• RETRAITES MACRON: L’ENTOURLOUPE DE L’AGE PIVOT A 64 ANS - 2 sur 3

    L’entourloupe de l’âge PIVOT à 64 ans est basée pour une grande partie sur une argumentation sujette à caution quant au déficit de la caisse des retraites et sur des considérations fallacieuses sur l’augmentation de l’espérance de vie.
    Cet âge pivot sévira et pour les retraités à partir de 2022 mais aussi pour tous les autres ensuite.

    LES ENTOURLOUPES BUDGÉTAIRES

    Le gouvernement base son argumentation sur le déficit prévisible de la caisse de retraites  faire croire que la résorption immédiate du déficit est incontournable.

    C’est la première entourloupe.  L’autre entourloupe c’est de faire croire que les pensions des futurs retraités resteront stables et garanties dans le temps. J’y reviendrai dans un autre chapitre lors de l’examen de la retraite à points.

    Le déficit annoncé des retraites est là pour faire peur alors qu’il n’est même pas certain et que de toutes façons, il n’est pas très élevé. Il faut démonter  cette stratégie machiavélique destinée à affoler les citoyens qu’on veut perdre  dans des chiffres,  citant des milliards qu’il est parfois difficile  d’appréhender si on n’a pas les éléments de comparaison avec la globalité des sommes en jeu.

    Il y a tout juste un an, le COR (Conseil d’Orientation des Retraites), qui est l’instance  spécialiste du sujet des retraites, déclarait que les comptes des retraites étaient à l’équilibre jusqu’en 2070 ! (https://www.cor-retraites.fr/sites/default/files/2019-06/doc-4269.pdf )

     

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     Et en novembre 2019, d’un coup de calculette magique, la même instance , le COR,  annonce  qu’il manquera environ 10 milliards par an en 2025. Et puis, il est dit que peut-être  «  les scénarios » chiffreraient ce déficit  entre 7,9 et 17,2.

    Des chiffres incertains donc et la production d'une conclusion d’une incroyable fluctuation d’une année sur l’autre, produite par des « experts » à partir de données qui n’ont guère changées  (sauf la croissance) depuis l’année dernière.  

    On ne peut donc m’empêcher de trouver tout cela très suspect et peu digne de confiance.

    Ce que le gouvernement ne dit pas et qui est néanmoins affirmé par le COR en 2019 :

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    Ma deuxième observation est en lien avec la mise en comparaison   avec la globalité des sommes en jeu, comme je le disais plus haut. Il faut savoir que le budget des retraites  s’élève à 325 milliards d'euros ( collectés) pour lequel il manquerait peut-être  10 milliards ce qui représente au pire 3 % du budget, et 0,3 % du Produit intérieur brut.

    Encore faut-il que le montant du déficit prévisible soit exact  ce dont je suis en droit de douter au vu de la manière dont le COR change de calcul d’une année sur l’autre. Cet organisme a peut-être des calculettes et des ordinateurs obsolètes… va savoir !

     « Le gouvernement a demandé au Conseil d’orientation des retraites (COR) de publier une nouvelle prévision des finances du régime allant jusqu’en 2030. Peu de temps donc après la projection de juin, qui allait jusqu’en 2070. Son objectif est clair : il s’agit de montrer que le système est déficitaire et donc qu’il faut des mesures de correction avant 2025, date envisagée pour la mise en place de la retraite par points, « pour redresser l’équilibre financier du régime ».

    Ce pseudo-déficit provient essentiellement de la baisse des ressources affectées au système »

    Les 10 milliards de déficit  s’ils étaient effectifs, ne seraient donc  pas dû à une augmentation des dépenses, mais bien à une baisse des cotisations dont l’état semble le responsable si je suis les indications du rapport du COR.  Christian Chavagneux, d’Alternatives économiques, expliquait récemment sur France Inter  «  que les raisons du déficit étaient liées aux mesures prises par le gouvernement actuel : réduction d’emplois dans la fonction publique (80.000 emplois supprimés d’ici 2022), austérité salariale prolongée dans la fonction publique, et non compensation des exonérations des cotisations sociales pour la prime de Noël et pour les heures supplémentaires. » 

    Cela montre que le gouvernement joue peut-être un double jeu et organise le déficit dans le cadre de son plan pour la mise en place de son argumentation quant à l’équilibre du budget.

    Tout cela pourrait  donc être bien calculé par le pouvoir depuis le début de la mise en place de la soi-disant consultation sur la réforme des retraites.

    Comme le dit le magazine « Alternatives économiques » : « un déficit construit de toutes pièces ».

    Et puis si déficit il y avait vraiment, il existe d’autres solutions pour le combler.

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    Image par Bruno Glätsch de Pixabay 

    LES SOLUTIONS POUR COMBLER L’ÉVENTUEL DÉFICIT

    Le COR note que les réserves du système de retraite sont évaluées à 5,6 % du PIB, largement suffisantes donc pour passer le cap de 2025.

    De plus, le COR reconnait que l’équilibre financier pourrait facilement être atteint par une hausse modeste des cotisations : en moyenne, 1 point de cotisation supplémentaire à l’horizon 2025. Même en se basant sur les évaluations de déficit du rapport, la situation  n’a rien de dramatique comme veut nous le faire croire Edouard Philippe.

