• BUZZ : FANTASME DE L’UNIFORME A L’ÉCOLE, LE RETOUR - 1 sur 2

    J’apprends donc qu’ une proposition de loi du Rassemblement national visant la généralisation du port d’un uniforme dans les écoles et les collèges sera discutée ce jeudi à l’Assemblée nationale.

    Cette proposition serait soutenue par le groupe LR de l’assemblée ce dont je ne m’étonne pas vu que ce parti quand il était au pouvoir sous un autre nom a fait tout le nécessaire pour casser l’école de la République en favorisant l’école privée. Et ces gens là ose encore mettre dans leurs arguments que l’uniforme est un facteur de laïcité.

    Et puis, Brigitte Macron dite « la première dame » se déclare comme favorable au port de l’uniforme à l’école…

    L’UNIFORME À L’ÉCOLE:  FANTASME DE POLITICIENS HORS SOL - 1 sur 2

    (Exemples d'uniformes d'un lycée japonais : de gauche à droite, un sailor fuku, un gakuran et un uniforme féminin « occidentalisé ». Téleversé par CyberCobra, 2juin 2006, Domaine public) 

    AVANT PROPOS

    J’ai déjà eu l’occasion en 2019 de donner mon avis sur le sujet alors qu’un certain Bernard DEBRÉ, élu de la république,(décédé le 13 septembre 2020) affirmait que le port de l’uniforme dans les écoles, les collèges et les lycées devait « redevenir la règle. Cela permettrait de redonner aux élèves la conscience qu'être à l'école, c'est être dans un lieu spécifique, républicain et protecteur". Il était soutenu par une quarantaine de député de son groupe, l’UMP.

    Nombre de journalistes reprennent d’ailleurs, à cette occasion et aujourd’hui aussi, ce qu’ils appellent le « retour de l’uniforme » alors que , comme le  rappelle l’historien Claude Lelièvre, spécialiste de l’éducation : « il n’y a jamais eu de loi, préconisant un uniforme ou le port d’une blouse uniforme à l’école »,« En revanche, il y a eu dans des collèges ou des lycées, publics comme privés, une obligation d’en porter un. Mais c’était pour magnifier ces établissements, souvent huppés d’ailleurs, et non pas pour des raisons d’égalité ou d’identité nationale. » Plutôt que de sauter à pieds joints sur le « BUZZ » du jour, certains chroniqueurs feraient bien de s’informer avant que d’écrire ou dire des iapproximations. Passons.

    Alors qu’en Europe la guerre fait rage en Ukraine, que les français doivent faire face à une crise de l’énergie, qu’on va leur asséner une réforme injuste des retraites, que l’école va encore perdre des centaines de postes de professeurs qui sont déjà en nombre insuffisant certains n’ont pu s’empêcher de ressortir ou appuie un débat que j’estime pour le moins poussiéreux et hors sol : celui du port de l’uniforme à l’école qui selon eux réglerait nombre de problèmes. C’est un leurre. Je vais y revenir.

    Le ministre de l’éducation, Pap Ndiaye, a heureusement pris position la semaine dernière sur BFMTV en affirmant ne pas vouloir « ouvrir ce débat, en tout cas à l’échelle nationale »« Je ne veux pas de loi à ce sujet. Imposer l’uniforme à tous les élèves, c’est non ».

    Heureusement, depuis j’ai appris que la proposition de loi n’était pas passée... 

    L’UNIFORME À L’ÉCOLE:  FANTASME DE POLITICIENS HORS SOL - 1 sur 2

    ÇA BUZZE...POUR NOUS

    On débat donc sur le sujet, on discute, on fait des sondages en demandant l’avis des lecteurs ou des auditeurs ... sur le port de l’uniforme à l’école, comme si c’était la solution première à examiner pour régler les problèmes que nous avons dans la société par rapport à la citoyenneté des jeunes... en oubliant parfois celles des adultes. On fait apparaître cette solution comme indispensable et première parce que ça fait le « buzz », une fois de plus.

