-
MESURES MACRON : DES MIETTES POUR LES « GUEUX » - 2 sur 2
Non, les aumônes d'Emmanuel MACRON ne permettent pas de dire qu'il a amorcé un "tournant social" comme le prétendent abusivement certains "experts" ou journalistes. Aucune mesure
- ne résout à moyen et long terme les problèmes de pouvoir d'achat des français les plus en difficulté,
- ne rétablit une justice fiscale qui permette d'avancer sans pressurer toujours les mêmes à savoir les classes moyennes,
- ne remet en cause le cap du président quant à la destruction de piliers de notre solidarité nationale basée sur les cotisations sociales et la gestion de cette solidarité par les représentants de ceux qui cotisent.
A l'heure où l'on lance l'idée du RIC (Référendum d'initiative citoyenne ) que le gouvernement veut bien examiner dans le cadre des discussions qui auront lieu durant trois mois, la destruction de nos acquis sociaux et du contrôle de notre solidarité sociale se poursuit de manière insidieuse et larvée. La tactique est classique: on met en avant une idée soi-disant centrale dans les revendications pour en faire un objet de cristallisation qui permet d'oublier les autres problèmes de fond.
J'y reviendrai.
UN FAUX TOURNANT SOCIAL
Non les mesures ne sont pas fortes.
Non Emmanuel Macron n’entame pas un tournant social.
Et voici pourquoi.
Mêmes si les violences sur la « plus belle avenue du monde », les Champs Élysées, se sont calmées, il ne me semble pas que les violences sociales aient disparues : il y a toujours en France (ceci listé sans ordre)
- 11 millions de chômeurs ou travailleurs pauvres et précaires dont des milliers d’ étudiants dans la galère quotidienne
(Source Rapports de la DARES : http://dares.travail-emploi.gouv.fr/dares-etudes-et-statistiques/)
- 9 millions de français qui vivent en dessous du seuil de pauvreté dont 1 216 000 retraités. (Seuil de pauvreté médian soit 855 euros pour une personne seule, 1283 euros pour un couple sans enfant, famille monoparentale 1 enfant 1 112 euros, ...)
- 136 millions de repas distribués par les banques alimentaires (Plus de 2 millions de bénéficiaires). Nombre qu’on peut presque doubler si on considère toutes les actions d’aides alimentaires.
- entre 143 000 (dernier recensement 2012) et 200.000 SDF. Depuis 2012 , curieusement aucune étude ou recensement n’a été fait ! Mais les faits relevés par les associations montrent que c’est en hausse constante
- 4 millions au moins de personnes considérées comme mal logées par la Fondation Abbé Pierre. 811 000 n’ont pas de domicile personnel, 85 000 vivent dans une habitation de fortune toute l’année.
En quoi les annonces « Macron » les ont –elles atténuées ? EN RIEN !
Quant au plan pauvreté... 0,60 euros par jour... même pas le prix d'une baguette de pain ! ( Mes propos sur http://quaiducitoyen.eklablog.fr/la-casse-a-macron-sur-fond-de-jeu-de-bonneteau-1-sur-a148752920 )
Les mesures annoncées coûteraient, nous dit-on, au moins 10 milliards à prendre sur les crédits publics voulant faire croire à un effort considérable ce que certains commentateurs ont qualifié de « virage » ou tournant social », ceci de manière irréfléchie et abusive.
En réalité il n’y a absolument aucun effort social digne de représenter un quelconque tournant.
Un tournant social c’est un changement de politique qui a pour but d'améliorer les conditions de vie des personnes les plus défavorisées.
(auteur Christopher Smart - 1771, Domaine public)
DES AUMÔNES POUR LES « GUEUX"
Ici il n’est question que d’aumônes pour les « gueux » comme le disent, à mon sens avec raison, nombre de gilets jaunes et d’observateurs médiatiques!
Rien n’est remis en cause de la politique d’Emmanuel Macron sauf en apparence, le buzz médiatique y aidant.
On poursuit bien dans la voie de ne surtout pas changer de cap pour
- les cadeaux faits aux plus nantis sous prétexte de ruissellement
- la politique aveugle du CICE en gaspillant l’argent public
- la destruction des cotisations sociales au profit d’un dictat étatique sur les mesures de solidarités sociales dont on exclura petit à petit tout contrôle des salariés : allocations chômage, sécurité sociale, retraites...
