• Vincent PEILLON: deux annonces fondamentales

    Vincent PEILLON: deux annonces fondamentalesLe ministre de l’éducation nationale a fait nombre d’annonces  ces derniers jours. Je ne reviendrai pas sur ses déclarations concernant l’enquête PISA qui, selon lui, doit renforcer la mobilisation pour la refondation de l’école. C’est une évidence qu’il faut d'urgence travailler à trouver les moyens d’améliorer les résultats de nos élèves notamment ceux qui ont des difficultés. Ce n'est pas nouveau. Mais une mobilisation ne se décrète pas.  Elle se met en place à partir de la confiance, d’actes motivants ce que pour le moment monsieur Peillon, ministre n’a pas généré dans les faits.  Dommage! J’ai dit dans mon précédent article ce que j’en pensais et quelle direction il fallait, selon moi, prendre.

    Quant aux ex-ministres de l’éducation nationale des gouvernements précédents, il serait bon qu’ils se fassent très humbles dans leurs déclarations car l’état actuel de notre système éducatif est le résultat de leurs politiques obsolètes au rabais ou complètement inadaptés.  Je n’y reviens pas, m’étant déjà exprimé et avoir argumenté sur le sujet. Un peu de discrétion de leur part serait la bienvenue.

    J'ai examiné, aujourd’hui, deux annonces de Vincent PEILLON qui me semblent dignes d’intérêt et qui, si elles sont suivies d’une bonne prise en charge, devraient faire avancer  la refondation de l’Ecole: la réforme du statut des enseignants, le harcèlement à l'école.

    LA REFORME DU STATUT DES ENSEIGNANTS

    La réforme du statut des enseignants est un point clé de l’accompagnement de la refondation.

    Il y a beaucoup à faire dans ce domaine tant les situations et services des enseignants sont diverses, variées et peu adaptées à la prise en charge des élèves pour une autre « école », celle de la réussite. Outre la refonte indispensable et prioritaire des programmes pour qu'ils soient adaptés et cohérents, la formation initiale mais aussi continue, il faut que la  priorité à l’école primaire et aux moyens soit effective afin d'y mener de véritables changements. Cela passe par la motivation des acteurs et notamment parents, élus des collectivités locales, animateurs mais aussi en premier chef les équipes pédagogiques des écoles, ...

    Encore faut-il remettre tout à plat et commencer par les véritables priorités...ce ne sera pas une mince affaire. : Statut, service, horaires, salaires et justice de traitement...

    Vincent PEILLON: deux annonces fondamentales

    (auteur Christopher Smart, 1771, Domaine Public)

    L’aumône de la prime aux professeurs des écoles  a cependant  mal commencé le processus. Ce n’est pas ainsi qu’on revalorise une fonction.  Il faut espérer qu’on va aller beaucoup plus loin. La première chose qu’il eut fallu faire, était de donner de suite la même prime que celles qu’ont les professeurs du second degré. C’eut été le geste fort qui aurait pu donner une certaine direction quant aux préoccupations réelles de revalorisation de la fonction de professeur du premier degré en l’attente d’une vraie réforme des statuts.

    La réforme du statut des enseignants doit d’ailleurs examiner les « primes » pour aller vers leur suppression en donnant à chaque enseignant un salaire (on dit un traitement) à égalité de service et de charges tout en considérant les situations diverses d’exercices du métier.

    PRIORITE AU  PRIMAIRE

    La priorité doit donc être  mise sur le PRIMAIRE sous tous ses aspects y compris celle du statut du personnel. La priorité à l’école primaire c’est donc aussi revaloriser la fonction d’enseignant du premier degré. Pour préciser mes propos, cela veut dire donner aux instituteurs et professeurs d’école la considération qu’ils sont en droit d’avoir et donc permettre de  donner à l’école primaire la vraie priorité de changement.

    Il ne suffit pas de clamer « vous devez être les acteurs de la refondation ». C’est un peu facile. Quand on veut avoir des exigences de résultats, il faut y mettre les vrais moyens.