    Je le disais donc en 2019 et cela s’avère toujours vrai car rien ou si peu n’a été fait depuis : « Les incivilités, l’indiscipline, les refus, les problèmes de non respect des autres : il est donné ici l’impression qu’on les découvre alors que les malaises et les expressions de mal être de certains jeunes progressent depuis des années sans que soit fait « grand chose » pour apporter les véritables solutions aux problèmes. Tous ceux qui sont quelque peu allés sur le terrain des établissements scolaires comme les professeurs, les directeurs d’école ou même les membres d’associations de parents d’élèves ont pu voir les choses évoluer de manière négative.

    Les suppressions de postes d'enseignants et d'encadrants de la précédent législature, la suppression de la formation des enseignants n'ont probablement rien arrangé. Lâcher un jeune professeur devant une classe et notamment dans un quartier dit sensible, sans formation à la psychologie, à la pédagogie ou à la gestion des conflits dans une classe n'était certes pas le meilleur moyen d'améliorer la prise en charge des élèves...

    Faire de l’uniforme une règle pour « de redonner aux élèves la conscience qu'être à l'école, c'est être dans un lieu spécifique, républicain et protecteur » cela me semble complètement illusoire, réducteur et décalé par rapport aux problèmes auxquels nous avons à faire face y compris les réactions de certains élèves de refuser de faire une minute de silence pour les victimes des attentats de ces derniers jours. On peut déjà se poser la question de savoir en quoi le port de l’uniforme aurait donné envie de participer à la minute de silence ? Le problème ne se situe pas du côté du port de l’uniforme ou pas. Comme le dit un vieux proverbe : ce n’est pas l’habit qui fait le moine. » 

    Pendant qu’on raconte les fantasmes de la théorie désuète de « c’était mieux avant », dénuée de tout intérêt pour les élèves et l’école d’aujourd’hui , on ne parle pas des véritables moyens qu’il faudrait pour la refonder...

    L’objectif non avoué que je perçois donc : occuper l’espace médiatique... avec ce que j'appelle des fadaises.

    CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE  6 : PROJET ET PROGRAMME FRANÇOIS FILLON 4 sur 4

    (CC0 domaine public 1849)

    J'écrivais, également sur mon blog, lors de l'examen des programmes des candidats aux présidentielles de 2017, à propos de celui de FRANÇOIS FILLON qui était dans le même fil de pensée de cette école fantasmée qui n’a jamais existé que dans l’esprit embrouillé de politiciens du passé :

    "Tout transpire le « c’était mieux avant » très racoleur mais absolument vide de sens quand on sait ce que sont les élèves de notre siècle.(...) La vue conservatrice des évolutions de l’école « revenir aux temps jadis », le leitmotiv facile pour revenir en arrière alors qu’il faut aller de l’avant. Retour vers le futur sans donner plus d’explications sur la machine à remonter le temps qui fera qu’en appliquant des recettes du passé on améliorera le présent et le futur :

    Comment prend-on en compte le développement des inégalités, la révolution numérique, les modes de vie en constante évolution, les rythmes des vacances scolaires, le soutien des élèves en difficulté dès le plus jeune âge... ? Sûrement pas en voulant mélanger dans un gloubi-boulga qui sent le rance des mesures sans queue ni tête qui se veulent autoritaires mais ne serviront pas l’autorité.

    On met donc en avant des costumes ou des uniformes pour racoler la nostalgie d’une école fantasmée par des individus, soi-disant élites de la nation mais hors sol, qui méritent le bonnet d'âne qu'ils vénèrent, le coup de règle sur le bout des doigts qu'ils ont sans doute appréciés ou la mise au coin qui leur a sans doute forgé le caractère pour peu qu'ils aient eu à les subir... »

    Les bonnes réponses aux problèmes actuels de l’Ecole sont dans sa vraie refondation, pas celle insuffisante et qui a avorté de François Hollande et la cohorte de ministres qui se sont succédés mais en réfléchissant et en agissant sur de nombreux points que j’ai déjà sur ce blog exprimés, notamment au niveau du renouveau de la pédagogie qui ferait que cette refondation serait ou ne serait pas mais aussi grâce à la formation- qui est actuellement insuffisante , tant initiale que continue- des enseignants qui doivent aussi avoir une juste reconnaissance de leur fonction et des moyens à hauteur de la tâche. Ces conditions ne sont pas réunis. On se contente de gadgets ou de rustines comme l’a fait Blanquer et continue de le faire, hélas, Pap Ndiaye avec ses heures de soutien au détriment de la technologie. On continue de plus de supprimer des postes...

