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LE PRÉSIDENT MACRON EST-IL EXTRÊMISTE, CYNIQUE ET FAINÉANT ? 1 sur 2
Ce n’est pas une provocation mais une question que je me pose. Il est normal de l’exprimer comme citoyen vis à vis de celui qui lancé des propos pour le moins surprenants dans la bouche du Président de tous les français.
Qu’Emmanuel Macron ne compte pas sur moi pour que je l’insulte en retour. L’insulte parfois libère, il est vrai, soulage et peut être un exutoire. Il n’empêche que même si cela vient du haut de l’Olympe, le propos « fainéant » est bien bas et impoli. Face à cela, j’essaie d’abord de comprendre.
(auteur spanhovep, CC0 domaine public)
Pour être précis, lors de son discours du vendredi 8 septembre 2017, devant la communauté française à l’école française d’Athènes, faisant écho à ses déclarations du 24 août à Bucarest où il avait dit que « la France n’est pas réformable » et « les Français détestent les réformes », il affirme :
« Je serai d’une détermination absolue et je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes. Et je vous demande d’avoir, chaque jour, la même détermination ».
Après coup, Il redit qu’il assume ses propos. Il n’y a donc pas sur les mots choisis d’équivoque sauf qu’il n’est pas assez précis vis à vis de ces français qu’il cible comme « fainéants, cyniques et extrêmes ». Le flou est de taille. Voulu ou non, cela laisse bien sûr libre court à toute interprétation ce qui n’a pas manqué, à raison, d’être fait.
Depuis, son entourage « rame » devant les réactions et en particulier le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner qui essaie de faire face au tollé provoqué par une déclaration que je considère personnellement peu digne d’un président de la république tant par les termes choisis que par le manque de courage avec lequel il reste suffisamment flou pour ne citer personne. Le mot « fainéant » par exemple est pour le moins insultant et peu poli.
A QUI S’ADRESSE LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE?
Christophe Castaner tente donc de déminer cette impression que le président s’adressait aux français qui n’étaient pas d’accord avec les réformes et que finalement ceux qui étaient visés, de par ses propos, étaient plutôt les hommes politiques « d’avant » : «On parle de la posture du fainéant ». «Le président de la République a parlé de ceux qui n'ont pas eu le courage de faire les réformes nécessaires. François Hollande, Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac ont fait des réformes mais ne sont pas allés jusqu'au bout».
Puis, il ajoute : «L'objectif, c'est d'avoir le courage. La fainéantise, c'est de ne pas avoir le courage de réformer ».
Pas sûr que cette défense soit la plus habile... vu le nombre d’hommes politiques qui viennent ainsi d’être « traités » de fainéants et en premier chef les trois derniers présidents de la République. Je m’étonne d’ailleurs qu’aucun d’eux n’ait réagi... Si on suit les déclarations du porte parole , cela veut dire aussi que « dans le même sac » y sont sans doute mis nombre de sénateurs , nombre de députés ou ministres aux responsabilités sous les mandatures précédentes–dont certains ont rejoint d’ailleurs la « Macronie ».
(Un roi "fainéant" mérovingien dans son char à bœufs.Paul Lehugeur - Histoire de France en 100 tableaux; Domaine public)
Mais peut-être tout cela est-il bien fait de la part du président de la République pour montrer « au Peuple » qu’avec lui ce n’est plus comme avant... Enfin c’est ce qu’il dit...
C’est peut-être aussi une tentative pour faire face à sa baisse de popularité notée par les sondages...
Christophe Castaner et ses amis peuvent toujours ramer pour tenter de récupérer l’opinion publique, on n’en continue pas moins de prendre les français pour des imbéciles.
C’est mon sentiment.
En tout cas nombre de français se sont sentis insultés par le terme "fainéant" sans doute avec raison car pour ma part je pense que ceux qui sont visés sont bien ces français qui rejettent les réformes Macron et notamment celle du code du travail. Je le constate autour de moi et quand je lis les courriers des lecteurs de la Voix du Nord y compris venant de personnes ayant soutenu Macron pour l’élection présidentielle. Ils ne sont pas dupes de ces tentatives de rattrapage de la « pensée complexe du président »...Est-ce que je me sens insulté par Emmanuel Macron, telle est la question ?
(La paresse Félix Valloton — Livre Félix Valloton - Gravures sur bois, Domaine Public)
SUIS-JE FAINÉANT ?
