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LAÏCITÉ : EMMANUEL MACRON "PRÉSIDENT" DES CATHOLIQUES FRANÇAIS?
Dans le dernier écrit que je commettais sur le présent blog, je disais à propos de l’attitude du président de la République : « Le président Macron poursuit son « œuvre », considérant déjà que pour la SNCF c’est « plié »... Enfin, c'est tout au moins ce qu'il veut faire croire du haut de son Olympe. » « Le chef de l’État visite le 5 avril, à grand renfort de communication, un service hospitalier et un centre pour autistes à ROUEN, pour montrer qu’il continue son travail de président sans se préoccuper des agitations extérieures. »
En quelque sorte, alors que la Commémoration de mai 68 commence à prendre une certaine vigueur autour de lui, Emmanuel Macron poursuit son chemin de ce qu’il croit être celui d’un président de la république, laissant à son gouvernement et ses ministres le soin de traiter les « problèmes » en cours :
Grève à la SNCF qui prend du corps, grève chez les avocats, grève chez les juges d’instance, grève chez Air France, grève chez Carrefour, mouvements dans les hôpitaux, blocages de facultés, tensions chez les retraités, Notre Dame des Landes...
Le traitement se fait en effet. On continue de pourchasser les migrants sans humanité, la contestation des étudiants est réprimée violemment, on prépare le flicage accentué des chômeurs, on mobilise une armée pour « débarrasser » la ZAD de ses occupants, la loi travail s’applique faisant son lot de précaires,...et on prépare des lois à l’assemblée dont on peut douter qu’elle feront mieux fonctionner la démocratie ou qui comme celle qui touche au droit de grève va risquer de porter atteinte à la liberté du travailleur de se défendre. Tout cela se fait dans une ambiance médiatique soigneusement feutrée ou déformée.
Monsieur le président reçoit faussement discrètement et en grande pompe le prince héritier, Mohamed Ben Salmane d’Arabie saoudite. La France change ainsi de cap dans sa politique étrangère par une nouvelle alliance qui se concrétise par des contrats notamment de vente d’armes. Avec les bombardements punitifs qu’Emmanuel Macron veut mener contre Bachar El Assad en Syrie en concertation avec Donald TRUMP, nous sommes la en plein dans une stratégie dangereuse pour la paix et la sécurité du monde puisque de fait nous nous alignons sur l’axe Washington-Tel Aviv-Ryad contre l’Iran. Il a des preuves, dit-il, de l’utilisation d’armes chimiques. Soit, alors qu’il les montre clairement. Je viens de voir sur une chaine TV que Trump hésite car il n’aurait pas de preuve...Emmanuel Macron a endossé l’uniforme du guerrier... mais est très confus dans la détermination de la politique étrangère qu’il veut mener pour la France. En tout cas elle me semble dangereuse.
(auteur kellepics, domaine public)
Le président de la République termine enfin, ce 9 avril par sa participation à la conférence des évêques pour un appel au rassemblement des catholiques pour intervenir en politique.
Après le 'KHALATOS" de Jupiter, coiffe-t-il la "MITRE"ou la "CALOTTE" pour rassembler les fidèles catholiques ?...
Dans la continuité...
La relève semble assurée
( Les chanoines honoraires successifs de l'archibasilique majeure de Saint-Jean-de-Latran.)
Héritage de Henri IV, Après sa conversion du protestantisme au catholicisme, le roi de France fait un don au Latran, la basilique du pape à Rome, et reçoit en échange le titre de « premier et unique chanoine honoraire de l'archibasilique majeure de Saint-Jean-de-Latran ». Emmanuel MACRON a accepté le titre tout comme Nicolas Sarkozy. C'est ça la France moderne!
((photo transformée de Moritz Hager, CC BY-SA 2.0 ) ( photo transformée Annika Haas , CC BY 2.0)
L’INTERVENTION DU PRÉSIDENT A LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES DE FRANCE
Ça sent l'électoralisme. Il faut dire qu’Emmanuel Macron a bien conscience « qu’il perd des plumes » au niveau de l’opinion et qu’il croit, avec cette opération de communication en direction des chrétiens, amener à lui, par la flatterie, des ouailles qui approuveront ses politiques.
