• MICHEL BARNIER PREMIER MINISTRE

    Ce fut la « surprise » du jeudi 5 septembre 2024 pour enfin nommer celui qui devrait tenter de continuer de faire fonctionner la France dans les prochains mois. Je n’ose dire plusieurs années.

    Est-ce une surprise ? Oui pour moi effectivement mais avec Emmanuel Macron il faut s’attendre à tout. Certains observateurs avaient, disent-ils, repéré des contacts qui datent de plusieurs semaines.

    Mais ça n’a guère d’importance.
    Ce qui l’est beaucoup plus c’est pourquoi cet homme, dans la politique depuis plus de 50 ans? « L’ancien monde » disent certains chroniqueurs. Pour ma part, je ne juge pas à la lumière de l’âge. S’il est en bonne santé et jouit de toutes ses facultés mentales pourquoi pas. Là n’est donc pas la question.

    C’est sur d’autres plans qu’il faut considérer le choix et ce qu’il va induire pour les français et leur quotidien présent et futur.
    Et là, il y a de nombreuses remarques à faire sur cette surprise de celui qui se veut le « maître des horloges ».

    MICHEL BARNIER PREMIER MINISTRE

    Hôtel de Matignon, résidence du Premier ministre français, copyright free use https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Matignon_gala.jpg?uselang=fr#Conditions%20d’utilisation

    LA BÊTISE DE LA DISSOLUTION

    Car s’en est une avec tout le respect que l’on doit avoir pour le fait que le président de la République est dans son droit constitutionnel de dissoudre l’assemblée nationale.
    Emmanuel Macron a cru qu’il pouvait jouer un coup de poker législatif et en quelque sorte dégager sa responsabilité du mauvais fonctionnement de l’assemblée depuis son deuxième quinquennat .

    Mais maîtrise-t-il bien les conséquences de ces décisions ? Rien n’est moins sûr.

    Il s’est trompé en croyant que ces législatives verraient la gauche affaiblie. Elle s’est au contraire renforcée en s’unissant . Le RN s’est aussi renforcé mais ça il l’avait prévu. LR a été divisé et n’est plus qu’un groupuscule.

    En réalité donc cette opération dissolution est un échec.Elle montre certes l’état actuel du vote des français mais aussi l’hypocrisie d’Emmanuel Macron qui a accepté le jeu du front républicain pour faire barrage au RN mais dès l’installation des députés à l’assemblée, le front républicain n’existe plus pour lui et les autres puisque c’est « haro » sur le NFP qui a pourtant joué le jeu des désistements comme les autres formations (hors RN) sauf LR qui en a pourtant profité.  

    Il n’accepte pas de nommer un premier ministre NFP en organisant par ses consultations l’argumentation nécessaire pour justifier son refus et passer outre ce qui a pourtant toujours été la règle dans la cinquième république à savoir nommer un premier ministre du groupe le plus important des députés de l’assemblée nationale.

    C’est sa deuxième erreur.

