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QUESTIONS A FRANCOIS HOLLANDE ET MANUEL VALLS
(auteur Kenji-Baptiste OIKAWA, 2005, licence CC BY 3.0 )
Pour en revenir au bilan que je faisais, dans un écrit précédent, des deux années de pouvoir de François Hollande, je concluais mon billet en disant que « s’il est vrai qu’il faut maîtriser les dépenses de l’Etat et faire des réformes structurelles, les solutions sont aussi ailleurs »...que ce qui est mis en oeuvre actuellement.
Je ne conteste pas qu’il faille faire des économies sur le train de vie de l’Etat, la dette devant un jour ou l’autre être diminuée. C’est sain pour l’avenir. Encore faut-il choisir les bons moments...
Le premier problème c ‘est que le train de vie de l’Etat n’a guère été, depuis des décennies, maitrisé en pensant à l’avenir. Cela montre bien l’inutilité des cohortes de spécialistes ou conseillers qui, de tout temps, ont semé leurs idées autour des gouvernements quels qu’ils soient. Les politiques au pouvoir ont montré leur incapacité à prévoir l’avenir sauf celui à court terme à savoir ce qu’il faudrait faire pour gagner la prochaine élection notamment présidentielle.
Je ne nie pas qu’il doit être difficile de gouverner la France mais les années qui séparent deux élections présidentielles devraient permettre de préparer les dossiers pour être opérationnel quand on accède au pouvoir.
François HOLLANDE EST DANS L’ERREUR
« Courageuse », « sans précédent » sont les qualificatifs employés par tous les ministres pour cette politique de 50 milliards d’économie qui va commencer à plonger le pays dans l’austérité dont on a vu les effets dévastateurs sur le peuple espagnol par exemple.
Et quand on entend la soi-disant opposition comme l’UMP, vouloir aller plus loin vers 130 milliards d’économie... on voit le degré de surenchère de ceux qui nous ont « dirigé », eux qui ont accru la dette de centaines de milliards d’euros...
Affirmer de telles âneries sans non plus dire d’ailleurs quelles en seraient les conséquences et les financements relève pour le moins d’un manque de sérieux qui les décrédibilise une fois de plus s’il en était besoin.
Certains n’ont en tête que la future présidentielle. S’ils préparent leur projet de gouvernement sur la base de telles affirmations, on peut craindre pour l’avenir entre 2017 et 2022, si d’aventure ils revenaient au pouvoir... eux qui ont eu le temps de faire leurs « non preuves » depuis au moins 3 législatures.
J’y reviendrai...
(auteur Arthur Sapeck (1854-1891), domaine public)
Courageuse c’est le qualificatif qu’il faut utiliser pour notre population et pas la - plus aisée - qui doit et devra encore supporter les erreurs d’un nouveau gouvernement qui n’a été modifié que pour la façade car, en réalité, il poursuit la politique amorcée par son prédécesseur avec les mêmes mauvais arguments pour la justifier.
Avec le pacte de compétitivité et le pacte de responsabilité, Le président de la république s’est rallié à l’idéologie libérale qui est de considérer la dépense publique comme improductive.C’est dans la droite ligne du traité budgétaire européen (officiellement appelé traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG)) qu’il a signé dès son arrivée au pouvoir. En gelant les salaires des fonctionnaires, en gelant les retraites, il ne fait que confirmer sa croyance à cette idéologie.
Mettre en avant la nécessité de reprendre en main les comptes publics pour ne pas perdre en crédibilité face aux financiers est une tromperie.
Il faut bien que les financiers prêtent. C’est leur job. S’ils ne prêtent pas à la France à qui prêteront-ils en Europe ?
A quand la décision de la Banque centrale européenne de prêter directement aux Etats plutôt que d’engraisser les banques en leur prêtant de l’argent pour faire du profit sur le dos des états et permettre ainsi d’endetter plus les plus endettés?
Cette banque centrale européenne est dirigée par des économistes « coincés » qui sont enfermés dans leurs doctrines au service des marchés.
Il serait grand temps de changer tout cela. Le résultat des élections européennes sera déterminant. D’où l’importance d’aller voter pour un changement profond. Ne pas le faire serait de nouveau livrer l’Europe aux mêmes libéraux dans le cadre d’une structure de fonctionnement obsolète qu’il faut complètement changer.
J’y reviendrai...aussi.
(Banque centrale européenne à Francfort, image retouchée, auteur Jess47200, domaine public)
François Hollande n’a pas l’excuse de la pression des marchés comme Zapaterro, le premier ministre espagnol l’avait en Espagne. Il n’y a pas non plus de risque d’explosion de la zone euro. François Hollande n’a pas osé et n’ose pas affronter les institutions de l’Europe et contredire une thèse soutenue par l’Allemagne de « dévaluation interne » et d’économie interne qui ne fera qu’aggraver la récession.
