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UN PLAN DE DÉ-CONFINEMENT SANS CONSENSUS - Chapitre 1: L'ÉCOLE
Le premier ministre a donc présenté ce mardi 28 avril 2020 le plan de dé-confinement de la population à l’Assemblée nationale.
Etaient présents 75 députés représentants les divers groupes de l’assemblée.
L’exposé du premier ministre a été suivi des interventions des députés en guise de débat.A eu lieu ensuite un vote dont les résultats sont les suivants :
Nombre de votants:571
Nombre de suffrages exprimés:468
Majorité absolue:235
Pour l’adoption:368
Contre:100
On trouvera ici le détail des votes : http://www2.assemblee-nationale.fr/static/15/scrutins/debat_50-1_280420.pdf
A remarquer que la demande faite par certains groupes de l’opposition d’avoir au moins un jour pour se concerter et débattre a été refusé par le gouvernement au motif que le vote n’était que consultatif et que le premier ministre aurait pu tout aussi bien faire sa déclaration à la télévision sans avoir à passer par la chambre des députés. Une manière de dire que le premier ministre faisait une « fleur » à la représentation nationale. Une attitude que je juge plutôt rigide quand on veut demander une forme d’union nationale sur un plan qui engage l’avenir sanitaire des françaises et des français. J’y vois pour ma part une sorte de mépris envers les représentants du peuple dans la mesure où le pouvoir s’attendait de par son refus à des réactions de protestations de la part des groupes d’opposition alors que la moindre des choses aurait été de faire le maximum pour obtenir un consensus.
Fronton de l'Assemblée nationale, située à Paris François Vanleene , CC BY-SA 4.0
Après écoute et à l’examen, ce plan contient certes des dispositions intéressantes pour amorcer le dé-confinement mais pêche à mon sens sur au moins deux points :
- Celui d’être obligé de se mettre en place en hâte parce que le président de la République a imposé une date qui à l’évidence n’a guère été réfléchie par rapport à la faisabilité dans le temps d’une opération qui aurait dû être préparée au préalable ce qui n’a pas été fait et qui rend difficile voire hasardeux et compliqué nombre d’opérations concrètes pour le réaliser. La technocratie est passée par là qui ose croire encore que parce que c’est dit qu’il faut appliquer dans un temps qui à l’évidence ne pourra l’être sérieusement pour le 11 mai. Le premier ministre en a fait la démonstration par le fait même de prendre des précautions en se laissant des possibilités de pouvoir éventuellement modifier la date au cas où les conditions sanitaires ne seraient pas réunies pour lancer le dé-confinement. J’estime qu’il a eu raison d’autant qu’il portera toute la responsabilité de la réussite ou de l’échec de cette opération.
- Les acteurs de terrain comme les maires et les enseignants qu’on réunira aujourd’hui et demain pour apporter des détails du plan auront en définitive une semaine pour mettre en place concrètement les applications pratiques nombreuses et conformes dont ils porteront la responsabilité qui leur a été déléguée sans qu’ils aient leur mot à dire sur les délais qu’on leur impose. C’est inepte.
Sur tous les points du plan je reviendrai. Je commencerai néanmoins par les dispositions qui concerne l’Ecole dont le premier ministre aurait pu faire l’économie d’une reprise le 11 mai pour un report en septembre. Je m’explique.
Image par congerdesign de Pixabay
UN DÉ-CONFINEMENT SCOLAIRE NON PRÉPARÉ AVEC LES ACTEURS DE TERRAIN
Je le disais dons mon dernier article, Emmanuel Macron et son gouvernement ne tiennent aucun compte des avis qu’on a pu leur donner. La date du 11 mai est prématurée. A l’heure actuelle, le ministre de l’éducation nationale ne semble pas maîtriser le risque sanitaire et les systèmes pédagogiques qui devraient être mis en place. Comme je le disais dans mon article précédent, il n' a rien préparé avec les acteurs de terrain. Ses diverses déclarations successives depuis mars le prouvent.
