• LES JOURNÉES DE LA REFONDATION DE L’ÉCOLE - 2 SUR 2

    Je poursuis donc et je rattrape mes quelques observations quant aux propos de madame la ministre de l’éducation nationale annonçant les «  Journées de la refondation de l’École » en mai 2016, un an avant les nouvelles élections présidentielles. Cette précision est opportune dans la mesure où j’estime que l’état de la refondation n’est pas au niveau qu’il aurait dû être parce qu’une fois encore, durant ce quinquennat, il n’y a eu guère de volonté d’aller de l‘avant rapidement dès le début du mandat pour mettre en application les idées intéressantes du début.

    J'ai eu l'occasion de détailler de manière très précises critiques  et propositions quant à la "refondation de l'école" dans les quelques 65 articles que j'ai rédigés sur ce blog dans la rubrique "Education"  depuis 2012 pour étudier ce qui se faisait et défaisait.

    Les points que j’aborde ci-après comme la formation des enseignants, la revalorisation de la fonction des professeurs des écoles illustrent parfaitement ce retard à l’allumage des réformes qui auraient déjà dû être en application.

    Le dernier point que je citerai est celui de la concertation dont je n’ai pas la même définition sans doute que celle de madame la ministre ou de ses prédécesseurs.

    LES JOURNÉES DE LA REFONDATION DE L’ÉCOLE - 2 SUR 2

     

     

     

    -« Oui, enseigner est un métier, et un métier qui non seulement s’apprend, mais nécessite d’apprendre tout au long de sa vie. Voilà pourquoi nous avons mis en place non seulement les ESPE, mais aussi des dispositifs de formation continue, pour que nos enseignants soient accompagnés tout au long de leur carrière. »

    Même si des efforts sont en passe d’être réalisés au niveau de la formation initiale, celle –ci est loin d’être satisfaisante. J’y reviendrai plus tard.

    LES JOURNÉES DE LA REFONDATION DE L’ÉCOLE - 2 SUR 2

    La formation continue, quant à elle, est gravement à la traîne et rien de significatif n’a été entrepris depuis 2012 pour la dynamiser  alors que c’est un élément vital si on veut un renouveau pédagogique majeur et rapide pour une meilleure prise en charge des élèves pour leurs apprentissages. Il ne suffit pas de dire depuis 4 ans la même chose, il faut aussi faire.

    En 2013, l’Inspection générale qualifiait la Formation Continue de « plutôt insatisfaisante et rare » avec des contenus « déconnectés de la réalité quotidienne des classes ». Elle dénonçait même des crédits en stagnation, souvent dédiés à « un autre usage que le financement de la formation continue »

    Selon l’enquête internationale TALIS de l’OCDE parue en 2014 il est montré qu’en France, 76 % des enseignants déclarent 4 jours de formation (elle est de 88 % en moyenne dans les autres pays pour 8 jours de formation) au cours des 12 derniers mois. Les motifs du frein à la participation des français : « Le manque d’incitations, l’incompatibilité de l’emploi du temps professionnel (ou familial), ou l’inadéquation, aux yeux des enseignants, de l’offre de formation avec leurs besoins ».

    En 2015, la Cour des Comptes fait les mêmes constats tant au niveau du nombre de jours de formation que de l’inadéquation des offres et des besoins :

    « Une formation continue très faible, sans lien étroit avec les besoins concrets exprimés par les enseignants  ». En bref la formation continue des enseignants n’est pas à la hauteur des enjeux.

    Cela est confirmé par les faits ici ou là pour peu qu’on prenne le temps d’aller sur le terrain pour apprécier ce qui s’y passe.

    On a fait disparaître les stages de formation de trois semaines, les stages plus courts n’existent quasiment plus hormis comme pour quelques publics désignés (direction, ASH...). Ils ont été remplacés par des «heures d’animation » qui sont loin de remplir la même fonction. Il y a eu aussi la mise en place de M@gistère, un outil unique de formation à distance qui devient la panacée mais qui laisse chacun seul devant sa « bécane ». Ajoutons le manque de moyens de remplacements (pour pallier aux manques des remplaçants dans les classes) qui annulent parfois les quelques rares formations qui pourraient se tenir et on aura fait le tour de la question.

