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RETRAITES "MACRON" : ÇA SIMULE...
Enfin c’est ce qui a été annoncé ce jeudi : des simulateurs… pour le moins peu convaincants.
Certains diront sans doute que je suis de parti pris. Mais d’une part je ne fais aucune confiance en ce gouvernement pour croire que d‘un coup de simulateur, il allait permettre aux français et français de connaître les véritables conséquences de la mise en place d’une soit disant universalité plus juste et d’autre part quand on constate le résultat des outils offerts, il y a de quoi se poser des questions sur le sérieux de ce qui proposé qui a l’air d’avoir été fait à la va vite et n’apporte pas grand-chose au niveau informatif individuel. Ce n’est pas une surprise….
UNE REFORME IDÉOLOGIQUE POUR DES ENTOURLOUPES BIEN PENSÉES
Cette réforme est idéologique : on réforme pour réformer à l’image de ce qui se passe dans d’autres pays comme la Suède même si ce qui est proposé diffère. Et on connait les résultats : des retraités qui retravaillent parce que le montant des retraites est bas comme d’ailleurs aux États-Unis, en Grande-Bretagne ou en Allemagne. S’en tirent celles et ceux qui ayant eu des hautes salaires ont pu épargner en capitalisant avec des fonds de pensions. Pour les autres c’est la gêne ou la misère . Et c’est ce qui se passera en France. J’y reviendrai.
(Jiel Beaumadier — Travail personnel - CC BY-SA 3.0
SIMULATION : BOF , BOF,BOF…
Pendant que le premier ministre reçoit les syndicats pour permettre, selon lui, de débloquer les situations afin que les français et le français ne soient pas gênés dans leurs déplacements pour les fêtes de fion d’année (ils disent Noël…), des outils de « simulation » gouvernementaux ont été lancés.
Ils sont sur deux sites. J’y suis allé.
Il est sans doute espéré que ça calmera les esprits chez les citoyens. Rien n’est moins sûr car de simulation il n’y a pas sauf pour des cas choisis par le gouvernement. En aucune manière , si vous allez sur ces sites vous ne trouverez le montant futur de votre retraite…
Il eut été tellement plus cohérent de sortir de vrais simulateurs avant les dernières vacances pour prouver que la réforme était, selon les dires gouvernementaux, bénéfiques pour tous.
Au lieu de cela on installe à l’arrache et parce que les réactions sont importantes, des machins faits à la va vite pour essayer de convaincre…
Comment un gouvernement responsable et qui veut convaincre peut-il engager une telle réforme sans avoir regardé lui-même et au préalable dans le détail les multiples situations des françaises et des français ?
La réaction de contestation forte de ceux-ci n’était pas prévue.
Pour ma part je suis juste convaincu qu’Emmanuel Macron et son gouvernement ne sont pas sérieux, n’ont pas travaillé comme il aurait fallu sur ce qui importe aux citoyens : savoir combien ils vont « toucher » quand ils seront en retraite avec le nouveau système par rapport au futur ancien.
Pourquoi de telles agissements si ce n’est , comme je le disais dans mon billet du 11 décembre 2019 (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/retraites-macron-un-projet-desordonne-source-de-desordres-a178130998 ) : « quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup » ...
Sans doute ont-ils cru que cela allait se faire sur leur « bonne mine » et leurs affirmations et qu’on leur ferait confiance puisque selon eux, les français avaient voté pour le projet en élisant Emmanuel Macron.
Ces gens sont complètement hors sol pour croire ce qui n’est pas.Comme je l’expliquais aussi dans mon dernier écrit intitulé RETRAITES "MACRON" : UN MANQUE DE CRÉDIBILITÉ » : « Pour mémoire et pour les députés LREM ou ministres qui clament que le gouvernement ne fait que mettre en œuvre le programme d'Emmanuel Macron qui a été plébiscité par les français du fait de son élection, on peut rappeler que le dit programme et son candidat ont été portés au deuxième tour de l'élection présidentielle avec un vote d’adhésion qui ne lui été acquis qu'avec au maximum 23,75 % des suffrages exprimés soit 8 433 346 voix qui représentent 18,21% des électeurs inscrits. Au deuxième tour, ce n’est donc pas son projet qui a convaincu de voter pour lui mais le spectre de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite en la personne de Marine LE PEN. Il est bon de le rappeler à ceux qui paradent en surfant sur des illusions grotesques. Un peu de modestie ne gâteraient rien quand on veut réellement négocier au lieu de contribuer à installer un rapport de force pour faire passer un projet qui est rejeté tel qu'il est par une majorité de français. »
FAUT ARRÊTER DE FANTASMER !
