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DÉCONFINEMENT: EMMANUEL MACRON A PUBLIÉ SON CALENDRIER - 1 sur 3
Emmanuel Macron a en effet publié son calendrier de sortie de « crise », comme il est dit, cette fois non pas en intervenant directement à la télé mais en faisant publier son interview dans la presse régionale pour paraître plus près du terrain. Tout cela a été précédé de divers déplacements dans certains des dits territoires pour distiller par bribes ce qu’il allait annoncer et préparer le terrain.
Je cite le président : « Je n’ai jamais fait de pari sur la santé et la sécurité de nos concitoyens. J’assume d’avoir fait des choix, mais ce ne sont pas des paris. Cela sous-entendrait que ce serait aventureux. Non. Nous avons été éclairés par la science et nous avons fait le choix de mettre l’humain avant tout. Dans l’humain, il n’y a pas que la gestion sanitaire mais aussi tout ce qui fait la vie des femmes et des hommes. La vie de la Nation ne se réduit pas à l’évolution des courbes.
Je suis obligé de regarder la conséquence de la fermeture d’une école, quand un enfant n’aura pas un repas par jour ; ou encore la conséquence quand on demande à un commerce de fermer plusieurs semaines. Je sais leur détresse aujourd’hui. Nous devons prendre tout cela en compte. »
Image par Arek Socha de Pixabay
LE HAUT NIVEAU D’INCIDENCE ET SON ÉVOLUTION
Au 1er mai 2021 :
L'épidémie de coronavirus progresse de 25 670 cas supplémentaires soit 1371 cas de plus que la veille mais 6963 de moins que samedi de la semaine précédente.
La moyenne « 7 jours passe » à 24 111 cas enregistrés quotidiennement contre 25 106 vendredi dernier.
Le taux d'incidence est à 267,88 cas pour 100 000 habitants contre 279,65 vendredi.
Dans les hôpitaux, on dénombre 28 603 patients hospitalisés pour Covid-19, en baisse de 327 par rapport à vendredi.
5581 personnes sont en réanimation soit 94 de moins.
Sur les dernières 24 heures 1246 malades ont été admis à l'hôpital soit 187 de moins que la veille et 122 de moins que samedi dernier.
310 admissions en réanimation soit 13 de moins qu'hier et 38 de moins que samedi dernier.
Le nombre de décès enregistrés en 24 heures à l'hôpital est en baisse : Avec 192 morts (hors Ehpad), on compte 78 décès de moins qu'hier et 25 de moins que samedi dernier.
Le taux de reproductivité R est de 0,89.Le taux de positivité est à 7,8 %
La tension hospitalière est globalement à 110,3 % avec des variations en plus ou en moins selon les régions.
On recense ce samedi 1er mai 2021 : 104.706 morts au total, soit 192 morts supplémentaires.
Pour ce qui concerne le nombre de décès en EHPAD et EMS cela fait 26.253 décès au total.
Le nombre total de décès en milieu hospitalier est de 78.453 (+192 en 24h).
Il faut donc constater que malgré la réduction de l’incidence depuis deux semaines, la diminution de la pression hospitalière reste peu importante et que les services de réanimation sont toujours en grande tension dans nombre de départements.
Quand on examine les indicateurs épidémiologiques ils sont à des niveaux plus élevés que ceux observés avant la levée du précédent confinement : 11 533 nouveaux cas en 24 heures (l’objectif était 5 000 qui n'a jamais été atteint mais a constamment augmenté), taux de positivité à 6,4 %, 8 503 hospitalisations dont 1 118 en réanimation ceci sur les 7 jours précédents soit une moyenne journalière d’admission en réanimation de 160.
Au vendredi 30 avril 2021 , il y avait 15.622.048 personnes qui ont reçu au moins une première dose de vaccin soit 23,30 % de la population Française et 6.765.896 sont totalement vaccinées ce qui représente 10,10 % de la population.
Il suffit donc de comparer ces quelques chiffres pour se rendre compte que nous allons lever des barrières avec des indicateurs épidémiologiques moins favorables que ceux de décembre 2020 et une incertitude sur le taux final de vaccinations avant l'automne.
Aujourd’hui à la veille de la levée des restrictions on voit bien qu’il faudra
- une forte adhésion aux mesures de prévention individuelles comme le masque et les gestes barrières
- une augmentation rapide et indispensable de la vaccination
si on ne veut pas que les capacités hospitalières débordent.
Ce sont les constats.
Image par Ahmad Ardity de Pixabay
LES SCÉNARIOS DE L’INSTITUT PASTEUR
Différents scénarios ont été étudiés notamment par l’Institut Pasteur, spécialiste en la matière qui prend en compte l’évolution de la contamination et les effets de la vaccination. On les retrouve sur le lien suivant : https://modelisation-covid19.pasteur.fr/loosening/Scenarios_de_levee_des_mesures_de_freinage_20210426.pdf
En bref :
Dans cette étude, publiée mardi 6 avril, plusieurs scénarios de sortie de crise sont possibles notamment en fonction du taux de vaccination. Et leurs prévisions sont claires : pour un véritable retour à la normale cet automne, il faudrait parvenir à un taux très élevé de vaccination.
"Même dans des scénarios optimistes, les intentions de vaccination actuelles des populations françaises pourraient ne pas permettre un assouplissement complet des mesures de contrôle. La vaccination des enfants, si possible, pourrait aider à atteindre cet objectif",
"Si la campagne de vaccination porte uniquement sur la population adulte, pour R0=4, il faudrait que plus de 90% des adultes soient vaccinés pour qu'un relâchement complet des mesures de contrôle soit envisageable", expliquent les scientifiques. Et si les vaccins sont efficaces et sûrs pour les enfants, ces chiffres pourraient être revus à la baisse : "la vaccination de 60-69% des 0-64 ans et de 90% des plus de 65 ans" permettrait d'atteindre l'objectif.
