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Se mobiliser et proposer avant le 31 mars* pour la Refondation de l’Ecole !
J’ai pu consacrer de nombreuses pages sur ce blog à la refondation de l’Ecole annoncée par Vincent PEILLON. J’ai pu donner les raisons qui, à mon sens, plaident pour une vraie refondation étant, pour l’essentiel, en accord avec les objectifs fixés par le ministre dans le projet de loi. (http://www.assemblee-nationale.fr/14/projets/pl0653.asp)
Cela ne m’a pas empêché d’être très critique sur la manière dont il a lancé la refondation par un décret sur « les rythmes scolaires » que j’estime toujours inadapté, inapproprié et ne répondant pas aux objectifs de la refondation.
Je répète une fois de plus qu’il faut, à mon sens, le modifier notamment pour permettre de mettre en place des rythmes journaliers et hebdomadaires construits dans l’intérêt de l’enfant en instituant le samedi prioritairement comme jour travaillé.
Il convient également de favoriser la concertation sur le terrain en ne donnant pas, comme le facilite le décret, la décision de l’organisation aux seules communes. C’est ce qui se passe actuellement: les parents et les enseignants sont la plupart du temps mis devant le fait accompli de décisions municipales basées souvent sur une pure organisation de créneaux à combler et dont les objectifs sont souvent financiers. Ce décret est une erreur qu’il faut rectifier et les députés feraient bien de s’y pencher s’ils veulent que la confiance de tous les acteurs éducatifs revienne et que la zizanie constatée dans nombre d’endroits cesse.
EST-CE POUR CELA QUE TOUT LE RESTE EST A REJETER ?
Bien au contraire. Les rythmes ne sont qu’une partie des sujets à traiter pour une véritable Refondation de l’Ecole.
La refondation sera pédagogique ou ne sera pas : C’est une affirmation fondamentale qui doit se concrétiser notamment par "la création des écoles supérieures du professorat et de l'éducation en remplacement des IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres). Si ces écoles supérieures sont bien pensées et que l’on n’écoute pas toutes les « chapelles » pour faire un consensus mou au profit des intérêts catégoriels, cela devrait être le fer de lance de la refondation pédagogique pour les années à venir. Il ne suffit pas d’énoncer des beaux principes : savoir enseigner n’est pas inné, ça s’apprend.
J’y reviendrai au moment opportun quand on abordera les contenus.
(Montage réalisé à partir de diverses images du domaine public dont certaines d'auteurs inconnus sauf pour Rousseau(Quentin de la Tour), Platon(Marie Lou Nguyen), Dewey(Eva Watson Schûtze) )
Il ne faudra donc pas oublier la formation continue et les moyens pour que la rénovation pédagogique commence toute suite et que l’on permette aux enseignants du premier degré d’avoir le temps de le faire. Il faudra concrétiser par des moyens plus efficaces que par exemple les heures « d’animation pédagogique » traditionnelles, utiles sans doute mais insuffisantes. C’est essentiel et vital.
Je retiens (sans exclusive) les propositions
- « plus de maîtres que de classes » pour permettre aux équipes pédagogiques de travailler autrement et mieux : encore fait-il qu’on y mette les moyens humain
- une réflexion sur l’évaluation actuelle qui produit la démotivation et la mésestime de soi. Il faut arrêter de procéder à une sélection par l'échec comme cela se fait encore beaucoup à tous les niveaux de l’école.
- remplacer le redoublement « par d’autres modes de remédiations ». L’aide personnalisée doit intègrer le temps scolaire ordinaire et le travail personnel écrit doit fait à l’école. C’est en cohérence avec ce qui précède. Le décret sur les rythmes est en contradiction avec ce précepte dans la mesure où il institue du temps d’activités complémentaires hors temps scolaires et qui pourront être entre autres des activités d’aide aux élèves en difficulté. Pas mieux que DARCOS !
La difficulté ne doit pas se traiter en dehors du temps scolaire et être une charge horaire supplémentaire en temps pour l’élève. La difficulté ponctuelle doit se traiter immédiatement, en classe, en y mettant les moyens appropriés en personnel notamment.De même, la « grande difficulté » doit se traiter durant le temps scolaire avec les RASED (Réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté) et ses équipes d’enseignants spécialisés qu’il faut conforter. Ils ont été formés pour ce faire. La loi n’est pas assez précise sur ce point.
Après la classe, on doit passer à d’autres champs éducatifs.
LA LOI COMPRENDRA UNE INSTANCE D'ELABORATION DES PROGRAMMES
C’est essentiel. Quand les programmes seront bien construits, articulés en cohérence, on dépassera très vite les débats stériles précoces sur les vacances scolaires qui n’ont pour le moment pas lieu d’être car basés sur des subjectivités et du « vent », celui de l’opportunisme des adultes.
Il faut le faire en articulant bien maternelle, élémentaire,collège et lycée et je dirai même Université, degré où il y a aussi une grande rénovation à faire.
