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12 MAI : UNE RENTRÉE SCOLAIRE A MARCHE FORCÉE - 1 sur 2
Ce 11 mai, alors que les enseignants peuvent pour la première fois sortir de leur confinement pour se réunir et se préparer pour la « rentrée » de demain (ou plus tard dans la semaine…), il m'était indispensable de faire le point sur cette rentrée scolaire que j’estime précipitée et qui à l’évidence est mise en place à marche forcée. Une forme de mépris des réalités et de ceux qui seront à l’œuvre dans les écoles pour appliquer les directives autoritaires d’un ministre de l’éducation nationale et d’un gouvernement qui n’ont pas conscience, une fois de plus, des réalités du terrain.
Et c'est aussi pour avoir une pensée pour celles et ceux , parents, élèves et enseignants, directeurs d'école (et ex collègues) et mes proches qui sknt dans cette galère d'une reprise de l'école pour laquelle il est difficile de trouver des qualificatifs tant elle est imprévue, difficile, hors normes sauf celles que les gouvernants actuels veulent de manière inconséquente imposer d'en haut sans se soucier du terrain et de ceux qui y vivent au quotidien.
Image par Med Ahabchane de Pixabay
ACTIVEZ-VOUS QU’ILS DISAIENT…
Oui, les maires s’activent avec leurs services, les enseignants et les directeurs d’école s’activent, les parents sont dans l’expectative. Beaucoup se posent des questions mais s’activent quand même pour suivre le mouvement de la marche forcée pour faire une rentrée des élèves dans les classes maternelles et élémentaires. Oui, car il s’agit bien d’une marche forcée en instituant chez nombre de ces gens des craintes, des questionnements, voire des peurs, une boule au ventre parce que Jupiter Macron a décidé qu’on ouvrirait les écoles à partir du 11 mai ceci sans se préoccuper des incidences que cela pourrait avoir sur les enfants , les parents, les enseignants et les maires des collectivités locales. Un marathon a dû s’organiser après le 1er mai après que le gouvernement ait communiqué une version du protocole sanitaire national devant faire office de référence pour la réouverture des écoles à partir du 11 mai, laissant quelques 4 jours « ouvrables » aux acteurs de terrain pour s’organiser : Un mépris des réalités de ceux qui devaient mettre en place leurs décisions technocratiques. Mais ça n’est pas leur préoccupation car la vraie, celle qu’ils ne veulent pas avouer, c’est le motif économique qui anime tout cela pour ainsi « utiliser l’école avec ses enseignants » comme une vaste garderie afin que les parents reprennent le travail. Les prétextes visibles et annoncées ne sont que des faux semblants. Je vais y revenir.
Et pour en ajouter à ce mépris, le protocole sanitaire publié le 1er mai a ensuite changé. Une nouvelle mouture a été renvoyée aux directeurs d’école le 3 mai ce qui confirme l’attitude technocratique complètement hors sol inconsciente des réalités qu’on peut vivre sur le terrain. Des modifications sensibles ont été faites pour soi-disant faciliter la mise en place des protocoles sanitaires. On a continué néanmoins de demander aux maires et aux enseignants de tout résoudre pour le 11 mai. (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/retour-a-l-ecole-le-11-mai-la-boule-au-ventre-1-sur-2-a186374972 ).
Dans la tête d'une prof d'école face à la précipitation qu'on veut lui imposer:
Image par S. Hermann & F. Richter de Pixabay
UNE DÉCISION BASÉE SUR UN PARI INCONSÉQUENT
Il faut le rappeler, si on veut faire un vrai point. Ce pari c’est celui du degré de contagion des enfants…
Tout cela a été décidé d’en haut sans même prendre la peine de consulter les premiers concernés qui œuvrent dans les écoles et qu’on va une fois de plus prendre pour des pions, taillables et corvéables à mercy sans tenir compte de ce qu’est leur métier et des solutions qu’ils auraient pu apporter dans la situation actuelle pour qu’il y ait une rentrée scolaire digne de ce nom pour faire classe de manière rénovée et adaptée pour instruire et apprendre et non une rentrée qui ne sera que celle de l’organisation d’une grande garderie au service de l’économie.
Le problème est que l’école n’est pas une garderie mais un lieu où on s’instruit et on apprend…
Les maires devraient donc s'interroger sur les incertitudes quant à la contagion des enfants entre eux et vis à vis des adultes. Des maires ont fait le choix de ne pas rouvrir les maternelles. Bravo pour cette décision. Pour le reste...on assiste à une mise en place dans l'urgence.
Pourtant les diverses informations que l’on peut voir passer depuis quelques semaines quant à la contagion au niveau des enfants me laissent perplexe surtout quand on annonce qu’on va rouvrir les écoles quand on commencera à dé-confiner. Attendre serait plus sage. Beaucoup de parents et d'enseignants ne s'y sont pas trompés qui craignent cette contagion. Des infos à ce sujet sur
http://quaiducitoyen.eklablog.fr/cod-19-et-les-enfants-a-l-ecole-les-incertitudes-quant-a-la-contagion-a186783964 .Image par Myriam Zilles de Pixabay
A PARTIR DU 12 MAI : UNE RÉPÉTITION POUR PRÉPARER LA GARDERIE DU 1ER JUIN
La rentrée actuelle pour le 12 mai se fait donc bien à marche forcée sans qu'il y ait vraiment espoir que l’on fera « classe » car les enseignants devront à la fois faire face aux préoccupations sanitaires constantes et mettre en place une pédagogie spécifique à la situation. A l’école, on ne vient pas pour s'occuper mais pour s'instruire et apprendre.