    Ce sont autant de faits qui montrent une carence de réflexion et d’action du ministère sur le sujet.

    Ce n’est pas le beau discours de madame la Ministre qui a annoncé voici près de deux mois, un plan de formation continue de grande ampleur pour le primaire qui rassure les enseignants qui n’ont plus confiance en un gouvernement qui par l’intermédiaire de ses Inspections académiques ou rectorat est de plus en plus exigeant sur les résultats mais qui en réalité ne leur donne aucun moyen supplémentaire de se former pour agir concrètement dans les classes. Depuis cette annonce : plus rien. Les enseignants devront –ils attendre la fin du quinquennat pour avoir l’espoir de pouvoir compter sur une formation continue efficace qui aurait dû être conçue au début de la législature et mis en place au fil des trois dernières années ?

     

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    (auteur Christopher Smart, 1771, Domaine Public)

    -« Et parce que la reconnaissance passe aussi par une revalorisation salariale, des négociations sont en cours sur ce point, pour que les professeurs, tous les professeurs, sachent que leur importance n’est pas oubliée ! »

    Oui, on entend aussi cela depuis 4 ans. En réalité qu’a-t-il été fait ?

    Le salaire des professeurs des écoles est inférieur à celui des professeurs du second degré alors qu’ils sont tous dans le même cadre A...

    Les divers gouvernements qui se sont succédés depuis des décennies ont une lourde responsabilité dans cet état de fait et bien que le sachant, ils n’ont rien fait pour rectifier véritablement l’écart. Certains syndicats du primaire et du secondaire portent aussi cette responsabilité.

    Voir mes propos sur le sujet (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/priorite-a-l-ecole-primaire-a106671196)

    Il faut, en toute justice, dans un premier temps, aligner le salaire et les horaires  avec ceux qui ont le même statut à savoir les professeurs du second degré.

    Je vais redire ce que j’affirmai dans un de mes écrits d’octobre 2012 en faisant un peu d’histoire… ce qui est parfois nécessaire :

    « Il est plus que temps de redonner confiance à ce personnel  (les instituteurs et professeurs des écoles) qui accomplit le plus grand nombre d’heures de service de la catégorie des professeurs avec des charges de travail importantes. Il n’y a par exemple aucune justification à ce qu’ils fassent 27 heures  alors que leurs collègues profs de collège et de lycée en font 18 ou 20(Je rajoute : Ils n’ont, de plus, pas droit comme les professeurs du second degré à  1 200 euros annuels  qui est une prime d’indem­nité de suivi et d'orientation des élèves : rien  ne justifie cette différence de traitement).

    Le gouvernement actuel leur a attribué une aumône de 400 euros. Pas grand-chose de fait donc en 4 années. Et aujourd’hui ? Que compte faire madame la ministre ? Négocier dit-elle. Il n’y a rien à négocier ni à discuter : un statut égal et un salaire égal pour les professeurs d’école à ceux des professeurs du secondaire. C’est la première étape d’une revalorisation qui devra aller encore plus loin.

    Il serait donc bon de ne pas se contenter de mesurettes ou de cataplasmes comme les primes mais bien de revoir, avec justice, l’ensemble du fonctionnement du service de tous les  enseignants notamment en tenant compte des conditions d’exercices qui peuvent être très variables d’un point du territoire à l’autre.  

    La réforme du statut des enseignants doit examiner les « primes » pour aller vers leur suppression en donnant à chaque enseignant un salaire (on dit un traitement) à égalité de service et de charges.

