• L’UNIFORME À L’ÉCOLE: FANTASME DE POLITICIENS HORS SOL - 1 sur 2

    J'en ai effectivement assez qu'on nous (les gens) prenne  pour des gogos avec des débats inutiles qui reviennent périodiquement sous le couvert de consultations qui se disent démocratiques mais qui en réalité sont les instruments pour masquer des intentions électoralistes ou pour avoir une raison de faire connaître qu'on existe et qu'on se préoccupe des ses électeurs.

    L’UNIFORME À L’ÉCOLE:  FANTASME DE POLITICIENS HORS SOL - 1 sur 2

    (Exemples d'uniformes d'un lycée japonais : de gauche à droite, un sailor fuku, un gakuran et un uniforme féminin « occidentalisé ». Téleversé par CyberCobra, 2juin 2006, Domaine public) 

    La dernière mise en application du « RETOUR VERS UN PASSÉ QUI N’A PAS EXISTÉ » à "PROVINS"en est un exemple : l'uniforme dans les écoles à la prochaine rentrée, après une « consultation » des parents par un maire dont on se demande si cela est bien de sa responsabilité que de se préoccuper de faire la PROMOTION du PORT DE l'UNIFORME À L'ÉCOLE qui n'a quasi jamais existé en France si ce n'est peut-être dans celles dites « de prestige » ou dans certaines écoles privées.

    Le mythe de l'autorité et de la soi disant égalité sociale par l'uniforme... défendu par le maire et ...le ministre de l’éducation nationale.

    Lamentable!

    Voyons les faits.

     

    PROVINS : UNE CONSULTATION CRÉATRICE DE CONFLITS

    Quand on voit les médias qui s’emballent dans leurs « unes » avec plus ou moins de nuances, il est permis de se poser des questions.

    BFM  : « A Provins, les parents ont voté le retour de l'uniforme à l'école publique ».

    Valeurs actuelles : « Provins : les parents veulent le retour de l'uniforme à l’école publique »

    Le FIGARO : « À Provins, les parents d'élèves votent le port de l'uniforme »

    Le MONDE : « A Provins, les parents d’élèves votent pour l’uniforme à l’école élémentaire, mais sans obligation »

    FRANCE INFO : « Provins : les parents d'élèves votent en faveur de l'uniforme"

    ...pour ne citer que ceux -là.

    Ma première remarque sur la consultation des parents par le maire :

    - Source BFM TV :  62,4 % de familles de parents favorables pour un vote qui a mobilisé 345 familles sur les 609 concernées,

    - le maire de Provins, Olivier Lavenka : « Plus de 62% des parents, soit 376 votants sur 609 familles concernées, ont répondu favorablement » . Selon lui, "plus de la moitié" des familles ont participé à cette consultation.

    759 élèves du CP au CM2 sont concernés par cette mesure qui ne revêt aucun caractère obligatoire.

    Des chiffres qu’il faut interpréter si tant est qu’on le puisse : relayés par la plupart des médias, ils pourraient recouvrir, selon d’autres sources, une réalité qui montre que 376 est le nombre de votants, sur lesquels 234 ont voté pour le principe de l'uniforme. Si cela s’avère exact sur 609 familles concernées cela fait une minorité.

    Cette consultation servira donc pour mettre le sujet à l’ordre du jour des conseils d’école qui peut modifier le rêglement intérieur ce qui créera immanquablement  des conflits mais qui de toute façon ne débouchera sur aucune application autre qu'une division de plus entre élèves car on ne peut, et c'est heureux,  obliger un élève à revêtir un uniforme s’il veut aller en classe à l’école publique.

    L’UNIFORME À L’ÉCOLE:  FANTASME DE POLITICIENS HORS SOL - 1 sur 2

    C’EST PARAIT-IL UNE MESURE SOCIALE ...

    Qu’on m’explique alors en quoi demander 145 euros le lot de 10 pièces d'uniforme avec un rabais de 50% pour les familles les plus modestes est une avancée quant à la gratuité de l’école. Le maire, Olivier Lavenka explique que "le CCAS interviendra pour les familles qui en ont vraiment besoin et on propose un fractionnement du paiement en 3, 6 ou 10 fois. Cela nous semble tout à fait honnête et le coût ne nous semble pas être une question essentielle". Il vient d'inventer l'uniforme à crédit pour les "pauvres"!

