DES ÉLECTIONS RÉGIONALES EN JUIN 2021!!! 3 sur 3

Je terminai mon dernier billet à propos des régionales sur l’illectronisme dont apparemment certaines « élites » politiques ou administratives ne perçoivent pas bien les carences qui peuvent se produire quand on met en place des outils modernes de communications ce qui est bien, en général , mais qui supprime souvent certains services dits « de proximité » ce qui est nuisible pour les habitants notamment dans les zones rurales mais pas que car l’illectronisme touche aussi la population des villes et notamment les personnes en difficultés sociales et âgées.

image géralt  Pixabay

L’ILLECTRONISME

C’est un point auquel je suis particulièrement attaché. Président fondateur durant 28 années d’une association d’éducation populaire loi 1901 pour « l’accompagnement des citoyens face aux nouvelles technologies »,  j’ai connu donc, dans l’action, les débuts  et les évolutions de la mise en place de « l’informatique pour tous » (nommée ainsi à cette époque) dans le cadre du plan Fabius des années 80.  On dit aujourd’hui NTIC (NouvellesTechnologies de l’Information et de la Communication).  « Nous ne sommes pas tous égaux face à ce développement des nouvelles technologies et à ses conséquences qui sont souvent positives mais aussi parfois nuisibles. Permettre d’apprendre à maîtriser, accompagner l’utilisateur pour qu’il soit responsable et citoyen. …Les évolutions des nouvelles technologies suscitent de l’intérêt mais parfois aussi des questionnements. » (Citation extraite de la ma déclaration préambule au rapport d’activité 2012 de l’association).  

De nouveaux outils, plus interactifs, apparaissent tous les jours. Cela pose le problème de l’appropriation de ces techniques par tous  et de l’éducation critique des enfants et des adolescents à la société de l’information mais aussi  de la prise de conscience de tous les autres citoyens.  J’ai donc quelques prétentions à continuer la réflexion sur le sujet. Il faut absolument poursuivre partout et développer l’aide et l’accompagnement du citoyen face à ce développement qui, s’il peut procurer un vrai  plaisir et de vrais services , est aussi parfois source d’isolement, d'anxiété, de désinformation ou même de dangers comme la haine et la violence, le cyber-harcèlement ou la perte de vie privée par manque de contrôle sur des informations personnelles...  Anarchique ou guidé par le profit et la création de besoins, il devient difficile de le maîtriser si on n’y prend garde.  Equilibre donc à trouver pour chacune et chacun… Pas si facile.

Des efforts ont été faits mais pas toujours suffisants pour aider massivement les populations qui en ont besoin. Certaines collectivités territoriales s'en sont préoccupés mais pas partout.

7 ans après cette déclaration, cette forme d'illettrisme des temps modernes touchait encore 17% de la population française (en 2019 d'après l'INSEE) et pas seulement des vieilles personnes en milieu rural. L’âge est un critère bien sûr, avec le niveau de revenu et d'éducation, mais il n'y a pas de profil type et la période du confinement a permis de le constater plus encore. Un phénomène loin d'être marginal. 

La pandémie de coronavirus a encore accentué l'importance de maîtriser les outils numériques. Pour faire la classe à la maison, étudier, chercher un emploi, télétravailler, accéder aux services publics ou tout simplement sortir (l'application de sortie dérogatoire et l'appli StopCovid pour se protéger du virus) mais aussi pouvoir prouver de sa vaccination, d’un test PCR pour voyager, assister à des manifestations... On ne peut pas dire que par exemple l'éducation nationale a été au top niveau pour aider les élèves comptant plus sur la "débrouille" des professeurs et des familles ne serait ce que du point de vue matériel... On pourra y revenir.

