-
LES LEGISLATIVES DE JUIN 2024 : LES ACCORDS
Le terme "accord" est positif mais tout dépend du point de vue où l’on se place. Emmanuel Macron joue sur les désaccords pour tenter de reprendre la main. C'est en tout cas ce qui transparaît dans sa conférence de presse de ce mercredi 12 juin 2024.
(Jupiter - auteur takazart, CC0 domaine public)
Pour les partis de gauche les accords sont en nette construction après avoir décidé de présenter des candidats communs dans toutes les circonscriptions. Il reste à les répartir ce qui ne doit pas être une mince affaire compte-tenu des exigences qui pourraient s’affronter quant au nombre de candidats en fonction des chances de l’emporter.
Pour le RN, il a sans doute des candidats prêts à se lancer, le nombre ne devant pas être un problème mais encore faut-il faire le choix de trouver ceux qui ont des chances de l’emporter si ils doivent affronter la gauche au deuxième tour. Ayant conclu un accord avec le président des LR le tout est de savoir qui acceptera parmi ces candidats d’avoir le soutien de désistement du Rassemblement national dans le cadre de l’alliance que Ciotti a conclu avec le RN.
En ce qui concerne l'autre parti d'extrême droite, Reconquête, il semble que la trahison soit aussi à l'ordre du jour. Eric Zemmour exclut Marion Maréchal de son parti du fait de son rapprochement avec le RN.
Pour le LR , il faudra que s’éclaircisse donc comment à la fois le parti suit l’alliance Ciotti/RN et comment des candidats peuvent être hors de l’alliance. Pas simple compte-tenu qu’apparemment Ciotti est considéré comme traître aux yeux de la quasi majorité des députés sortants et de la majorité des sénateurs et nombre d’élus locaux comme les présidents de région (entre autres Pécresse, Bertrand, Wauquier, Muselier...) ou nombre de maires qui risquent aux prochaines municipales de subir les conséquences de l’alliance avec le RN. On peut donc parler de désaccords profonds qu’il reste à régler.
L'exclusion de LR, exécutée hier, du président Ciotti est une solution pour que LR puisse avancer et présenter ses candidats sous son étiquette sans le soutien du RN. A suivre.
LES OBJECTIFS D’EMMANUEL MACRON
A l’évidence, Emmanuel Macron est peut-être en passe d’atteindre un de ses objectifs à savoir faire exploser LR et créer la dissension en son sein pour ramener à lui les élus qui n’acceptent pas l’alliance Ciotti/RN. Mais là donc encore, rien n’est joué.
Apparemment nombre d’élus LR qui ont aussi une forte implantation locale et dirigent des régions, ne sont pas prêts à faire alliance avec Renaissance ou le RN, mettant un point d’honneur à ne pas oublier les valeurs qu’ils ont jusqu’ici défendues pour la majorité d’entre eux. Résister est la seule façon pour LR de continuer d’exister avec ses valeurs faute de quoi il serait absorbé à terme par le Rassemblement national dans ce que certains appellent l’Union des droites et qui n’est en réalité qu’un leurre destiné à assoir ce que je considère comme la suprématie de l’extrême droite déguisée. On verra dans les jours qui viennent si LR disparaît ou continue de survivre en attendant des jours meilleurs.
Tout cela confirme qu’Emmanuel MACRON joue seul un jeu dangereux pour l’avenir de notre pays qui pourrait basculer dans les mains de politiciens d’extrême droite.La conférence de presse du président de la République qui a eu lieu ce mercredi midi confirme que les objectifs du président sont de recréer sa majorité et empêcher que l’extrême droite gagne les présidentielles de 2024. Est-il bien lucide quant à la gravité situation dans laquelle il a mis le pays ? A l'entendre je ne suis pas sûr qu'il se rende compte que sa politique est en grande partie à l'origine des réactions actuelles des électeurs qui ne se sont d'ailleurs pas tous exprimés aux européennes. Le résultat des votes aux législatives risque fort d'être différent car il s'agir d'une élection à deux tours...qui comporte de nombreuses incertitudes.
Au pire, il pense que si le RN ou le nouveau Front populaire qu'il place de manière inconsidérée dans le même sac était à même de gouverner à partir de juillet, il essayerait sans doute de montrer leur l’incapacité de l'un ou de l'autre à le faire et ainsi les disqualifier pour l’avenir.
Très risqué non?...et peu sérieux pour permettre au pays de fonctionner?
( Palais Bourbon, La façade septentrionale (2009). auteur kimdokhac — Flick, CC BY 2.0)
UN RASSEMBLEMENT HISTORIQUE DES GAUCHES
Apparemment, sur les réactions à gauche, Emmanuel Macron s’est trompé et a réussi à ce que cette gauche se rassemble au-delà de tout ce qui pouvait être attendu quand on a pu entendre les déclarations de Raphaël Glucksmann qui ne voulait pas d’une union avec la France Insoumise et l'état des relations au sein de la NUPES avant l’annonce. A l’évidence les forces de gauche ont compris qu’il y aurait péril en la demeure s’ ils allaient aux élections dans la division et qu’il était important pour le pays que la gauche unie soit la force qui permette d’amoindrir l’accès du RN au pouvoir voire gouverner au cas où elle remportait une majorité. Ils semblent faire l'effort de passer au-dessus des divergences et se réunir sur ce qui peut être commun et faire fi des égos ce qui est un bon signe.
Le nouveau front populaire de gauche a donc montré sa capacité à agir rapidement pour s’unir. Il a déjà beaucoup avancé puisque la répartition des circonscriptions est faite entre les différents partis et que les grandes lignes du programme sont en discussion et en passe d’aboutir avec l’intention d’avoir la majorité à l’assemblée nationale et donc de gouverner ce qui induit un programme et une union qui n’est pas temporaire pour appliquer un programme.
La répartition des sièges semble bien équilibrée en tenant compte des résultats des dernières présidentielles et législatives et de ceux des européennes puisque contrairement à ce qu’ affirmé Emmanuel Macron dans sa conférence de presse LFI (sans doute pour faire peur) n’obtient pas 300 mais 230 circonscriptions, les socialistes 175, les écologistes 92 et le PCF 50. Les socialistes obtiennent à raison le rééquilibrage qu’ils demandaient passant de 70 candidats en 2022 à 175 avec le score aux européennes. Ils ont aussi décidé de préserver les sortants des 4 partis et s’attaquent donc au choix de qui sera candidats et où.
(auteur PoseMuse, CC0 domaine public)
L’AVENIR DU PARI D’EMMANUEL MACRON
Il est donc toujours aussi incertain et ses chances d’avoir une majorité absolue à l’assemblée semble plus que mince sauf à ce qu’il y ait un sursaut des électeurs en sa faveur ce dont je doute vu la popularité qu’il n’ a pas.
S’il voulait diviser la gauche c’est raté ce qui montre déjà à l’évidence qu’il aura à compter avec elle au parlement et peut-être avec un nombre plus important d’élus.
A droite, c’est plus problématique.
Pour le RN, s’il a face à lui au deuxième tour un candidat de la gauche uni, il y a peu de chance qu’il obtienne la majorité absolue pour gouverner d’autant que même si le nombre des députés atteint une certaine majorité relative, il ne trouvera pas l’appoint à droite qui lui permette de gouverner.Son coup de poker va-t-il nous amener à ce qu’il n‘y ait pas de possibilité de gouverner ?
Il faut attendre les prochains sondages et surtout les résultats.A suivre
Tags : les accords, nouveau front populaire, LR, RN