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COVID 19 : L’ÉCOLE, PARENT PAUVRE DE LA PRÉVENTION SANITAIRE - 2 sur 2
Je reviens donc cette fois sur le contenu du protocole sanitaire super allégé pour les écoles. Je disais qu’il me semblait que le principe de précaution dont le gouvernement devrait faire une priorité pour assurer la santé des élèves et de leurs familles et du personnel, n’était pas réalisé. Il est parié sur une hypothétique faible contamination au niveau des enfants ce qui n’est en aucun cas prouvé de manière certaine quoi que puisse affirmer, monsieur Blanquer, ministre de l’Éducation nationale.
Image par Alexandra_Koch de Pixabay
L’ACTUEL PROTOCOLE SANITAIRE
De 56 pages ce qui était, il est vrai, beaucoup, le protocole est passé à 8 pages. Guidé par le souci des contraintes qui pourraient limiter l’accès des élèves à l’école ce protocole permet d’accueillir tout le monde… et aux parents de reprendre le travail ce qui est l’objectif majeur. Soit mais il me semble quand même que la préservation de la santé des élèves et des personnels n’est pas au cœur des préoccupations.
Je le disais dans le billet précédent, « plus de quatre enseignants sur cinq (81%) se sentent mal ou très mal protégés en classe face au Covid-19 »Je pense qu’il y a de quoi s’en faire. Je ne reviens pas sur les masques « Éducation nationale » qui ne protègent guère alors que les élèves eux ne portent pas de masques.
Par rapport au protocole de mai 2020, on est passé du tout au rien ou presque.
Qu’on en juge.
Dans les espaces clos :
En classe élémentaire, les élèves ne portant pas de masques, on est passé de la règle des 4m² de distanciation par élève à une règle de distanciation de 1m obligatoire à une règle de 1 mètre «lorsqu’elle est matériellement possible »...ça veut dire que dans les classes surchargées, on fait comme on peut c'est-à-dire pas.
La distanciation de 1 mètre ne s’applique pas dans les espaces extérieurs entre élèves
d’une même classe ou d’un même groupe, y compris pour les activités sportives.Mieux, en maternelle entre les élèves d’une même classe ou d’un même groupe aucune règle de distanciation ne s’impose que ce soit dans les espaces clos (salle de classe, couloirs,
réfectoire, …) ou dans les espaces extérieurs. La distanciation physique doit quand même être maintenue entre les élèves de groupes différents.Cette règle concerne tous les espaces clos : salles de classe, ateliers, bibliothèques, réfectoires, cantines, internats...
Ici donc la règle première de distanciation de un mètre qui est un minimum qu’on doit appliquer en dehors de l’école n’est même pas obligatoire !
Cela veut dire deux choses :
- La contamination entre enfants peut se faire quand on sait ce qu’est la vie de classe et d’une école ou à la cantine, ceux –ci ne portant pas de masque. Quand à l’enseignant, il n’est guère protégé par le masque « Éducation nationale » et un peu mieux s’il porte un chirurgical. Pour mémoire le masque est porté pour protéger « l’autre »… c'est à dire les élèves selon la théorie couramment diffusée.QUID des adultes qui encadrent?
- De retour à la maison, l’enfant qui aura été contaminé peut à son tour contaminer les membres de sa famille tout asymptomatique qu’il puisse être.
Mais monsieur Blanquer estime, selon ses sources, qu’il y peu de risques, les enfants étant jugés peu contaminés et contaminateurs. La source de monsieur Blanquer est –elle fiable ? A ce jour, on sait que des études se contredisent… Monsieur Blanquer fait donc un pari…
Image par PIRO4D de Pixabay
La désinfection des équipements et des objets :
« L'accès aux jeux, aux bancs et espaces collectifs extérieurs est désormais autorisé » alors qu’il ne l’était pas avant.
Donc il n’y a plus aucune précaution par exemple entre les utilisations de ces équipements par des élèves de groupes qui s’y succéderaient comme lors des récréations le long de la journée.
Les objets partagés au sein d'une même classe ou d'un même groupe peuvent être mis à disposition : ballons, jouets, livres, jeux, journaux, dépliants réutilisables, crayons...
Bref tout le monde peut toucher tout dans la journée…sans désinfection entre chaque utilisation par des élèves différents.
Une désinfection au minimum quotidienne est assurée ou alors les objets sont isolés 24 h avant réutilisation.
Ici encore, on ne respecte pas le fait que les objets peuvent être porteurs du virus d’un utilisateur à l’autre comme au supermarché quand les divers clients touchent les produits.
Si un isolement de 24 heures est suffisant pour tout ce qui est surface en carton ou papier, il ne l’est pas pour ce qui est plastique ou métallique.
