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PLAN MACRON DE DE-CONFINEMENT : PRECIPITE ET HORS SOL - 2 sur 2
Dans mon dernier article, j’affirmai que le plan présenté par Emmanuel Macron et dont les détails seront exposés mardi 28 avril par le premier ministre à l’assemblée nationale pour faire l’objet d’un vote une fois de plus dans la hâte, était inconséquent et pourrait être propice pour de nombreuses raisons à alimenter une deuxième vague de contamination. Il a été préféré une mouture technocratique venu d’en haut sans que que tous les acteurs locaux comme par exemple ceux de l’école soient consultés pour donner leur ressenti et avis pratiques du terrain ce qui aurait pu permettre de construire un plan adapté aux réalités. L'économique a pris le pas sur la santé.
C'est une erreur, ce plan venant pour de nombreux points en complète contradiction avec les recommandations de nombre d’instances scientifiques du pays et pas des moindres, experts et médecins en ce qui concerne les écoles. Il ignore par exemple les avis du fameux « Conseil scientifique » qui conseillait le président... De quoi se poser des questions.
Image par Greg Montani de Pixabay
UN PLAN POUR L’ÉCOLE QUI VA A L’ENCONTRE DES RECOMMANDATIONS
Une date a donc été décidée. Mais rien n'a été préparé sérieusement. Ce ne sont pas les déclarations vagues, imprécises et brouillonnes de Jean-Michel Blanquer qui « planche » sur le sujet depuis l’annonce du président qui peuvent rassurer. Il n’a à l’évidence aucunement réfléchi et préparé la réouverture des écoles qu’il annonçait pourtant il y a quelques temps pour le 4 mai !
Il faudra certes que les enfants reprennent un jour le chemin de l'école mais avant toute chose il faut savoir comment ce qui une fois encore n’a pas été la préoccupation première d'Emmanuel Macron, président de la République qui impose une date sur laquelle tout doit se caler. On annonce du haut de l'Olympe et après on voit ce qu'on fait...C'est très grave... Il est aberrant et incohérent de ne pas d'abord se poser les questions de savoir dans quelles conditions réelles on peut reprendre ou non les cours et d'annoncer une date alors que rien n'est prêt parce qu'on n'a rien préparé avec le terrain ce qui ne peut que prendre du temps vu le nombre de situations très diverses dans lesquelles sont les écoles. Ce temps on ne le donne pas à ceux qui seront en première ligne… Et que monsieur Blanquer ne dise pas le contraire, j'ai assez d'informations à citer en témoignage émanant su terrain qui montrent à l'évidence que les enseignants n'ont pas encore été consultés par les instances locales pour voir ce 'il était possible de faire ou pas sur le terrain de l'école. Ce sera le "grand foutoir" parce que localement on n'aura pas eu le temps d'examiner les divers problèmes de manière sérieuse et se préparer à accueillir les élèves dans des conditions sanitaires et pédagogiques optimales.
Car c'est par là que l'on doit commencer avant de prendre une décision de date de ré-ouverture qui feront que des élèves et des enseignants seront les cobayes d'une reprise qui ne sera pas préparée comme cela le devrait pour ne pas les mettre en danger et risquer de devenir le foyer de mise en place d'une deuxième vague de contamination . C’est d’une légèreté et d’une inconséquence coupables.
J’aimerai aussi qu’on arrête d'utiliser, de détourner, d’ignorer les avis scientifiques au gré de leur mauvaise foi opportuniste...comme on l'a fait pour les masques et les tests au début de l'épidémie pour cacher la pénurie. Et par exemple ces derniers propos du ministre de la santé à propos du port du masque par les enfants : « Je considère que c’est très compliqué de demander à un enfant de 10 ou 11 ans, qui est à l’école primaire, d’aller porter un masque toute la journée, à l’intérieur, en extérieur, de jouer avec dans la cour de récré quand on va commencer à dépasser les 30 °C » et il justifie en ajoutant qu’il n’y a « Aucune recommandation scientifique » pour faire porter des masques aux enfants." Ce n’est peut être pas à lui de considérer la possibilité ou non de la chose mais plutôt à ceux qui seront sur le terrain face aux élèves, les enseignants et le personnel d’encadrement. On ne leur a pas demandé. Il est par contre demandé que les élèves de collège en porte. Ceux qui sont en sixième ont eux -aussi souvent 11 ans. Tout cela n'est pas sérieux.
