-
ALERTE EN MOSELLE ET DANS LE DUNKERQUOIS : LE PARI DE L'OBSTINATION
Deux situations différentes qui interpellent pour nombre de raisons :
En MOSELLE : Trois cents cas de contamination aux variants apparus en Afrique du Sud et au Brésil ont été recensés en quatre jours dans le département et 35% des personnes ont été testées positives.
Dans le DUNKERQUOIS : "...les taux d'incidence sur la communauté urbaine de Dunkerque et la communauté de communes des Hauts-de-Flandre (…) atteignent respectivement 485 et 424 cas pour 100 000 habitants (contre 208 au niveau national)", indiquait mercredi soir l'Agence régionale de santé (ARS) dans un communiqué. "le taux de pénétration des variants anglais est trois fois supérieur à la moyenne régionale et six fois supérieur à la moyenne nationale, avec un niveau de 485 contre 208 dans le Nord (…) Le variant anglais pourrait avoir une contagiosité 50% à 70% plus élevée que celle de la souche originelle, selon les évaluations de plusieurs études scientifiques. D'après le centre hospitalier de Dunkerque, au cours de la semaine du 1er au 7 février, 33% des prélèvements pour le Covid-19 ont été détectés positifs au variant B.1.1.7(dit variant anglais), "soit une augmentation de 10% par rapport à la semaine du 25 au 31 janvier » (source La Voix du Nord).
A Dunkerque quand les masques n'étaient pas chirurgicaux...
image 2013 - de Marie-Lan Nguyen / Wikimedia Commons CC BY 2.5
L’ACTION DU GOUVERNEMENT
Dans les deux cas, même si les situations sont différentes, le point commun est l’alerte donnée par un taux de contamination qui est bien au dessus des chiffres nationaux sur lesquels se repose la stratégie d’Emmanuel Macron de ne pas confiner : Les autres départements français sont beaucoup moins touchés par ces deux variants, avec entre zéro et "près de 40 cas" (en Dordogne), et une proportion "de l'ordre de 4% à 5%" de l'ensemble des cas positifs à l'échelle du pays ( le ministre de la Santé, jeudi dernier).
On aurait donc pu croire que devant ces chiffres hors normes, des mesures adaptées auraient pu être prises pour freiner dans ces secteurs la propagation de la montée du virus qu’il soit variant ou habituel. Il n’en est rien , même après la visite du ministre de la santé en Moselle. On en reste aux mesures générales et à des mesurettes locales.
En MOSELLE : le préfet estime que les mesures sont « à ce jour suffisantes » « Il n'y a pas de fermeture généralisée des écoles » ni de « confinement » local. 100 classes sur 4 000 étaient fermées en Moselle. Dès lundi dans les écoles du département, pour chaque cas positif, la classe sera fermée et l'élève positif sera isolé dix jours au lieu de sept. Il n'y aura pas non plus de restriction de déplacement.
Dans le DUNKERQUOIS : la préfecture du Nord a annoncé samedi un renforcement des mesures contre le Covid-19 dans le Dunkerquois pour tenter de contenir une situation qui s'est « dégradée brutalement ». Pas de fermeture des écoles mais un décalage de l'arrivée et la sortie des classes dans les écoles maternelles et élémentaires pour d'éviter les attroupements et un fonctionnement des collèges et lycées « en mode mixte (présentiel/distanciel) pour réduire le nombre d'élèves présents ». Les collèges vont rester ouverts, mais avec moins d'élèves présents dans les salles de classe. Le port du masque devient obligatoire dans l’espace public… Il faut éviter de se déplacer hors du périmètre communautaire ou de la CCHF.
Pourtant selon la préfecture la situation s’est dégradée : "un taux d'incidence de 515 cas pour 100 000 habitants, contre 384 il y a une semaine, tandis que la présence du variant anglais s'est accélérée sur le territoire".
Dans les deux territoires on va mettre plus de doses pour vacciner ce qui est une bonne chose mais cela n’est qu’illusoire car ça ne résoudra rien tout de suite alors que la situation demande des mesures urgentes.
Image par Gerd Altmann de Pixabay
Ce n’est plus une stratégie assumée à laquelle on a affaire comme je le disais dans un de mes récents billets quand la situation semblait être « tenue » dans l’ensemble du pays.( http://quaiducitoyen.eklablog.fr/covid-halte-a-l-angoisse-du-lendemain-a205389508 )
Au vu de l’évolution de la contamination dans les territoires cités plus haut , le pari est de retour. La stratégie nationale est incapable de s'adapter.Il ne faut pas s’en étonner notamment au niveau des écoles, le ministre Blanquer, consulté par le ministre de la santé sur la fermetures des écoles en reste à ses protocoles, parfois inapplicables dans certains endroits.
