• LES BARBARES* ETAIENT DANS LA RUE A NANTES...

    On ne peut pas ne pas réagir à des faits qui marquent bien la violence de certains « hommes »  dans la société actuelle, violence qui démontre une fois de plus que l’Homme est déraisonnable et qu’un égoïsme destructeur est ancré chez certains à un stade qui relève de l’inhumanité profonde. La dernière manifestation de la FNSEA dans le 44, la mise en route de la ferme des 1000 vaches ou les abattages sans respect de la souffrance animale en sont trois illustrations à des stades divers et parmi tant d’autres...

    LES BARBARES SONT DANS LA RUE

    ( ragondin - castor des marais - 25/12/ 2012 - Norbert Nagel — Travail personnel - lic.  01CC BY-SA 3.0)

     

    LA MANIFESTATION de la FNSEA**

    Manifester est un droit et il est souvent utile de le faire quand on veut exprimer des avis qui ne sont pas toujours pris en compte par ceux qui ont la charge de la nation. J’ai eu l’occasion depuis mai 68 et au cours des années passées de le faire tant il est vrai qu’il convient de faire entendre sa voix quand on veut attirer l’attention sur ce qui nous apparaît injuste ou pour défendre un point de vue différent de ceux qui nous gouvernent sur les solutions qu’ils veulent mettre en œuvre. Mais ça n’a jamais été l’occasion, du moins pour ma part, de faire d’une manifestation l’occasion d’un exutoire des plus bas instincts de l’homme.

    Que l’agriculture française et certains de ses agriculteurs aient des difficultés on ne peut le nier. Qu’ils souhaitent faire connaître leurs problèmes et leurs solutions, c’est tout à fait normal. Qu’ils manifestent pour se faire entendre, c’est leur droit le plus strict.

    Il n ‘empêche que je me pose quelques questions quand je vois de quelle manière certains des membres de la FNSEA se sont comportés ce dernier mercredi lors de la manifestation à NANTES.

    Récemment, la FNSEA a publié un document intitulé « recueil rassemblant les actions menées par les filières animales en faveur du bien-être des animaux » et qui fait état des témoignages de nombre d’éleveurs quant à la manière dont ils oeuvrent pour le « bien être des animaux dans les élevages agricoles ». On peut trouver ce document en allant sur le site de la FNSEA ce que j’ai essayé de faire aujourd’hui sans succès. C’était une bonne initiative que de montrer que des efforts étaient réalisés.

    Je constate néanmoins que lors de la manifestation de Nantes des membres de la dite organisation ont maltraité de manière indigne des animaux exprimant avec leurs sourires et leurs rires un sadisme inouïe.

    La vidéo que l’on retrouve partout sur le net n’est pas un montage et traduit l’état d’individus qui se disent défenseurs de l’agriculture française et qui apparaissent par leurs actes comme des êtres assoiffés du désir de tuer par plaisir.

    On trouvera facilement cette vidéo de télé Nantes qu'on trouvera sur son site: http://www.telenantes.com/actualite/article/des-agriculteurs-derapent-et-maltraitent-des-ragondins 

    En quoi la cause des agriculteurs peut-être reconnue par l'opinion publique si d’aucuns massacrent des rongeurs dans des conditions innommables ?

    Le fait que ces animaux soient « nuisibles » n’excuse en rien les actes cruels et sadiques de ces manifestants : Après les avoir peints, ils jettent les ragondins, les battent à coups de pieds, en écrasent certains sous les roues de leurs tracteurs ou les tuent au couteau sciemment....

    Ils vont même jusqu’à établir un parallèle avec la ministre de l’écologie, Ségolène Royal: «Les ragondins, c’est comme Ségolène, c’est des nuisibles».

    Peut-être veulent-ils lui faire subir le même sort ?

    Indigne !!!

    LA FNSEA CAUTIONNE L’INTOLERABLE

    La FNSEA aurait pu condamner ces attitudes. Au lieu de cela, elle la cautionne par la voix de son président qui affirme que, nous, citadins, sommes « en décalage profond avec le monde rural». En soutenant ces actions FNSEA s’est gravement décrédibilisée.

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    On est bien d’accord. Si c’est cela l’image du monde rural que veut nous faire voir de manière imbécile la FNSEA : je suis décalé.

    Mais je suis en phase avec ceux du monde rural qui défendent la qualité, le respect de la terre et des animaux qui sont élevés dans des conditions dignes. Et j’ai déjà mis des bottes pour y aller voir...

    Comment dans ces conditions peut-on croire les affirmations qui sont donnés dans le recueil publié par la FNSEA « des actions menées par les filières animales en faveur du bien-être des animaux » quand cet organisme cautionne l’attitude de plusieurs de ses membres qui ont dérapé de cette honteuse manière.

    De cette manifestation qui aurait dû être informative, le citoyen ne retiendra d’une part que le spectacle pitoyable de barbares qui ne représentent en rien la ruralité et d’autre- part le mépris de la FNSEA envers les « citadins décalés » que nous sommes, pour la plupart, à ses yeux. Que son président se rappelle quand même que les dits « citadins » citoyens ont leur mot à dire sur les produits qu’on veut leur proposer voire imposer...à la vente.