    MICHEL BARNIER PREMIER MINISTRE

    LA BÊTISE DE LA NON NOMINATION D’UN PREMIER MINISTRE NFP

    Elle a un véritable impact sur la suite des événements. Je passe sur la tentative de dictat de Jean-Luc Mélenchon qui ne se concerte pas avec ses partenaires du NFP avant toute prise de parole. Jean Luc Mélenchon a participé, par ses propos complètement hors sol, à faciliter l’argumentation du président Macron. Les autres partenaires du NFP n’auraient pas dû, eux aussi, accepter cette façon de faire pour le moins cavalière et peu respectueuse d’une coordination de groupe. C’est dit.
    La candidature de Lucie Castets devait être prise en compte parce qu’il était normal de laisser au NFP une chance de proposer sa gouvernance. Malgré le fait que Lucie Castets ait annoncé clairement durant les entretiens comment elle comptait aborder cette gouvernance, le président l'a écarté. Ainsi, le 12 août, elle adresse aux députés et sénateurs des «groupes républicains» (sans le RN) un courrier de trois pages cosigné avec les quatre chefs de groupes de gauche à l’Assemblée nationale.   Elle y propose une «évolution [des] pratiques» parlementaires et «cinq grandes priorités» sur lesquelles l'assemblée pourrait travailler si Emmanuel Macron la nomme à Matignon. «le programme, tout le programme, rien que le programme» de Jean-Luc Mélenchon est balayé. Il est affirmé que NFP tient «compte du fait que la majorité sur laquelle [le Nouveau Front populaire] s’appuie n’est que relative » et qu’il est donc nécessaire de «  convaincre au-delà [de ses] rangs». Ce me semble être clair net et précis. Il est aussi proposé de travailler sur «cinq grandes priorités» : «le pouvoir d’achat et la justice sociale» (avec notamment la hausse du smic et l’abrogation de la réforme des retraites ) , «la bifurcation écologique» de l’économie, l’éducation , les services publics et le «rétablissement d’une fiscalité juste» avec une «hausse des ressources fiscales concentrée sur les foyers les plus aisés, les multinationales et la lutte renforcée contre la fraude et l’évasion fiscale». Il est aussi promis par ailleurs de «renouer avec les travaux parlementaires […] interrompus par la dissolution» : le projet de loi sur la fin de vie, les commissions d’enquêtes parlementaires sur la protection de l’enfance ou les violences sexuelles dans le milieu culturel, les propositions de loi en discussion comme celles sur les familles monoparentales ou le nombre de soignants dans les hôpitaux.

    MICHEL BARNIER PREMIER MINISTRE

    AUTEUR Tomkiou CC0 Don universel au domaine public

     

    Malgré tout cela le président Macron a refusé de la nommer . Si cela n’avait pas marché et que le NFP était censuré, il pouvait passer à d’autres propositions. Il ne l’a pas fait en se situant non comme un chef d’état qui accepte le verdict des urnes mais comme un partisan qui veut à tout pris conserver le pouvoir de son camp qui a l’évidence a perdu l’élection. Il a donc  organisé, soit disant sous prétexte de consultation, l’argumentation pour écarter le NFP. 

    Aux yeux de la population quel que soit son vote, le président apparaît comme voulant à tout prix continuer sa politique ou au minimum que tout ce qu’il a mis en place perdure alors qu’il a creusé la dette, institué par la force la retraite à 64 ans rejeté par 80 % des électeurs, refusé de mettre en place une justice fiscale, abandonné le débat de la proportionnelle, ...

    C’est pour cela qu’il a écarté le NFP du gouvernement jugeant trop dangereuses les mesures que Lucie CASTETS aurait pu proposer au débat parlementaire, balayant de la main la possibilité de faire justement cette clarification qu’il a tant clamé et qui se serait montré dans le débat et le vote des députés aux yeux des électeurs.

    Il a préféré continuer le cirque de la recherche théâtrale d’un premier ministre qui obtiendrait un consensus pour ne pas être immédiatement censuré, axant le choix non sur un programme mais sur une personne qui n’a pas de programme. Il a choisi Michel BARNIER, apparternant au LR qui a un petit groupe de députés (39) à l’assemblée nationale et qui a refusé de s'associer au front républicain! Un comble! (Pour mémoire le NFP rassemble 178 députés, Ensemble (ex Renaissance et alliés Horizon et Modem)) 150, le RN 125).