JE POURRAI AJOUTER DES POINTS ET DES REMARQUES QUE J’AI DEJA FAITES.
C’est bien sûr inutile et j’aurai l’impression de « radoter » mais nos ministres et députés ont du mal à entendre les suggestions qui leur sont faites ce qui est bien dommage.
Il n’est qu’à se reporter pour celles et ceux que ça intéresse à mes réflexions précédentes sur le sujet.(notamment http://quaiducitoyen.eklablog.fr/refondation-de-l-ecole-un-rapport-interessant-mais-a57567439 )
(image Patrick Patte, mars 2012, CDEN alternatif dans le département du Nord)
J’y intègre mes désaccords quant au décret sur les rythmes et les propositions à discuter que je fais d’un plan cohérent d’actions significatives immédiates pour relancer la confiance auprès des parents, des enseignants et entre autres :
- information nationale complète et non tronquée sur les rythmes et reporter à 2014 la mise en place de la nouvelle semaine, les deux étant liées
- l’abrogation, pour la prochaine rentrée et pour toutes les écoles, du décret sur la semaine de 4 jours
- recréer dans les académies la vraie concertation et le débat avec tous les partenaires, pour avancer et pour préparer la prochaine rentrée des classes
-lancer tout de suite un travail de concertation avec les syndicats des personnels du premier degré sur la revalorisation méritée de leur fonction, leurs horaires, leurs missions.
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(voir http://quaiducitoyen.eklablog.fr/refondation-de-l-ecole-la-loi-a-l-assemblee-a79135283
LE DEBAT A L’ASSEMBLEE
Les objectifs de la loi présentée sont tout à fait respectables et peuvent faire aller vers une vraie refondation si on en prend les véritables moyens et pour l’école primaire mais aussi pour les autres degrés d’enseignement.
Actuellement un débat devrait avoir lieu à l’assemblée nationale. Les députés ont en effet matière à débattre. Encore faudrait-il qu’ils ne soient pas seulement une cinquantaine comme lors de l’ouverture de la séance à l’assemblée ce lundi dernier. Depuis, les bancs restent clairsemés : Il n’est qu’à voir par exemple la séance tenue ce mercredi après-midi. Assiste-t-on réellement à un débat ? Je n’en suis pas convaincu. J’ai plutôt l’impression que les amendements vont brouiller les échanges constructifs qui pourraient ne pas avoir véritablement lieu. Il y en a quelques 1 500 amendements présentés ! A mon avis, c’est trop. On se demande à quoi servent les commissions préalables. Tout cela est mal organisé. Pour ma part, je pense que le sérieux serait d’apporter des modifications de textes nécessaires pour étoffer les parties un peu légères de la loi comme par exemple en ce qui concerne les collèges et les lycées.
( Panorama de l'hémicycle de l'Assemblée nationale réalisé avec des photos prises en septembre 2009.Auteurs Richard Ying et Tangui Morlier. licence Creative Commons paternité – partage à l’identique 3.0 (non transposée))
Il faut une loi-cadre digne de ce nom et le projet s’en approche. J’espère simplement que les députés n’en feront pas une caricature inapplicable en votant des amendements réducteurs et que les décrets qui en découleront seront à la hauteur des espoirs qu’on peut encore y mettre et ne seront pas comme celui sur les « rythmes scolaires » que je continuerai de critiquer tant qu’il n’aura pas évolué.
LA MOBILISATION EST NECESSAIRE POUR IMPOSER LA REUSSITE
La seule solution pour imposer et contrôler la réussite de la refondation c’est une forte mobilisation des parents et des enseignants qui ne doivent pas être les laissés pour compte. Pour cela il faut réinstaller la confiance et ne pas faire semblant de les associer.
En ce qui concerne les rythmes hebdomadaires, partout il faut se mobiliser POUR REUNIR EN SESSION EXTRAORDINAIRE LES CONSEILS D’ECOLE AVANT LE 31 MARS 2013 et faire savoir aux DASEN ( Directeur Académique des Services de L'éducation nationale) que la mise en place d’une semaine de quatre jours et demi telle que voulu par le décret doit être reportée à la rentrée 2014.Les arguments ne sont pas difficiles à trouver selon les endroits vu ce qui est constaté:
- parents et enseignants pas associés. Ils sont informés de la décision de la commune
- manque d’information ou information tronquée ou mauvaise interprétation ou étude et méconnaissance des textes : certaines collectivités disent par exemple aux parents que leurs enfants sont obligés de rester jusque 16h30 alors que la classe finirait à 15h30.
- information insuffisante sur les rythmes et les conséquences sur les enfants de la coupure du samedi et du dimanche
- manque de temps pour étudier véritablement un vrai projet éducatif permettant une articulation entre les moments éducatifs scolaires et les autres moments éducatifs en fonction des besoins des enfants.