Les 10 milliards d’euros destinés à augmenter plus vite que prévu la prime d’activité sont annoncés par le gouvernement comme devant être financés par les économies de fonctionnement de nos services publics puisqu’il s’agira de faire des économies sur le budget. Une amorce de tournant social aurait été de financer cette mesure en trouvant d’autres ressources : rétablissement de l' ISF et remise en cause de baisse des charges au titre du CICE par exemple mais pas que...
Et il aurait fallu annoncer bien d’autres mesures significatives d’un changement d’orientation politique pour mettre en place les mesures adaptées à la situation sociale que vivent des millions de français, ce qui n’ a pas été fait.
RAPPEL:
L'ARGENT PUBLIC "MAGIQUE "POUR LES PLUS NANTIS :
La prime de fin d’année ressemble elle aussi à une aumône opportuniste destinée à calmer le bon peuple.
Les heures supplémentaires défiscalisées et désocialisées seront, comme sous Sarkozy, souvent détournées pour verser des compléments de salaire sans acquitter d’impôts ni de cotisations sociales. Les chiffres le démontrent.
Aucune mesure ne concerne donc les plus pauvres de nos concitoyens :
- Le RSA, que le gouvernement avait déjà refusé de revaloriser l’an dernier, ne le sera pas davantage en 2019
- Les retraités pauvres ne verront pas leur revenu à la hausse
- Les chômeurs ne sont concernés en rien. Ils pourront continuer de percevoir leurs indemnités jusqu’au moment où la réforme de l’assurance chômage amoindrira leurs droits. De plus, les mesures en faveur des heures supplémentaires vont dissuader des entreprises de créer de nouveaux emplois et ralentiront les possibilités d'en retrouver un sur le marché du travail.
- Rien pour aider les étudiants mais tout au contraire la menace d’une augmentation des droits d’entrée à l’Université dont les prémisses sont l’augmentation insensée de ceux des étudiants étrangers
- ....
Les salariés du public, dont les revenus sont bloqués depuis dix ans et décrochent par rapport à ceux du privé, ne reçoivent rien de leur employeur au moment même où le gouvernement demande aux entreprises privées d’augmenter les salaires.
L’État devrait peut-être montrer l’exemple...
Nous sommes donc loin d’un tournant social. Les aumônes et la manière dont elles seront versées et financées montrent bien le contraire.
(auteur Counselling, CC0 domaine public)
NE NOUS LAISSONS PAS BERNER PAR NOTRE ÉGOÏSME ET LE CREUX DES DISCOURS
Les français ne doivent pas se précipiter pour ramasser des miettes mais réfléchir aux moyens de faire infléchir par la contestation et l’action, partout dans les entreprises et la fonction publique, dans les villes et à la campagne, un changement de cap pour améliorer les revenus de chacun et que soient pris en charge par la solidarité nationale celles et ceux qui sont dans la peine.
La solidarité nationale commence par faire participer par l'impôt chacun en fonction de ses moyens ce qui n’est pas le cas actuellement au vu au moins d’une fiscalité qui est injustement répartie. Qu’on me prouve le contraire.
Les français doivent se dire qu’il faut arrêter égoïstement de croire qu’en supprimant les cotisations sociales pour une augmentation de revenu aléatoire, qu’en supprimant la taxe d’habitation qui cassera le dynamisme local, on pourra faire face aux problèmes sociaux de notre pays. Tout au contraire, en asséchant les ressources de l’ÉTAT et des collectivités locales, on ira vers une baisse des prestations sociales et une dégénérescence des services publics qui impacteront tout le monde et surtout les plus démunis.
La désolidarité est en train de s'insinuer dans notre système social.
Ainsi sera détruit ce que les français ont mis des décennies à construire.( Pour s'en faire une petite idée, lire sur wikipédia un résumé des acquis sociaux depuis 1803: https://fr.wikipedia.org/wiki/Acquis_sociaux)
Et c’est à Emmanuel MACRON qu’on le devra mais aussi à ceux qui approuvent sa politique actuelle.
Il est impensable de laisser faire sans réagir et de continuer de se laisser berner par des tours de passe passe...ou alors c'est qu'on ferme les yeux.
Tags : gueux, aumône, médias, Gilets Jaunes, injustices fiscales, RIC, pauvreté, SDF, étudiants