On pourra rétorquer qu’il y a le lavage des mains. Cela n’a pas changé : Le lavage des mains doit être réalisé, a minima :
- à l’arrivée dans l’école ou l’établissement ;
- avant chaque repas ;
- après être allé aux toilettes ;
- le soir avant de rentrer chez soi ou dès l’arrivée au domicile.
Cela ne permet pas d’éliminer le risque de se contaminer en touchant les surfaces et son visage entre ces lavages.
Cerise sur le gâteau : Le lavage des mains aux lavabos peut se réaliser sans mesure de distanciation physique.
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La désinfection des locaux
Les consignes d’entretien pesant sur les collectivités locales sont allégées : retour à un nettoyage des locaux selon les modalités habituelles une fois par jour, désinfection des surfaces les plus fréquemment touchées une fois par jour (et non plusieurs fois par jour) par les élèves et les personnels dans tous les espaces communs (les poignées de portes, les interrupteurs...).
Entre deux occupations, sans doute que le virus reste sagement à sa place.
Les tables du réfectoire sont nettoyées et désinfectées après chaque service.
Les salles de classe et autres locaux devront être aérés régulièrement: toutes les trois heures pendant au moins 10 à 15 minutes et trois fois par jour (avant l'arrivée des élèves, durant les récréations et le midi, et le soir pendant le nettoyage des locaux). Cela me semble être la seule prise en compte de ce qu’on appelle la contamination par aérosol mais cela me semble insuffisant en cas de non port du masque par tout le monde ce qui est le cas.
UN PARI DANGEREUX
A grand renfort de communication et de visites « sur le terrain » le ministre Jean-Michel BLANQUER s’est contenté d’affirmer que les précautions maximales ont été prises pour assurer la sécurité des élèves , de leur famille et des personnels alors qu’à la lecture du protocole sanitaire il est clair qu’il n’en est rien . Je viens de le montrer.
10 jours après la rentrée des classes en France, 32 établissements scolaires (école, collège et lycée) et 524 classes ont fermé leurs portes en raison de cas de Covid-19. C’est ce qu’a annoncé le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, le 10 septembre lors d’une interview chez BFMTV.
Un nombre qui a augmenté de jour en jour donc puisque le ministre de l’Education avait établi un premier bilan le 4 septembre : 22 établissements étaient fermés (10 en métropole et 12 à La Réunion). Jean-Michel Blanquer avait d'ailleurs tenu à relativiser ces chiffres en précisant : « rapporté aux 60.000 écoles, collèges ou lycées que compte la France, c'est un chiffre relativement petit » ce qui n’est pas faux . Puis, au 7 septembre, on recensait 28 écoles et 262 classes fermées…
« Nous déclenchons à peu près 250 protocoles par jour. C'est-à-dire 250 suspicions de Covid-19. Ce qui est intéressant à noter, c'est que ces suspicions sont liées à des facteurs externes à l'école », « à des personnes qui souvent avaient pu être éventuellement contaminées avant la rentrée ou dans leur vie personnelle » avait indiqué le ministre.A ce jour, il est difficile d'avoir des chiffres officiels de fermetures d'écoles et de classes et de nombre d'élèves ou d'enseignants touchés par le COVID 19. Mais je n'ai peut-être pas assez recherché.
Il n’empêche que la contamination est possible chez les enfants. Le pari a été fait qu'elle ne nécessitait pas des mesures plus strictes.
Image par Johan Bolhuis de Pixabay
LES AVIS DIVERGENT SUR LA CONTAMINATION AU SUJET DES ENFANTS
Pourtant, le protocole sanitaire pour les écoles n’est pas au point et expose les enfants mais aussi les adultes, enseignants et parents à la diffusion du virus. Et ce n’est pas que moi qui le dit.
Même si les enfants sont peu touchés par le covid19 et sont asymptomatiques, ils sont aussi contaminants que les adultes selon d’autres sources scientifiques non prises en compte par le ministre de l’éducation nationale.
QUID des personnels à leur contact surtout quand on considère les actuels protocoles sanitaires clairement non protecteurs ?
QUID des familles au retour de l’école de leur enfant qui peut être contaminé mais qui n’ont pas de symptômes?
Cela a été confirmé par un collectif de médecins signataires d'une tribune publiée samedi 29 août sur le site internet du Parisien- aujourd’hui en France : « l'école n'est pas prête » à faire face à cette rentrée scolaire avec la menace du coronavirus. Le protocole sanitaire mis en place par les autorités « ne protège ni les personnels ni les élèves et leurs familles », ( https://www.lepoint.fr/societe/pour-un-collectif-de-medecins-l-ecole-n-est-pas-prete-pour-cette-rentree-29-08-2020-2389510_23.php ).
Ils font quatre recommandations :
« Compte tenu du protocole en vigueur, rien ne semble empêcher les écoles de devenir des clusters » (des foyers infectieux), alertent les signataires.