Ce plan pour l’école est un plan qui me semble dangereux au niveau sanitaire au vu des incertitudes quant à l'immunité, la propagation du virus par les élèves, l'état sanitaire des établissements, le matériel, ... Le ministre de l’éducation nationale est chargé de tenter de fournir des solutions pour rouvrir les écoles à la va vite quoiqu'il dise... progressif ou pas on pouvait prendre le temps jusque septembre pour travailler avec les acteurs de terrain qui seuls sont à même de déterminer dans le détail ce qui est réellement possible de faire: enseignants, Atsem, personnels de service, collectivités, municipalités, médecin scolaire, directeurs d'école, chefs d'établissement, parents, services sociaux... et pas des technocrates hors sol au service d'un plan à mettre en place à partir du 11 mai parce que le président l'a dit.
J’estime que c’est une précipitation qui n' pas lieu d'être pour une préparation au dé-confinement irréaliste et donc inconséquente et de plus en complète contradiction avec les recommandations de nombre d’autorités et de scientifiques.
Emmanuel Macron et son gouvernement estime donc qu'il faut ignorer...
L’avis de l’ordre des médecins
La décision de rouvrir les écoles à partir du 11 mai est contestée par Patrick Bouet, président de l’Ordre des Médecins, dans une interview au « Figaro ». Il dénonce « un manque absolu de logique » alors que depuis le 12 mars, les établissements scolaires ont été les premiers à fermer dans l’Hexagone car « les enfants sont des vecteurs potentiels » et qu’il est « très difficile en milieu scolaire de faire respecter les gestes barrières ». Une réouverture reviendrait à « remettre le virus en circulation ». Il ajoute qu’il n’y a « pas d’explication médicale, infectieuse ou épidémiologique à déconfiner dans le milieu scolaire en premier ». Selon lui, l’inquiétude des enseignants et la crainte d’un effet du rebond du virus sont justifiables , car « nous ne savons pas comment les tests PCR ou sérologiques seront effectués, comment les masques seront distribués ». L’Ordre des Médecins préconise de « préparer la rentrée afin de voir comment les enfants pourront recevoir un enseignement complémentaire afin de compenser ce qu’ils auront manqué ».
L’avis des experts de l’institut national de la Santé et de la recherche
Emmanuel Macron n’ pas l'air d'écouter ce que lui disent les experts de l’institut de santé ni les recommandations des chercheurs de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) qui recommandent de laisser les écoles fermées jusqu’en septembre et de procéder à un nombre de tests massifs.
Auteur Romain Vincens, L'hémicycle du Sénat français en septembre 2009 - CC BY-SA 3.0
L’avis du rapport du groupe de travail “Enseignement scolaire”, mis en place le 14 avril par le bureau de la commission, culture, éducation et communication du Sénat, rendu jeudi 23 avril.
« Ce groupe de travail a notamment auditionné des experts médicaux et scientifiques, des représentants des collectivités territoriales, des recteurs, des représentants de chefs d’établissement, d’enseignants des premier et second degrés, des représentants des parents d’élèves ou encore des directeurs d’école ayant participé à l’accueil des enfants des personnels indispensables à la gestion de la crise. »
On peut noter entre autres dans la partie constat du rapport :
Le rapport dénonce l’annonce surprise du 11 mai aux modalités de mise en œuvre mal définies, élaborées sans concertation.
« a) Une impression d’impréparation et d’improvisation plus de 10 jours après l’annonce de cette réouverture
De très nombreuses personnes auditionnées ont fait part de leur surprise à l’annonce d’une réouverture des écoles à partir du 11 mai, qu’il s’agisse de personnes issues du monde médical ou de l’enseignement.