Supprimer des programmes entiers de développement, d’investissement, de soutien à l’économie va entrainer une baisse des possibilités de rebondir dans l’avenir pour la compétitivité. Cela va à l’encontre des objectifs recherchés pour les entreprises.
Le pacte de responsabilité n’est donc qu’un prétexte. Il ne produira pas, de plus, le million d’emplois claironnés. Les experts annoncent au mieux 200 000 créations. Ce n’est pas étonnant car de vraies mesures ne sont pas prises. On ne parle que de baisse des charges mais pas des véritables moyens de retrouver la compétitivité.
Celui qui proposait le sous SMIC pour les jeunes, le président du MEDEF, Pierre Gattaz en rajoute récemment une couche en prônant « la modération salariale pour tous, avec des hausses de salaire « autour de 1 % » pour « se caler au niveau de l’inflation ». La hausse des impôts et taxes, de la TVA... seraient, de plus, loin d’être absorbés même par une augmentation de salaire de 1%. Il réaffirme son soutien au pacte de responsabilité. Rien d’étonnant quand on en connaît le flou des mesures.
Les explications pour justifier les économies sur les dépenses de l’Etat ne tiennent donc pas la route d’autant que ne sont pas prises les vraies mesures pour faire rentrer de l’argent dans les caisses pour faire face au déficit budgétaire.
LES CATASTROPHES RECENTES DUES À L’AUSTERITE NE SONT PAS PRISES EN COMPTE
(auteur Burn 18/12/2005,domaine public)
On aurait pu croire que nos dirigeants auraient l’intelligence de considérer les expériences passées de la Grèce, de l’Espagne ou du Portugal qui ont connu la plus grande destruction de richesses économiques de ces dernières années et une aggravation du chômage du fait, en grande partie, des mesures d'austérité décidées au niveau européen.
Nombre d’économistes l’ont reconnu. Même ceux du FMI ou de l’OCDE ont dû ainsi admettre que, contrairement à leurs théories, les salaires versés aux fonctionnaires servaient à entretenir la consommation et la demande et que l’État pouvait soutenir par ses dépenses la production et l’investissement.
Les technocrates européens avaient commis des erreurs monumentales donc dans leurs prévisions. On a vu le résultat pour des millions de citoyens européens obligés de vivre dans des conditions inacceptables au nom de la sainte vérité ultra libérale de Bruxelles.
LA SOLUTION N’EST DONC PAS L’AUSTERITE MAIS DANS DES RECETTES NOUVELLES.
C’est là qu’on voit qu’il n’y a pas une vraie volonté politique de s’attaquer aux véritables injustices de répartition des richesses et à la récupération de ce qui est dû à la collectivité nationale.
Non, mes propos ne sont pas démagogiques. Ils sont l’expression des faits.
En effet, François Hollande avait une promesse de campagne essentielle, celle de s’attaquer à la « finance ». Une fois élu, il ne s’est attaqué à rien si ce n’est à la marge. En réalité, il a été préféré s’attaquer aux millions de français qui payent leurs impôts, aux fonctionnaires et aux retraités qui, eux, sont aisément et légalement ponctionnables.
Pour ne pas rentrer dans une austérité payée par la majorité de la population qui ne détient pas les richesses, il faut la volonté politique d’aller chercher les milliards d’euros, là où ils se trouvent car ils existent.
Pour cela il faut des mesures fortes mais justes contrairement aux mesures actuelles injustes pour la grande majorité de la population.
Là encore les chiffres, incontestables existent comme les moyens de prendre les mesures. (Je citai ces chiffres dans mes écrits de à propos du pacte de responsabilité http://quaiducitoyen.eklablog.fr/il-faut-financer-autrement-le-pacte-de-responsabilite-la106174180)
QUESTIONS SIMPLES A FRANCOIS HOLLANDE, MANUEL VALLS
ET AUX DEPUTES DE LA MAJORITE
Quand allez-vous prendre les mesures de justice nécessaires pour aller chercher les recettes là où elles ont au lieu de ponctionner la majorité de la population la moins aisée et notamment les classes dites moyennes ?
Ce n'est pas la dernière mesure claironnée ce jour qui, certes, va diminuer ou supprimer l'impôt pour une minorité de français mais qui ne rattrapera pas pour d'autres la baisse du pouvoir d'achat due aux mesures de l'imposition des retraités sur les suppléments perçus parce qu'ils ont élevé trois enfants et plus. Ce n'est pas cette mesure qui ne coûte qu'un malheureux milliard qui va augmenter le pouvoir d'achat des fonctionnaires bloqué depuis quatre ans. A comparer aux cinquante milliards d'un hypothétique pacte de responsabilité qui seront dilués pour ne produire que quelques effets à la marge...ou augmenter les dividendes de certains actionnaires... dont on ne parle jamais...
