• MUNICIPALES EN JUIN : Y A POURTANT PAS LE FEU! - 2 sur 3

    Après l’annonce du premier ministre de prévoir donc le deuxième tour des municipales le dimanche 28 juin 2020, la décision est prise d’organiser la campagne qui serait plus longue  au lieu d’une semaine entre les deux tours dans l’exercice normal de l’élection. Le chef du gouvernement se laisse le soin, néanmoins, au vu de l’examen de la situation sanitaire,   comme souhaité par le conseil scientifique, de prendre une  décision "réversible" en fonction de l'évolution de l'épidémie de coronavirus. Avec le projet de loi pour fixer la date du 28 juin, il sera également présenté, le même jour, "à titre conservatoire, un projet de loi qui permettrait le report du scrutin au plus tard en janvier 2021". Si tel était le cas, les deux tours devraient alors être refaits. Il faut donc attendre une quinzaine de jours pour être fixé après avoir observé les effets du dé-confinement sur la circulation du virus.

     

    MUNICIPALES EN JUIN :  Y A POURTANT PAS LE FEU! - 1 sur 2

    Image par Reimund Bertrams de Pixabay

     

    ÉLECTIONS EN JUIN : UNE CAMPAGNE PLUS LONGUE MAIS DIFFÉRENTE

    Les candidats auraient donc un mois pour faire campagne. La date de dépôt officiel des candidatures est le 2 juin. Les listes ayant fait plus de 10% des suffrages exprimés peuvent se maintenir ; celles ayant fait plus de 5% peuvent fusionner avec une autre. Il est précisé que la campagne devra être différente et que le gouvernement allait « faire confiance » aux candidats pour « convaincre les électeurs tout en adaptant leurs méthodes », dans le respect des gestes barrières. Devront donc être privilégiées les « campagnes numériques », « les passages dans les médias » ou des professions de foi « plus détaillées ».

    Cela veut donc dire, pas de porte à porte, pas de tract papier dans les marchés susceptible de transmettre le virus, pas de réunions de plus de dix personnes. Peut-être dans les boîtes aux lettres ? Mais il faudra avertir à mon sens au préalable de laisser au repos le tract avant que de le lire pour ne pas risquer d’être infecté…
    Le numérique est déjà utilisé mais on sait très bien que tout le monde n’est pas sur Face book ou Twitter, loin de là.  On va donc créer une inégalité au niveau de l’information.

    Quant à la constitution de nouvelles listes, comment se fera-t-elle si on ne peut échanger en direct, discuter, faire signer… ce que ne remplace pas la visioconférence.

    Est-ce acceptable ? A mon avis non.

    Il ne faut pas oublier que le premier tour c’était mi mars. Depuis, de  l’eau est passée sous le pont. Les maires sortants qui se représentaient ou non ont dû agir pour assurer la continuité du service public communal voire plus : rentrée des classes, distribution de masques…  Merci à eux car la situation n’était et n’est toujours pas facile. Je ne dis pas que ceux qui se représentent en ont profité pour faire du « zèle » hors  campagne. Mais il est clair qu’aux yeux des électeurs toute action quelle qu’elle soit a un impact… De même du côté des autres listes…

    Au  niveau  constitutionnel, a-t-on le droit  de décaler dans le temps les premier et second tours des élections municipales, comme l’a décidé le gouvernement ? 

    Pour ma part, j’estime que les deux tours de l’élection municipales ne peuvent être détachées, le deuxième tour dépend du premier notamment pour la constitution de nouvelles  listes qui peuvent fusionner ( si elles ont entre 5 et 10% des suffrages exprimés).  Celles et ceux qui ont été élus au premier tour ont à mon sens été mal élus, du fait de la participation très faible comme je le démontre dans la suite 3 de l'article . Et bien entendu si le second tour a lieu en juin, s’ajoutera la dissociation de trois mois d’avec le premier tour  ce qui fera aussi des élus dont on pourrait contester la légitimité parce que eux aussi mal élus.

    Je ne sais si le conseil constitutionnel a été saisi par le gouvernement ou par un citoyen mais cela mériterait de l’être pour avoir son avis.

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     Rue de Montpensier (entrée du Conseil constitutionnel) - Paris Ier , auteur Mbzt - CC BY 3.0


    UN DEUXIÈME TOUR BIAISÉ ?

    C’est donc à craindre. Le premier l’a été ainsi que je l’exposai dans mon article précédent et ci-avant .
    Le deuxième tour risque fort de l’être aussi pour en partie les mêmes raisons.
     

    J’estime pour ma part qu’on aurait dû annuler le premier tour de mars.