Celui qui devrait en être le premier défenseur, le président de la République, utilise la LAÏCITÉ, mise à mal au fil du temps, pour, comme l’ont fait ses prédécesseurs, la remettre en question en ouvrant la porte à la prise en considération des dogmes de l’Eglise ce qui est inadmissible. (voir http://quaiducitoyen.eklablog.fr/la-laicite-a-geometrie-variable-de-nicolas-sarkozy-a115194636 et http://quaiducitoyen.eklablog.fr/grignotage-de-la-loi-1905-le-ps-trahit-l-ecole-publique-et-la-laicite-a115020720)
Il affirme qu’« une partie de la classe politique a sans doute surjoué l’attachement aux catholiques, pour des raisons qui n’étaient souvent que trop évidemment électoralistes. Ce faisant, on a réduit les catholiques à cet animal étrange qu’on appelle l’« électorat catholique » et qui est en réalité une sociologie. »
Et en même temps, selon son expression préférée, en intervenant ainsi dans cette conférence c’est exactement ce que lui même fait : de l’électoralisme, s’adressant directement aux catholiques.
En appelant les catholiques à agir et s’engager en politique en qualité de chrétien j’estime qu’il trahit l’esprit de la laïcité et commet une faute vis à vis du respect de la loi de 1905.
En quoi un président de la république est-il légitime pour appeler les chrétiens en tant que tel à se mobiliser pour agir dans le champ politique ?
Ce discours reste donc plus qu’équivoque.Il n’a pas à s’adresser séparément aux catholiques, aux musulmans , aux juifs, aux protestants... pour leur demander de s’engager en politique. Il n’a pas à s’exprimer dans des espaces communautaires comme il l’ a fait l'Hôtel de Ville de Paris avec la Fédération Protestante de France lors des 500 ans de la Réforme, en septembre 2017, au dîner du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) en juin 2017 ou à celui du Conseil représentatifs des Institutions Juives de France (CRIF) en mars 2018...
Le rôle du président de la république est d’appeler tous les citoyens sans distinction à s’engager en tant que tel en politique mais non en tant que fidèle d’une religion quelle qu’elle soit.
Le 9 avril, le Président est donc , à mon sens, sorti de son rôle constitutionnel.
Le président de la République doit s’adresser tout simplement à tous les citoyens et réaffirmer le lien entre République et laïcité.
En évoquant des « liens abîmés » entre l’Église et l’État qu’il faudrait « réparer », il ouvre une brèche dans le principe de séparation entre l’État et les Églises.
En disant qu’il voulait réparer le lien il est en contradiction avec la rupture que la loi de 1905 a faite avec les Églises séparant celles-ci de l’État.
Son attitude me semble annoncer les prémisses d’une opération plus vaste encore en jouant de la confusion qui pourrait régner dans l’esprit des français : celle de faire croire qu’on peut faire des accommodements avec la laïcité.
En flattant les religions et en les incitant à exercer leur influence sur les lois, Emmanuel Macron leur attribue un rôle qu’elles n’ont pas à avoir. Que les instances religieuses s’occupent de leurs « ouailles ».
Le reste en matière de politique c’est l’affaire de chaque citoyen en tant que tel de faire son job, de s’engager ou pas, de discuter, de débattre, de voter...
(Charles Léandre— Bibliothèque nationale de France – domaine public)
CE DISCOURS FAIT CRAINDRE DE NOUVELLES DÉRIVES VIS À VIS DE LA LAÏCITÉ
Quand on regarde l’histoire, on peut légitimement craindre les influences religieuses sur l'élaboration de la loi tant il est vrai que les influences ont été fortes pour grignoter la loi de 1905 depuis des décennies. (Voir à ce sujet http://quaiducitoyen.eklablog.fr/l-erosion-de-la-loi-1905-les-responsables-a114655934 et http://quaiducitoyen.eklablog.fr/les-grignotages-de-la-loi-1905-et-la-laicite-1-6-a114757868 et les cinq articles suivants qui appellent à une simple réflexion basée sur des faits).
Emmanuel Macron vient de conforter l’Église catholique dans son action souvent souterraine agissant comme un lobby auprès des parlementaires pour lui donner une reconnaissance, quoi qu’il s’en défende, une reconnaissance que la République n’a pas à avoir à l’égard d’aucun culte quel qu’il soit. ( Article 2 de la loi de 1905: « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. [...] »)
Va-t-on continuer de dévoyer la laïcité comme cela se fait depuis des décennies?
Le grignotage va-t-il se poursuivre ?
On ne luttera pas contre l’intégrisme religieux en étant laxiste sur les principes de la laïcité et en permettant ainsi que le communautarisme larvé se mette en place sous prétexte d’ouverture.