    L’uniforme est une solution trompeuse et dangereuse car elle n’est que superficielle et ne s’attaque pas en profondeur aux problèmes qui sévissent dans notre société parmi les jeunes.

    Je vais y revenir car je ne me contenterai pas d’affirmer.

    L’UNIFORME À L’ÉCOLE : FANTASME DES POLITICIENS HORS SOL 2 sur 2

    (Auteur Pixel1, CC0 domaine public)

    LES « ARGUMENTS » DU RN, DE LR ET DE BRIGITTE MACRON

    Je commencerai donc par les propos rapportés de la « Première Dame »(Le Parisien du 11 janvier 2023)  et qui se déclare favorable au port de l’uniforme à l’école :

    « J’ai porté l’uniforme comme élève : quinze ans de jupette bleu marine, pull bleu marine. Et je l’ai bien vécu. Cela gomme les différences, on gagne du temps – c’est chronophage de choisir comment s’habiller le matin – et de l’argent – par rapport aux marques », a déclaré la première dame, interrogée par sept lecteurs du quotidien. « Donc je suis pour le port de l’uniforme à l’école, mais avec une tenue simple et pas tristoune ».

    Madame Macron n’a fréquenté que des collèges et lycées privés durant sa scolarité où effectivement on portait l’uniforme. C’était ainsi. Il faut donc rappeler comme le font nombre d’historiens «qu'il n'y a jamais vraiment eu d'uniforme en France dans les écoles» hormis dans quelques lycées et collèges publics «haut de gamme», mais plutôt «des blouses à l'école» pour protéger les habits. « L’uniforme était porté dans un petit nombre d’établissements privés où sa fonction était de marquer justement une différence de rang et de classe avec les autres. Ça perdure encore dans quelques institutions, peu nombreuses de nos jours. »

    Mais le plus gênant me semble être que Brigitte Macron montre par ses commentaires plutôt hors sol et bien légers qu’elle n’est pas au fait des réalités vécues par la plupart des familles et des élèves : La jupette ou le pull de couleur bleu marine ne gomment pas les différences, ne font pas non plus gagner du temps car pour la plupart des élèves, ils n’ont pas une garde robe qui leur impose de choisir de manière « chronophage » leur tenue du matin sauf sans doute chez certaines familles très aisées et encore...argument qui frise le ridicule qui est en tout cas hors sol. Quant à l’argent, un uniforme coûte cher… Pas sûr que ça soit à la portée de toutes les bourses à moins qu’on ne veuille inutilement faire dépenser l’allocation de rentrée scolaire pour magnifier l’établissement dans lequel on est scolarisé. Les expériences de 2019 à PROVINS et à Béziers ont fait un big FLOP.

    Les arguments du RN (et ceux de LR) : « éviter la pression » des « islamistes » et de mettre fin au « concours aux habits les plus chers, les plus luxueux, les plus à la mode » sont tout aussi simplistes et erronés.  Le jeudi 12 janvier, sur France Inter, le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy déclare que l'uniforme à l'école "limite les inégalités sociales" et permet de mieux faire respecter la laïcité. C'est totalement illusoire. Je vais y revenir.

    Aux arguments pour le port de l’uniforme à l’école du type "esprit de corps, sentiment d’unité, garantie de l’égalité d’apparence des élèves, moyen de lutter contre la dictature des marques ou le racket", on ajoute donc maintenant "moyen de lutte contre le terrorisme".   Ce n’est vraiment pas la première mesure à mettre en place et que c’est complètement inapproprié voire simpliste pour faire face à la grave situation actuelle.

     

    Je vais donc revenir, dans le prochain écrit, sur ces « arguments » bien légers et simplistes pour justifier de faire porter de manière obligatoire un uniforme à tous les élèves de France ...

    EDUCATION NATIONALE: LA CASSE À MACRON via BLANQUER - chapitre six

    LA LAÏCITÉ A ÉTÉ MALMENÉE PAR LA CLASSE POLITIQUE

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