• IL FAUT RETIRER LE PROJET DE LOI EL KHOMRI - 2 sur 3

    Comme je le démontrais dans l'article précédent, la mise en place d'un nouveau code du travail n'est pas, selon moi, une urgence, bien au contraire. L'urgence est ailleurs: celle de la construction d'un véritable projet cohérent pour re dynamiser notre développement, ce qui jusqu'à présent n' a pas été fait.

    Un pacte de responsabilité inefficace, un CICE mal ciblé qui n’a pas aidé toutes les entreprises, le lancement tardif du compte personnel d’activité dont le contenu est encore flou, un plan massif de formation incomplet dans ses cibles et annoncé en janvier 2016(!), autant de mesures qui ont servi de "projet" pour lutter contre le chômage mais qui ne sont que des pièces mises les unes à côté des autres sans vision globale pour être efficaces.

    IL FAUT RETIRER LE PROJET DE LOI EL KHOMRI - 2 sur 3

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    Le projet de loi EL KHOMRI dont l’objectif est de simplifier le code du travail pour créer de l’emploi est la dernière pièce d’un puzzle incohérent qui veut faire croire à une soi disant flexi sécurité à la française mais qui, en réalité, épouse les thèses du MEDEF pour sécuriser l’entreprise tout en affaiblissant les droits des salariés. En aucun cas, contrairement à ce qu’affirme le premier ministre Manuel Valls et sa ministre Myriam El Khomri elle n’aidera les jeunes à faciliter leur entrée sur le marché du travail mais les installera dans la précarité comme le sont d’ailleurs beaucoup d‘entre eux avant de pouvoir travailler. J'y reviendrai dans un troisième chapitre. 

    Autre problème qui est en train de couver insidieusement, celui de la fragilisation des droits des chômeurs dont j'ai déjà parlé. (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/projet-de-loi-el-kohmri-ou-le-retour-au-xix-eme-siecle-a125221764).

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     MAIS IL NE SUFFIT PAS DE CRITIQUER, IL FAUT PROPOSER.

    Je redis ce que j’énonçais dans l’article précédent : « Pour créer ce vrai projet pour faire revenir l’emploi, il fallait placer d’abord avec autorité et sans complaisance chacun devant ses responsabilités, entreprises et syndicats patronaux ou salariés et animer une réflexion globale tout en s’appuyant sur les avis de tous les économistes - et pas seulement toujours les mêmes - afin d’en poser les bases et d’en déterminer les mesures et agir au plus tôt. »

    Cela n'a pas été fait.

    Alors quelles réflexions, quelles mesures pour peu qu’on puisse agir s’il n’est pas trop tard? 

     Je n’ai, hélas, vu à aucun moment de la part du gouvernement une analyse profonde et une remise en cause des pratiques défectueuses de conquête du marché intérieur, européen et international non plus que nos carences dans le domaine du financement de la recherche, clé majeure du développement.

    Pourtant il y a beaucoup à dire. On pourrait commencer par là pour trouver des solutions qui existent.

    Je ne vais pas en faire l’inventaire mais seulement citer quelques causes qu’on entend rarement dans la bouche du MEDEF qui ne se remet jamais en question et du gouvernement qui ne fait que répéter les arguments tronqués de l’organisme patronal pour justifier des mesures qui ne résoudront rien et qui en définitive ne sont que des cataplasmes sur une jambes de bois tant elles sont décrochées d’un véritable plan d’ensemble pour re dynamiser le développement.

    REDEFINIR LE COUT DU TRAVAIL

    La réflexion sur le coût du travail a été tronqué et pourrait être remis à plat en y incluant le coût pourtant réel et important du capital. Cela serait une preuve d'honnêteté pour repartir dans une réflexion assainie.

    C’est en effet, depuis des décennies, la rentabilité immédiate du capital qui a été privilégiée par certaines entreprises (les plus grosses notamment) au détriment du reste.

    Nombre d'experts le disent dans leurs analyses.

    Ainsi, on peut remettre les choses en équilibre et l’on s’apercevrait que le salarié français ne coûte pas plus cher que la moyenne dans les autres pays européens.

    Le patronat et certains membres de la majorité comme de l’opposition n’hésitent pas à faire porter la responsabilité de la pénurie d’emplois sur ce qui est appelé l’archaïsme syndical et les salariés.  Ces derniers se trouvent pourtant dans des situations de non augmentation des salaires, divers chantages à la baisse des conditions de travail pour conserver leur emploi alors que dans le même temps, il est toujours versé aux actionnaires des dividendes importants notamment dans les grandes entreprises qui non seulement n’embauchent pas mais licencient tout en percevant les aides de l’Etat (pacte de responsabilité , CICE et autres exonérations de charges ou dégrèvement d'impôts). Et si on parlait de l'archaïsme de certaines thèses patronales et gouvernementales.