Le gouvernement doit donc convaincre plus de monde à la nécessité de se faire vacciner.
Il a été estimé que seuls 20% des Français sont immunisés hors vaccination.
« Le passage de 350 000 à 500 000 doses de vaccins distribuées par jour permettrait de réduire de façon substantielle l’intensité de la reprise.
Les projections sont dégradées si la diminution des hospitalisations du fait des mesures de freinage est plus lente que dans notre scénario de référence. Les projections sont plus favorables si l’augmentation de la transmissibilité du variant B.1.1.7 ( britannique)par rapport au virus historique est plus faible dans des conditions estivales (40% versus 60% dans le scénario de référence). Dans ce cas, un rebond épidémique resterait possible mais avec un pic de plus petite taille que celui de la troisième vague. »
« Il est difficile de quantifier l’impact du climat sur la transmission.Malgré ces limites, cette approche par analogie montre que l’effet du climat sur la transmission n’est a priori pas suffisant pour éviter un rebond de l’épidémie. L’accélération de la vaccination combinée au maintien d’un certain niveau de contrôle de l’épidémie sera essentielle pour éviter un tel rebond. »Image par 12222786 de Pixabay
OÙ NOUS MÈNE LE CALENDRIER ?
Le calendrier est à examiner avec sérieux. Il est inutile de critiquer pour critiquer mais on peut se poser nombre de questions car il est utile de savoir où on va réellement et faire la part des choses entre le sanitaire, la vie sociale et la marche économique du pays.
Je n’entrerai pas dans le débat des intentions cachées ou non de la campagne présidentielle qui commence. Il y a déjà assez de personnages qui se sont déclarés et qui utilisent l’épidémie pour se mettre en avant à l’occasion des régionales et des départementales (voir le début de mon analyse sur http://quaiducitoyen.eklablog.fr/des-elections-regionales-en-juin-2021-1-sur-2-a207460968 ).
Le calendrier serait fait pour donner l’espoir de voir le bout du tunnel pour l’été. Pourquoi pas et chacun y aspire. Mais il est clair aussi que c’est au prix d’un vécu avec la contamination latente quotidienne et donc avec le virus en embuscade si des faux pas sont faits. Je souhaite bien sûr que cela fonctionne mais j’ai de nombreux doutes quant à la perception véritable du danger, le premier étant le relâchement de la population au fur et à mesure de la libération d’un certain nombre de contraintes qui pourraient bien encourager inconsciemment nombre d’entre nous à croire que c’est fini et qu’on peut oublier certaines précautions notamment dans la sphère privée ou dans les lieux confinés avec beaucoup de monde rassemblé. J’espère me tromper.
Je sais que le président fonde beaucoup d’espoirs sur la vaccination qui certes prend un rythme de croisière. L’institut Pasteur le montre, si cette vaccination ne permet pas d’atteindre le plus tôt possible un nombre de français suffisant ce sera peine perdu. Il faut donc l’amplifier un maximum pour que les choix d’Emmanuel Macron puissent se concrétiser positivement.
Martin Blachier, épidémiologiste, a expliqué sur Cnews « que la qualité du déconfinement devait à tout prix être accompagnée d'un effort côté vaccination : " Cet été, on va pouvoir faire la fête, on va pouvoir se lâcher mais il va falloir se vacciner". Il estime qu'un risque existe pour les mois à venir : "Une fois qu'on aura repris une vie normale, ça sera un vrai challenge de vacciner la population et si elle n'est pas vaccinée, il y aura un risque à l'automne. Il ne faudra pas lâcher, on aura une parenthèse estivale et il faut profiter de cette parenthèse pour vacciner".
A la question de quel pourcentage de la population doit être vacciné pour éviter une vague à l’automne , Martin Blachier répond que « pour l'instant on ne peut rien dire. Cela dépend de notre capacité à vacciner 80% à 90% de la population. C'est entre nos mains"(antenne de France Bleu Paris ). Cela rejoint les études de l’Institut Pasteur.
Le gouvernement le répète avec raison, il faudra continuer d’appliquer les gestes barrières même si on est vacciné mais qu’en sera-t-il dans la réalité cet été ?… Je suis en droit de me poser la question car c’est bien la conjonction de plusieurs facteurs qui peut permettre d’aller vers le bout du tunnel et pas la seule vaccination. Le pari est là et quoiqu’en dise le président c’en est un même s’il est vrai qu’il faut lever quelques mesures pour permettre à la population de « respirer ».
C’est ce qu’estime un autre épidémiologiste ,Pascal Crépey, qui a rappelé, sur FranceInfo la lassitude de la population :"Après plus d'un an de crise, une fatigue s'est installée dans la population (...) La population a besoin d'espaces de liberté et de respiration. Si ces espaces ne sont pas ouverts de façon régulée et protégée, ils s'ouvriront eux-mêmes de façon incontrôlée." Selon lui , le calendrier de déconfinement est tenable si effectivement les Français appliquent scrupuleusement les gestes barrières.
Il a été aussi annoncé "des freins d'urgence" actionnés par les préfets au cas où, ici ou là, ça ne se passerait pas comme prévu. A espérer que si cela se produit les réflexes seront bons à savoir mobilisés suffisamment à temps pour freiner quand il le faudra...
Ces informations non exhaustives ayant été données, il faut revenir au calendrier et à la suppression progressive de certaines restrictions.
A suivre très prochainement...
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Tags : déconfinement, calendrier, situation épidémie, institut Pasteur, freins d'urgence, pari, choix