Cela n’est déjà que trop avancé. Emmanuel Macron emprunte donc le pire des chemins pour lutter contre le communautarisme. La république a ses règles et ses lois qu'il faut faire respecter car elles doivent permettre d’empêcher l’influence des religions et mouvements politico-religieux qui veulent s’affirmer dans l’exercice du pouvoir politique et administratif.
Pour ces derniers on peut citer le parti chrétien démocrate et l’Union des démocrates musulmans de France dont on pourrait discuter de l’existence même dans la mesure où cela semble peu cohérent de se réclamer d’une idéologie et de dogmes religieux tout en voulant accéder au pouvoir dans une république laïque...
Un débat à ouvrir?
Pour qu’il y ait cohésion sociale, il faut mettre en œuvre des mesures dans le cadre strict de la république et de la laïcité qu’il faut défendre au lieu de croire que ce sont les compromissions avec les religions ou les religieux ...qui vont permettre d’avancer.
Il ne faut surtout pas continuer de contourner la loi de 1905 ou l’affaiblir comme d’aucuns l’ont fait ou comme d’autres voudraient le faire sous prétexte que la « dame » est vieille et qu’il faut la mettre au goût du jour.
Je rappelle que parler de laïcité « ouverte ou d’inclusion » est un non sens et une insulte à l’esprit même de la laïcité et à ceux qui en ont fait le pilier de notre cohésion républicaine.
Mettre de tels qualificatifs c’est en effet édulcorer le sens de la laïcité et ne pas la défendre mais au contraire la manipuler soit par manque de courage politique pour faire de l’électoralisme soit par manque de conviction parce qu’on y croit pas et qu’on préfère choisir un autre camp comme celui d’être en phase avec ses convictions religieuses personnelles. On parle beaucoup aujourd'hui de laïcité « ouverte », de laïcité « inclusive », « plurielle ». C'est le seul principe qu'on affuble ainsi d'un adjectif. On dit bien « la liberté », « l'égalité ». Les adjectifs accolés à la laïcité sont destinés à relativiser, à brouiller les pistes.
Halte aussi à l’hypocrisie et à l’opposition artificielle entre la laïcité dite "ouverte" et la laïcité dite "de combat". La liberté est la liberté, elle n’est pas ouverte ou de combat. Par contre on combat pour défendre la liberté.
Il n’y a pas de « laïcité de combat » mais bien un combat pour défendre la laïcité qui n’a besoin d’aucun autre qualificatif sauf si on veut l’insulter.
Ceux qui ajoutent « ouverte » n’ont d’autre idée que de vouloir la détourner pour établir de nouveaux privilèges publics pour les religions.
Il n’y a, de la même manière, pas lieu de dire « liberté religieuse » comme on l’entend souvent ou « liberté athée » comme on ne l’entend jamais mais « liberté de conscience »...qui convient pour tous les citoyens.
( image créée par P. Patte à partir de l'image symbole de la république française créée par TaniaPS , CC BY-SA 3.0)
LES SIGNES DES POSSIBLES NOUVEAUX CONTOURNEMENTS DE LA LOI DE 1905
Il y a d'abord ce discours plus qu’équivoque qui renforce le sentiment que le président de la république s’adresse individuellement à des catholiques plutôt qu'à tous les citoyens.
Cela correspond bien à la manière actuelle de communiquer du président dont la côte baisse auprès de la population. On peut constater d’ailleurs qu’il s’adresse à des publics qu’il différencie : ce jeudi c’était au journal de 13h de Jean-Pierre Pernaut, décentralisé dans une école rurale et regardé que par un « certain public " qui serait, selon les médias, les ruraux et les retraités, interviewé dans une école rurale.
Dimanche prochain, ce sera le tour d’une autre frange de la population, plus intellectuelle (?) sans doute, sur BFM, au cours d'un interview par Jean-Jacques BOURDIN et Edwy PLENEL.
A noter en passant que tout cela se passe sur des chaines privées et que le président a mis de côté les chaines publiques. S’en méfie-t-il ? C’est pour moi un mauvais signe.Et puis il y a les faits.
La déclaration de l’école obligatoire à trois ans n’est pas innocente. Non plus que celle de la réforme du baccalauréat, ...et bien d’autres choses encore.
Je vais y revenir...
"ALERTE ROUGE!!!" comme le dit le capitaine Jean- Luc Picard dans STAR TREK...
(Domaine public)
Et c'est à elle qu'il faut penser...
Patrick PATTE, génération de mai 68