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LA LAÏCITE, L’ECOLE ET LA SOCIETE
Si des actions sont nécessaires à l’Ecole qui est en première ligne pour faire vivre la laïcité, je disais aussi, dans mon dernier écrit, qu’on ne pouvait faire supporter tout le poids des problèmes sur les enseignants et l’Ecole.
(Cour d'école, domaine public)
L'ELEVE EST D'ABORD UN ENFANT OU UN JEUNE EN CONSTRUCTION DE REPERES
Les propos et les attitudes violentes de certains élèves qui ne sont d’ailleurs pas nouvelles, ne viennent pas en très grande majorité de l’Ecole mais ont comme origine l’environnement complexe dans lequel ils vivent au quotidien sans avoir toujours des repères fiables pour s’équilibrer. En quelque sorte et pour simplifier, l’enfant ou le jeune, a des attitudes ou des paroles qu’il a vu ou entendues et qu’il répercute parce que cela l’a influencé et convaincu que c’était juste dans le microcosme dans lequel il vit (parents, connaissances, copains, télé, web...).
C’est pourquoi, j’estime nécessaire que la loi qui a été votée sur la refondation de l'Ecole et qui contient les principes de la coéducation ne soit pas seulement du verbe mais entre en action. Il en est plus que temps. Les parents sont aussi les premiers éducateurs de l’enfant. Il ne faut pas l’oublier.
Mais la pratique de coéducation impliquant l’école et la famille mais aussi tout ce qui autour, est concrètement difficile à mettre en place si on en reste aux pratiques actuelles qui se doivent donc d'évoluer.
De cette coéducation on a beaucoup parlé de tout temps.
Il me semble qu'il y a la nécessité de considérer toute action éducative - que ce soit celle des parents, des enseignants ou d’autres intervenants - comme indissociable des autres. La coéducation nécessite une clarification des rôles respectifs afin d'éviter les malentendus en répondant à la question : « Qu'est-ce que la coéducation implique pour chaque parent, équipe éducative de l’école, partenaires socio-éducatifs…? » A lire mes propos sur le sujet : http://quaiducitoyen.eklablog.fr/refondation-de-l-ecole-quel-avenir-partie-4-et-la-co-education-a92844179.
J’affirmais notamment : « Pour qui est sur le terrain, qu'on soit parent (élu ou non) ,enseignant ,animateur, élu local, on sait donc bien que l'oeuvre n'est pas facile. ...
Pour qui se préoccupe de voir ce qui se passe sur le terrain, le constat des attitudes de ce qu'on pourrait appeler "défiance réciproque" par exemple entre les parents et les enseignants a été souvent fait. Les relations entre parents et enseignants peuvent parfois déboucher sur des conflits. (Ceci dit sans vouloir généraliser car il existe des endroits où le dialogue est plus approfondi avec des compréhensions qui facilitent les relations.)
C’est cette relation qu’il faut essayer d'améliorer pour avancer. »
Je concluais ainsi : « Et il faut surtout ne pas oublier que la coéducation c'est l'affaire de tous les parents, y compris ceux qui n'osent pas, pour diverses raisons, franchir le seuil de l'école. A suivre …car sur le sujet il y a encore beaucoup à échanger pour tenir compte de la réalité du terrain et avancer. Cette réalité est multiple et complexe et trouver des solutions positives n’est pas si simple. Au-delà des moyens, cela demande du temps et de la confiance réciproque entre les partenaires. »
LA CARTE SCOLAIRE ET SES DERIVES SONT A EXAMINER
Il faut aussi revoir les modalités des répartitions de la carte scolaire qui est de plus en plus contournée et qui ne favorise plus la mixité sociale. Ce n’est pas une découverte. Je l’ai vécu quand je participai aux commissions d’entrée en sixième par exemple pour examiner les demandes de dérogations. C’était il y a plus de 10 ans et la chasse au « collège préféré » était déjà sensible de la part des parents et ça ne s’est pas amélioré ensuite au fil des ans...
Et puis il y a les écoles, collèges et lycées privées qui a mon sens participent d’une manière forte au contournement d’une carte scolaire qui devrait favoriser le brassage des élèves tout au moins dans les villes ou secteurs d’hétérogénéité sociale.
Pour être clair : on choisit l’école, le collège ou le lycée privé que l’on veut.
Le nombre d’élèves concernés par les écoles privées n’est en effet pas anecdotique:
« En 2011-2012, 2 084 400 élèves étaient scolarisés dans les établissements d’enseignement privés du premier et du second degrés, soit 16,96 % des élèves scolarisés en France ; ce ratio s’élève à 13,41 % pour les écoliers et à 21,24 % pour les collégiens et lycéens. Le nombre d’écoles et d’établissements scolaires privés avoisine 8 800 en 2011-2012, soit 13,6 % du nombre d’écoles et d’établissements. » (Source ministère de l’éducation nationale) : 8 485 écoles catholiques, 282 écoles juives et 30 musulmanes.
La ministre de l’éducation nationale se devrait de prendre en compte la participation de l’enseignement privé à ce souci qu’elle a exprimé de modifier l’utilisation de la carte scolaire pour plus de mixité.
Sans vouloir rallumer la guerre scolaire, je ferai néanmoins remarquer que l'état a fait beaucoup de concessions depuis la loi de 1905 ce qui a permis à l’enseignement privé notamment catholique de se développer (Loi Debré et Guermeur entre autres). J’y reviendrai.
AGIR HORS ET AVEC L'ECOLE
Lorsqu’il y a concentration de problèmes dans une ville ou un secteur, d’autres mesures que celle de la carte scolaire doivent être prises et qui pour l’instant sont insuffisantes comme des renforts de personnels enseignants formés, des RASED avec du personnel en nombre, des accompagnement sociaux de chocs qu’on peut considérer,à l’heure actuelle, même si des efforts ont été faits, comme nettement insuffisant vu l’étendu des problèmes à traiter. Une police de proximité au service des citoyens doit être amélioré mais aussi un renforcement des effectifs de lutte contre les réseaux mafieux. Tout cela coûte cher mais c’est un choix incontournable.
Le communautarisme ne peut se combattre que s’il y a les conditions pour le faire. Casser les ghettos est une des solutions.
La Laïcité passe par l’Ecole et s’apprend à l’Ecole mais pas seulement..
A suivre...
Tags : laïcité, école, coéducation, carte scolaire