• MUNICIPALES 2014: ENTRE DEUX TOURS

    MUNICIPALES 2014: ENTRE DEUX TOURS(le suffrage universel, auteur Léonard, Les Temps nouveaux, domaine public)

    Les médias ont pu nous abreuver de moult commentaires pour essayer de déterminer comment vont voter les électeurs aux municipales notamment dans villes de 10 000 habitants et plus pour voir si la politique du président de  la république était sanctionnée à travers le prisme local. Les « leaders » des partis ont nationalisé de manière irresponsable ces élections avec le relai des médias comme si l’important était que la gauche ne perde pas trop de « plumes », que l’UMP fasse une vague bleue dans le pays , que le front national gagne des mairies...

    Ils ont laissé l’essentiel de côté : le bilan des équipes municipales en place ou les projets sérieux de nouvelles équipes...

    Tout dépend de la conception qu’a l’électeur d’une élection locale comme celle des municipales.  Pour ma part, je n’ai pas voté  en tenant compte de la politique nationale  menée par François Hollande que je juge pas du tout satisfaisante, ce qui est peu dire. J’ai voté en considérant l’intérêt local que j’avais pour la ville et ses habitants.

    Mais il est sûr que je n’aurai pas voté pour le front national si d’aventure, ce parti avait présenté une liste.

    Mais tout le monde, bien sûr, ne raisonne pas comme moi. 

    Parmi les électeurs notamment des grandes villes, certains en ont fait un enjeu national.  C’est leur choix. C’est la démocratie et chacun fait heureusement encore comme il l’entend. D'où le pouvoir du bulletin de vote qu'il  faut bien utiliser à son gré.

    A droite, on se félicite. Jean-François Copé profite de bons résultats locaux pour essayer de faire oublier ses mésaventures dernières. Bof !  L’échec de la politique de Nicolas Sarkozy, les dettes qu’il a laissées sont très récentes. L’UMP se trompe quand il croit qu’il regagne du crédit au plan national avec les résultats de ces élections. Ou alors c'est que les français ont la mémoire vraiment courte...

    Quant aux consignes diverses et variées des états majors politiques nationaux  qui ont perdu leur crédit ...On constate déjà que c’est localement que ça se décide et nombre de listes "s’ assoient" sur les consignes de désistement ou de front républicain ... Dans nombre d’endroits chaque liste n’en fait qu’à sa tête en fonction de la situation locale et sans doute aussi pour nombre d’entre elles par respect pour l’électeur qui fera ce qu’il voudra et qui n’en a rien à faire des consignes des appareils politiciens.

    A tout cela s'ajoute la confusion tant dans les interprétations des enjeux - car tout se mélange entre local et national -  que dans les interprétations des résultats qui sont complexes de par la nature même du scrutin qui est local.

    LE FRONT NATIONAL  EST-IL LE VRAI PROBLEME ?

    (Hôtel de Ville de Hénin-Beaumont (France), 12/12/2008, auteur Kotembal, domaine public)

    MUNICIPALES 2014: ENTRE DEUX TOURSJe passe sur les promesses démagogiques de certaines listes du Front national qui claironnent qu’elles vont diminuer les impôts. Ce n’est pas un argument sérieux. On verra vite à l’usage ce que cela a d’utopique dans la situation actuelle du pays et des ressources des collectivités locales. On ne peut diminuer les impôts que si on en a les moyens. Maintenir le taux ce n’est déjà pas si mal. Gérer mieux ce doit être possible pour investir. Diminuer les impôts c’est possible là où les ressources sont bonnes. La progression du Front national dans certaines villes est un fait mais qui ne concernera que quelques localités qui seront conquises. C’est le problème des électeurs qui ont voté pour ce parti. Il y a aura plus de conseillers municipaux front national dans les conseils...

    Mais ça n’était pas un événement imprévisible. Hénin – Beaumont en est l’image. Le Front national s’implante et s’il s’implante c’est qu’il y a de l’espace laissé par les autres partis qui se sont assoupis et ont créé les conditions pour qu’il y ait de moins en moins d’adhérents et de militants de terrain. Sans doute, ceux –ci sont-ils démobilisés parce que souvent avec le cumul des mandats, les baronnies locales vivent sur des acquis qui au fil des années se délitent.  La politique est devenue, dans certains endroits, l’apanage des clans et du clientélisme plus que la défense d’idées et de programmes ou l’opposition de personnes qui veulent le pouvoir. Quand ils l’ont, ils veulent conserver la tête du clan, s’entourent parfois d’appareils technocratiques et se coupent d’une vraie base militante qui n’est plus souvent associée pour faire perdurer le terreau de la mobilisation des idées. Bref, ça ronronne... Les têtes de clans mobilisent de temps à autre ce qu’il reste de militants fidèles pour distribuer des tracts et coller des affiches...quelques mois avant les échéances électorales. C’est un peu caricatural, certes, mais il serait facile de citer de nombreux endroits où cela se passe ainsi.