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    -« Née de la concertation, il est normal que la refondation soit, dans sa mise en œuvre, accompagnée par des échanges. »

    On croirait entendre Vincent Peillon. On a vu sa conception de la concertation quand il s’est agit de mettre en place la désastreuse réforme des « rythmes scolaires ». Le ministre a commencé à lancer la refondation de l’école en laissant les collectivités locales décider sans partage et sans contrôle véritable de l’aménagement du temps journalier de l’enfant. Le texte du décret a bien été rédigé dans le sens de ne pas permettre que concrètement se mettent en place des projets cohérents décidés de manière concertée avec les enseignants et les parents. Aucune obligation n'en a été faite.  Plus d’un exemple peut le prouver, je n’y reviens pas. Les aberrations sont nombreuses mais malgré tout financées.  (Voir mes articles sur le sujet et notamment celui du 7 septembre 2013 à l’occasion de la rentrée : http://quaiducitoyen.eklablog.fr/la-rentree-des-classes-et-le-mercredi-a98699253).

    Un petit rappel : la consultation du conseil supérieur de l’éducation National du 8 janvier 2013 : le projet de décret  sur les rythmes scolaires dans le cadre  la refondation de l’école a recueilli 5 voix pour, 23 contre, 30 abstentions et 14 refus de vote.

     Le résultat du vote du CSEN était  clair et significatif : le projet n’était satisfaisant pour personne. Les raisons de ce résultat du vote furent sans doute multiples, diverses voire contradictoires.  Il a cependant eu le mérite de montrer le malaise existant et de rejeter clairement un projet de décret qui n’était pas abouti  et qui ne montrai pas le cap ni les échéances. Il a démontré aussi une précipitation à faire passer des nouveaux carcans notamment temporels ou horaires sans contenus pour aider à la refondation.

    Malgré tout, le ministre Peillon a fait promulguer le décret.

    (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/les-rythmes-pour-la-refondation-de-l-ecole-une-grave-deception-a64767743)

    Les résultats issus d’une vraie concertation auraient été nécessaires ce qui n’a pas eu lieu d’où le malaise. Seule une finesse d’analyse réelle sans a priori aurait permis de déboucher en entendant toutes les opinions sincères… 

    LES JOURNÉES DE LA REFONDATION DE L’ÉCOLE - 2 SUR 2

    On peut aussi parler de la composition du conseil supérieur des programmes. La refonte des programmes était la première clé de la Refondation et des rythmes. On a beaucoup trop attendu pour la mettre en œuvre. De nombreuses péripéties dues à la composition du dit conseil, sa présidence... ont ralenti considérablement le début du travail à mener. Il a fallu attendre la rentrée 2015 pour avoir l’amorce des nouveaux programmes. C’est un peu long non ? 

    On a absolument pas parlé du   nombre d’heures annuelles à déterminer pour enseigner ces programmes ce qui aurait permis ensuite de reconsidérer le nombre d’heures annuelles d’enseignement et donc travailler enfin sur les rythmes annuels de l’Ecole et donc les périodes de repos adaptés aux élèves et pas comme cela a été fait c’est à dire adapté aux intérêts économiques de lobbies du tourisme.

    Pas de concertation donc en ce qui concerne les vacances scolaires et pour cause, il fallait contenter avant tout les lobbies du tourisme, priorité à l’économie oblige surtout pour permettre à tous les enfants français d’aller à la neige par exemple. Lol ! (A lire : http://quaiducitoyen.eklablog.fr/search?q=vacances%20scolaires)

    En bref pour tous ces points importants de la refondation, dans les faits, les acteurs de terrain ont été snobés au profit des avis d’  « experts » technocrates politiques et autres déconnectés des réalités de la vie des écoles, des élèves, des jeunes et des parents au quotidien.

    Il n’ y a pas eu de réelles concertations mais tout au plus la recherche de consensus mous qui de ce fait n’ont rien fait avancer notamment dans le dynamisme de la mise en œuvre. 

     

    POUR CONCLURE

    Alors des « Journées de refondation de l’Ecole » OUI, mais il faut que ça serve à quelque chose d’autre que de faire mousser la communication sur les soi-disant avancées de l’action de François Hollande en matière d’Education sur le bilan duquel je reviendrai y compris sur nombre de points que je n’ai pas encore abordés.

    Patrick PATTE*

     

    * Pour plus d'information sur cet effronté qui ose ainsi donner son avis cliquez ici: james morane 

     

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