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COVID: DU COUVRE-FEU AU CONFINEMENT?
Ce dernier jeudi, Jean CASTEX a donc décrété le couvre feu généralisé à 18 heures à partir du samedi 16 janvier sur l’ensemble de la France pour tenter de contenir l’épidémie. Les « variants » anglais et sud africain sont sous surveillance, parait-il. De l’avis de tous les épidémiologistes, l’un des deux au moins va inéluctablement remplacer le virus actuel.
Selon les propos même du Premier ministre cette mesure de couvre-feu élargi fera peut –être ralentir la contagion qui pour le moment progresse. Il n’exclut pas un confinement mais veut l’éviter. Le pourra-t-il ? Rien n’est moins sûr. Alors pourquoi attendre que le pire arrive pour agir vraiment de manière préventive et ralentir tout de suite la propagation du virus, l’actuel et le nouveau variant ?
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UNE LENTEUR DE PLUS ?
Je veux bien convenir que les décisions soient difficiles à prendre vis-à-vis de l’opinion publique qui ne souhaite pas être confinée de nouveau mais avec le couvre-feu ne prend –on pas une demi mesure qui, aux dires de certains experts épidémiologistes, n’évitera probablement pas le confinement d’autant que l’on sait que le variant anglais est en France et que les mesures pour éviter qu’il s’introduise plus ne semble pas être pour le moment des plus restrictives notamment vis-à-vis de nos voisins européens où la situation de contamination est pire que la nôtre : Belgique, Allemagne, Italie…entre autres.
Va-t-on attendre encore une réunion européenne qui se ferait cette semaine pour avoir une position commune sur les mesures à prendre aux frontières ? Une fois de plus on perd du temps. Même si c’est complexe, l’Allemagne n’a pas attendu ni d’ailleurs la Belgique pour mettre en place des mesures de contrôles et de mise en quarantaine vis-à-vis de la France. Pourquoi , en l’attente de décisions communes ne fait-on pas la même chose ? Que de temps perdu alors que chaque jour compte !
Pour en revenir à l’éducation nationale et au fait qu’il n’y aura pas de confinement ni de fermetures des écoles, il convient de se poser un certain nombre de questions auxquelles n’a pas répondu, ce jeudi 14 janvier, le ministre Jean-Michel Blanquer. Le lundi 18 janvier 2012, les élèves et les enseignants sont allés à l’école…dans quelles réelles conditions de protection sanitaire ?
Le ministre en est resté sur ses splendides certitudes d’un protocole sanitaire de nouveau dit « renforcé »dans les établissements scolaires qui protégerait au maximum les enseignants et les élèves… une fois de plus en les avertissant en dernière minute. Mais il semble qu’en réalité le renforcement n’est que « peanuts » par rapport à ce qu’il aurait fallu prévoir…depuis longtemps.
J’y reviens dans mon prochain billet.Image modifiée Image par Clker-Free-Vector-Images de Pixabay
COUVRE-FEU OU CONFINEMENT OU LES DEUX ? OU UN MIXTE ?
Je veux donc bien comprendre que les décisions soient difficiles à prendre et que le gouvernement agit pour éviter d’imposer plus de restrictions peu faciles à supporter aux français.
Néanmoins, ce qui devrait le guider, ce ne sont pas les sondages d’opinion qui fleurissent chaque jour sur le fumier du virus mais bien l’intérêt sanitaire pour éviter un rebond incontrôlable qui mettrait nos services de santé au bord de la saturation voire de la rupture entraînant des morts mais aussi des détresses sociales qu’un confinement qui deviendrait alors strict et long pourrait induire.Les spécialistes sont partagés sur la mesure du couvre –feu à 18 heures. J’ai pu ici et là lire ou entendre leurs propos. L’un dans l’autre en écoutant ou lisant les uns ou les autres j’arrive à me faire une opinion.
Pour certains avancer de deux heures le couvre-feu va "limiter les rassemblements, les rencontres et les activités qui génèrent une plus grande transmission du virus". 18h est souvent le moment de la journée où les gens sortent du travail et s'adonnent à des activités de loisir.
