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VACCINATION COVID : UNE AUTRE STRATÉGIE POUR UNE URGENCE VITALE - 2 sur 2
Je change un peu le titre de la suite de mon texte précédent compte-tenu qu'il semble que la stratégie gouvernementale a changé en profondeur, du moins je l'espère...
Dans mon précédent billet je m’étais étonné que l’on fasse appel à des cabinets privés comme le cabinet McKinsey pour aider à la mise en place d’une stratégie. J’en venais à dire qu’après tout pourquoi pas si on s’aperçoit qu’on n’est pas capable de le faire malgré la multitude de structures existantes de l’état qui devraient aider les politiques à définir une vraie stratégie. Mais cela me fait en effet me poser plusieurs questions.
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LES QUESTIONS
La première : Est-ce que ce cabinet n’a pas donné les bons conseils pour adopter une stratégie de vaccination qui soit adaptée à la situation ou bien est-ce le gouvernement qui n'a pas suivi les conseils ?
Dans les deux cas je n’ai pas la réponse sauf à constater que ce conseil ne sert pas à grand chose au vu du calamiteux début de la campagne et de la stratégie choisie qu’on est en train de modifier à la va vite pour paraître réactif face aux multiples critiques dont beaucoup sont justifiées.
Néanmoins, force est de constater que c’est bien le représentant français de ce cabinet, rattaché à la « task force vaccination » du ministère de la Santé, qui a exposé le 23 décembre dernier, sous le contrôle du ministre , Olivier Véran, en visio conférence, la stratégie du gouvernement auprès des directeurs des Agences régionales de santé, et les directeurs d'hôpitaux sélectionnés pour démarrer la campagne. A cette époque je n’ai entendu nulle réaction de celui qui, ces derniers jours, s’est mis en colère parce que cela n’allait pas assez vite, à savoir le Président Macron.
Je n’ai vu à la suite, par exemple, aucune remarque de l’ARS sur cette stratégie ni d’ailleurs des autres structures sauf peut-être timidement de la HAS mais en tout cas pas du monsieur vaccin, le professeur Fischer , coordinateur du "conseil d’orientation de la stratégie vaccinale" qui a approuvé la stratégie de vaccination.
Comme je le disais dans mon dernier billet, quand les critiques commençaient à pleuvoir, cela demande des explications qui ne nous sont pas données sauf à nous débiter des fadaises pour défendre la lenteur qui semble organisée sciemment d’après le ministre de la santé et le professeur Fischer chargé de l’opération. Quand sur France Inter, Elisabeth Bouvet, présidente de la Commission technique des vaccinations de la HAS affirme que “Pour nous, la stratégie reste la même. La mise en œuvre de la stratégie doit probablement s’accélérer,(…) Il n’a jamais été demandé qu’il y ait cette lenteur”. Je veux bien l’entendre mais ça ne donne aucune justification de la lenteur appliquée. Dimanche dernier on n’était qu’à 516 vaccinés !!! (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/covid-19-mesures-et-vaccination-un-combat-qui-semble-improvise-a205004932 ).Image par Capri23auto de Pixabay
La deuxième question : Pourquoi avec le nombre de structures que nous avons pour organiser (ou désorganiser ?) la santé en France, n’est-on pas capable de prévoir une stratégie digne de ce nom qui permet de faire face à l’urgence d’une vaccination pour laquelle chaque heure compte afin de pouvoir mettre sous cloche ce virus ?
Qu’on fasse le compte de ces diverses structures. La dernière a été créée début décembre, le "conseil d’orientation de la stratégie vaccinale", avec à sa tête pour la coordonner, le professeur Fischer qui avoue lui même ne pas être spécialisé dans la logistique. Il était pourtant parfaitement d’accord sur la stratégie de précautions mise en place pour la vaccination.
Pourquoi Louis-Charles Viossat , en charge de la logistique au sein de la "task force" de l'exécutif dédiée à la vaccination a été limogé et remplacé par Laetitia Buffet, directrice adjointe du cabinet de la ministre Brigitte Bourguignon ?... peut-être pour accélérer le rythme de la vaccination ? C’est récent ce qui veut bien signifier que la stratégie change… même si personne ne veut l’avouer au gouvernement mais c’est un peu tard car le discrédit est jeté et il est justifié tant les explications sont fumeuses.
Cela pose donc la question de la compétence de tout l’appareil d’état pour faire face à une crise majeure. A se demander à quoi servent ou comment sont utilisés les multiples personnels attachés au gouvernement et certaines autres structures qui se voient ainsi disqualifiées. C’est d’autant plus déplorable que cela n’a abouti qu’à une stratégie qui n’est pas la bonne y compris quand on y mêle un cabinet privé qui n’accouche que d’un plan de vaccination médiocre et pas adapté à la situation. Les faits le prouvent.
Pour mémoire, ci-après quelques unes de ces structures qui devraient jouer un rôle important dans le processus de la campagne de vaccination :
- une « task force » de l’éxécutif, aidé par un "conseil d’orientation de la stratégie vaccinale",
- une Haute Autorité de la Santé (HAS)chargée de recommander la stratégie des priorités de la vaccinations selon les publics,
- les ARS (Agence régionales de santé) qui assurent "la coordination de la prévention, des soins et de l'accompagnement et veillent à une gestion cohérente des ressources pour permettre un accès égal de tous à une prise en charge continue, de qualité et sécurisée",
- Santé publique France qui sur « demande du ministre de la Santé, procède à l'acquisition, l'importation, le stockage, le transport et la distribution des produits nécessaires à la protection de la population face aux menaces sanitaires graves. Ainsi, dans le cadre de la vaccination contre la COVID-19, Santé publique France achète pour le compte de la France les vaccins pré-réservés par la Commission européenne auprès des laboratoires pharmaceutiques. L’agence est l’un des principaux opérateurs logistiques de l’Etat. Elle assure, en lien avec le ministère de la Santé et ses partenaires, le pilotage opérationnel des circuits logistiques (réception, stockage et distribution des doses de vaccin acquises) qui la concernent. » Lui a-t-on donné les bonnes instructions ? A-t-elle donné les bons conseils ? Ou ne l’a-t-on pas écoutée ?
