• A propos des classes préparatoires...

    Les professeurs des classes préparatoires se lancent dans une action pour la conservation de leurs horaires, statut, émoluments... suite à l’annonce du ministre de l’éducation nationale de remettre en cause le nombre d’heures de cours de ces personnels.

    Je ne me prononcerai pas sur le bien fondé ou non des raisons qui font « bouger »  ces personnels  et amènent à ce nouveau conflit qui commence car cela demande une étude sereine et approfondie du sujet et pour cause...

    On a affaire là à un phénomène de défense catégorielle comme on en a toujours connu.

    LA REFORME DU STATUT DES ENSEIGNANTS S’ENGAGE MAL.

    Aujourd’hui,  les profs des classes préparatoires « montent au créneau » du fait d’une annonce du ministre de l’éducation nationale qui leur apparaît comme devoir baisser leurs revenus.  C’est une réaction normale.

    Je fais simplement  remarquer que ce que je craignais arrive.

    En effet, ce ne me semble pas le bon moyen de remettre à plat le statut des enseignants que de s’attaquer une fois de plus à une situation parmi d’autres alors que c’est tout le système de rémunération, de service, primes... qui est à étudier et considérer de la maternelle à l’Université.  J’ai exposé mon point de vue ces derniers jours sur ce blog  (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/vincent-peillon-deux-annonces-fondamentales-a104079758)

    Pour mémoire, 40% des profs de classes préparatoires  ont au dessus de 4000 euros net par mois , les profs d’école (niveau Bac +5 ) sont payés 2450 euros net au dernier échelon c’est à dire en fin de carrière. Un directeur d’école de 4 classes qui a 30 ans de carrière  a un salaire d’environ 2 550 euros. Ce ne sont que quelques indications tant les diversités sont grandes mais ça montre l’échelle de la disparité. L’écart des salaires est encore plus visible quand on y mêle les heures supplémentaires des profs de classes préparatoires.  (On pourrait aussi prendre en compte les disparités à l'échelle européenne...)

    L’écart de salaire est en tout cas très important ce qui conforte le fait qu’il faut tout remettre à plat  non pas pour niveler vers le bas mais pour que tous les enseignants soient payés de manière juste. 

    Je constate que l’on va, une fois de plus, continuer de traiter les problèmes de manière parcellaire ce qui entraînera des surenchères catégorielles, chacun défendant son pré carré sans s’occuper de celui des autres alors qu’il faut tout mettre sur la table pour casser les incohérences actuelles des multiples situations de services et de rémunérations des enseignants.

     LES ENSEIGNANTS N'AURAIENT-ILS PAS TOUS DES ROLES DE MEME VALEUR? 

    J’ai lu que certains profs de classes préparatoires pensent que  la différence de salaire d’avec ceux des autres enseignants (l’écart de rémunération qui peut aller du simple au triple, entre un professeur des écoles qui débute et un professeur agrégé de classe préparatoire en fin de carrière)  est justifiée de par les responsabilités qu’ils exercent et le temps consacré.Je ne trouve pas ces deux arguments recevables quand ils comparent leur masse de travail avec celle des autres enseignants comme si ils étaient les seuls à s’investir en temps avec les élèves. (Les heures supplémentaires sont d’ailleurs un problème : D’un côté on dit que l’on ne peut faire plus de dix heures de cours vu la charge de travail et de l’autre, on fait des heures supplémentaires payées en plus.  Supprimons les et le problème est réglé.)

    A propos des classes préparatoires...

    (L'Orgueil selon Pieter Bruegel l'Ancien, domaine public)

    Cela me semble de plus un peu méprisant comme si le rôle de « ces autres enseignants » n’avait pas la même valeur que le leur.

    Je ne pense pas, d’une part, qu’il soit plus aisé pour certains professeurs, par exemple en collège, de faire classe devant plus de trente élèves ou comme des instituteurs et professeurs d’écoles prendre en charge des enfants ( et notamment dans des zones dite d’éducation prioritaire) en assumant 27 heures de services dont 24 heures de cours (qui doivent eux aussi se préparer en fonction des difficultés rencontrées).