Nombre de parents, d'enfants et d'enseignants et de parents vont vivre cette reprise de l’école la "boule"au ventre".Bien sûr il y a des parents qui seront obligés de trouver les moyens nécessaires de garder leurs enfants quand ils seront au travail. Mais il eut peut-être été opportun d’y penser avant et d’organiser l’accueil de ces enfants notamment en lien avec les collectivités locales. D’autant que passée la période dite l’école jusque début juillet, il faudra bien que ces enfants soient accueillis dans le cadre d’activités de loisirs qu’il faudra mettre en place avec toutes les précautions sanitaires nécessaires pour que cela se passe bien et là aussi ça ne s’improvise pas…
A partir du 12 mai, ce ne sera donc pas la vraie reprise de l’école puisque le ministre dit que tous élèves ne seront pas là, sous entendu que les conditions d’accueil seront bonnes au niveau nombre d’élèves à gérer dans une « classe » et que cela ne touchera en priorité que ceux qui en auront besoin et sur la base du volontariat des parents.
Le ministre Jean-Michel Blanquer annonçait avant-hier que 80 à 85 % des écoles seraient ouvertes le 12 et qu’elles accueilleraient 1 million d’élèves… Aujourd’hui, c’est, parait-il, près de 90% des écoles et 1,5 million d’élèves. Il continue de justifier ces ouvertures : « Nous considérons que les enfants ne doivent pas rester sans contact physiquement avec l'école entre le mois de mars et le mois de septembre ». Il évoque hypocritement un vague « impératif pédagogique et social » sur lequel je vais revenir tant dans ce qu’il a d’hypocrite que dans ce qu’il n’est pas un impératif pédagogique dans la mesure où il ne peut, à l’évidence, au vu des conditions d’exercice, être atteint lors de cette reprise. Pour le social, il y a d’autres moyens de le résoudre. Curieusement, une fois de plus, il ne parle pas d’impératif économique qui est le vrai motif de la reprise de l’école pour utiliser celles-ci comme une garderie nationale dont les animateurs seront les enseignants. Les dits enseignants, il les voit d’ailleurs comme animateurs de la mise en place de "vacances apprenantes" durant l'été en créant un dispositif "d'écoles ouvertes". J’y reviendrai car à mon sens ce ne peut être la solution pour remettre les élèves dans le circuit « normal » de l’apprentissage.
Le ministre annonçait une rentrée assurée par « 130 000 professeurs et 12 000 personnels médicaux et sociaux » pour 1 à 1,5 million d’élèves prévus de retour dans les locaux scolaires (sur 6,7 millions). On verra ce qu’il en est demain. Le reste des enseignants continuera le téléenseignement.
Image par Gerd Altmann de Pixabay
A vrai dire peu de choses changeront pour les décrocheurs qui ne seront pas beaucoup plus présents physiquement à l’école. On continue d’employer des grands mots pour une organisation faite à la va vite et improvisée dans le mouvement d’une rentrée à marche forcée. Quid des moyens supplémentaires à donner aux enfants qui sont en difficultés sociales et souvent scolaires qui, demain, ne seront pas beaucoup plus présents à l’école, selon les sondages? Car, alors que le gouvernement invoque la lutte contre les inégalités sociales pour justifier la réouverture des établissements scolaires, il semble que la réticence est plus forte chez les parents modestes (moins de 1500 euros net mensuels par foyer). Seuls 17% d'entre eux enverront leurs enfants à l'école. Jean –Michel Blanquer déplore « le décrochage scolaire » mais encore aurait-il fallu qu’il s’en préoccupe avant la crise en ne supprimant pas les moyens nécessaires pour y faire face. C’est justement ce qui rend obsolète tous ses communiqués hors sol qui ne sont rien d’autres que de la poudre aux yeux qui masque ses manques et ses décisions antérieures qui n’ont fait que diminuer les capacités de l’éducation nationale de répondre aux enjeux d’une instruction et d’une éducation pour tous. (Voir mes propos en 6 chapitres sur ce BLOG concernant La casse à Macron dans l’Éducation nationale : http://quaiducitoyen.eklablog.fr/education-nationale-la-casse-a-macron-via-blanquer-chapitre-un-a159819964 )
auteur geralt Pixabay
Deux questions :
Pour quoi les maires des communes se mobilisent-ils pour ces ouvertures d’ école qui ne pourront accueillir qu’un minimum d’élèves dans des conditions sanitaires peut-être respectueuses du protocole mais néanmoins pédagogiquement critiquables ? A eux de répondre même si intuitivement je pourrai donner plusieurs explications…
Pourquoi le nombre d’élèves qu’accueilleront les écoles est si faible ? La réponse est simple : La boule au ventre est bien présente et les parents qui peuvent éviter d’envoyer leurs enfants à l’école le font. Ils n’ont pas confiance.
Pour ma part je redis que la reprise de l’école n’aurait dû être faite qu’en septembre pour éviter donc d’ajouter de suite la contagion à la contagion.« Cela aurait aussi permis de prendre du temps pour préparer vraiment concrètement une rentrée des écoles en fonction des préconisations sanitaires des instances médicales et de la situation sanitaire générale qu’il y aurait à ce moment là dans le pays et peut-être une amélioration réelle de la situation de nos hôpitaux, voire des traitements et des matériels comme les masques ou les tests en nombre suffisant pour la population... sans oublier une organisation pédagogique très compliquée à mettre en œuvre pour qu'elle soit efficace et qu'il faut donc repenser tant au niveau du téléenseignement qui continuera probablement que du niveau de la mise en pratique dans les écoles où viendront les élèves. »
Il n'y a pas de doute, le 12 mai est bien la première phase de la reprise à marche forcée de l'école...
J'y reviens.
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