    Cela n’a pas été fait et on vient d’autoriser la tenue des conseils municipaux pour élire les maires et les adjoints. Il n’était donc pas douteux donc que la décision de faire le deuxième tour en juin était déjà prise.   

    La décision a donc été prise de la part du gouvernement de se mettre du côté de ceux qui, au vu de leurs déclarations, préfèrent risquer de réduire le droit d’exercice plein et entier de la démocratie plutôt que de rejouer la partie à un moment où le poids de la situation sanitaire mais aussi économique et sociale  pèsera moins au niveau des électeurs.  
    Sur ces déclarations de celles et ceux qui veulent à tout prix le deuxième tour en juin, je reviens …

    Edouard Philippe,ministre mais aussi candidat au Havre,  justifie ainsi la décision de l'exécutif d'organiser le second tour des municipales malgré l'épidémie : "J'assume d'avoir considéré qu'un bureau de vote est un lieu essentiel à la vie du pays". Sur ce point il a raison sauf que les conditions ne sont pas réunies pour que le scrutin soit serein.

    Cette fois, il cite que le conseil scientifique ne s'était pas opposé à la tenue du second tour en juin, assorti toutefois de conditions pour renforcer la sécurité sanitaire durant l'ensemble du processus électoral.

    En définitive, suivre  l’avis du conseil scientifique c’est quand cela arrange la justification d’une décision. Sinon , on n’en tient pas compte.  La réouverture des écoles faite contre l’avis du dit conseil en est l’image. (Voir  http://quaiducitoyen.eklablog.fr/plan-macron-de-de-confinement-precipite-et-hors-sol-2-sur-2-a185883436  )

    D’une part, comme pour le premier tour, pour nombre d’électeurs, le spectre du virus et de la contamination est toujours là.  Le ministre Castaner a beau dire que toutes condition sanitaires seront optimales… Ne l’étaient-elles donc  pas lors du premier tour ? Sans doute au vu des incidences épidémiques qui ont été observées ensuite  ne seraient ce que parmi ceux qui ont dépouillé ou les membres des bureaux de vote… La preuve en est qu’il n’y avait ni masque pour ces personnes ni d’ailleurs pour les électeurs. C’était l’époque du « ce n’était pas nécessaire »…

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    Image par Tumisu de Pixabay

    Comment peut-on interdire les rassemblements de plus de 10 personnes jugés dangereux , et  ce me semble avec raison,  et autoriser la tenue d’un scrutin même sous haute surveillance…sauf pour tous les rassemblements qu’il y aura autour ici et là…et les pots pour fêter la victoire entre co-listiers ou sympathisants… C’est humain même si déraisonnable et c’est pourtant ce qui s’est produit à l’issue du premier tour.

    Des électeurs, notamment les plus fragiles, les plus âgés ne seront pas, comme au premier tour, tous  au rendez-vous et je pense avec raison.

    Il faut laisser aux citoyens le temps de se relever psychologiquement de cette crise qui n’est pas terminée pour eux, on le rappelle chaque jour à la télé de la part du gouvernement. On  ne va pas voter par obligation mais par envie. Au  premier tour l’envie n’y était pas. Au deuxième tour ce sera pareil...  Si on ajoute à cela la date proche des départs en vacances qui sont maintenant autorisées…

    De la part de celles et ceux des politiques qui veulent que le deuxième tour ait lieu en juin, les arguments ne me semblent guère être pour la plupart recevables dans la mesure où ils ne tiennent pas compte des conditions démocratiques dans lesquelles se ferait ce scrutin. D’aucuns sont beaucoup plus préoccupés de conserver par exemple l’avantage qu’ils ont eu au premier tout en les plaçant en bonne position pour être élus « maires » que de vouloir tenir compte des électeurs qui ont droit  à une campagne véritable et à une possibilité d’aller voter sans peur :

    Au Havre, Edouard Philippe est nettement en tête. A Paris, c'est Anne Hidalgo qui est devant ses concurrents. A Lyon, c'est Grégory Doucet EELV qui est devant les autres candidats. A Nice, Christian Estrosi est en tête . A Marseille,  c'est un socialiste qui est devant le candidat  LR. Mais ces tendances  pourraient être annulées si l'élection devait être rejouées… et c’est la raison principale de cette pression pour faire le deuxième tour en juin.

    Les arguments démocratiques énoncés ne me semblent pas crédibles. Force est de constater que les résultats du premier tour sont biaisés par l’abstention dûe au coronavirus.

    Sur ces arguments et l'abstention je  reviens dans la suite 3 de cet article…

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    Image par S. Hermann & F. Richter de Pixabay

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