    Sur tout cela il y a des vérités à dire et du ménage à faire pour réajuster les discours et partir sur des bases saines de construction tordant le cou aux vieilles recettes indéfiniment ressassées.

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    ETUDIER LES CAUSES POUR EN TIRER LES CONSEQUENCES ET AGIR

    Ainsi, par exemple, au lieu de faire apparaître incessamment les mêmes discours de lamentations de nos entreprises étranglées par les charges qui ont conduit à mettre en place les milliards du pacte de responsabilité qui porte mal son nom et un code du travail complètement déséquilibré au niveau de la sécurité entre les entreprises et les salariés, il aurait fallu mettre sur la table toutes les responsabilités et les carences qui depuis des années font régresser le développement de certaines de nos entreprises, y réfléchir et trouver des solutions. Une sorte d’état des lieux objectif en quelque sorte pour aller plus en avant dans les bonnes directions ou admettre les erreurs commises pour aller au delà en les corrigeant.

    Quelques causes pourraient être étudiées sur lesquelles se pencher pour ré orienter les stratégies, celles des entreprises mais aussi celles de l’Etat :

    • manque d’investissements dans les outils de production en France
    • délocalisation des activités pour réduire les coûts de production au lieu de réorganiser leur chaîne de valeur
    • manque d’investissement massif dans la recherche pour offrir des produits différents et donc améliorer la productivité et donc manque d’innovation
    • manque de dynamisme de l’innovation pas encouragé suffisamment chez nos ingénieurs pourtant tout à fait compétents et aptes  à inventer ou innover pour peu qu'on les y encourage
    • formation trop spécialisée et éparpillée des ingénieurs ce qui bride de fait l’innovation par manque d’échanges et de transversalité dans un monde pourtant en constante mutation même si quelques grandes écoles et universités en ont pris conscience tardivement et y œuvre enfin.
    • ....

    Que de retards alors que l’innovation et la recherche doivent être considérées comme des priorités absolues !

    Tout cela doit être corrigé immédiatement dans le cadre d'une mobilisation nationale pour le développement.

    Je me demande aussi à quoi servent les multitudes d’études faites pour expliquer pourquoi certaines entreprises ont des problèmes de compétitivité. Cela aurait pu servir de base pour une nouvelle inflexion pour la reconquérir en lançant une dynamique comme par exemple en favorisant et en aidant l’innovation, la vraie, pas celle "gadget sur papier" mais celles que sont prêtes à inventer nos excellents ingénieurs dans les entreprises pour lancer de nouveaux produits porteurs de croissance.

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    (Jarmoluk CC0 domaine public)

    Oui, les milliards gaspillés dans le pacte de responsabilité auraient pu être investis dans la recherche, l’innovation, l’aide aux petites et moyennes entreprises pour se développer.

    Quand on réfléchit à tout cela, il devient évident que le projet de loi EL KHOMRI doit être abandonné en remettant à plus tard un code du travail qui pourrait, sur des bases saines et non tronquées, aider les entreprises mais aussi sécuriser vraiment les salariés. Pour cela le gouvernement doit retrouver le chemin de l’honnêteté d’analyse et mettre en place les bases solides d’un compte personnel d’activité qui permette vraiment de faire une transition vers un autre travail et investir dans un plan de formation massif qui n’oublie personne : salariés en reconversion, chômeurs âgés, jeunes ...

    Un véritable projet d’aide au développement ciblé de nos entreprises concernant en priorité les moyennes et petites structures potentiellement créatrices d’emplois pour peu qu’elles s’inscrivent dans une dynamique d’innovation et de développement, pourrait être un facteur important de la reprise.

    Tout cela coûtera de l’argent me dira-t-on. Oui mais de l’argent utilisé à bon escient, sous contrôle. L’arrêt des dépenses du pacte de responsabilité et autres mesures sans effet sur l’emploi, la récupération de l’argent distribué à perte sauf si des comptes sont rendus,... sont un des moyens de financement. Il y en a d’autres pour peu qu’on s’y attelle sérieusement.

    Car quand on pense à l’ineptie du pacte de responsabilité et aux milliards qui sont partis sans contrôle dans la nature  « parce qu’il faut faire confiance » comme si nous étions dans une France de « bisounours »... le citoyen et contribuable que je suis a le droit d’être en colère et navré de tant de laxisme ( ?), de naïveté ( ?), d’indigence ( ?), d’irresponsabilité ( ?)... – au choix-   de la part de François Hollande et de ses gouvernements. Mais je l'avais déjà énoncé en 2014 (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/pacte-de-responsabilite-la-confiance-ca-se-merite-a106066736).

    Comme disait le serpent Kaa à Mowgli dans « Le livre de la Jungle » : « Aie confiance... »

    Mon œil !     IL FAUT RETIRER LE PROJET DE LOI EL KHOMRI - 2 sur 3

     

     

    Comme disait Lénine :« La confiance n'exclut pas le contrôle. »

     

     

     

     

    A suivre...    

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