Selon un sondage* Ipsos pour CNews et Sud Radio, publié ce jeudi 19 décembre 2019, 61 % des Français n’approuvent pas la création d’un âge d’équilibre à 64 ans.
Une majorité de Français (59 %) ne souhaite pas que le gouvernement aille jusqu’au bout de sa réforme (contre 54 % les 26-27 novembre). Selon un autre sondage BFMTV - 57% des Français se disent opposés au projet de réforme des retraites soit huit points de plus par rapport à la précédente mesure qui n’est que du 11 décembre dernier.
Enfin, les citoyens sont de plus en plus nombreux à penser que c’est le gouvernement et Emmanuel Macron qui sont responsables de la crise. 54 % approuvent la mobilisation.Les réunions de mercredi et jeudi derniers n’ont guère apporté de fléchissements de la part du gouvernement qui se contente de dire que l’on va continuer de discuter à la rentrée avec les partenaires sociaux. Mais on sent tout de même que les organismes patronaux ne veulent rien céder sur les cotisations et l’âge pivot ni d’ailleurs sur la pénibilité sauf à la marge pour celle-ci.
L’équilibre des comptes des caisses revient en force sur la table alors qu’elle n’est que le prétexte mensonger pour faire reculer les droits des retraités comme je le disais dans mon billet du 15 décembre 2019 : http://quaiducitoyen.eklablog.fr/retraites-macron-l-entourloupe-de-l-age-pivot-a-64-ans-2-sur-3-a178342292 .
Cela montre d’ailleurs bien les conséquences de la gestion désastreuse de nos finances publiques commencé sous Hollande (avec le CICE) et amplifié par un président Macron qui a fait des cadeaux qui n’étaient pas nécessaire au niveau fiscal aux plus fortunés. Le pouvoir compte utiliser les réserves de la caisse « Jospin » pour financer la dépendance parce qu’il n’a pas pris celle-ci comme priorité dans ses dépenses comme d’ailleurs, la pauvreté, l’indemnisation de chômeurs qu’il a fait réduire… Avec la mise en place du système à points cette mauvaise gestion se poursuivra.
J’y reviendrai car c’est un tout d’une politique qui ne peut être satisfaisante du point de vue de la justice sociale.
Tout cela permet de gagner du temps pour le pouvoir laisser que peu de temps à la rentrée de janvier pour modifier le projet d’une loi qui est sans doute déjà écrite depuis longtemps et qui doit passer en conseil des ministres le 22 janvier et au parlement à partir de février. Je reviendrai sur ce calendrier pour montrer aussi de quelle manière les enseignants risquent d'être bernés. Ce ne seront pas les seuls d'ailleurs.De qui se moque-t-on quand on parle de dialogue constructif… Je continue d’appeler tout cela une mascarade dont l’enjeu est bien de satisfaire l’égo d’un président qui ne veut pas perdre la face alors qu’il veut mettre en place sa réforme…
LES « SIMULATEURS » DU GOUVERNEMENT
A lire les réactions des médias, on peut dire que les avis sont très variés. Comment pourrait-il en être autrement face à ce qui n’est au mieux qu’une approche plutôt peu précise des conséquences de la réforme sur le montant des pensions.
Les flous persistent.
Le premier SITE : https://retraitesdeletat.gouv.fr/actif/le-calcul-de-ma-retraite
Cela permet de vérifier peu de choses :
- Si vous partez avant la mise en place on vous répond :
Parler de « simulateur » est abusif. Ainsi, on ne découvrira pas le montant de sa future pension. Le gouvernement pose une seule question : « Suis-je concerné par la réforme ? ». Mais il n’y répond pas clairement.
Tout salarié du privé né à partir de 1975 peut vérifier qu’il basculera dans le futur régime universel par points à partir du 1er janvier 2025. Pour les autres cas (fonctionnaires, salariés des régimes spéciaux, catégories actives…), ça a l’air plus complexe d’avoir une réponse. Le simulateur commence par demander de saisir l’âge auquel nous devons partir dans le système actuel. Peut-on vraiment le savoir ?
