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LAÏCITÉ ET HYPOCRISIE - 2 -
Je poursuis avec les coups de canifs dans la loi de 1905 et la laïcité qui ont été donnés durant les législatures qui ont précédé celles d’Emmanuel Macron qui est bien resté dans la tradition de ses prédécesseurs clamant eux aussi la défense de la Laïcité tout en ayant eu des attitudes ou des actes - comme celui de fermer les yeux - qui contredisent donc les paroles.
Il n’y a pas qu’Emmanuel macron qui a utilisé le « en même temps »...
Je reprends partiellement ci-après ce que j’avais écrit dans les articles
- http://quaiducitoyen.eklablog.fr/grignotage-de-la-loi-de-1905-et-la-laicite-5-6-a114944804
LA LEGISLATURE HOLLANDE
Président élu sous l’étiquette « socialiste » (2012-2017).
Dans un article publié, ici même, le 15 Mars 2015, j’estimais que le PS TRAHISSAIT L’ÉCOLE PUBLIQUE ET LA LAÏCITÉ. Les rédacteurs du groupe de travail " cohésion sociale" du parti socialiste préconisaient, en fin de rapport, publié le 15 janvier 2015, à propos de l'organisation de la place de l'Islam en France un certain nombre de mesures. Parmi ces mesures, je cite : "Il faut développer les établissements scolaires privés sous contrat".
Lors du conseil des ministres du 25 février 2015, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve reprend en effet les propositions du texte de la commission du parti socialiste sur les écoles privées : «Le gouvernement veillera à ce que l'enseignement privé confessionnel musulman puisse se développer dans le respect des principes républicains. Des instructions seront adressées aux préfets et aux recteurs afin qu'ils fassent pleinement usage de leurs prérogatives de contrôle». Tout ceci sans aucune réaction et du Président de la République et de la ministre de l’éducation nationale, Najat Vallot Belkacem.
L’enseignement scolaire privé a donc été promu officiellement comme une alternative à l’école publique. Le financement public de 9 milliards d’euros annuels a été augmenté pour les établissements scolaires privés et notamment confessionnels (à 90% confessionnel catholique à cette époque) pour développer l’enseignement confessionnel musulman.
De l’électoralisme en direction des citoyens de religion musulmane était bien en préparation des échéances présidentielles.
Développer et privilégier des revendications particulières des communautés religieuses au détriment de l’intérêt général c’est considérer les individus en fonction de leur appartenance religieuse et non plus en tant que citoyens, ce qui signe la fin de la « cohésion républicaine » et laisse la porte ouverte au communautarisme.
Un autre exemple flagrant d’une intervention de lobby religieux écouté et preuve d’une prise en compte par le gouvernement de François Hollande du réseau de l’enseignement privée, c’est celui concernant les rythmes scolaires. Au moment de la mise en place du décret Peillon en 2013, on entend cette déclaration d’Eric de Labarre, secrétaire général de « l'enseignement catholique » :
"Nous sommes à la recherche d'un accord avec le ministère,.... Nous souhaitons qu'il exprime officiellement sa volonté que le privé entre dans la réforme, sous la forme d'un protocole ou d'une déclaration commune."( Le Monde de l’Education du 26 février 2013) . En effet selon un statut à part lié à la loi de 1959, qui définit leur "caractère propre", les directeurs des écoles privées sont libres de l'organisation du temps scolaire dans leurs établissements.
C’est donc bien une intervention directe d’un réseau de l’enseignement catholique qui n’a pas, selon la loi, à se faire reconnaître comme entité représentative pour négocier au nom des écoles catholiques. Un nouveau détournement ou une pression auquel Vincent Peillon et le gouvernement ont cédé.
le 1er octobre 2013, lors de son point de presse, le secrétaire général de « l’enseignement catholique », cité plus haut, aborde la question de la Charte de la laïcité : « Le document ministériel ne s’applique pas aux établissements privés associés à l’Etat par contrat, et cela me paraît tout à fait logique. »«La laïcité républicaine, nous y adhérons pleinement. En revanche, la laïcité des établissements, nous ne pouvons y souscrire».
Et le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon prend en compte l’avis des ecclésiastiques et cède de nouveau en n’obligeant pas à l’affichage de la charte.
L’influence de ce réseau s’est fait de plus en plus importante et ce qui est grave c’est que les gouvernements de François Hollande y ont succombé sans résistance aucune. Tout cela dans la continuité de ce qui a été installé sous Nicolas Sarkozy. « L’enseignement catholique » se transforme un peu à la fois au fil des années en structure de plus en plus ecclésiastique. Fin 2008, il devient en effet « un service national de la conférence des évêques de France » au lieu d’être sous tutelle d’une commission informelle de l’épiscopat encadrée par un évêque et se transforme en une entité au service direct de l’Église catholique.
(Création Patrick Patte 14/03/2015, à partir image carte France vierge auteur pixeltoo, domaine public)
AVANT QUE DE POURSUIVRE...Alors qu’il était candidat à la présidence, François Hollande proclamait lors de son discours du Bourget du 22 janvier 2012 :
« Présider la République, c’est se dévouer à l’intérêt général, dont toute décision doit procéder. (...)
Présider la République, c’est préserver l’État, sa neutralité, son intégrité, face aux puissances d’argent, face aux clientèles, face au communautarisme. Présider la République, c’est être viscéralement attaché à la laïcité, car c’est une valeur qui libère et qui protège. Et c’est pourquoi j’inscrirai la loi de 1905, celle qui sépare les Églises de l’État, dans la Constitution. "...
Pour la Laïcité, comme pour d’autres actes de son quinquennat, on appréciera comment il a trahi sa parole et ses électeurs.
Au suivant donc … avant que de proposer des solutions courageuses pour un retour à la laïcité, la vraie, celle qui n’a pas besoin de qualificatif pour accommoder celle-ci aux opportunismes électoralistes du moment.
Tags : Laïcité, Hollande, écoles privées, écoles publiques, charte de la Laïcité