 )
Peu de mesures concernaient donc les plus pauvres de nos concitoyens :
- Le RSA que le gouvernement avait déjà refusé de revaloriser l’an dernier, ne le sera pas davantage en 2019
- Les chômeurs ne sont concernés en rien. Ils pourront continuer de percevoir leurs indemnités jusqu’au moment où la réforme de l’assurance chômage amoindrira leurs droits.
- Rien pour aider les étudiants mais tout au contraire la menace d’une augmentation des droits d’entrée à l’Université dont les prémisses sont l’augmentation insensée de ceux des étudiants étrangers
- Les retraités pauvres ne verront pas leur revenu à la hausse. Sur la CSG il ne s’agit que de l’abandon de la hausse pour les retraites des ménages dont le revenu fiscal est bas donc d’une non augmentation d’impôt et pas d’une diminution d’impôt. Il ne s’agit donc pas de donner 1, 5 milliard comme Emmanuel Macron veut le faire croire. Cela n’améliore en rien le pouvoir d’achat. ( Voir aussi http://quaiducitoyen.eklablog.fr/haro-sur-les-retraites-suite-a15475664 )
- l’abandon des hausses des taxes sur les carburants, une des revendications à l’origine du mouvement des Gilets Jaunes, n’est pas non plus un cadeau et n’apporte rien au pouvoir d’achat. Il évite qu’il se dégrade plus…
Il était certes prévu une rentrée de taxes de 3,5 milliards d’euros. Aujourd’hui, rien n’ a été fait pour que les carburants n’augmentent pas de nouveau mais les taxes, les ordinaires, continuent d’entrer dans les caisses de l’Etat.
Ces précisions complètent les propos que je tenais suite au 10 décembre, propos que je concluais par ce que j’estime être le plus grave de ce qui est en train de se passer pour notre pays et ses citoyennes et citoyens , maintenant mais aussi pour l’avenir de nos enfants : « Les français doivent se dire qu’il faut arrêter égoïstement de croire qu’en supprimant les cotisations sociales pour une augmentation de revenu aléatoire, qu’en supprimant la taxe d’habitation qui cassera le dynamisme local, on pourra faire face aux problèmes sociaux de notre pays. Tout au contraire, en asséchant les ressources de l’ÉTAT et des collectivités locales, on ira vers une baisse des prestations sociales et une dégénérescence des services publics qui impacteront tout le monde et surtout les plus démunis. La désolidarité est en train de s'insinuer dans notre système social. »
(auteur Clker-Free-Vector-Images, CC0 domaine public)
LES ANNONCES DU 25 AVRIL : DES RÉPONSES PEU SATISFAISANTES
Emmanuel Macron persiste " dans sa volonté de faire payer par les classes moyennes les frasques de ses calculs budgétaires qui, jusqu’à preuve du contraire, n'ont guère d'effet sur le chômage". Le MEDEF qui avait applaudi semble se renfrogner à l’idée que l’on va demander quelques efforts aux entreprises en reconsidérant les niches fiscales. Ce n’est pas encore fait et déjà on nous montre par médias interposés, que ce ne sera pas facile….
Je pense qu’Emmanuel MACRON persiste et signe et continue sa politique de diversion. J’y reviens dans la suite par l’examen des mesures nouvelles, celles qui semblent bonnes et les mauvaises mais aussi les oublis nombreux.
Pour les citoyens les plus aisés pas de problème. La suppression partielle de l’ISF leur permet de voir venir et ça a commencé en 2018. Parait que cela ruisselle… Un point serait fait en 2020 pour voir les effets qui en sortiront et éventuellement adapter la mesure.
D’ici là, il n’est pas question d’y toucher. Il faut quand même rappeler que les mesures sur l’ISF permettent à 0,1 % de Français les plus riches de voir leur revenu augmenter de 86 000 euros par an en moyenne pour 3,2 milliards de coût pour l’état. Avec 2019 cela fera plus de 6 milliards… et sans mettre de Gilets Jaunes.Pour le reste du peuple, je pense donc que les aumônes se poursuivent dans la continuité de décembre 2018 avec la même manière de faire croire à des cadeaux et « des efforts extraordinaires de l’état » en utilisant le jeu de bonneteau habituel et le flou artistique que le président, prenant brusquement de la hauteur, laisse le soin au gouvernement de dissiper. Attention de ne pas aller trop haut…et de préparer un parachute. (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/la-casse-a-macron-sur-fond-de-jeu-de-bonneteau-2-sur-a148888860 et http://quaiducitoyen.eklablog.fr/la-casse-a-macron-sur-fond-de-jeu-de-bonneteau-1-sur-a1487529 )
Emmanuel Macron ne peut de toute façon rien proposer sauf à la marge puisqu’il ne change pas de cap, sa vision économique restant toujours la même.
Rien d’étonnant à ce que plus de 70% des Français interrogés se disent insatisfaits. Quant au Gilets Jaunes, sans surprise ces derniers se déclarent déçus et prêts à poursuivre leur mouvement. C'est ce qu’ils ont fait le 1er mai notamment. Ce samedi 4 mai, le XXV ème, cela se poursuit et il semble que l'on revienne à la case départ c'est à dire à l'occupation des ronds-points pour autant qu'on leur laisse le faire. Tout un symbole.
Les annonces. Je les liste ici pèle-mêle: baisser de manière significative les impôts, ne pas fermer d’écoles et d’hôpitaux, remettre du service public dans les campagnes avec les maisons « France services » , diminuer de 30% le coût du permis de conduire, ré indexer les retraites de certains retraités, une retraite minimale de 1000 euros, la reconduction de la prime exceptionnelle défiscalisée, aider les mères célibataires, création d’une Convention citoyenne et d’un Conseil de défense écologique, réforme constitutionnelle avec dose de proportionnelle à l’Assemblée nationale, baisse du nombre de parlementaires, référendum d’initiative partagée, nouvelle assemblée « citoyenne », supprimer l’ENA, combattre « l’islam politique »….
A oui, j’oubliais la relance des ambitions européennes et la transformation de la politique migratoire européenne. Il ne fallait pas oublier que les européennes c’est dans un mois…
Le président essaye de redorer son blason pour que sa formation politique LREM soit en tête. Il compte sur ces mesures qui sentent bon l’électoralisme. Mais c’est le jeu.
Un constat depuis les annonces : nombre de médias télévisés les reprennent avec, à mon sens, souvent beaucoup de légèreté sur les détails dans le cadre économique fixé et qui n’est guère contesté…C’est pour cela que je vais donc en poursuivre l’examen…dans de prochains propos du point de vue du pouvoir d’achat sur lequel on aurait tort d’uniquement se polariser sans examiner d’ autres points essentiels comme la pauvreté, l’éducation, la santé et la transition écologique et le fonctionnement démocratique pour ne citer que ceux-là. Sur ce dernier point, il est sûr qu'il n'y a a guère d'avancées significatives, bien au contraire. J'y reviens.
Les Gilets Jaunes n’ont en effet pas mis en avant que le pouvoir d’achat, loin de là. Ils ont attiré l’attention sur les conditions de vie quotidienne et l’avenir pour eux et leurs enfants.
A suivre donc…
(auteur PublicDomainPictures, pixabay, CC0 domaine public
Tags : mesures du 10 décembre 2018, précisions, annonces du 25 avril 2019, Gilets Jaunes