J’ajoute quant à moi qu’ils n’iront pas non plus faire les courses. Mais quand le feront-ils s’ils travaillent et ne le peuvent dans la journée ? Cela ne va-t-il pas encombrer les hyper, super et autres le samedi et le dimanche et donc brasser beaucoup plus de monde que d’habitude en même temps. Les jauges seront-elles respectées ? A suivre donc.
Cela pourrait aussi dissuader des gens d’aller chez des amis « boire l’apéro ». Je ne pense pas qu' en général, les français en quittant le travail ont dans leurs premières préoccupations d’aller boire l’apéro. Cela ne me semble pas très commun si ce n’est dans certaines catégories sociales. Les gens ont d’autres choses à faire que d’aller boire l’apéro : faire les courses, aller chercher les enfants à l’école ou chez la nourrice... par exemple.
Plus sérieusement l'étude ComCor de mi-décembre révélait « qu'une large part des contaminations, hors du foyer, avaient lieu dans le cercle familial et amical (pour 33 et 21 % d'entre elles). Inciter à ne pas sortir après 18h, c'est donc aussi limiter pendant deux heures cruciales la rencontre entre les personnes, notamment à la sortie du travail ». Même remarque de Santé Publique France qui indique une "diminution franche de tous les indicateurs, plus marquée dans les premières métropoles mises sous couvre-feu".(Son bulletin épidémiologique du 30 novembre)
Valable donc sans doute pour les métropoles, le fait qu’on y observe un ralentissement plus précoce de l'augmentation du taux d'incidence où le couvre-feu a débuté le 17 octobre" comme l’explique Patrick Rolland, épidémiologiste et co-auteur de l’étude, mais est-ce pour cela qu’on doive l’appliquer ailleurs, en zone rurale par exemple, en entrainant toutes les difficultés que l’on connait : fermeture des petits commerces, impossibilité de faire les courses après le travail après être allés à l’école, la crèche ou chez « la nounou »…et les conséquences qui s’ensuivent pour faire le plein de provisions, le week-end, dans des magasins remplis ou des grandes et petites surfaces surchargées ?
Le 14 janvier, le premier ministre indique que "Selon les données disponibles à ce jour, cette mesure à une efficacité sanitaire… Puisque "dans les quinze premiers départements où le couvre-feu a été mis en œuvre à 18 heures dès le 2 janvier, la hausse du nombre de nouveaux cas y est deux, voire trois fois plus faible que dans les autres départements métropolitains".
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, expliquait lui aussi que "dans tous les départements qui ont adapté cette mesure, on a une augmentation du taux d’incidence de 16 %, quand les autres ont une augmentation de 43 %".
J’en retire l’idée qu’en bref, cela ne peut être que positif. Mais est-ce vraiment assez efficace pour ralentir la contagion ?
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Certains spécialistes en doutent ou sont sceptiques et avancent eux aussi des arguments sur la faiblesse de la mesure :
C’est l’avis du professeur Eric Caumes, chef des maladies infectieuses à La Pitié-Salpêtrière, et de l'épidémiologiste Catherine Hill ou de Martin Blachier épidémiologiste et médecin de santé publique qui affirme que "l’effet du couvre-feu à 18h est quasi nul". Selon lui, "toutes les mesures sur le couvre-feu ont été faites quand les bars, les salles de sport, et les restaurants, étaient ouverts. Étant donné que l'on évitait les rencontres dans ces lieux de contamination, c'était efficace. Mais désormais, tous ces endroits sont fermés. Ce dispositif montre surtout son efficacité sur les dîners, les soirées". Le couvre-feu à 20 heures "empêchait déjà ces rassemblements. Les gens sortent du travail, ils vont faire des courses, puis ils rentrent chez eux. Avancer de deux heures le début du couvre-feu, n’a aucune efficacité", Il estime que pour limiter la propagation du virus, "il faut aller voir ailleurs", en continuant par exemple "à privilégier le télétravail" ou encore en "travaillant sur l’organisation dans les cantines scolaires". Un avis que j’estime de bon sens. Sur ce dernier point, je reviendrai dans mon prochain billet à propos des protocoles sanitaires pour l’école où effectivement il y a danger d’une promiscuité pouvant favoriser la contagion et que les mesures souvent inapplicables sont insuffisantes.Je termine par deux autres avis.