La précipitation ne se justifie pas quand on n’a pas préparé au plus près du terrain les conditions de la reprise de la vie sociale. Et pourtant il eut été facile durant ces deux derniers mois et sans en fixer la date de préparer correctement le début de la fin du confinement.
Au niveau de l’École, la carence de la consultation des professionnels que sont notamment les enseignants est flagrante. Tous les syndicats sont en colère de la manière dont le ministre de l’éducation nationale agit en ne préparant rien d ‘autre que ce à quoi il a pensé. Le 21 avril le ministre annonce des décisions dans les médias mais ne consulte pas les syndicats mais dans le même temps le même ministre parle d’unité nationale à l’assemblée. Il est clair pour les organisations syndicales qui ont été ignorées que le ministre ne joue pas, dans les faits, le jeu de l’unité nationale. Au contraire il met en valeur des décisions autoritaires dont on ne voit pas bien ce qui les justifie. Il impose ses choix, les annoncent à grand renfort de communication que j'estime "creuse" ce qui permet de faire pression sur les acteurs de terrain et au yeux de l'opinion publique faire passer ceux-ci pour de "mauvais coucheurs" au cas où ils feraient montre de réticences pour appliquer son plan.
Jean-Michel Blanquer annonce : "Dès après-demain [vendredi], après la consultation des associations d'élus en particulier, nous allons aussi en parler aujourd'hui [mercredi] avec les organisations syndicales. Ces documents seront prêts et seront la référence de chaque acteur".
Les représentants des associations de collectivités locales seront donc informés des détails du plan demain jeudi. Mise à part les écoles ce qui est déjà considérable, remettre une ville en route demande pourtant du temps de réflexion et d’études diverses notamment au niveau des moyens. Des questions se posent de manière trop nombreuses pour les étudier à la va vite comme veulent l’imposer Emmanuel Macron et son ministre.
UNE RÉ-OUVERTURE PRÉCIPITÉE DES ÉCOLES
Il n’y a pour lors aucun protocole sanitaire établi à partir de recommandations des autorités de santé et en dialogue avec les représentants des collectivités et des personnels. Le protocole "Blanquer" devrait arriver vendredi. Aujourd'hui donc les organisations syndicale seraient consultées.
Pour une parution vendredi, cela veut dire que le protocole est déjà prêt et que ce que le ministre Blanquer appelle consultation ressemble plus en réalité à une information... de ce qu'il a décidé d'y mettre.
Restera une semaine pour une mise en place par les communes et les enseignants d’une foule de dispositions imposées d’en haut! Les incertitudes sur les masques, les tests, le gel hydroalcoolique, les sanitaires des établissements scolaires,la cantine, la cour de récré,la circulation devant les établissements, comment faire respecter les gestes barrière... ce qui posent nombre de problèmes qu’il faut étudier et que mettent en évidence les enseignants qui participent à l’accueil des enfants de soignants.
La reprise de l’école n’aurait dû être faite au plus tôt qu’en septembre pour éviter d’ajouter de suite la contagion à la contagion. Cela aurait permis de prendre du temps pour préparer vraiment concrètement une rentrée en fonction des préconisations sanitaires des instances médicales et de la situation sanitaire générale qu’il y aurait à ce moment là dans le pays et peut-être une amélioration réelle de la situation de nos hôpitaux, voire des traitements et des matériels comme les masques ou les tests en nombre suffisant pour la population... sans oublier une organisation pédagogique très compliquée à mettre en œuvre pour qu'elle soit efficace.
( granie na nosie , auteur Vilhelm Pedersen, domaine public)
UNE RÉ- OUVERTURE QUI ME SEMBLE FAIRE FI DES PRINCIPES DE PRÉCAUTIONS
La décision de rouvrir les écoles à partir du 11 mai me semble injustifiée et complètement contraire aux principes de précautions que l’on devrait avoir en matière de santé publique...