    C’est le  droit du président de la République  de choisir mais c'est ici du grand n' importe quoi quant  la manière de faire et contraire à toutes les traditions de la cinquième république

    MICHEL BARNIER PREMIER MINISTRE


    POUR CONCLURE PROVISOIREMENT

    Michel BARNIER se dit être à l’écoute de tous les groupes de l’assemblée et veut former un gouvernement qui regrouperait toutes les tendances de l’assemblée.
    Il consulte et promet un gouvernement la semaine prochaine. Le NFP refuse d’entrer dans ce gouvernement. Le RN n’est pas invité.
    Pendant ce temps là, LR, un des groupes des plus minoritaires de l’assemblée accepte après la nomination de Barnier de participer au gouvernement et semble avoir de l'enthousiasme et de nombreuses exigences. C'est pour le moins très curieux...Le RN laisse faire en plaçant le premier ministre sous surveillance et ne censura pas le gouvernement Barnier immédiatement. Le bloc central a des positions nuancées et diverses. L’ex Renaissance présidée par Gabriel ATTAL a un soutien soi-disant tiède . HORIZON accorde sa confiance et veut bien entrer au gouvernement. Edouard PHILIPPE, leader d’HORIZON vient d’annoncer sa candidature à la prochaine présidentielle sans doute au cas où...Emmanuel Macron viendrait à démissionner. Quand au MODEM, on ne sait pas trop où il est amarré, les déclaration de ses membres variant d’une personne à l’autre. Michel BARNIER promet que la gauche sera consultée et qu’il y aura des ministres de gauche… lesquels ?
    A ce qu’on peut percevoir au travers des médias et divers commentaires, le gouvernement semble se diriger vers une certaine politique de droite qui ne remettra pas en cause les acquis du macronisme.

    Tout cela ne m’apparait pas du tout sain. Un gouvernement va être constitué à partir de « l’aura » supposé d’un homme providentiel (pour qui?) sans qu’il y ait le moindre programme annoncé si ce n’est quelques grandes lignes floues qui peuvent tout et rien contenir. C’est totalement anormal.

    Sans programme de base à soumettre au débat comment Michel BARNIER peut-il proposer à quelqu’un d’entrer dans un gouvernement et donc pour quoi y faire. Comment peut-on accepter d'y entrer sans savoir sur quoi on va s'ancrer?  Le NFP a raison de ne pas vouloir y entrer. Si les autres y entrent cela me semble supposer qu’il y a des promesses cachées qui se font. Le LR me semble bien trop enthousiaste pour qu’il n’ait pas eu des assurances sur des points qu’il défend. Tout cela est flou, laisse les citoyens dans le vague et en définitive manque totalement de sérieux. Il risque d'y avoir des incidences et des réactions de la part des électeurs floués qui ont voté en majorité pour le changement vers un meilleur quotidien, réactions que pour le moment on ne peut prédire. 

    Dans les autres pays qui pratiquent le parlementarisme dans la même situation où aucun groupe n’a la majorité, comme en Allemagne par exemple, les divers groupes discutent et essaient d’avoir un consensus programmatique à partir duquel une coalition gouvernementale se met en place pour agir.

    En France, on fait l’inverse. On part de la nomination d’un homme qui organise des consultations séparées qui a l’évidence doivent comporter des tractations secrètes pour que se forme un gouvernement. Où est la clarté ?

    On arrive à une situation qui semble se diriger vers un premier ministre, issu de la famille minoritaire LR qui a refusé le front républicain, qui va être le chef d’ un gouvernement qu’on peine à mettre en place et qui de fait va exclure les deux groupes qui ont le plus grand nombre de députés à l’assemblée nationale.
    La démocratie française est plus que malade. Elle est moribonde.

    On est donc en train d’ignorer le vote massif d’une majorité de français qui voulaient le changement soit pour le premier tour 18 374 318 électeurs ( RN 9 379 092 NFP 8 995 226 ) à savoir plus de 57 %.

    Pour l’instant il apparaît qu’on va vers un gouvernement dont le LR qui représentait 6,57 %, serait l’influenceur majeur. Une bien mauvaise image de la démocratie et un constat que le vote des électeurs ne compterait pas.

    A espérer que cela ne sera pas le cas. J'en doute beaucoup mais...laissons venir. Que faire d'autre...pour le moment?

    J’attends donc la constitution de ce gouvernement et le programme qui sera annoncé dans la déclaration du premier ministre à l’assemblée nationale.

    MICHEL BARNIER PREMIER MINISTRE

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