    On essaye de réagir entre les deux tours mais il est trop tard. L’électeur a voté et il revotera comme il l’entend, par conviction, rancœur ou toute autre considération qui lui appartient ou s’abstiendra.  C’est la démocratie. La mobilisation militante de dernière minute n’y changera pas grand -chose. C’est ainsi.

    LE VRAI PROBLEME C’EST L’ABSTENTION

    Le vrai problème n’est donc pas la montée du front national qui doit cependant être une préoccupation et faire l’objet d’analyses pour y pallier.

    Le plus important c’est l’abstention d’une partie des électeurs qui ont voté François Hollande aux présidentielles de 2012.

    Le secrétaire national du parti socialiste a fait un appel aux électeurs de gauche pour qu’ils se mobilisent.  Il y a, de fait, une forte abstention à gauche qui est occasionné, n’en déplaise aux responsables nationaux du PS et autres  ministres en place,  par un désaveu de la politique menée par le gouvernement. Il n’y aura pas la mobilisation d’une réserve de voix sauf peut-être à la marge dans quelques endroits où le vrai militantisme est encore fort. Je suis persuadé que ceux qui ont voulu donner une leçon ne changeront pas leur manière de faire  pour le deuxième tour.

    Par quel miracle cela pourrait-il s’opérer ? La confiance est rompue et ne sera pas rétablie en une semaine quels que soient les efforts locaux des militants du PS.  Les abstentionnistes de gauche ne bougeront pas le petit doigt pour aller voter. 

    Et ce n’est pas l’appel « mollasson » du premier ministre ou de tel autre ministre qui va les convaincre de faire autrement. C’est trop tard. Et ce n’est pas en faisant du deuxième tour une bataille contre le front national que François Hollande mobilisera les électeurs de gauche qui savent très bien que le problème n’est pas là: le président de la république  s’est coupé de son électorat de 2012. Là est le problème.

    MUNICIPALES 2014: ENTRE DEUX TOURS

    (La prise de la Bastille durant les manifestations de l'automne 2010 contre la réforme des retraites. Auteur: Geoffroy, licence Creative Commons paternité – partage à l’identique 3.0 (non transposée))

    COMMENT FRANCOIS HOLLANDE PEUT-IL CHANGER LA DONNE APRES LES MUNICIPALES ?

    Ca ne sera pas facile. Je l’ai dit : il y a rupture avec l’électorat de 2012.

    Il ne faut pas hésiter à changer de gouvernement qui n’a plus la confiance et ne pas attendre l’après des échéances européennes pour « ne pas user un autre gouvernement ».

    La leçon à en tirer par le pouvoir national est claire : changer de cap de manière radicale s’il ne veut pas une catastrophe pour les européennes, la plus grande de ces catastrophes pouvant être un accroissement de l’abstention alors que notre avenir dépend de l’Europe. N’oublions pas  que rien ne changera si on ne change pas le fonctionnement et les objectifs de l’Europe qui malmène  ses peuples par nombre de ses décisions technocratiques ultra libérales au lieu de les aider à mieux vivre. 

    Faire un remaniement en gardant la même politique et le même premier  ministre ne servira à rien pour redonner la confiance. Changer de premier ministre sans changer le cap ne servira à rien non plus.

    Il faut nommer, le plus vite possible, un nouveau premier ministre en annonçant un changement radical de politique et en affirmant aux français qu'ils ont été compris et le prouver par de véritables chocs décisionnels.

    Il faut, par exemple, annoncer des mesures fortes pour une autre politique de l’emploi, dynamique qui redonne la confiance au lieu de tergiverser avec un pacte de responsabilité qui donne l’impression que c’est le MEDEF qui gouverne la France. (voir mes propos sur ce blog dans http://quaiducitoyen.eklablog.fr/pacte-de-responsabilite-suite-a106621548 )

    Il faut annoncer clairement ce qui sera fait dans les trois prochaines années et les incidences que cela aura pour chaque citoyen.  François Hollande doit arrêter de vouloir une France soi disant apaisée  mollement et avancer à pas comptés avec le seul patron du MEDEF mais choisir le camp de ceux qui l’ont élu pour construire avec eux l’avenir.


    Qu’on se le dise !

    MUNICIPALES 2014: ENTRE DEUX TOURS

    (Lors du meeting de la campagne de François Hollande à Aulnay-sous-Bois : la scène avant le meeting, 7 avril 2012, auteur Hegor, licence Creative Commons paternité – partage à l’identique 3.0 (non transposée))

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