    Le maire de Provins prend les précautions de dire que le port ne sera pas obligatoire... mais il compte sur "l'effet groupe" pour avoir 100% d'élèves équipés. C’est à ce stade que l’instrumentalisation pour faire passer ses fantasmes prend toute sa place. PAS SÛR QUE TOUS LES PARENTS SE LAISSENT PRENDRE À CET EFFET et c’est de là que vont naître des conflits dont l'École n' a pas besoin, pour mettre en place une mesure qui relève, à mon sens, de l’inutile comme je l’explique ci-après.

    L’ UNIFORME À L’ÉCOLE PUBLIQUE N’’A JAMAIS EXISTÉ : C'EST UN FANTASME

    Ma seconde remarque s’adresse donc aux médias qui s’emballent sur le sujet dans leurs titres qui ne sont pour la plupart pas des modèles de précision :

    Tous disent « LES parents votent le port de l’uniforme à l’école » : en réalité ce sont DES parents ce qu’ils précisent néanmoins dans le corps des articles.

    BFM/TV et Valeurs actuelles annoncent même que l'uniforme va faire son grand retour à l'école publique.  Faudrait peut-être là aussi que les journalistes approfondissent leurs connaissances historiques pour être plus nuancés dans leurs propos : il faut leur rappeler comme le font nombre d’historiens «qu'il n'y a jamais vraiment eu d'uniforme en France dans les écoles» hormis dans quelques lycées et collèges publics «haut de gamme», mais plutôt «des blouses à l'école» pour protéger les habits. L’uniforme était porté dans un petit nombre d’établissements privés où sa fonction était de marquer justement une différence de rang et de classe avec les autres. Ça perdure encore dans quelques institutions, peu nombreuses de nos jours.

    Les "blouses" n’étaient pas obligatoires et n’avaient en aucun cas comme fonction d’être un uniforme puisque de toute façon elles étaient diverses et variées. Le but était bien de protéger les habits de l’encre et de la craie...entre autres. A l’époque, on protégeait donc les vêtements qui coûtaient chers. La blouse, portée dans les écoles, n’a jamais eu eu de connotation égalitaire. Bref, la blouse était un vêtement de travail pour nombre de professions de l’ouvrier à l’employé de bureau en passant par les instituteurs eux-mêmes sujets aux dégâts qu’auraient pu provoquer l’encre et la craie et sa brosse pour effacer le tableau. Je l’ai portée.   

    Un détail qui a son importance pour ceux qui disent de manière fallacieuse que c’est mai 68 qui a fait abandonner la blouse: La vérité est que la blouse a été abandonnée avec l’utilisation du stylo bille (on disait le Bic* ou stylo Bic) qui a remplacé peu à peu l’encre et la plume. Et vous pouvez me croire : j’ai été de ceux qui, dans leur classe et avec les élèves dont j’avais la charge, ont été acteurs de l’évolution... J'ai aussi fait mai 68 mais pas pour cela...

    L’abandon de la blouse a aussi été renforcé par la démocratisation du « lave-linge ».

    J’ai donc abandonné la mienne... la matière qui composaient les craies** avait elle aussi évoluée pour faire moins de poussière...

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     (auteur christophe MOUSTIER)

    UNE PROVOCATION DANGEREUSE, VECTEUR DE CLIVAGES

    Si pour le Maire, Olivier Lavenka, le port de l’uniforme est "propice au climat scolaire", "donne une belle image de la communauté éducative et des élèves eux-mêmes" et est "un très beau vecteur d’intégration républicaine" c’est son droit de le penser mais il faudrait aussi qu'il explique sur quelles bases il peut affirmer tout cela.