A quand des réponses claires au lieu des arguments éculés et simplistes que je ne n'estime pas crédibles ?
Je disais plus haut qu’il faut changer le fonctionnement de l’Europe. Je crois aussi qu’il faut changer le fonctionnement de l’Etat.
J’ai la forte impression que nombre de femmes et d’hommes politiques actuels ont eu une mauvaise formation à l’adaptation et à l’imagination pour gouverner y compris ceux qui sont sortis des ENA et autres boîtes à « élites ». Ils utilisent toujours les mêmes recettes et les mêmes arguments dépassés. Ils savent préparer des élections mais après...
Quand seront prises les mesures pour s’attaquer à la grande Fraude fiscale ?
(Robert Stack comme Eliot Ness de l'émission de télévision, The Untouchables, auteur BC Television, 1960, Domaine Public)
Il est sans doute plus facile de geler le traitement des fonctionnaires et de récupérer 2,7 milliards sur les revenus des retraités.
Pourquoi les mesures ne sont pas prises pour empêcher les 60 à 80 milliards d’euros que fraudent chaque année les plus riches? ... Pour récupérer les 590 milliards d’avoirs français dans les paradis fiscaux ?
Pourquoi ne prend-on pas les vraies mesures pour aller les chercher ?
La cour des comptes elle-même dans un rapport du 10 octobre 2013 pointent les défaillances du système pour lutter contre cette fraude.
Les nouveaux textes et les nouvelles mesures prises pour renforcer cette lutte ne sont qu'illusions du fait de leurs insuffisances. On annonce par exemple péniblement 2 à 2,5 milliards qui seront récupérés sur l'évasion fiscale en 2013 sur 15 à 20 milliards qu'il faudrait récupérer! Nous ne sommes pas efficaces.
Où sont les véritables moyens humains nouveaux d'investigation alors qu'en 2013, 2000 EMPLOIS ONT ÉTÉ SUPPRIMÉS ?
Pendant ce temps, ce sont en grande partie les classes moyennes qui payent l’addition !
Quand seront prises les mesures pour remettre à plat la fiscalité ?
Quand va-t-on devoir les tranches d’impôts sur le revenu et les niches fiscales abusives ?
Le nombre de réductions d’impôts , de niches fiscales et d’exonérations n’a pas cessé d’augmenter. Cela permet, à ceux qui en ont les moyens, d’investir grâce à ces niches fiscales et d’échapper ainsi à l’impôt.
Quand va-t-on faire une réforme en profondeur de l’impôt pour une vraie solidarité fiscale nationale?Pourquoi ne met-on pas en place l’imposition de ceux qui s’expatrient à l’image de ce que font les Etats Unis avec leurs citoyens ?
Pourquoi ne revoit-on pas la fiscalité des entreprises et les niches fiscales pour que les entreprises payent les impôts qu’ils doivent payer et notamment les plus grosses et qu’on supprime toutes les niches fiscales qui leur permettent d’échapper au taux auxquels ils devraient être imposés.(En moyenne les TPE sont taxées à 30% , les PME à 20% et les grandes entreprises à 13%)
Pourquoi continue-t-on de laisser cette injustice sévir ?
Beaucoup de solutions sont possibles au delà du pacte de responsabilité qui n’est qu’un gadget qui ne va pas avoir l’effet à la hauteur des efforts demandés toujours aux mêmes français : les retraités, les fonctionnaires, les classes moyennes...
Pour plus de détails des mesures à prendre voir sur
http://quaiducitoyen.eklablog.fr/il-faut-financer-autrement-le-pacte-de-responsabilite-a106174180
Quand s’attaque-t-on vraiment à la finance ?
A quand un vrai contrôle des banques qui ne jouent pas suffisamment leur rôle d’aide à la création d’entreprise et à l’investissement.
A quand des reformes de structurelles bien pensées?
Des réformes sont nécessaires mais pourquoi est-ce toujours uniquement par rapport aux économies à réaliser sur les budgets publics plutôt qu’aux vrais besoins démocratiques de la population. L’exemple de la réforme du « mille feuilles» communes, conseils généraux, conseils régionaux est significatif de la manière de penser de ces « élites » qui lancent, à la va vite, uniquement pour des questions budgétaires, la disparition programmée des conseils généraux sans qu’il y ait un véritable débat dans le pays sur le sujet. Ce débat concerne tous les citoyens et pas seulement les élus.
On est pour, contre sans rien avoir analysé, de manière subjective.
Avant de demander un référendum, il faudrait informer et débattre...
BREF, QUAND ARRETE-T-ON DE NOUS PRENDRE POUR DES PIGEONS ?
Sur tous ces points je reviendrai... en l'attente de réponses qui pour le moment sont insuffisantes...
Tags : niches fiscales, réforme fiscalité, pacte de responsabilité, François Hollande, Manuel Valls, économies, injustice sociale, europe, UMP