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LE CORONAVIRUS ET LES VACANCES D'ÉTÉ...
Mon précédent article faisait état d’un certain nombre de mesures de dé-confinement mises en place pour redonner de « l’air » aux françaises et français notamment tous ceux qui ont dû subir parfois des conditions de confinement difficiles. La progressivité et la prudence d’ouvertures des espaces naturels sous réserve du respect de conditions de sécurité et de contrôles permettent d’aborder avec un peu d’optimisme une nouvelle période pour redonner à chacune et chacun un rythme de vie plus supportable et notamment les enfants. Reste quand même les personnes à risque qu’il faut protéger et qui se doivent de continuer à prendre des précautions pour ne pas se faire « choper » par la saleté de COD-19 et pour eux ce n’est pas facile. Pour les personnes seules âgées ou même plus jeunes qui sont dans ce cas, c’est encore anxiogène…
Le cod-19, lui, n'est pas en vacances...Image par bertvthul de Pixabay
L’OUVERTURE DES BARS ET RESTAURANTS
Un plan d'aide pour venir au secours du secteur du tourisme d'un montant de 18 milliards d'euros a été décidé en ce début mai. Cette aide a été considérée comme une priorité nationale pour tenter de sauver un secteur essentiel de l’économie. Il faut dire que les dits établissements ont dû fermer brutalement mi mars, du jour au lendemain sans même un préavis. Je dis en passant que le gouvernement aurait pu laisser le temps aux structures de se préparer en annonçant le calendrier de la fermeture plus tôt. Cette brutalité a entrainé par exemple pour de nombreux restaurateurs une perte importante de denrées périssables. C’est à mon avis une décision technocratique qui n’a pas tenu compte des réalités vécues par les restaurateurs qui montre aussi un manque d’anticipation des incidences possibles d’une crise. Cela aurait dû être prévu dès fin février en avertissant les restaurateurs d’une possible fermeture dont ils seraient informés en leur laissant le temps de se « retourner ».
Il est donc prévu, si les conditions sanitaires le permettent, de laisser ré-ouvrir les bars et restaurants à partir du 2 juin dans les zones vertes. Ce ne sera pas si simple. A entendre les professionnels il ne suffit pas d’avoir l’autorisation d’ouvrir. Encore faut-il qu’ils puissent le faire dans des conditions qui leur permettent une certaine rentabilité et que les clients reviennent. Ce n’est pas gagné. Mais au moins, ils sont prévenus qu’ils peuvent se préparer même si la date n’est pas sûre. Il faudra sans aucun doute faire preuve d’inventivité et d’organisation. Bon courage aux professionnels.
Image par werner moser de Pixabay
Les aides sont substantielles : le recours à l'activité partielle sera possible jusqu'à fin 2020 pour les entreprises du tourisme et de l'évènementiel, l'accès au fonds de solidarité, pour les entreprises du secteur des cafés hôtels restaurants, du tourisme, de l'événementiel, du sport et de la culture, sera prolongé jusqu'à fin septembre. Tout le secteur sera exonéré des cotisations sociales patronales dues entre mars et juin. L’ exonération sera prolongée tant que la fermeture de l'entreprise durera. Pour relancer il est annoncé qu'« un crédit de cotisation de 20% des salaires versés depuis février sera accordé aux entreprises pour accompagner leur reprise ».
L’initiative de doubler le montant des chèques restaurants est une bonne idée. Mais encore faut-il , pour le client , être sûr qu’il sera en sécurité dans l’établissement. Aux restaurateurs et bars à en faire la démonstration…et aux clients de revenir. Pas sûr que ce soit facile.
LES VACANCES D’ÉTÉ
En cette période, beaucoup pensent aux vacances et c’est bien normal. Les questions sont nombreuses mais parfois hors sol quand on connait la situation sanitaire actuelle et celle qui sera lors des trois prochains mois. Car même si le nombre d’admission en réanimation diminue, les risques sont là : le virus circule partout, on ne sait pas qui est touché et le risque de le rencontrer si notamment on ne se protège pas avec les gestes barrières ou si on ne protège pas les autres avec le masque.