L'outil reprend le mensonge du gouvernement puisqu’il indique qu’un salarié né avant 1975 n’est « pas concerné par le futur régime universel de retraite ». Il passe ainsi sous silence le fait que les Français nés entre 1960 et 1975, s’ils ne basculeront pas dans le régime par points, seraient tout de même concernés par la création d’un âge pivot. Ils pourraient toujours partir à la retraite à 62 ans, mais avec une décote de 5 % par année manquante jusqu’à « l’âge d’équilibre » de 64 ans.
Contrairement à un des engagements d’Emmanuel Macron, les personnes qui sont à moins de 5 années de leur retraite seraient donc impactées.
- si vous allez être concernés par la réforme il est indiqué dans quelles proportions si vous avez commencé à travailler avant sa mise en application.
Si on entre des informations plus personnelles il est obtenu une réponse du type : "Votre retraite sera calculée sur les 14 premières années de votre carrière (33%) avec les règles du système actuel et sur les 29 années suivantes (67%) selon les règles du système universel."
Autrement dit rien de bien clair dans la mesure où comme le dit lui-même le gouvernement, tous les critères ne sont pas encore définis.
Le deuxième SITE : https://www.reforme-retraite.gouv.fr/la-reforme/ma-retraite-demain/article/simulateur-suis-je-concerne-e-et-cas-types
Il ne permet pas d'obtenir une réponse personnalisée en fonction de sa situation.
Il n’est qu’une liste d’une trentaine de cas-types (36)sous forme de fiches qui ne représentent que les enseignants, les fonctionnaires et un salarié .
L'âge pivot n'est pas pris en compte.
La durée de cotisation est celle de 43 ans pour une pension pleine.
Toutes les carrières débutent à 22 ans.
La pénibilité, les jobs d'été, les carrières tronquées ne sont pas dans les critères.
Des informations très importantes sont donc passées sous silence.
À partir des critères, le simulateur donne une comparaison entre l'actuel système et le futur du montant de la retraite brute à 62, à 64, 65 et 67 ans.
Ces simulations de cas types sont donc plus qu’approximatives et montrent le nécessaire pour faire croire que le système à points sera bénéfique pour tous…SI ON TRAVAILLE PLUS LONGTEMPS. C’est peut-être ce qui ressort le plus clairement.
Mais c’est surtout à mon sens une mascarade de communication de plus.
POUR CONCLURE…
On a fait dire au simulateur ce que le gouvernement veut faire dire et une fois encore jeter de la poudre aux yeux auprès des citoyens futurs retraités pour semer le trouble au lieu de clarifier.
Il eut mieux fait de s’abstenir car cela ne rétablira pas, loin de là, la confiance et ne rassurera pas plus les Français inquiets comme cela était l’objectif du gouvernement. Encore une fois les ficelles sont très grosses.
Le gouvernement montre bien qu'il n'a pas examiné les incidences de son futur système sur les montants des retraites. La preuve en est qu'il est incapable de produire un simulateur. Et il ose affirmer que tout le monde s'y retrouvera et que ce sera bénéfique pour les femmes et les carrières hachées.
Un honteux coup de bluff...
Les nombreux points d’interrogations autour de cette réforme réapparaissent donc de manière flagrante.
Le gouvernement prévoit de mettre en ligne un autre simulateur, le 22 janvier prochain, après que le projet aura été approuvé par le gouvernement.
150 puis 300 modèles de situations individuelles seraient présentées.
A une date indéterminée en 2020, un « simulateur individuel exhaustif » sera mis en ligne peut-être dans les 6 mois après le vote de la loi c'est-à-dire trop tard.
Dire que les simulateurs initiés par les syndicats donnaient de faux résultats comme l’a fait le gouvernement alors qu’il n’a pas été capable lui-même de sortir un simulateur digne de ce nom avec tous les moyens techniques que l’état peut se donner et alors qu'il est l'initiateur du système à points , c’est un comble !
Et c'est se moquer des citoyens.
(Auteur geralt, Pixabay, domaine public
Tags : simulateur, retraites, réforme idéologique, sites, mascarade