Le gouvernement annonce par ailleurs la dématérialisation de toutes les démarches  auprès des services publics en 2022. Or, de nombreux Français sont encore loin du compte. Près de 12 millions sont "illectroniques » c’est à dire en incapacité d''utiliser le numérique dans leur vie courante d'après l'Insee qui compte aussi que 47% de personnes manquent d'au moins « une compétence numérique de base comme communiquer via une application, chercher une information, utiliser un traitement de texte ou résoudre un problème. »

« Ainsi, une personne de plus de 75 ans sur deux n'a pas d'accès à Internet depuis son domicile (53%), alors que seuls 2% des 15-29 ans ne sont pas équipés. C'est également le cas de 34% des personnes peu ou pas diplômés (contre 3% des diplômés du supérieur), et de 16% des ménages les plus modestes (contre 4% des ménages les plus aisés).  Les personnes vivant seules, en couple sans enfant, ou encore résidant dans les départements d'outre-mer sont également touchées par ce défaut d’équipement. »

Image Geralt pixabay

J’ai donc recherché les programmes des listes en présence. Pas facile à trouver mais j’ai internet et suis un peu « pro » de la recherche ce qui n’est pas le cas de tout le monde.

Le militants font ce qu’ils peuvent pour distribuer dans les marchés ou les boîtes aux lettres des tracts. On peut leur rendre hommage même si ce n'est pas ce qui peut faire une vraie campagne. 

Quant à la prose distribuée officiellement en boîte aux lettres , il paraît que la diffusion a eu nombre de « couacs » dus à des distributeurs négligents, le « marché distributif» ayant été confié non plus à la Poste mais à un organisme privé...

Par contre dans la presse et les médias nationaux pas de problèmes pour relater les invectives entre candidats. Les dernières démonstrations pour montrer « qui c’est le plus fort » est mis en exergue entre Marine Le Pen, chef de l’ex front national qui a tenu de propos choquants et Eric Dupont-Moretti qui a répliqué par un bon mot comme il sait les pratiquer renvoyant la patronne du parti d’extrême droite dans les buts...mais dans tout cela rien, du vide intégral quant aux préoccupations des habitants et quant aux propositions qui sont absentes. Des duels de personnes avec en ligne de mire la présidentielle de 2022 ! L’impression est aussi qu’on va devoir voter pour la tête du client à élire.

 Quant aux débats télévisés des éditions régionales de France 3, même si un bel effort a été fait par les équipes locales, j'ai pu assister en région Nord à des échanges entre candidats où on se demande ce que vient faire là le thème de la "sécurité" qui n'est pas une compétence régionale ou départementale. 

On mélange donc tout avec la complicité de certains candidats notamment ceux qui ont en vue la présidentielle et entre autres sur ce sujet les Bertrand, Le Pen, Mariani, Chenu et autres inconséquents de droite et d’extrême droite et LREM pour le compte d’un Emmanuel Macron qui ne s’est pas prononcé sur sa candidature. Le pire est que si on se réfère aux sondages, nombre électeurs sont dupes.

On voit donc bien que tout est utilisé pour gagner y compris ce qui n’a rien à voir avec les régionales ou les départementales  et que c’est bien la présidentielle qui est dans la tête de certains partis.

Lamentable !

Image par Miranda Bleijenberg de Pixabay

DÉPOUILLEMENT

Quant à la gestion du dépouillement, les scrutateurs sont désignés en priorité parmi des personnes vaccinées, immunisées ou qui disposent d’un test négatif de moins de 48 heures. Je rappelle que les membres des bureaux nécessaires sont évalués à 600 000.

Selon ce protocole, les personnes chargées de la tenue des bureaux de vote (président, assesseurs et secrétaire)  auraient dû être vaccinées prioritairement au  5 juin tout comme les fonctionnaires communaux mobilisés les jours du scrutin pour l’installation des bureaux de vote.

On sait donc que ça n’ a pas vraiment été possible et facile partout. Certaines communes qui ne trouvent pas d’assesseurs sont obligés de rémunérer le « travail » pour avoir des volontaires… ce que la loi n’autorise pas. Des chemins de traverse sont trouvés…

La France insoumise a demandé qu’à l'entrée de chaque bureau de vote, des masques FFP2, plus filtrants soient proposés aux électeurs et de prescrire qu’ «On pourrait faire en sorte que les personnes les plus fragiles aient un créneau réservé» ou même scinder en deux la journée du scrutin pour aller voter selon l'ordre alphabétique. L'intention est louable mais … Faut pas rêver d’une part pour que ce soit organisable et d’autre-part pour croire que les électeurs en tiennent compte pour se déplacer et voter. 