    Dommage... le slogan de la manifestation était intéressant : "Produire en France pour manger français"... Mais il ne me semble pas aller assez loin : on eut pu ajouter « avec des produits goûteux et de qualité fabriqués en respectant l’environnement et les animaux »...

    LE RETOUR DE BATON DES PRATIQUES AGRICOLES INTENSIVES

    En ce qui concerne la FNSEA, il serait quand même bon de rappeler quelques faits passés. On sait très bien quelle agriculture et quelle conception de l’élevage a défendu et défendent certains membres de cette organisation : celle de l'agriculture intensive et de l’élevage intensif à vocation d'exportation, subventionnés durent de nombreuses années par l ‘Union européenne.

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    (auteur inconnu, immensité d'espaces céréaliers, domaine public)

    Une partie de l’agriculture française a abusé sans réserve de produits chimiques pour être productive même si des efforts ont été faits par d’aucuns ces dernières années pour limiter leur utilisation. Elle a pollué de nombreux cours d'eau et des nappes phréatiques. On peut citer aussi l’élevage intensif des porcs en Bretagne avec les conséquences que cela a eues et a encore sur le littoral.

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    Cochons en élevage hors-sol ***, auteur Maqui,                           Veaux de race laitière en élevage intensif, lic.CC BY-SA 3.0                                                                         auteur Felagund, domaine public

    Je ne jette pas la pierre aux agriculteurs et aux producteurs de viande car tout le monde a été complice et responsable y compris les gouvernants et les consommateurs. Il n’empêche que les profits ont été énormes pour certains notamment ceux de l’agro alimentaire.

    Rajoutons à cela toutes les substances vétérinaires et notamment les antibiotiques injectés en prévention aux animaux notamment ceux venus de certains pays de l’Union ou d’ailleurs qui ont contribué à affaiblir la résistance aux maladies même si l’abus des pratiques de soins de l’homme en est aussi la cause.

    Nombre d’autres agriculteurs prouvent, eux aussi avec de nombreuses difficultés, que l’on peut respecter la terre et les animaux tout en limitant la pollution de la terre. Ce n’est pas de l’utopie, j’ai pu le constater. Ils ne sont pas aussi subventionnés et aidés que l’agriculture intensive et l’élevage intensif. Et ça marche et c’est vers cette agriculture et cet élevage là que nous devons nous tourner et aider comme d’ailleurs on devrait aider les petites entreprises françaises au lieu de distribuer 40 milliards d’euros sans réel contrôle de leur utilisation.

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    (Polyculture dans le pays de Caux : lin au premier plan, prairie à gauche, blé à droite, auteur Urban — Travail personnel,  CC BY-SA 3.0 )

    La manne financière européennes a surtout profité aux grosses exploitations.
    Les prix ne sont pas les mêmes dira-t-on.

    C’est vrai mais on veut toujours baisser les prix pour le consommateur pour lui donner souvent des produits médiocres qui vont dans les assiettes comme les tomates sans goût ou autres fruits et légumes calibrés et produits communs d’une bouffe insipide. Un bœuf carotte a beau être bien cuisiné, s’il ne contient que de la viande au rabais et des carottes sans saveur, il n’a pas de goût. De même, un plat simple comme une poule au pot avec une volaille élevée en batterie et des légumes sans saveurs ... En bref, cuisiner de la « mal bouffe » qu’on veut nous imposer à coup de « bas prix » au détriment de la qualité indispensable au plaisir que doit être celui de manger un bon repas. On rétorquera que c’est le consommateur qui demande des prix bas. C’est vrai qu’il a été bien formaté et éduqué pour ne plus se rendre compte de la valeur de la marchandise et ceci depuis de nombreuses années.

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    L’important est de vendre, de faire du profit souvent sur le dos du dit consommateur et des producteurs y compris ceux qui vendent des produits médiocres et qui ont maintenant le retour de bâton d’un système qu’ils ont contribué à mettre en place.

    Je ne fais donc pas d’amalgame avec les vrais « paysans » qui eux font de la polyculture, ceux que je vois au marché, ceux qui produisent en respectant les animaux de leurs élevages. C’est ceux là qu’on aurait dû aider pour qu’ils se développent et que ne disparaissent pas les petites ou moyennes exploitations au profit des usines productivistes, laissant de plus des terres en jachère.

    Qu’on se le dise.

    Le changement, c’est aussi ça.

     

    A suivre....avec la ferme des 1000 vaches et l’abattage des animaux pour la viande.

     

     * selon le sens commun: désigne comme quelqu’un d’inhumain, lorsqu’il n’est pas inculte, primitif ou sanguinaire.  Et selon Montaigne dans ses Essais :« Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ». 

    **Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles

    *** Elevage porcs hors sol:  dans certaines exploitations « En France (…) les truies sont sanglées jour et nuit dans des stalles qui leur interdisent toute espèce de mouvement, et ce, pendant deux ans et demi » – Armand Farrachi 43

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    ( Vaches Limousine dans le Finistère, auteur  Gilbert LE MOIGNE — Travail personnel, licence  CC BY-SA 3.0)

     

     

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