Celui d’ Arnaud Fontanet, épidémiologiste et membre du Conseil scientifique, estime que la France « n’a pas beaucoup de marges de manœuvre si l’épidémie redémarrait ». (émission télévisée le Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro de ce dimanche 17 janvier). « Les scénarios montrent qu'on devrait arriver à tenir jusqu'au mois de mars. Malheureusement, par rapport aux variants, qui sont vraiment un changement dans la donne de cette épidémie, je n'ai pas d'argument rationnel pour vous dire qu'on ne va pas subir une progression de l'épidémie qui pourrait commencer en mars-avril ». A propos du variant : « Avant que le variant commence à faire parler de lui-même - et selon les scénarios qu'on a aujourd'hui c'est plutôt au mois de mars que sa poussée devrait se faire sentir -, eh bien il faut vider justement ces lits d'hôpitaux et ces lits de réanimation ». Pour arrêter la circulation du virus, « il faudra toucher des populations plus larges » par la vaccination affirme-t-il encore.
Celui du médecin généraliste Tura Milo (sur BFM TV le 30 décembre) qui jugeait "absurde" cette extension qui va "compliquer la vie des gens". Pour une réelle efficacité face à ce "haut plateau" actuel de l'épidémie en France, elle estime qu’il faudrait commencer à vacciner les personnes dans les départements plus durement touchés. Ce qui est une bonne remarque mais est-ce possible vu la situation actuelle de la distribution des vaccins en nombre limité?
Nous sommes prévenus. Le couvre –feu est une mesure qui peut sans doute avoir quelques effets mais il semble que ce soit une manière de gagner du temps avant que d’instituer un confinement quand il y aura probablement une montée du virus variant anglais.
C’est tout au moins comme cela que j’interprète tous ces avis et d’autres encore.
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POUR CONCLURE PROVISOIREMENT
Ce couvre feu avancé ne me semble être qu’un pis aller. On le sent bien à considérer la progression de la contagion y compris dans des zones comme l’ouest épargnées jusqu’ici.
Il apparaît comme plus "acceptable" qu'un confinement, surtout en période hivernale. Sans doute est-ce la position du gouvernement mais cette solution est-elle pour cela efficace ? Peut-être aurait-on pu confiner là où la situation est la plus difficile notamment dans les métropoles. Le gouvernement a-t-il peur de différencier par crainte des réactions de certains élus parfois prompts à brandir l’étendard de la discrimination ou à jouer la carte de l’électoralisme ? (Voir mon avis sur les guerres de chapelles : http://quaiducitoyen.eklablog.fr/covid-19-et-querelles-de-chapelles-1-sur-2-a202970170 ). Si cela était la raison, j’estime que le gouvernement manquerait de courage politique. Il doit se placer au dessus des querelles stériles et souvent motivées par des considérations électoralistes et les petits égoïsmes.
Ce ne sont pas les vaccinations qui nous mettront à l’abri en mars. Elles seront encore trop peu nombreuses sauf à considérer qu’il y aura toutes les personnes âgées de plus de 75 ans qui seraient vaccinés si toutefois nous avons assez de vaccins pour le faire. Avec les personnes à risque et les divers professionnels de santé, cela fait plus de six millions d’individus. Cela devra alléger les lits de réanimations mais comme la contamination sera plus importante…
Fin février , le vaccin Astra-Zeneca devrait entrer dans la danse. Pour lors il n'a pas encore reçu les autorisations de l'Europe. On se demande bien pourquoi alors qu'on l'utilise ailleurs. Plus simple à transporter car requérant une température de conservation identique à celles des vaccins habituels, il devrait permettre d'accélérer la vaccination.
Difficile donc de dire où on va au vu des incertitudes.
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Il faudra probablement confiner en n’espérant que ce ne sera pas trop tard pour freiner la contamination. Mieux vaudrait un confinement strict plus tôt et limité dans le temps que d’attendre et être obligé d’avoir un confinement plus strict encore et plus long... C’est un avis mais je ne suis pas un spécialiste. Mais politiquement ça se tient.
Et l’école dans tout ça ? Rien ne change ou presque …
J’y reviens dans le prochain billet…
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