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La précipitation électoraliste actuelle ne donne rien d’autre que la confusion, l’amertume, la démotivation et la démobilisation des acteurs qui entrent dans des conflits stériles alors qu’il faudrait travailler le fond au lieu de la forme.
L’important est de se donner du temps pour s’informer, réfléchir et construire en partenariat des projets qui ont du sens. Beaucoup d’organisation restent sur des schémas traditionnels qui auront bien du mal à faire une vrai refondation notamment au niveau des rythmes de la journée et de la semaine dont j’ai déjà décrit les dérives du décret trop précoce qui n’est pas fait dans l’intérêt des élèves et de la concertation avec les parent et les enseignants sur le terrain. Ces organisations vont être vides de contenu et de cohérence tant il est vrai qu’actuellement c’est plutôt majoritairement la course à « boucher le trou entre 15h30 et 16h30 » qui est faite alors qu’il faudrait une véritable réflexion sur l’articulation et la complémentarité à faire entre temps scolaire et les autres temps éducatifs de l’enfant.
L'adaptation des moments éducatifs aux élèves les plus démunis culturellement est primordiale. C’est une chance à saisir. Seuls des projets bien construits en partenariat où chaque intervenant éducatif a un rôle bien défini, permettra de faire évoluer les choses.
Je ne généralise pas car dans certaines communes, un excellent travail se fait, là où la vraie concertation partenariale est installée. Du temps en plus ne sera que le bienvenu.
Prenons le temps réaliste de faire du bon travail. Il suffit d’en annoncer clairement les étapes.
Il est dommage que la FCPE nationale veuille favoriser la précipitation pour la mise en place à la rentrée 2013 et qu’elle ne conteste pas le contenu d’un décret qui à l’évidence n’est pas fait dans l’intérêt premier des élèves en instituant le mercredi travaillé et celui de la vraie concertation en donnant aux communes la prédominance de fait sur l’organisation hebdomadaire. Il eût été facile de demander l’abrogation de la semaine de 4 jours et du temps jusque 2014 pour les partenaires travailler véritablement. C’est décevant.
IL FAUT AUSSI MOBILISER POUR IMPOSER LA CONCERTATION DANS LES ACADEMIES SUR LA PREPARATION DE LA RENTREE SCOLAIRE 2013 pour qu’elle se fasse dans de bonnes conditions d’accueil et d’encadrement pour les élèves.
Dans chaque école, il faut faire le point, dénoncer les anomalies et exiger les moyens de la prise en charge correcte des élèves. C’est loin d’être le cas partout.
L’avenir de l’Ecole, de sa refondation et l’avenir des enfants et des jeunes dépendra pour beaucoup de la mobilisation de ceux qui sont les premiers acteurs de l’éducation des enfants : les parents, les enseignants et les professionnels de l’éducation populaire.
Seul le rapport de force citoyen a la capacité de maîtriser ce qu’il sera fait de la loi et éviter les dérives.
EN GUISE DE CONCLUSION : UN MOT SUR L’ATTITUDE DE L’OPPOSITION
Je suis critique de manière constructive envers les projets de la majorité actuelle qui a les moyens de faire avancer les chances de nos enfants et nos jeunes.
J’entends l’opposition critiquer, elle aussi, à l’assemblée nationale ou dans les médias les avancées de ce projet de loi. Mais elle ne fait que cela. Je rappelle simplement que cette opposition a détruit la formation professionnelle des enseignants et des milliers de postes notamment dans le premier degré. Elle a juste été capable de lancer des réformettes comme celle non aboutie du Lycée.
Elle n’a aucune leçon à donner vu sa scandaleuse action négative passée. Elle ferait bien de se faire « toute petite » et humble sur le sujet. Elle ne propose rien et s’enfonce dans des discours vides de sens.
Ce ne sont pas les fanfaronnades actuelles de certains de ses représentants qui feront oublier la politique de la calculette technocratique des gouvernements Fillon/Sarkozy quand ils étaient au pouvoir. Il n’est qu’à se souvenir des décisions de ministres qui confondaient , par exemple, difficulté ponctuelle et grande difficulté , « erreur » volontaire dont ont pâti nombre d’élèves dans le cadre de l’ idiote semaine de 4 jours qui a accru la fatigue des élèves par les ineptes deux heures hebdomadaires d’ « aide personnalisée » que devaient même subir, dans certaines écoles, des élèves de maternelle… Ces mêmes ministres ont réduit les moyens des RASED pour laisser des milliers d’élèves sans aide sur le bord de la route.
Les mots manquent pour qualifier la mauvaise foi de celles et ceux qui n’ont fait que de la gestion comptable au détriment des enfants et des jeunes.
Souvenir, souvenir…
Patrick PATTE
*31 mars date butoir de rendu des décisions pour oragniser ou non la nouvelle organisation dela semaine scolaire.
« Malbouffe : du bœuf de cheval au poulet javellisé ?Refondation de l’Ecole : la loi a été votée à l’assemblée nationale… »