Ils proposent « de recommander le port du masque en lieu clos pour tous les élèves de plus de 6 ans », considérant que « les enfants de moins de 11 ans sont aussi contaminants que les adolescents ou les adultes ».
Cette question ne fait en effet pas l'objet d'un consensus. « Quand ils présentent des symptômes, les enfants excrètent la même quantité de virus que les adultes et sont aussi contaminants qu'eux » mais « on ne sait pas à quel point les enfants asymptomatiques peuvent infecter d'autres personnes », résume le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).
"Les enfants de moins de 11 ans sont aussi contaminants que les adolescents ou les adultes, comme l'ont rappelé les virologues allemands ou l'Académie américaine de pédiatrie qui, pour sa part, incite au port du masque dès 2 ans. Dans les écoles chinoises et sud-coréennes, le masque est porté dès la maternelle; en Espagne, en Italie et dans certains Länder allemands, il est obligatoire dès 6 ans."
Le collectif de médecins suggère d'alléger les classes « en alternant présentiel et enseignement à distance », de limiter les « contacts entre les classes » et d'organiser un « échelonnement des récréations et de la cantine ».
Il réclame également des règles plus strictes sur l'aération des locaux et « des procédures dédiées dans les zones de forte circulation virale » pour éviter de devoir fermer des écoles entières si un cas est détecté.
On se souvient qu’au mois d'avril, des pédiatres s'étaient mobilisés pour une reprise scolaire des enfants en argumentant que ces derniers sont moins souvent contaminés et moins souvent malades que les adultes. Le ministre de l’éducation nationale avait mis en avant une étude allemande qui disait la même chose .(http://quaiducitoyen.eklablog.fr/un-plan-de-de-confinement-sans-consensus-chapitre-1-l-ecole-a186167176)
Néanmoins , pour cette rentrée, dans une lettre ouverte du 19 août, sept sociétés savantes de pédiatrie déclarent : « Cependant, aujourd'hui, nous ne pouvons que nous montrer inquiets devant l'organisation de la rentrée telle qu'elle se profile, tant sur le plan de la prévention que de celui de la prise en charge des enfants". Le virus continuant à circuler en France, « il est certain qu'avec la rentrée scolaire et le retour en collectivité des plus petits, le risque de survenue de contamination par le SARS-CoV-2, aussi bien chez les enfants que chez les adultes qui les encadrent, est réel » Ils estiment que « si des stratégies claires et précises ne sont pas définies, la rentrée scolaire risque d'être "chaotique" avec des fermetures de classes voire d'écoles non justifiées par des raisons sanitaires ou épidémiologiques et dans tous les cas fortement délétères pour les enfants et leurs apprentissages »
On trouvera les motifs de leurs inquiétudes : https://www.topsante.com/medecine/maladies-infectieuses/zoonoses/ecole-lettre-ouverte-pediatres-638141
Et pourquoi n’a-t-on pas mis des moyens supplémentaires pour accueillir tous les élèves avec plus de sureté comme cela se fait dans d’autres pays en Europe ? En Italie en Irlande ou en Espagne on a recruté des milliers d’enseignants, ici ou là on limite les nombre d’élèves par groupe, on aménage des nouveaux locaux, on achète du matériel pour réduire les effectifs. Ainsi en Italie, les pupitres sont individuels. En l’absence de distanciation, le masque sera obligatoire pour les enfants à partir de 6 ans. Chaque établissement devra consacrer une salle pour accueillir les cas suspects de contagion et les isoler le cas échéant. Le gel et les masques sont aussi gratuits en Italie, en Espagne on achète des ordinateurs pour les élèves ne pouvant être exposés au covid 19…
POUR CONCLURE
Le gouvernement a fait donc un choix qui n’est pas celui du principe de précaution. A partir du moment où il y a doute sur la contamination des élèves et par les élèves, des mesures différentes devaient en tenir compte. Il a préféré prendre la solution la plus simple… A espérer que les « clusters » écoles ne se multiplieront pas… Le risque existe même si pour les enfants atteints par le COVID il n’y a très peu de formes graves* et de décès ( mais il y en a ), qu’en sera-t-il du degré de contamination des adultes qui les encadrent ou des adultes de la famille ? Les avis divergent comme le montrent certaines études** .
A chacun de juger.
Pour ma part, j'estime que l'école est bien le parent pauvre de la prévention sanitaire face au COVID 19.
Image par DarkmoonArt_de de Pixabay
* En France, les données de surveillance montrent que les enfants sont moins touchés par la maladie Covid-19 et représentent moins de 1% des patients hospitalisés et des décès, rapporte Santé Publique France, le 1er octobre. Selon cette même source :
- 33 enfants âgés de 0 à 14 ans sont hospitalisés au 29 septembre 2020 pour Covid-19 dont 7 en réanimation.