Il est inconséquent et dangereux de laisser 12 millions d'élèves retourner à l’école avec le brassage de population que cela fera et donc la contamination entre élèves qui à leur tour iront contaminer leurs parents. On va donc ainsi recréer ces fameux « clusters ».
Trop d'incertitudes règnent quant à contagiosité faible ou non des enfants... Mais l’avis des différentes instances citées dans on article précédent, on n’en tient pas compte : http://quaiducitoyen.eklablog.fr/plan-macron-de-de-confinement-precipite-et-hors-sol-2-sur-2-a185883436.
Les attitudes contradictoires d’avoir fermé en premier les écoles pour le confinement et celle de ré-ouvrir en premier les écoles avec donc des propos eux –aussi contradictoires au fil du temps du gouvernement, font que cela génère de l’angoisse chez les parents et les enseignants . Ce n’est pas un facteur qui favorisera la reprise de l’école : la confiance n’est plus au rendez-vous comme elle ne l’est plus non plus de la part de l’ensemble de la population qui à force d’entendre des mensonges à propos du port de masques, de son inutilité car il y avait une pénurie puis hier de son obligation de le mettre dans les transports publics ou pour les élèves des collèges et lycées et de le conseiller fortement dans les lieux publics, magasins…
(Image par karosieben de Pixabay)
Il est maintenant mis en avant « des études » ou avis médicaux pour justifier la décision de rouvrir mais qui permet également de masquer la véritable raison de la reprise qu’Emmanuel Macron et le premier ministre n’assument jamais publiquement : celle du motif économique. On vient maintenant à l’avis des pédiatres qu’on trouvera sur le fil internet de 20 minutes par exemple : https://www.20minutes.fr/sante/2768715-20200427-coronavirus-pediatres-livrent-recommandations-retour-ecole-optimal-enfants qui sont favorables à la reprise de l’école sous certaines conditions…
Et puis aujourd’hui même j’apprends que plusieurs cas d'enfants présentant des symptômes proches de la maladie de Kawasaki sont apparus en Europe ces derniers jours, faisant craindre un lien avec le Covid-19. Un rebondissement de plus qui à mon sens confirme les incertitudes que l’on peut avoir quant aux effets du Coronavirus sur les enfants qui montrent peut-être que la maladie et sa gravité varient selon l’âge. Ces derniers jours, les autorités britanniques ont lancé une alerte concernant une augmentation du nombre d'enfants présentant des symptômes proches de ceux de la maladie de Kawasaki dont les effets peuvent être dangereux pour la santé des enfants. D’autres pays européens sont touchés. En Belgique 10 cas ont été recensés. Selon le journal « Midi Libre », en France, l'hôpital Necker à Paris a alerté sur "un nombre croissant d'enfants de tous âges" ayant "été hospitalisés dans un contexte d'inflammation multi-systémique associant fréquemment une défaillance circulatoire avec des éléments en faveur d'une myocardite" : 25 cas auraient nécessité une réanimation en région parisienne, et 10 à Necker. "Le contact pris avec nos collègues londoniens, espagnols et belges confirme ce problème émergent", explique au « Midi Libre » le Dr Damien Bonnet, coordonnateur du réseau M3C à l'hôpital Necker.
De cela le premier ministre n’en a pas parlé hier alors qu’il aurait dû le savoir. Le ministre de la santé vient juste aujourd’hui d’admettre ce mercredi matin sur France Info "une certaine inquiétude"et de prendre tout cela avec beaucoup de sérieux.
Nous n’avons donc pas de certitudes sur cette fameuse protection des enfants vis-à-vis du coronavirus.