Pour lui, sans doute, puisque faisant parti de la catégorie des retraités, je suis un nanti qui touche une pension à ne rien faire et qu’il faut donc taxer pour améliorer le pouvoir d’achat des actifs qui « eux « travaillent ». Mais la solution ne serait elle pas que leurs patrons augmentent leur salaire?
On peut aussi se poser la question de savoir si la paresse est nécessaire. Quand je pose cette question cela pourrait apparaître aussi comme une provocation... à moins que ce ne soit de l’humour. En tout cas, ce n'est pas insultant. Je laisse au président le soin de décrypter mon expression « complexe » lui qui a choisi la Grèce, patrie et berceau de grands philosophes, pour lancer le sujet. Je ne vais pas, bien entendu, en faire ici le traitement. Ce serait extrêmement long, complexe...mais compréhensible par toutes et tous. De nombreux ouvrages ont été écrits sur le sujet par nombre de philosophes dont certains sont... grecs.
Cela rend d’ailleurs d’autant plus navrante la déclaration d’Emmanuel Macron pour sa brutalité et son flou générateur d’équivoques alors que tout peut être dans la nuance voire la concorde.
(Frontispice du livre de Paul Lafargue, Le droit à la paresse - L Maitrier — Travail personnel - GFDL)
Je conseille à monsieur le Président de s’interroger sur ce qu’il met derrière le terme de « travail » dans notre société et de se poser la question de savoir pourquoi on pourrait revendiquer le droit à la paresse. Tout un programme qui contrarierait probablement l’inepte réforme du code du travail qu’il veut imposer jusqu'au bout.
Je répondrai donc à cette insulte, car c'en est une, par le mépris qu’il se doit. Et je revendique le droit à la paresse.
Pour mémoire : de mai 1981 à mars 1983, un ministère du Temps libre a existé en France... Les grandes espérances soulevées par ce nouveau ministère furent vite attaquées du fait du foisonnement de questions et d’interpellations auxquelles sans doute "on" ne voulait pas trouver de réponses satisfaisantes. Ce terme de « Temps libre » commençait déjà à inquiéter sans doute ceux qui aujourd’hui réclament plus de travail, plus d’efforts et plus de profits sans contrepartie.
Monsieur Emmanuel Macron est-il lui même un fainéant ? Il travaille sans doute beaucoup et je ne me permettrai pas de le qualifier de cette manière insultante au sens où il a osé l’employer dans sa déclaration à savoir « une personne qui ne veut pas travailler ou qui ne veut rien faire » ou celui « qui évite l'effort ou le travail, par paresse... »
Mais le terme né au début du XIVe siècle est en réalité la contraction de la forme verbale «fait» et «néant». Le fainéant est littéralement celui qui fait «néant».
La question se pose donc de savoir ce qu’a fait jusqu’ici et ce que fera monsieur MACRON pour le pays et ses habitants pour améliorer leur situation notamment ceux qui en ont le plus besoin : retraités les plus démunis, les SDF, les millions de français qui vivent sous le seuil de pauvreté. Chacun jugera !
En tout cas, je ne m’abaisserai pas à l’insulter à mon tour...
Monsieur Macron apparaît se placer du côté de ceux qui estiment que la paresse est un temps inutile, un temps qui ne vaut rien comme tous ceux qui pensent et agissent pour faire que l’économie prime sur tout y compris la démocratie qu’on utilise pour faire croire que seul le travail a des vertus.
Rappel pour une réflexion à propos du code du travail: Pendant un siècle le progrès social s’est peu à peu mis en place à force de luttes par ceux qui subissaient les abus et qui ont abouti aux congés payés, à la limitation et à la réduction de la quantité d’heures journalières ou hebdomadaires de travail et la retraite à 60 ans. Alors que cela a fait cesser une partie de l’esclavage existant de l’homme et de la femme voire des enfants par les capitalistes de l'époque et a amené un vrai progrès social, on en revient à vouloir rallonger le temps de travail grâce à des réformes dictés par ceux qui réorganisent au profit de quelques uns l’économie du monde. Il n’y a non seulement plus de progrès social mais une régression dont se font complices les états et les gouvernants et que veut favoriser Emmanuel Macron et ses ordonnances. J'y reviendrai.
A suivre... pour le cynisme et l'extrêmisme.
(Photo copyright Patrick Patte)
« LE QUINQUENNAT COMMENCE MAL POUR L'ÉCOLE... LE PRÉSIDENT MACRON EST-IL EXTRÊMISTE, CYNIQUE ET FAINÉANT? 2 sur 2 »
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