    L'idée d'un retour à un passé “tout uniforme” relève du fantasme» comme je l’ai expliqué plus haut et c’est dans ce sens que j’estime qu’on instrumentalise car on veut faire croire, comme le font d’ailleurs certains médias prompts à dire des "approximations" pour le BUZZ, que c’est le retour de l’uniforme à l’école pour restaurer « une image » et « une autorité », gommer « les différences sociales » et améliorer  « l’intégration républicaine de chaque élève », tout ceci aussi affirmé sans aucun argument ou base scientifique connue. Comme si un « cache misère » que serait un uniforme pouvait avoir ces diverses capacités!

    Les inégalités et les différences sociales ne se gomment pas en les faisant disparaître visuellement. Elles existent dans et en dehors de l'école et c’est plutôt en agissant pour qu’il y ait une mixité scolaire plus grande qu'on pourra avancer. Il ne faut pas oublier que le jeune passe plus des 4/5 ème de son temps hors de l’école . Vouloir donc faire croire qu’on peut faire disparaître les inégalités par l’uniforme est une tromperie car sous celui-ci transparaitra toujours ce qui distingue les enfants entre eux que ce soit le niveau de vie, le langage, les vacances, la voiture, les préoccupations de l'enfant y compris en classe de ce qui se passe  "à la maison" etc... Il ne faudrait pas prendre les élèves pour des sots: ils communiquent entre eux... L’uniforme ne changera pas ce que vit l’enfant à l’extérieur de l’école.

    Sur le sujet, j'ai pu développer nombre d'arguments  sur ce blog, le  23 janvier 2015, quand le député Bernard DEBRÉ et quarante de ses collègues relançaient le débat sur le port de l’uniforme dans les écoles, les collèges et les lycées qui « doit redevenir la règle.". Avec le "redevenir", eux aussi prenaient la même liberté avec l'histoire...pour assouvir leurs fantasmes. (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/l-uniforme-a-l-ecole-le-futur-conjugue-au-passe-a114358162)

    LE PORT DE L'UNIFORME À L'ÉCOLE C'EST NIER LA DIVERSITÉ

    Ce qu’il faut c’est justement apprendre aux enfants et aux jeunes à vivre ensemble dans leur diversité. Mais ce n’est pas parce qu’on va leur faire tous porter une jupe ou un pantalon et une veste bleue (marine?) ou grise ou rose ou verte..., un écusson, voire une cravate, un tee-shirt ou une blouse qu’on va apprendre le sens des responsabilités, les droits et les devoirs ou les valeurs de la République et qu’il vivront à plein la laïcité et qu’ils  l’appliqueront.

    Pour apprendre, il faut d’abord être bien dans son école, dans un cadre dans lequel on a confiance, dans lequel sont appliquées, sans faiblesse, des règles de vie qui donnent à chacun des droits mais aussi des devoirs, des règles qui ne tombent pas sur chacune et chacun de manière autoritaire sans qu’on les ai comprises. Bref, c’est une école où le respect des uns et des autres règne et ou on n’impose pas ses croyances et sa vérité à l’autre mais dont on peut discuter. C’est la laïcité.

    Tout le contraire du port imposé de l'uniforme.

    Les politiques devraient donc plutôt impulser une réflexion dense inter partenariale qui est actuellement insuffisante sur les nécessaires articulations qu’il doit y avoir entre les préoccupations de la réussite scolaire des élèves et leur vie sociale source de difficultés nombreuses pour certains élèves et qui ne permettent pas à tous d’avoir les mêmes chances de réussir.  ET AGIR avec les moyens adéquats!

    Je pense donc que singulariser le port de l’uniforme à l’école c’est bien faire croire de manière illusoire que les différences sont gommées. 

    Un peu facile et contre productif!

    Ce n’est pas l’uniforme qui socialisera les élèves qui savent très bien que les différences mais aussi les inégalités existent. C’est une solution trompeuse et dangereuse  car elle n’est que superficielle et ne s’attaque pas en profondeur aux problèmes qui sévissent dans notre société parmi les jeunes. L’uniforme ne favorisera pas, bien au contraire, l’apprentissage de la compréhension des différences. L’uniforme par le fait même de son existence imposée est un symbole qui signifierait que les différences sont dangereuses même si ce n’est pas l’intention. C'est tout le contraire de la laïcité. La République est diversité. C’est cette compréhension de la diversité qui est la base du respect d’autrui. Il faut que les diversités soient montrées comme positives et non comme des dangers.