- 3 décès d'enfants âgés de 0 à 14 ans ont été enregistrés lors d'une hospitalisation pour Covid-19 en France, depuis le 1er mars. Un décès est survenue au cours de la semaine 39 (21-27 septembre).
- Il faut quand même préciser que "la très grande majorité des études portant sur le Covid 19 chez l'enfant ont été réalisées en période de confinement, alors que les écoles avaient leurs portes fermées, ce qui a pu freiner en soi la propagation du virus dans cette population. Les connaissances sur le coronavirus chez l'enfant devraient donc continuer à s'affiner en France." Pour lors de cet affinement je n'ai lu aucune "littérature" comme disent les scientifiques.
- Dans le monde, les cas les plus graves ont été rapportés aux Etats-Unisavec l'annonce des premiers décès : un bébé de neuf mois mort du coronavirus, le 29 mars, puis d'un second âgé de six semaines, quelques jours plus tard. Au Royaume-Uni un enfant de 5 ans est décédé du Covid-19 le 4 avril. En Italie, pays le plus endeuillé par l'épidémie de coronavirus, au 23 mars, sur les près de 58 000 cas Italiens, 597 étaient des enfants et adolescents de moins de 18 ans (soit 1%). Le taux d'hospitalisation des enfants était à cette date de 11% (17,5% chez les moins de 1 an et 7% chez les plus de 7 ans). Aucun enfant n'a eu recours aux soins intensifs, selon les données de Istituto Superiore di Sanità italien. En Chine, pays d'où la pandémie est partie, la revue Pediatrics rapporte 2 143 cas d'enfants chinois, dont 125 cas graves mais seulement 18 critiques et un décès.
**Contrairement à ce qui a été pensé au départ de l'épidémie de coronavirus, les enfants ne transmettraient pas plus le virus que les adultes. "Lorsqu'ils présentent des symptômes, les enfants excrètent la même quantité de virus que les adultes et sont donc contaminants comme le sont les adultes" selon Santé Publique France dans son rapport d'août 2020.
Une étude menée par des chercheurs américains, publiée dans JAMA Pediatrics le 30 juillet a montré que les jeunes enfants pouvaient potentiellement être des facteurs importants de transmission du virus. car "ils ont des quantités élevées d'ARN viral du SRAS-CoV-2 dans leur nasopharynx par rapport aux enfants plus âgés et aux adultes" expliquent les auteurs dans leurs conclusions. « La présence du SARS-CoV-2 était "10 à 100 fois supérieure" dans les voies respiratoires de ces enfants. »
Dans ce même rapport d'août 2020, Santé Publique Franceindique que "les investigations des cas en milieu scolaire suggèrent que la transmission d'enfant à enfant en milieu scolaire est rare" : "Si la distanciation physique et les mesures d'hygiène sont appliquées, il est peu probable que les écoles constituent des environnements de propagation du virus plus favorables que les environnements professionnels ou de loisirs avec des densités de population similaires."
La majorité des enfants infectés et allant à l'école le seraient par l'intermédiaire d'une exposition intra-familiale à un cas suspecté ou confirmé chez un adulte, a montré une étude menée par l’institut Pasteur (https://www.pasteur.fr/fr/espace-presse/documents-presse/covid-19-ecoles-primaires-pas-transmission-importante-du-virus-entre-enfants-ou-enseignants ).
Lors d'une conférence de presse le 17 septembre, le ministre de la Santé Olivier Véran indiquait que "les enfants jeunes sont peu actifs dans la chaîne de transmission du coronavirus, le risque de transmission existe principalement d'adulte à adulte, d'adulte à enfant mais rarement d'enfant à adulte et d'enfant à enfant. Cela signifie que les enfants en primaire, maternelle, crèche sont peu susceptibles de se contaminer entre eux."
On trouvera d’autres sources quant à la contamination citées par le journal le monde :
et
« COVID 19 : L’ÉCOLE, PARENT PAUVRE DE LA PRÉVENTION SANITAIRE - 1 sur 2COVID 19, ÉCOLE ET PROTOCOLE SANITAIRE : LE MÉPRIS TECHNOCRATIQUE »
Tags : école, Blanquer, covid 19, protocole sanitaire, prévention, contamination, enfants
- La contamination entre enfants peut se faire quand on sait ce qu’est la vie de classe et d’une école ou à la cantine, ceux –ci ne portant pas de masque. Quand à l’enseignant, il n’est guère protégé par le masque « Éducation nationale » et un peu mieux s’il porte un chirurgical. Pour mémoire le masque est porté pour protéger « l’autre »… c'est à dire les élèves selon la théorie couramment diffusée.QUID des adultes qui encadrent?