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JUPITER EN MAJESTÉ À VERSAILLES
Demain, lundi 3 juillet 2017, Emmanuel MACRON, le président "jupitérien" réunit donc le Congrès à savoir l’ensemble des deux « chambres » parlementaires pour rappeler sans doute les grandes orientations de son programme sur lequel il estime avoir été élu par les « français »...
C’est son avis mais ce n’est pas le mien et celui de beaucoup d’autres citoyens (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/emmanuel-macron-8eme-president-de-la-veme-republique-a130116350).
Il paraît que cela remplacerait aussi l’interview télévisée du 14 juillet.
Il s’adressera donc à « la nation » au travers des députés et des sénateurs.Le seul problème est qu’au moins pour les députés, ceux –ci ne sont pas très représentatifs de la majorité des français.
(Vue du château de Versailles depuis le parc, auteur Marc Vassal — Travail personnel - CC BY-SA 3.0)
LE MONARQUE RÉPUBLICAIN EN CONGRÈS
Cette intervention qu'il a parfaitement le droit de faire, n’a pas l’air de plaire à tout le monde y compris dans la classe politique, même parmi celle qui a l’intention d’être « macro constructive ».
Tous les députés ne seront en effet pas là. Nombre d’entre eux ont annoncé le boycott d’une réunion qui pour eux est coûteuse et n’a pas d’utilité.
J'ai relevé dans la presse quelques déclarations qui montent pour le moins quelques grincements de dents...
Christophe Lagarde Président de l’UDI qui siège au sein du groupe des "Constructifs" Macron-compatibles: "Je n'irai pas au Congrès de Versailles lundi. C'est inutile et ça coûte cher, ça rabaisse le gouvernement, le président de la République n'a pas besoin de nous pour sa com ».
Le socialiste Régis Juanico : "On assiste à une vassalisation de tous les corps intermédiaires. Je n'irai pas à Versailles car le président de la République ne fait pas un discours pour convenance personnelle ».
La sénatrice Esther Benbassa n’irait pas non plus pour les mêmes raisons.
Olivier Faure, président du groupe socialiste à l'assemblée nationale : “La décision du président de la République de s'exprimer devant le Congrès symbolise le retour du pouvoir personnel. » On ne sait pas encore si les députés de ce groupe iront à Versailles.
Le député LR Damien Abad dénonce "la présidence impériale" du chef de l'Etat.
l'UDI Philippe Vigier n'irait pas à Versailles "par respect du fonctionnement équilibré des institutions" "Cette décision témoigne d'une volonté de concentrer tous les pouvoirs à l'Elysée"...
Ceci dit pour ne citer que quelques réactions qui le moins qu’on puisse dire ne vont pas dans le sens de l’acceptation du macronisme jupitérien.
Pas sûr donc que ce soit vraiment une bonne opération de communication.
Le président a encore jusque demain pour annuler et faire des économies de "petits fours".
("L'élection présidentielle. La salle du Congrès de Versailles pendant le scrutin." Inconnu — Le Petit Journal. Supplément illustré, 28 janvier 1906. Domaine public)
A QUOI SERT UN CONGRES ?
Et à quoi, en effet, ont servi les congrès sous les deux dernières législatures précédentes ?
Initialement prévues pour les révisions constitutionnelles, les réunions du congrès se sont vues attribuer de nouveaux rôles au fil de l’évolution de la Cinquième République.
Depuis la loi constitutionnelle du 23 février 2007, les deux chambres peuvent également se réunir pour destituer le président de la République, mais le terme employé dans ce cas est celui de « Haute Cour» et non celui de « Congrès ».
A l’initiative de Nicolas Sarkozy, la loi constitutionnelle du 23 juillet 2008 dite « Loi constitutionnelle de modernisation des institutions de la Vème République » permet au Congrès d’autoriser l'adhésion d'un État à l'Union européenne.
La même loi autorise le président de la République à « prendre la parole devant le Parlement réuni à cet effet en congrès. Sa déclaration peut donner lieu, hors sa présence, à un débat qui ne fait l'objet d'aucun vote ».
A remarquer que cette loi a introduit effectivement un certain nombre de changements qu’on pourra trouver entre autres sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_constitutionnelle_du_23_juillet_2008 ou le site de l’assemblée nationale (http://www.assemblee-nationale.fr/13/projets/pl0820.asp)
Pour ma part, je relève que « La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation ». En tout cas pas dans la représentation des citoyens à l’assemblée nationale, l’introduction de la proportionnelle ayant été écartée. De même, le non cumul des mandats ne fut pas introduit dans la loi. C’est aussi cette loi qui a déterminé la limitation à deux mandats consécutifs du Président de la République.
De manière positive le référendum peut désormais porter sur des questions d'ordre environnemental. Un certain nombre d’articles renforce l’autonomie du contrôle du parlement sur l’exécutif et limite le champ d’utilisation du 49.3.
On peut regretter que le texte n’aille pas assez loin dans la modernisation tout en admettant qu’il modifie certains points avec positivité. A chacun d’apprécier.
Combattue par la gauche alors que François Hollande était Premier secrétaire du PS, à la demande de Nicolas Sarkozy chef de l'Etat, la réforme ne prévoit en revanche pas de débat en présence du président et pas de vote, selon l'article 18 de la Constitution.
Pour la petite histoire, mais cela a son importance, il faut noter que le texte soumis a été adopté à deux voix près. La presse a souligné le vote positif du socialiste Jack Lang, qui n'a pas suivi les consignes de vote de son parti. « Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoler, a également pris part au vote, s'éloignant de la tradition selon laquelle le président de séance ne prend pas part au vote. » Ce qui voudrait dire que sans ces deux voix, le texte n'aurait pas été adopté. (Wikipédia).