Et si on nous disait tout…au lieu de justifier ce dont on n’est pas sûr et de rouvrir les écoles alors que des risques pour les enfants il peut y en avoir, de même pour les adultes qui sont à leur contact et inversement : en retournant à l’école il y aura de nouveaux brassages. Un enfant pourrait être infecté par un adulte de l’école asymptomatique, revenir chez lui et contaminer à son tour le milieu familial. Alors qu’on ne me dise pas qu’il n’y a pas de risques ... Je ne suis pas épidémiologiste ni pédiatre : ce n’est que du bon sens.
Image par fernando zhiminaicela de Pixabay
On est donc sûr de rien et on n’en apprend tous les jours. La preuve.
Pour en revenir à cette découverte de « cas » d’enfants susceptibles d’avoir été atteint par le coronavirus, sans être ni médecin, ni me prendre pour un spécialiste de quoi que ce soit en la matière, je constate après recherche qu’ entre la France , le Royaume- Uni et la Belgique ça fait quand même donc avec les vingt-cinq cas hospitalisés en réanimation en région parisienne ces trois dernières semaines et une dizaine donc dans le centre spécialisé de l'hôpital Necker, la Belgique(10) et le Royaume-Uni (12) un chiffre que j’estime non négligeable de 57 cas recensés. Au royaume Uni les enfants hospitalisés sont dans un état grave. Il est « craint de plus en plus qu'un syndrome inflammatoire lié (au Covid-19) apparaisse chez les enfants"selon une note de la NHS britannique.
Selon l’organe de presse allemand Reuters « dans le nord de l'Italie, l'une des régions les plus durement touchées par la pandémie en cours, des médecins ont fait état d'un nombre anormalement élevé de cas sévères d'une pathologie ressemblant à la maladie de Kawasaki, chez des enfants de moins de neuf ans ».(Source l’Indépendant).
On trouve aussi des cas similaires en Espagne, en Australie ou aux États-Unis. Une coïncidence ? Faudra me le prouver même si parait-il le nombre de cas n’est pas important : 35 en France. Mais qui sait ?...
Faisons donc jouer le principe de précautions.
Image par Greg Montani de Pixabay
NON A UNE REPRISE IRRÉALISTE DE L’ÉCOLE A PARTIR DU 11 MAI
Les informations précédentes montrent que rien n’est définitivement connu et que le gouvernement a tort de rouvrir les écoles sans prendre le temps d’attendre septembre pour d’une part préparer correctement la rentrée avec les mesures sanitaires qui s’imposent dans le cadre de la situation qui sera celle de ce moment là mais aussi les mesures pédagogiques nécessaires pour que tous les enfants soient bien pris en charge.
Pour les écoles le principe de précautions doit s’appliquer et ce n’est pas ce qu’est en train de vouloir faire Emmanuel Macron et son gouvernement.
On doit, comme aux communes, donner aux enseignants du temps pour préparer, de se préparer aux risques qu’ils doivent entièrement connaître… Avec l’imposition de la date du 11 mai, on ne le leur donne pas. Ils ne doivent pas être les objets d'une politique gouvernementale mais bien en être les acteurs. Sans leur collaboration on risque fort d'aller à la catastrophe.
Avec cette hâte qui à l’évidence ne peut permettre de tout faire au mieux pour une rentrée sereine, on met la tension sur les parents, on inquiète les enfants, on culpabilisera les enseignants . Et si ça ne marche pas, on pourrait même dire que c'est de leur faute et celle de la commune qui n’a pas mis les moyens ad hoc pour que tout fonctionne...
IL faut savoir qu’à ce jour, pour résumer, on attend le cadre sanitaire du ministre Jean-Michel Blanquer pour ce vendredi. Il restera une semaine pour en prendre connaissance et pour les enseignants et les communes mettre en place une rentrée sécurisée…!!!
De qui se moque-t-on ?
C’est me semble -t-il du mépris pour les acteurs de terrain, les parents et les élèves...
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Tags : Dé-confinement, Ecole, Blanquer, Assemblée nationale, Kawasaki, coronavirus, principe de précaution