    L’économiste Henri Sterdyniak*explique :  Ce « pseudo déficit provient essentiellement de la baisse des ressources affectées au système, en raison de la forte baisse de la part de la masse salariale du secteur public, de la non compensation de certaines exonérations de cotisations sociales, de la baisse des transferts de l’Unedic et de la Caisse nationale des allocations familiales »

    Il s’agit en fait donc bien d’un déficit construit en grande partie par les politiques de suppression de l’emploi public et d’allègement de cotisations sociales qui profitent surtout aux employeurs. « La quasi-totalité du déficit provient donc de l’austérité salariale et de la baisse des effectifs publics. C’est la double peine : les salaires stagnent, les effectifs publics décroissent ; c’est un argument pour baisser les retraites »

    Tout simplement, comme l'explique le journaliste économique Christian Chavagneux**« en réaffectant aux retraites l'argent qui sert aujourd'hui à rembourser la dette de la sécurité sociale, une fois celle-ci expirée. les fonds de la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades), créée en 1996 pour gérer le remboursement de la dette de la sécu, pourraient amplement financer les retraites ».

    La Cades, alimentée pour moitié par un impôt spécifique (la Contribution pour le remboursement de la dette sociale, ou CRDS), et pour l'autre par une fraction de la CSG, n'aura plus de raison d'être au plus tard en 2024, sitôt le dernier euro remboursé aux marchés financiers. Mais ses recettes, elles, existeront toujours, à la seule condition de prolonger la CRDS, censée disparaître avec l'expiration de la dette sociale. "Entre la CRDS et la CSG, c'est tout de même une grosse vingtaine de milliards de bel argent sonnant et trébuchant" que l'Etat pourra tout à coup utiliser comme bon lui semble, explique à Marianne, Christian Eckert, ex secrétaire d’état au budget  du précédent quinquennat.(source https://www.marianne.net/economie/reforme-des-retraites-ces-24-milliards-qui-resoudraient-le-deficit-une-fois-pour-toutes )

    Selon les estimations de Jean-Louis Rey, président de la Cades, les sommes non utilisées atteindraient les 24 milliards d'euros chaque année à partir de 2024. "Aucun gouvernement ne s’était trouvé historiquement à devoir arbitrer l’affectation d’une telle manne", déclarait d'ailleurs ce président , en décembre 2018.( source https://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRL8N1YG5NY )

    L’économiste Michaël Zemmour*** qui, dans les grandes lignes, rejoint  ce qui est dit précédemment,  disait en octobre 2019 : « Il n’est pas du tout question d’un système qui serait à découvert et dont il faudrait éponger les dettes. Le problème, c’est que depuis des années, pour l’équilibrer, on fait baisser les pensions »…


    Ainsi , j’apprends qu’il existe un Fonds de Réserve des Retraites créé  en 1999 par le gouvernement socialiste de Lionel Jospin . Ce fond était  destiné à financer le déficit du régime des retraites à partir de 2020. C’est « pile poil » la date, à quelques jours près,  à laquelle on n’en  aurait besoin si vraiment il y avait un déficit.   Fin 2017, le fonds de réserve disposait d’un actif de 36,4 milliards d’euros soit le double du pire scénario déficitaire envisagé par le COR. Ce montant est  indiqué dans le dernier rapport du COR…( qu’on peut trouver sur le net ici https://www.cor-retraites.fr/sites/default/files/2019-11/Rapport_novembre_2019.pdf  )

    RETRAITES MACRON:  L’ENTOURLOUPE DE L’AGE PIVOT A 64 ANS -  2 sur 3

    (Image par Stefan Keller de Pixabay)

    IL semble qu’ On nous cache des tas de choses…dans le pêle-mêle des annonces pour le moins embrumées ( ou embrouillées) qu'on nous distille à longueur de journées dans les médias. 

    Mais sans doute qu’On l’a fait pour se donner des marges de manœuvres pour céder sur l’âge pivot ou/et augmenter le salaire des enseignants, pour après la tension sciemment entretenue,  faire croire que l’état va faire des efforts considérables. Va savoir...

    Peu de médias   en parlent de ces ressources ou tout au moins ne posent pas la question de savoir si elles existent et peuvent être utilisées que ce soit  au premier ministre ou à Emmanuel Macron. Il serait intéressant pourtant de connaître leurs réponses ne serait-ce que pour démentir si ce n’est pas vrai.

    Mais je suis peut être mauvaise langue…

    A suivre...

     

    * Henri Sterdyniak est un économiste français, signataire du Manifeste d'économistes atterrés  publié par un groupe d'économistes hétérodoxes, composé notamment de Philippe Askenazy du CNRS, Thomas Coutrot du conseil scientifique d'Attac, André Orléan du CNRS et de l'EHESS, président de l'Association Française d'Économie Politique, Henri Sterdyniak de l'OFCE. Il est signé par 630 économistes.

    ** Christian Chavagneux est un journaliste économique français, docteur en économie, auteur d'une thèse sur la finance dirigée par Philippe Hugon et soutenue en 20001. Il a eu comme directeur de mémoire de D.E.A.2 Christian de Boissieu à l'université Panthéon-Sorbonne en 1986, puis a obtenu un master à la London School of Economics. Il a en outre enseigné à l'Institut d'études politiques de Paris, ainsi qu'à l'université Paris-Dauphine

    *** Michaël Zemmour est Maître de conférences en économie à l'université Paris Panthéon Sorbonne, chercheur au LIEPP (Sciences Po)  codirecteur de l'axe "Politiques socio-fiscales"  Ses recherches portent sur l’économie politique du financement de l’État social. Ses travaux explorent principalement trois directions:

    • L'usage des dépenses fiscales et niches sociales dans les politiques sociales et d'emploi en France et en Europe;
    • les liens économiques et politiques entre progressivité des prélèvements, taux de prélèvement et redistribution;
    • l'évolution des cotisations sociales dans le financement de la protection sociale en Europe.

     

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