(Constitution de la République française du 23 frimaire an VIII, 14 décembre 1799.République française, 1799. domaine public)
DES INTERVENTIONS DES PRÉSIDENTS AU CONGRÈS ET LEUR UTILITÉ
Depuis la modification constitutionnelle, deux discours présidentiels ont été tenus en Congrès:
- par Nicolas Sarkozy en 2009 pour une opération de communication sur sa politique annonçant un remaniement de l'équipe dirigée par François Fillon, le lancement d'un emprunt pour financer les mesures gouvernementales à venir et le relèvement de l'âge légal de la retraite.
- par François Hollande le 16 novembre 2015. Le président vient s'exprimer devant le Congrès afin de "rassembler la Nation" après les attentats du 13 novembre à Paris et pour annoncer l’intention de mettre en place la déchéance de le nationalité française un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ou un acte de terrorisme, même s'il est né Français, dès lors qu'il bénéficie d'une autre nationalité. Elle n’a jamais vu le jour immédiatement contesté dans son camp notamment. Un échec de communication qui n’a duré que le temps des applaudissements de tous les parlementaires le jour de la déclaration.
Il faut quand même bien dire que l'audition d'une déclaration du président de la République n’a pas, dans les deux cas, apporté grand chose si ce n’est peut-être de la confusion notamment dans l’esprit des français entre le rôle du Président de la république et celui du Premier ministre.
En effet, Emmanuel Macron a déjà fixé son cap lors de la présidentielle qui a eu lieu en mai. Pourquoi venir ré expliquer en Congrès ce que connaissent parfaitement les parlementaires y compris le flou artistique de certaines de ces orientations ?
Le lendemain de son discours, le premier ministre fait sa déclaration de politique générale devant l’assemblée nationale...
Où est l’objectif d’Emmanuel Macron si ce n’est faire une mise en scène de plus pour asseoir sa stature présidentielle aux yeux des français en utilisant toutes les possibilités de l'apparence, comme celles du jour de son élection, la réception de Poutine ou la prochaine venue de Trump au défilé du 14 juillet ?
Il devrait faire attention à ne pas aller trop loin dans la démonstration d’un pouvoir qui paraît de plus en plus absolu tant par l’image donnée que par le système qu’il est en train de mettre en place.
Il ne devrait pas oublier que les électeurs ne l’ont pas plébiscité sur son projet de manière majoritaire tant pour son élection que pour l’élection des députés qui le soutiennent.
A trop vouloir faire croire qu’on est l’homme providentiel qui peut tout parce qu’il a tous les pouvoirs, il y a risque que les résultats promis soient attendus et que s’ils n’arrivent pas comme certains français l’entendent, la chute soit brutale...(auteur ElisaRiva, domaine public)
LA PENSÉE MACRONIENNE SERAIT TROP COMPLEXE...
Si, si...L’entourage du Président de la république a fait dire, en effet, que « la pensée d’Emmanuel Macron est trop complexe » et qu’elle se prête mal au jeu des questions réponses des journalistes comme cela se faisait le 14 juillet. Il n’y aura donc pas d’interview.
Ça va les chevilles ? Pas trop gonflées?
Prendrait-il les journalistes et les citoyens pour des imbéciles ? C'est ce qu'onpourrait ressentir quand on entend ces propos. Cela accentue l'impression qu'Emmanuel Macron, Président de la république, me semble préférer rester sur son Olympe depuis son élection plutôt que de s’adresser à la « populace » qui ne comprendrait pas sa pensée. Sans doute n’a t-il pas tort pour celles et ceux qui ont voté pour lui au premier tour de la présidentielle. Vu son programme, il y avait pourtant de quoi réagir... notamment sur les points qui sont toujours flous sans doute volontairement pour pouvoir naviguer à vue comme on le voit pour l’écologie et tout récemment le futur budget et ses annonces d'austérité pour notamment les services publics et donc les fonctionnaires, ces mécréants nantis...dont je fus.
Qu’il se rassure la « populace » qui n’ a pas voté pour lui, a très bien compris de quelle manière sa pensée s’articule et les perversités que cachent ses annonces dont on verra déjà certains effets que j’estime négatifs notamment pour l’Ecole à la rentrée. J'y reviendrai bientôt.
Pour en revenir à son intervention devant le congrès, il me semble qu’Emmanuel Macron veut se placer au dessus des éventuelles mêlées, trônant sur son Olympe élyséenne mais ne pouvant s’empêcher de manière contradictoire, quoi qu’il dise, d’induire fortement la gouvernance du pays qui revient cependant à son Premier ministre.
Faudra qu’il fasse attention à ne pas rater quelques marches car le fusible « Edouard Philippe » risque de ne pas être suffisant pour stopper certains courts circuits qui pourraient subvenir.
Ceci dit pour revenir sur Terre...
Allo....l’Olympe ?
Ici Neptune*...
Un petit tsunami social pour septembre, ça-t-irait ? Mon pote « Eole* » est prêt à me soutenir... comme dans le bon vieux temps...
(Neptune horse a study, auteur Walter Crane, Domaine public)
* Neptune : Dieu des « Mers » de la mythologie romaine, frère de Jupiter et de Pluton qui se partagèrent le monde dans la mythologie. ll conspira un temps contre Jupiter. (Voir Mythologie sur Wikipédia entre autres)
*Eole : Dieu romain des « Vents ».
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