    D’autre part, tous les enseignants ont des responsabilités importantes à quel que niveau que ce soit. Ce n'est l'âge ou la taille et l'âge des élèves qui importe. S’il y a des élèves en classes préparatoires c’est parce qu’ils ont été instruits et éduqués par des enseignants depuis la maternelle. Ce n’est parce qu’on forme et on prépare à des concours pour entrer dans une grande école qu’« on a plus de responsabilité » ou de mérite. On fait tout simplement son travail. 

     HALTE AUX ANNONCES QUI METTENT A MAL UNE REFORME DIFFICILE MAIS POSSIBLE

     C’est pourquoi, je redis que le problème des statuts et des disparités salariales et de services souvent incohérentes des enseignants ne doit pas continuer de  se régler au coup par coup mais bien dans le cadre d’un plan d’ensemble qui doit tout mettre à plat pour un statut qui soit juste notamment pour revaloriser la fonction d’un partie des enseignants jusqu’ici méprisés.

     Il semble aussi que l’on peut percevoir que monsieur Peillon n’a pas de marge de manœuvre budgétaire puisque l’intention semble bien de faire des économies sur le budget attribué pour la rémunération (salaires et heures supplémentaires) des professeurs des classes préparatoires pour les réinjecter au service des zones d’éducation prioritaire.  

    Vincent Peillon a même parlé d’une nouvelle prime de 3 000 euros aux professeurs des classes préparatoires pour compenser une perte de revenus !

    On continue avec le système des primes...qui est inacceptable et qu’il faut faire disparaître.

     De la même manière, au lieu de remettre de façon simple et en toute justice au même niveau de rémunération professeurs du second degré et professeurs d’école, on attribue à ces derniers une prime « aumône » qui ne résout rien sur le fond et qui accentue la non considération que l’on a de leur travail. C’eut été pourtant une amorce positive pour aller vers une réforme des statuts en partant, pour tous, d' une base salariale juste. Après on aurait pu sereinement parler statut, horaires, services, charges de travail...et suppression de primes pour aller vers un vrai salaire.

     La réforme du statut des enseignants est mal engagée si cela se poursuit ainsi.

    J’espère que les syndicats d’enseignants ne succomberont pas à la tentation de défendre telle ou telle catégorie par opportunisme de situation mais qu’ils s’uniront pour que la mise à plat se fasse vraiment en faisant des propositions claires et fines qui ne  privilégiera pas telle ou telle « catégorie » d’enseignants .

    DERNIERE MINUTE

     De nouvelles annonces qui pourraient permettre d’avancer ?

     Elles concerneraient les personnels du premier degré      (auteur Christopher Smart, 1771, Domaine Public)

    A propos des classes préparatoires...-       pour les directeurs d’école une nouvelle aumône qui veut faire croire aux citoyens à une amélioration mais qui n’aura pas d'impact réel sur les conditions de travail pour prendre en charge toutes les tâches que doit assumer un directeur d’école en plus de son temps d’enseignement devant les élèves. A titre d’exemple, un directeur d’école de 4 classes aurait une journée de décharge par mois + une journée et demi annuelle.

    Ridicule ! Quand on sait que le temps de décharge devrait entre autres  permettre au directeur de recevoir les parents, de traiter les charges administratives, avoir des liens avec les partenaires et la collectivité locale,...  Ce travail ne peut être bien assumé dans ces conditions avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur la vie d'une école et de ses relations notamment avec l'environnement , le traitement des problèmes quotidiens...  

    Ca fait des décennies que ça dure ! Pour les écoles plus importantes en nombre de classes, ce n’est pas mieux.  Du cataplasme au lieu de vraies mesures efficaces! 

    Il y aurait une promesse de recrutement d'aides administratives... 

    -       Positif : Un allégement de 2 h de service pour les personnels affectés dans les zones d’éducation prioritaire (comme cela se fait pour le second degré). A suivre pour voir de quelle manière cela se répercutera sur la prise en charge des élèves.  

    RASED: Une bonne nouvelle : il serait enfin procédé à une relance de la formation de ces personnels pour en accroître le nombre. A voir de quelle manière cela va se concrétiser... dans le temps et  en nombre de postes car les besoins sont grands et se sont accrus suite aux destructions de postes faites par l’ancienne majorité. 

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