Il renforce, parait-il mais en réalité, il allège. L’expresso du 13 février indique qu’ « en pleine expansion des variants du Covid 19, le ministère de l'Education nationale vient de modifier discrètement ses consignes sanitaires en revenant sur les cas de fermetures de classes. Une décision prise pendant des congés scolaires qui va à contre-sens du discours gouvernemental sur la nécessité de contenir la propagation des nouveaux variants. Et qui va mettre en danger personnels et élèves dès le retour des vacances. »
La première modification concerne les maternelles, des classes où les enfants ne sont pas masqués. La version du 8 février déclarait les personnels comme cas contact à risque après la découverte d'élèves malades s'ils sont de fratries différentes. Dorénavant ces personnels restent en poste : "une étude approfondie des contacts déterminera" s'ils sont cas contacts.
La même règle s'applique en école élémentaire et dans le second degré. Dans le texte du 8 février, quand 3 élèves sont malades, tous les élèves et les personnels sont cas contacts à risque. Le 12 février : "une étude approfondie des contacts déterminera si les personnels de la classe doivent être considérés cas contacts".
Le variant britannique n'entraine plus donc de fermeture automatique.
( les détails dans l’Expresso du 13 février : http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2021/02/12022021Article637487417571258240.aspx )
L’expresso précise : « Alors qu'un tiers des élèves sont en vacances, 1599 classes ont été fermées contre 934 la semaine précédente. »
Image par Alexandra_Koch de Pixabay
POUR CONCLURE
C’est un nouveau pari du ministre de l’éducation nationale qui n’a eu de cesse depuis des mois de minimiser les possibilités de contamination chez les élèves jeunes. Pourtant, il est maintenant clair contrairement à ce qu’il a toujours affirmé comme je l’ai signalé dans mon précédent billet que la question de la contamination de leur entourage par les enfants, et donc de l'effet levier des écoles sur l'épidémie est préoccupante. Une des dernières études scientifiques publiées et mise en ligne le 18 janvier dernier dans la revue scientifique The Lancet , menée par des chercheurs chinois et américains ont analysé la transmission du Covid dans les foyers, grâce à un échantillon de plus de 29 500 cas positifs à Wuhan,là où a commencé l' épidémie . ( Information trouvée sur le site Internaute, mis en ligne le 26/01/2021). Les conclusions : "si les enfants et les adolescents sont moins sensibles à l'infection que les adultes, ils sont plus contagieux une fois infectés que les plus de 20 ans", "Une fois infectés, les enfants et les adolescents sont aussi susceptibles que les adultes de développer des symptômes, mais beaucoup moins susceptibles d'avoir une maladie grave". Cependant l'échantillon a démontré que "les cas de moins de 20 ans sont près de 60% plus susceptibles d'infecter d'autres personnes que les cas de 60 ans ou plus".
Cette obstination à ne pas prendre en compte ne serait ce que localement des situations comme celles de la Moselle ou du Dunkerquois pourrait mettre en danger nombre d’élèves, les enseignants et les familles. Comme je le disais récemment cela représente plus de 17 millions de personnes.
Selon les situations il ne faut pas attendre qu'il y ait des contaminations mais faire le nécessaire pour qu'il n'y ait pas un élève ou un enseignant de plus de contaminé ce qui entraîne la contamination familiale.S'il faut fermer les écoles à une semaine des vacances on ferme. On a tout à y gagner. Faut arrêter de prendre des décisions doctrinales nationales qui ne correspondent pas aux réalités locales. Ce manque de souplesse d'adaptation d'une stratégie nationale pourrait coûter cher...en vies.
Il faut arrêter les attitudes généralistes basées sur des chiffres nationaux et travailler sur les détails des situations de terrain qui nécessitent, après diagnostic, d’autres mesures différenciées y compris celles allant plus loin que celles appliquées au niveau national.
Il n'y a aucun mal à changer d'avis. Pourvu que ce soit dans le bon sens.
Comme le disait Emmanuel Kant : "Le sage peut changer d'avis; l'obstiné, jamais."
A voir si l’obstination se poursuit…
« CONFINEMENT VS COUVRE FEU ET MESURETTES - 3 sur 4 - L’ECOLE suiteCOVID A DUNKERQUE : TAUX D’INCIDENCE 901!!! »
Tags : Moselle, Dunkerquois, covid, variant, adpatation, souplesse, doctrine