    Pour apporter quelques précisions, je crois que  tout est à remettre à plat dans l’organisation de la prise en charge des élèves  et l’exercice du métier d’enseignants du premier degré comme dans celui du second degré.  Il faut le faire avec les personnels et négocier.

    Cela va bien au-delà des considérations salariales qui néanmoins font partie de la remise en place d’une école primaire qui ira de l’avant, ce qui dans la situation actuelle qu’on lui fait, n’est pas possible.

    Cela passe d’abord par une redéfinition du service des « maîtresses et maîtres d’école », de leurs horaires, de la considération qu’on doit avoir des tâches qu’ils ont à accomplir, qu’on soit enseignant, directeur d’école (et la plupart du temps  les deux à la fois), des moyens qu’on doit mettre à l’école primaire pour agir dans l’intérêt de l’enfant. 

    A cela il faut ajouter, bien entendu, l’élément indissociable à savoir la formation continue qu’on leur a progressivement supprimée.  

    Pour commencer, il faut  donc en toute justice, aligner le salaire et les horaires  avec ceux qui ont le même statut à savoir les professeurs du second degré.   Je sais qu’en disant cela, certains professeurs du second degré  ou leurs syndicats seront en désaccord mais peu m’en chaut. Il est temps d’arrêter l’hypocrisie continue de la défense des revendications catégorielles du chacun pour soi qui dure depuis des décennies.

    Vincent PEILLON: deux annonces fondamentales

    (Masque de la commedia dell'arte , auteur Dalbera, licence Creative Commons paternité – partage à l’identique 3.0 (non transposée) )

    Je vais redire ce que j’affirmai dans un de mes écrits d’octobre 2012 en faisant un peu d’histoire… ce qui est parfois nécessaire :

    « Il est plus que temps de redonner confiance à ce personnel  (les instituteurs et professeurs des écoles) qui accomplit le plus grand nombre d’heures de service de la catégorie des professeurs avec des charges de travail importantes. Il n’y a par exemple aucune justification à ce qu’ils fassent 27 heures  alors que leurs collègues profs de collège et de lycée en font 18 ou 20 ». 

    Je me permets de rappeler que cela fait des décennies que cela dure et on a toujours méprisé le corps des enseignants du premier degré  et ceci de la part de tous les gouvernements.  Les syndicats du second degré n'ont d'ailleurs jamais eu la volonté d'aborder le sujet , les enseignants du second degré ayant eux -mêmes des situations très diverses.  On a même créé la fonction de professeurs d’école (en 1989)  sans prendre  en considération les compétences acquises durant de longues années de pratiques   des instituteurs pour ne pas faciliter la revalorisation de leur fonction si ce n’est au prix d’un concours interne indigne.  Michel ROCARD 1er ministre et   Lionel JOSPIN Ministre de l’Education nationale de l’époque  ont fait ce qu’il fallait pour diviser le personnel du premier degré pour faire de la « bonne gestion » et des économies sur le dos des personnels en place.  Certains syndicats d’enseignants du premier degré et du second degré  ont malheureusement  accepté  ce qu’on peut appeler une compromission faite sur le dos des instituteurs.

    Depuis, les divisions - y compris parmi les professeurs des écoles- n’ont pas cessé de se faire  en alternant de multiples solutions d’avancements ou de stagnation  de carrière au gré des années en se basant sur une  formation initiale mouvante dont on ne peut dire  qu’elle s’est vraiment améliorée au fil des ans.   