Le retour des élèves en classe n’était ainsi pas évoqué lors des concertations au ministère de la santé. Il en est de même pour les discussions avec les syndicats dans les jours précédant le 13 avril : selon les informations transmises au groupe de travail, les hypothèses de reprise portaient plutôt sur juin voire septembre.
b) des scénarii de travail ne reposant pas sur un avis scientifique :
Alors que depuis le début du confinement, le gouvernement indique fonder ses décisions sur des avis scientifiques, les hypothèses de travail présentées mardi dépendent de préconisations sanitaires en cours de définition et non connues à ce jour.
c) Une absence de réelle concertation notamment avec les collectivités locales, partenaires essentiels du scolaire et du périscolaire
Le groupe de travail a été très surpris d’apprendre que ni l’Association des Maires de France, ni l’Assemblée des Départements de France ne semblaient avoir officiellement été contactées et associées à cette démarche de concertation.
d) De nombreuses questions demeurent auxquelles ne répondent pas les dernières déclarations du ministre de l’éducation nationale. À moins de trois semaines de la date prévue de la réouverture des classes, de très nombreuses questions pratiques demeurent. »
Ces seules remarques montrent le manque de sérieux et la légèreté de la décision prise d’ouvrir les écoles à partir du 11 mai. On trouvera ici l’intégralité de ce rapport qui donne encore d’autres constats : http://www.senat.fr/fileadmin/Fichiers/Images/commission/affaires_culturelles/documents/GT_enseignement_scolaire_retour_des_eleves_en_classe_synthese.pdf
(auteur Geralt - domaine public CC0)
Le Conseil scientifique attaché à la présidence de la République
Un comble…
Dans un avis rendu le 24 avril, le Conseil scientifique indique qu’il « propose de maintenir les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités fermés jusqu’au mois de septembre », mais « qu’il prend acte de la décision politique de réouverture au 11 mai »
Dans cet avis « le conseil scientifique donne des préconisations sanitaires, insiste sur la nécessité de formation sanitaire, sur le fait que l’ensemble de la communauté doit être associé au processus de réouverture et sur l’indispensable progressivité et adaptation »
Quand on voit la liste des préconisations qu’on peut d’ailleurs croiser avec celles de l’Académie de médecine, il est évident que pour qu’il en soit tenu compte il faut du temps que ne laisse pas le pouvoir aux acteurs du terrain qui jusqu’ici ont été ignorés.
Il s’agit donc bien d’une décision politique. Le président de la république et le gouvernement font passer la santé de la population après leurs contingences politiciennes d’une reprise à tout prix y compris celui de risquer de favoriser une deuxième vague de contamination...
POUR CONCLURE… PROVISOIREMENT
Le Conseil scientifique ne sert donc, pour le pouvoir politique, à rien d’autre ,à certains moments, qu' à cautionner des décisions quand cela l'arrange?
Pour ce qui concerne la ré-ouverture des écoles, Emmanuel Macron et son gouvernement ne tiennent aucun compte des avis qu’on a pu leur donner.
La date du 11 mai est prématurée. A l’heure actuelle, le ministre de l’éducation nationale ne semble pas maîtriser le risque sanitaire. Il n’est qu’à reprendre les déclarations qu’il a pu faire jusqu’ici qui montrent le flou dans lequel il est.
Pour ma part, j’estime que rien n’est prêt et étudié pour que le respect des règles de distanciation sociales soit possibles à l'école comme au collège ou au lycée. Des questions se posent de manière trop nombreuses pour les étudier à la va vite comme veulent l’imposer Emmanuel Macron et son ministre. Ayant été enseignant, je sais un peu de quoi je parle...
Il me semble inconséquent et dangereux de laisser 12 millions d'élèves retourner à l’école avec le brassage de population que cela fera et donc la contamination entre élèves qui à leur tour iront contaminer leurs parents. On va donc ainsi risquer de recréer ces fameux « clusters »? La reprise de l’école n’aurait dû être faite au plus tôt qu’en septembre pour éviter d’ajouter de suite la contagion à la contagion. Trop d'incertitudes règnent quant à contagiosité faible ou non des enfants...
Cela permettait de prendre du temps pour préparer vraiment concrètement une rentrée en fonction des préconisations sanitaires des instances médicales et de la situation sanitaire générale qu’il y aurait à ce moment là dans le pays et peut-être une amélioration réelle de la situation de nos hôpitaux, voire des traitements et des matériels comme les masques ou les tests en nombre suffisant pour la population. La décision de rouvrir les écoles à partir du 11 mai est injustifiée et complètement contraire aux principes de précautions que l’on devrait avoir en matière de santé...
Mais j’y reviendrai…après la présentation du plan de dé-confinement par le premier ministre demain.
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