• RYTHMES SCOLAIRES : le décret d’avortement de la refondation de l’Ecole ?

    RYTHMES SCOLAIRES : le décret d’avortement de la refondation de l’Ecole ?La parution du décret sur les rythmes scolaire a lancé la première phase de l’avortement de la refondation de l’Ecole. 
     On assiste dans les faits à plusieurs types de mise en route qui prouvent la faiblesse de ce décret qui n’a pas su donner les directives fondamentales pour que partout se mette en action une organisation de la semaine qui se fasse dans l’intérêt des enfants. Je l’ai longuement exposé dans mes écrits sur ce même blog  (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/reforme-des-rythmes-le-nouveau-decret-va-bloquer-la-refondation-a67630185    et   http://quaiducitoyen.eklablog.fr/rythmes-a-l-ecole-il-faut-abroger-les-decrets-darcos-et-peillon-a67701441 )

    Sans vouloir faire l’inventaire de toutes les situations dont j’ai eu connaissance, je peux  constater une diversité dans les chances qu’auront les enfants et les jeunes d’accéder à un  rythme de vie plus adapté et plus équilibré.

    Un certain nombre de villes ont travaillé sur le sujet bien avant la parution du décret et continuent de le faire sans se précipiter. Certaines le font en concertation avec les partenaires comme les parents et les enseignants  ce qui devrait donner des résultats intéressants.   

    D’autres, par contre, avancent sans concertation et se sentent confortées par le pouvoir donné aux collectivités territoriales de proposer une organisation hebdomadaire de manière indépendante des conseils d’écoles. 

    Pour d’autres encore, elles examinent leurs possibilités ou non de répondre à des besoins de remplir des créneaux d’activités extra scolaires.  Pour beaucoup on est loin d’être encore au stade de la concertation avec les partenaires, pour certaines ce stade n’est même envisagé.

    On entend bien sûr : « On le fait dans l’intérêt des enfants ». Tout le problème est que l’intérêt des enfants n’est pas partout pareil selon qu’on soit bien ou mal informé de ce  que doit être cet intérêt notamment au niveau des rythmes. 
    On croit que ce sera l’intérêt des enfants d’avoir des activités extra scolaires qu’on va essayer de mettre en place par ce qu’il faut le faire. Mais examine-t-on vraiment ce qu’il faut faire et pourquoi il faut le faire en articulation cohérente avec les temps scolaires ? On peut en douter.

    RYTHMES SCOLAIRES : le décret d’avortement de la refondation de l’Ecole ?La première erreur de ce décret est de ne pas avoir déterminé  le samedi comme journée travaillée.  C’est juste une possibilité dérogatoire alors que cela aurait  dû être une obligation dans l’intérêt rythme veille/sommeil des enfants.  Quitte à me répéter  -mais parfois on a l’impression que nos responsables gouvernementaux sont  sourds - : «  Le choix du mercredi matin « travaillé »  n’est pas  le bon. Il eut été meilleur de choisir le samedi ce qui aurait évité  la  «  désynchronisation » du week-end de deux jours  qui dérégule vraiment l’horloge du rythme veille-sommeil des enfants.  Cette dérégulation  ne se rencontre pas le mercredi puisque les enfants en général ont à peu près le même rythme veille- sommeil que les autres jours de la semaine. ».  Ce décret n’impulse nulle part la nécessité vitale d’une véritable information sur les rythmes si on veut que partout on avance dans la bonne direction.

     La deuxième erreur est d’avoir volontairement laissé le pouvoir aux collectivités locales de proposer l’organisation scolaire qu’elle souhaite sans aucune obligation d’en référer aux conseils d’école.

    N’en déplaise à Vincent PEILLON, ministre de l’Education nationale, contrairement à ce qu’il affirme, ce décret ne permettra pas de mettre en place les rythmes les meilleurs dans l’intérêt des enfants car il laisse aux adultes le champ de privilégier leur égoïsme.

    Pour nombre de parents ou d’enseignants, le samedi sans école sera la solution la meilleure.  Toutes sortes d’arguments seront avancés : deux jours pleins avec les enfants, deux jours où ils peuvent dormir plus tard, organisation familiale, divorce,…mais jamais on ne fera état de la rupture veille/ sommeil pendant deux jours  qui crée la rupture de rythme dont on retrouvera les dégâts  en début de semaine suivante notamment pour le travail à l’école.

    Pour nombre de collectivités locales on choisira la solution électorale la plus adaptée. Je connais certaines d’entre elles qui, avant toute mise place, font des sondages pour connaître l’avis des parents sur le mercredi et le samedi : C’est dire si le rythme des enfants est la priorité !

    La dotation par élève ne doit pas  non plus être l’enjeu du changement. L’argent distribué doit servir à mettre en place les bases d’une vraie refondation et pas financer des projets communaux d’activités extra-scolaires sans vrai lien avec les autres temps éducatifs. C'est aussi  pour cette manne  que certaines communes "se précipitent" pour mettre en place des activités en 2013. Ce n'est pas sérieux!

    RYTHMES SCOLAIRES : le décret d’avortement de la refondation de l’Ecole ?On se retrouve dans une situation où on veut faire croire que sur le terrain les acteurs vont se concerter.  Ce ne sera pas le cas partout, loin de là.

    Et même s’il y a concertation, comme le samedi n’a pas été imposé comme jour travaillé, on fera n’importe quelle organisation qu’on croira ,en toute bonne foi ,profitable pour les enfants alors qu’elle sera basée la plupart du temps sur une juxtaposition de créneaux horaires scolaires, de pause méridienne parfois rallongée, d’activités périscolaires car il faut bien accueillir les enfants après les moments de classe…  le tout en fonction du choix majoritaire des parents et des enseignants par rapport au mercredi ou au samedi.  Se demandera-t-on, par exemple, de quelle manière les enfants seront pris en charge lors de la pause méridienne et par qui et pour quoi faire permettant un retour en classe apaisé par exemple ?  On peut en douter.

    Ce décret est empreint d’une volonté de vouloir ménager les collectivités territoriales en déléguant un pouvoir absolu de faire ce qu’elles veulent en matière d’organisation de la semaine y compris sans consulter vraiment les parents et les enseignants.

    RYTHMES SCOLAIRES : le décret d’avortement de la refondation de l’Ecole ?Ce décret est totalement dans la même veine électoraliste que la semaine de quatre jours qui a libéré le samedi matin : on continue de privilégier la libération du samedi matin par soucis de ne pas modifier les habitudes prises par les familles.

    Voilà à quoi se résume la nouvelle organisation des « rythmes » improprement qualifiés de «  scolaires ». Tout au plus va-t-on alléger d’une demi-heure le temps à l’école qu’on va remettre sur le mercredi. Dans le même temps, on fait semblant de supprimer  les deux heures d'aide personnalisée inscrites dans la semaine de 4 jours  pour les remplacer par des « activités pédagogiques complémentaires » qui s’ajouteront aux 24 heures continuant de faire supporter aux  élèves en difficulté  un alourdissement horaire ségrégatif. Aucun changement à ce sujet, donc, si ce ne sont les termes. 

    Ce décret  frise l’hypocrisie la plus complète car il ne contient pas la volonté de la refondation annoncée du fait même des inégalités qu’il va créer par son application.

    Dommage…pour les enfants !

    Mais il est encore temps de changer...

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