    On sait comment cela s’est terminé ces dernières années, en  faisant disparaître toute formation  et en ne se fondant, pour lancer les jeunes enseignants parmi les élèves, que sur les connaissances non adaptées d’un diplôme nommé « Master ».  « Master », en français « Maître » ce qui est un comble. On se demande "Master" de quoi : En tout cas, pas de la connaissance des enfants et de la pédagogie. Ceci dit sans vouloir dévaloriser cette génération d’enseignants qui ont dû affronter le métier sans les armes qu’on aurait dû leur donner. Ceci aussi pour des raisons d’économies... »

    Donnons donc aussi aux personnels du premier degré les moyens de la réussite en revalorisant leurs conditions de travail et d’abord  par le temps nécessaire pour travailler dans le cadre d’une  souplesse d’organisation adaptée et  une autonomie des équipes pédagogiques en fonction de projets locaux concertés en partenariat.  Remettre en place une formation continue forte est aussi une priorité.

      ARRETER DONC DE DIVISER LE PERSONNEL

    Jusqu’à présent les différents pouvoirs qu’ils soient de droite ou de gauche ont joué volontairement avec les différences et la division des statuts, services, horaires du personnel ceci  pour de basses raisons budgétaires.

    On est d'ailleurs aussi en partie pour cette raison et à présent dans la situation prouvée que les enseignants français sont les plus mal rémunérés d’Europe. 

    Les organisations syndicales professionnelles d’enseignants doivent donc faire une priorité  de la revalorisation de la fonction de professeur des écoles, cesser de faire "du catégoriel" et cesser de favoriser les surenchères stériles entre les divers enseignants qu'ils soient du premier ou du second degré.

    On revendique au coup par coup en fonction des annonces ministérielles et pas dans le cadre d’une redéfinition globale du statut des enseignants. Ce n'est pas ainsi qu'on avancera et face au ministère la division affaiblira les négociations et on retombera dans les mêmes travers.

    Le gouvernement doit avoir l'intelligence de faire des priorités pour supprimer les injustices actuelles de services, d’horaires et de salaires. C’est une phase incontournable : cela peut être rapide si la surenchère des  ne s’en mêle pas. 

    La réforme du statut des enseignants doit aussi examiner les « primes » pour aller vers leur suppression en donnant à chaque enseignant un salaire (on dit un traitement) à égalité de service et de charges.

    Ensuite il faut tout mettre sur la table pour adapter les horaires, les services, supprimer les anomalies et proposer un vrai plan de réforme et de revalorisation du statut des enseignants.  Alors, on pourra parler "salaires"...

    Cela demande au gouvernement d’écouter, d’analyser les situations de travail des enseignants en concertation réelle avec les organisations syndicales.

    C’est aussi par tout cela  que passe la refondation et si l’éducation nationale et le pays veulent avoir des exigences de mobilisation du personnel  pour des résultats et de la réussite.

    Quitte à me répêter, je réaffirme que la refondation de l’Ecole est une œuvre de longue haleine qui peut aboutir dans la mesure où on en prendra les vrais moyens et qu’on sortira de certains vieux schémas désuets et inefficaces conservées dans le formol jusqu’à nos jours par nombre de technocrates et sur lesquels notre Ecole est fortement fondée depuis des décennies.

    Les enseignants devront aussi montrer l’exemple de leur ouverture à d’autres schémas d’organisation horaires, de service, de prise en charge des élèves, de pédagogie.  Certains d’entre-eux ont déjà pu le montrer sur le terrain à tous les niveaux de l’Ecole.  Ils n’ont malheureusement pas toujours été aidés  et écoutés par l’éducation nationale et les hiérarchies qui ont rarement favorisé leurs initiatives et leurs innovations...

    Et le financement ? Les moyens financiers on les trouve! Ce gouvernement l'a fait pour d'autres sujets où des milliards vont être bradés injustement. (Voir accord de compétitivité)

    LA LUTTE CONTRE LE HARCELEMENT A L’ECOLE

    C’est une bonne intention et il faudra y mettre les moyens et pas seulement en faisant une campagne qui est certes nécessaire. Ce harcèlement peut détruire et bloquer nombre d’élèves fragiles. L’information des parents sur les dangers et déviations des réseaux sociaux est primordiale. Il faut un véritable plan d’action. Information, prévention, vigilance et actions sur le terrain sont indissociables. La sanction des actes de harcèlement doit aussi être exemplaire.