Il est sûr que les chiffres de la contamination est en baisse mais elle est loin d’être nulle et on ne sait pas encore quel est l’impact du variant indien qui commence à circuler...

Image par Here and now, unfortunately, ends my journey on Pixabay de Pixabay

POUR CONCLURE

En bref, il y a bien d’autres choses à faire dans la tête des gens que d’avoir comme priorité d’aller voter pour choisir un nouveau président de conseil général ou de région.  Il faut d’abord surmonter la crise sanitaire qui est loin d’être terminée pas plus d’ailleurs que la crise économique et la crise sociale sans précédent qu’il faudra aussi surmonter et cela c’est aux politiques de s’y atteler plutôt que de s’attacher à mettre en premier plan une élection départementale et régionale sur fond de présidentielle et qui pouvait être aisément reportée quand la situation serait à l’étale.  On perd son temps en débats inutiles et en palabres, en déclarations qui n’apportent rien aux problèmes qui actuellement sont à régler. Les mêmes désaccords ont eu lieu entre ceux qui, je l’estime, respectent les électeurs et pensent qu’on peut attendre que la crise se soit véritablement atténuée et reporter un scrutin qui n’est pas la préoccupation première de la population et les autres , les pressés quoi qu'il en coûte pour des raisons électoralistes sous couvert de principe du respect de " non confinement de la démocratie" .Je redis la même chose qu’avant les municipales :  « Il faut laisser aux citoyens le temps de se relever psychologiquement de cette crise qui n’est pas terminée pour eux, on le rappelle chaque jour à la télé de la part du gouvernement. On  ne va pas voter par obligation mais par envie. » De la part de celles et ceux des politiques qui ont voulu que les élections régionales aient lieu en juin, les arguments ne me semblent donc guère être pour la plupart recevables dans la mesure où ils ne tiennent pas compte, tout comme les municipales, des conditions démocratiques dans lesquelles se fera ce scrutin.

La décision est inepte avec des arguments sur le respect de la démocratie qui ne tiennent pas face aux préoccupations du moment et la manière dont la décision a été prise que de ne pas reporter. Et puis les leçons de démocratie de la majorité des députés qui votent contre le report mais aussi des partis qui ont été au pouvoir, je ne les accepte pas alors qu'ils n'ont et n’ont eu aucun courage politique pour mettre en place, par exemple, une amélioration de la représentation nationale qui n’est qu’actuellement qu’une caricature de démocratie. Et ça fait des dizaines d’années que ça dure. L’ élection des députés à la proportionnelle intégrale est seule susceptible de faire que tous les courants politiques soient équitablement représentés à l'assemblée nationale.

Le reste n'est que manipulation politicienne aux intérêts électoraux évidents pour ceux qui ne veulent pas de report. Chirac a vite fait de revenir à l’ancien système alors que Mitterrand avait eu le courage de faire une proportionnelle intégrale. Ensuite Sarkozy et celui qui aurait pu le faire, François Hollande élu par des électeurs de gauche qu’il a trahis et qui est responsable , lui et les « girouettes » qui ont gouverné avec lui de la destruction des valeurs d’une gauche à laquelle ils n’appartiennent plus .

Avec tout ce petit monde, on n’est pas prêt d’y aller vers plus de démocratisation et de représentativité réelle de la population. Emmanuel Macron a abandonné d’ailleurs l’idée d’une dose de proportionnelle pour les prochaines élections législatives. Pourquoi une dose ? Pourquoi pas la proportionnelle intégrale ?

Avec ces élections régionales et départementales, le citoyen que je suis n’est une fois de plus pas respecté et la confiance en la politique et le système démocratique de notre pays est une fois encore mise à mal et laissera des traces et affaiblira probablement l'expression démocratique et encouragera les abstentions ou les votes irréfléchis.

Irai je voter ? A la veille du scrutin, je n’ai pas encore décidé si je participerais ou non à ces élections qui comme pour les municipales sont biaisées d’avance. Dois je participer à une mascarade démocratique de plus ? Je pense néanmoins à toutes ces personnes, sincères, qui se sont mobilisées pour que le scrutin ait lieu. En tout cas je ne suis pas candidat pour être assesseur ou dépouiller.

A la revoyure...

Image par falco de Pixabay