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    UN NOUVEAU CLIVAGE CRÉÉ PAR LE MINISTRE ET LE MAIRE DE PROVINS

    Le ministre Jean-Michel Blanquer ose déplorer l’opposition à la mesure « de personnes dont le métier est de créer du clivage ». Le ministre estime que « c’est un sujet qu’il faut dépassionner, regarder de manière concrète et qui peut être très positif ».

    On se demande bien dans cette affaire qui crée le clivage si ce n’est le Maire de Provins lui-même et le ministre qui approuve ce type de mesures qui va sans nul doute provoquer des divisions parmi les parents , les enseignants.

    Il faut dire que la mesure est facile à prendre... tout au moins techniquement. Ce n’est pas comme s’il fallait plus de crédits de fonctionnement pour l’école ou des enseignements supplémentaires pour remplacer les absences ou aider les élèves en difficulté dans les RASED, des véritables moyens pour la formation continue des maîtres, etc.

    C’est la méthode Macron via Blanquer : la grande déviation des esprits vers l’inutile pour ne pas faire l’essentiel : une vraie refondation de l’école, celle qui n’ a pas commencé sous Hollande et que lui et son ministre ne feront pas et n'ont même pas entamé quels que soient les BUZZ créés autour de quelques mesures soi-disant "phares".

    Mais pour l'instant, rien n'est encore joué à Provins. La décision dépend en effet du conseil de chaque établissement, qui décidera ou non de l'inscrire dans son règlement intérieur.

    Et ça ce sera une autre affaire qui pourrait entraîner des litiges car un règlement intérieur fait obligation à tous les élèves de l’appliquer. Or le PORT DE L’UNIFORME n’a jamais été et n’est absolument pas obligatoire de par la loi à l’école publique.

    Va-t-on en faire une loi comme pour celle, inutile, de l'utilisation du portable qui ne changera rien dans ce qu'ont mis en place les équipes des établissements?

    Et pourquoi pas une loi sur l'utilisation du papier toilette ?

    Faut-il voir dans les faits que le ministre de l’Éducation nationale ait manifesté tout son intérêt pour cette uniformisation des élèves de la maternelle à la fin du collège et que peu de temps après , le maire de PROVINS fasse une consultation sur le port de l’uniforme des coïncidences ? Cela ne laisserait-il pas à penser que PROVINS soit l’avant garde d'une expérimentation d’une mesure qui pourrait s’étendre ?

    L’avenir nous le dira. En tout cas c’est troublant.

    J’y reviens...dans la suite pour approfondir pourquoi je suis contre le port de l'uniforme à l'école mais aussi au collège et au lycée.

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    (stylo bille BIC cristal, auteur Trounce — Travail personnel , CC BY 3.0)

     

    * le Bic: "L'invention du "Bic Cristal", tel est son nom complet, peut être considérée comme géniale à plusieurs titres : 1 - Le nom dûment déposé : appeler "Cristal" un stylo en plastique ; 2 - Le plastique est transparent pour voir et surveiller l'encre restante ; 3 - La forme intemporelle d'un crayon papier classique de section hexagonale (et non ronde) afin d'éviter que le stylo ne roule et ne tombe ; 4 - Le bouchon et le capuchon de la couleur de l'encre muni d'un ergot permettant de le fixer verticalement dans une poche intérieure, etc. 

    En 1961, le carbure de tungstène de la bille remplace l'inox employé jusque-là et améliore son fonctionnement. Le stylo à bille s'efforce de franchir les portes de l'école et y réussit en 1965 en France."

    (extrait de Wikipédia: on trouvera l'article complet ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Stylo_%C3%A0_bille )

     

    ** craie: La craie réduite en poudre et solidifiée a été utilisée sous forme de bâtons pour écrire sur les tableaux noirs des salles de classe dans les écoles. Aujourd'hui, les craies utilisées pour l'enseignement sont faites de plâtre, lui-même réalisé à partir du gypse qui est une roche saline, plus tendre et homogène, additionnée de pigments pour les craies de couleur. (wikipédia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Craie )

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