    Vincent PEILLON: deux annonces fondamentales

    ( Mary Pickford in Rebecca of Sunnybrook Farm (1917), image domaine public)

    Bien sûr, les enseignants sont en première ligne et ont une part importante de responsabilité dans le cadre de leur travail pour lutter contre le phénomène notamment par la vigilance.  Ca doit faire partie de leur mission. Les situations dans lesquels les harceleurs mettent les harcelés sont complexes et souvent basés sur la notion de représailles.  Il faudra un travail effectif  sur la peur et comment y faire fasse pour casser le cercle infernal harcèlement, peur, enfermement,... Les effets possibles du harcèlement peuvent être graves et casser la personne: décrochage scolaire, absentéisme par peur, anxiété, ,perte d’estime de soi, honte, dépression, renfermement, maux physiques comme le mal de tête, de ventre..., voire suicide.  Les effets peuvent se faire sentir toute la vie.

    C’est du même ordre que les infâmes « bizutages » débiles organisées par des tarés qui sont d’ailleurs encore soutenus par nombre de ringards tenants de la « tradition »,  concept complètement nuisible d’un corporatisme de mauvais aloi.

    Les victimes ont du mal à extérioriser leurs souffrances. C’est pourquoi outre les adultes encadrants,  il faut sensibiliser les élèves en rendant public le thème du harcèlement. Les enfants et les jeunes doivent savoir qu’ils peuvent compter sur des adultes vigilants qui doivent agir mais aussi à qui ils peuvent se confier.

    Il faudrait aussi, par exemple, augmenter sensiblement les moyens d’encadrement adulte « hors  cours » dans les collèges et lycées. 

    Les élèves doivent pouvoir avoir confiance en tous les adultes qui les encadrent pour les aider à lutter contre toute tentative de harcèlement. Cela demande donc une vraie mobilisation de tous les acteurs de l'école.

    Il faut mettre en place les contrôles nécessaires notamment au niveau des réseaux sociaux en obligeant ceux-ci, par la loi, à prendre des mesures pour couper à la racine les possibilités pour ceux qui harcèlent de se connecter. Pour cela, il faudrait aussi supprimer l’anonymat lâche et générateur du grand n’importe quoi qu’on voit sur les réseaux sociaux de la cyber toile notamment sous le prétexte de liberté. Mais c'est un combat difficile à grande échelle.  Quand on a quelque chose à dire on le fait à visage découvert et non derrière un pseudo.  

     Lutter avec détermination contre le harcèlement à l’Ecole et à tous les niveaux de celle-ci est une grande cause à laquelle chacun doit s’atteler sans oublier les parents, premiers responsables de leurs enfants et de leurs pratiques sociales. Quand un jeune harcèle un autre, ses parents ont leur part de responsabilité et il faut les aider à y faire face.

    Cette lutte fait partie de la construction d’une Ecole où chaque enfant ou jeune doit pouvoir aller s’instruire avec plaisir et où il est véritablement enseigné et accompagné pour construire son avenir.

    POUR INFO

    Vincent PEILLON: deux annonces fondamentales

                            N°NET ECOUTE                    0800 200 000

    "En cas de cyber-harcèlement, vous pouvez contacter le n° net Ecoute, géré par l’association E-Enfance. Au-delà de l’écoute et du conseil, Net Ecoute peut vous aider au retrait d’images ou de propos blessants, voire de comptes le cas échéant."

    Depuis janvier 2012, des référents harcèlement ont été mis en place dans chaque département". Si vous n'arrivez pas à joindre le numéro de national vous pouvez appeler ces référents. 

    Pour obtenir les coordonnées de ces référents aller sur le site :  

           http://www.agircontreleharcelementalecole.gouv.fr/que-faire-qui-contacter/questions-reponses/

     

     

     

    « Vincent Peillon, Ministre du périscolaire communal?A propos des classes préparatoires... »

    Tags Tags : , , ,