Et bien d’autres encore…
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En tout cas, tel est le constat que cette opération de vaccination qui aurait dû être prévue tant du point de vue des moyens matériels et humains, donc de la logistique, ne l’a pas bien été en amont et que les décisions prises actuellement sont prises à la va vite pour répondre non pas à l’urgence d’une vaccination qui doit se faire le plus vite possible mais pour calmer les critiques de lenteurs.
Cela ne m’abuse pas : Défaillances dans la chaîne logistique, complexité du recueil du consentement, et manque de médecins disponibles, logistique inadaptée ne reposant que sur les médecins généralistes avec de multiples consultations et refus idéologique des « vaccinodromes » sous prétexte que cela n’avait pas fonctionné au niveau du nombre de vaccinés lors de l’épidémie de H1N1 alors que nous sommes dans un contexte tout à fait différent, qu’ il y a 50% des français qui veulent se faire vacciner et que c’est la seule solution pour aller vite et vacciner massivement… Voici les différentes raisons parmi d’autres qui expliquent les critiques faites.
DE LA LENTEUR A L’YPER- ACCÉLÉRATION…PEUT-ÊTRE ?
Face aux doutes de certains Français sur la vaccination, le gouvernement a fait l'éloge de la lenteur et depuis mardi, il veut accélérer. Les annonces du ministre de la Santé de ce mardi ne font pas illusion d’une part parce qu’elles sont peu précises, à base de promesses sur une accélération qui n’était pas prévue et dont je me demande si on en aura les moyens opérationnels. "On a dépassé les 2 000 vaccinations hier, d'ici jeudi on va augmenter encore de façon très importante, on va être sur une courbe exponentielle", a déclaré le ministre sur RTL, en assurant que la France allait "amplifier, accélérer et simplifier" sa stratégie vaccinale. 500 à 600 centres de vaccination sont promis d'ici fin janvier. Pour lors, vendredi 8 janvier à 19h50 , selon "COVID Traker" (https://covidtracker.fr/vaccintracker/) nous en étions à environ 80 000 vaccinés soit + 34 305 en 24h. Il reste à partir de cette date 23 jours pour arriver au 31 janvier avec la promesse d’1 million de vaccinés (ce qui sera peu par rapport à l’Italie qui en est à 583 050 (9 janvier) ou l’Allemagne 532 878 ( 8 janvier 2021) infos sur https://www.cnews.fr/france/2021-01-08/vaccination-covid-19-voici-les-chiffres-du-jour-pays-par-pays-1034190 ) ce qui veut dire qu’il faudra arriver à une moyenne de 40 000 par jour si on veut arriver à l’objectif minimum de 1 million de vaccinés à la fin du mois. Avec la stratégie de vacciner en mettant un intervalle jusqu’à 6 semaines pour la deuxième injection pour vacciner plus de monde (professionnels de santé, pompiers, début de la campagne des plus de 75ans ) quel est le chiffre prévu puisque plus de doses seront disponibles? En serons nous capables au niveau logistique ?
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Je le souhaite bien sûr. Mais il faudra faire mieux que 40 000 vaccinations par jour…
Mais les déclarations sentent l’improvisation et l’impréparation :
- "Nous allons également amplifier les commandes de vaccins au niveau européen pour pouvoir augmenter le rythme et l’intensité de livraison des dotations pour la France "Le rythme de croisière de la vaccination" en France va "rejoindre celui de nos voisins dans les prochains jours", "Aujourd'hui, nous avons un rythme de livraison de 500 000 doses par semaine du vaccin de Pfizer. Nous aurons bientôt, s’il est validé mercredi par l'EMA (Agence européenne des médicaments), 500 000 doses de celui de Moderna par mois" Rien de neuf .
- "Inscription" pour les candidats au vaccin. Comment ? "Nous allons ouvrir dans les prochains jours une inscription possible pour les Français qui le souhaitent par internet, par téléphone sans doute, et pourquoi pas par l’application 'TousAntiCovid’, pour que les Français qui souhaitent se faire vacciner puissent le faire savoir, s’inscrire et puissent prendre des rendez-vous"(RTL). Vague…
Touts ces annonces de nouvelles priorités vaccinales sont les bienvenues mais ne sont pas étayées par une vraie transparence et comme je le disais dans mon billet du 4 janvier : « la transparence devrait aller jusqu’à nous donner les indications de ce qui est mobilisé tant au niveau des moyens humains que matériels. Cela serait une bonne justification. » Ce n’est malheureusement pas le cas sauf pour le nombre de centres de vaccination .
De même, que dans mon billet du 22 décembre 2020, « J’estimais en effet qu’il était nécessaire qu’une communication transparente, appuyée sur des éléments factuels vérifiés soit faite et que ce soit fait rapidement pour informer de manière non partisane les français sur les bénéfices/risques des vaccins qui seront à disposition pour la vaccination ».On attend toujours. Le gouvernement semble se reposer sur les médias notamment télévisés pour informer... Insuffisant.
Attendons donc les actes …
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Tags : vaccination, lenteur, task force, accélération, stratégie, logistique, cabinet, structures, Etat