La preuve en est si on considère les nouveaux « clusters de contamination » dans les zones vertes citées dans mon article précédent auxquels s’en ajoutent d’autres d’ailleurs depuis et qui concernent souvent un nombre important de personnes. A ce jour, 25 « clusters »de contamination sont déclarés en France dont 1 dans l‘Oise et 1 dans les Hauts de France, en zone rouge. A Roubaix (Nord) 9 écoles (8 publiques et 1 privée)viennent d’être fermées par précaution suite à une déclaration de présence du coronavirus chez un enfant accueilli au sein du service minimum d'accueil . Par mesure de précaution et le temps que l'Agence régionale de Santé procède aux investigations, ces écoles resteront fermées. Selon l'Inspection Académie de Lille, cela devrait "permettre d'envisager sereinement l'accueil des enfants dans les écoles concernées dès le 25 mai prochain." L'élève "ayant potentiellement été en contact avec des élèves accueillis dans des écoles de la ville.". Une enseignante, qui s'occupait de 3 ou 4 du personnel prioritaire à l'école d'Emmerin (Nord) présente des symptômes du Covid-19. La réouverture de l'école a donc été décalée au 25 mai. Cette mesure doit, selon l'Académie de Lille, "permettre d'envisager sereinement l'accueil des enfants dans les écoles concernées dès le 25 mai prochain." L'élève "ayant potentiellement été en contact avec des élèves accueillis dans des écoles de la ville."
Au total sur l'ensemble de la France, 70 écoles ont dû fermer... Ce matin j'apprends qu'à LILLE un poste de police va nécessiter un millier de tests suite à la détection d'un ou plusieurs cas de policiers infectés. Dans le Pas-de-Calais une gendarmerie est déclarée comme foyer de contamination du covid-19...
Image par Foundry Co de Pixabay
L’annonce faite que les français pourront partir en vacances en juillet et août en métropole et dans les territoires d’outre mer me semble donc précipitée. Ce qui me gène c’est que l’intention est qu’il n’y ait pas de limitation de distance...autorisant chacun à aller où il le souhaite. Les français sont même incités à prendre des réservations… mais ils seront remboursés si…la situation sanitaire ne permet pas le départ : "les acteurs du tourisme , de l'hôtellerie, se sont engagés à faire en sorte qu'ils soient intégralement remboursés dans l'hypothèse où l'évolution de l'épidémie ne rendrait pas possible le départ en vacances".(Premier ministre)
Il eut fallu attendre un peu pouvoir de quelle manière cette situation va évoluer avec les dé-confinements plutôt que de donner des espoirs qui pourraient se révéler vains. Les soignants le disent : on aura les effets d’ici deux à trois semaines, le temps qu’il faut pour se rendre compte que les entrées en réanimation ne remontent pas. Car pour l’instant ça baisse parce que les morts continuent de vider les lits, que des patients guérissent et qu’effectivement il y a moins d’entrées. Là aussi c’est un effet retardé…du confinement. On aurait donc pu attendre.
Une deuxième vague est possible de l’avis de nombre de professeurs et de docteurs toutes spécialités confondues. Qu’il y en ait une ou pas, c’est une crainte partagée par de nombreux professionnels. Le problème est de savoir si nous serons prêts à l’affronter. Les soignants sont épuisés par la première vague. Aux nouveaux malades qu’il y aura encore, vont s’ajouter ceux qui reviennent et avaient retardé, nombreux, leurs consultations.Ils n'ont pas le covid-19, mais ont des maladies qu'il faut traiter. L’autre crainte c’est que les hôpitaux dont les organisations reviennent progressivement à « la normale » d’avant la crise n’aient pas pu accroître leurs moyens de faire face en rechargeant les réserves nécessaires : respirateurs, médicaments, lits, masques et équipements divers de protection qui, s’ils ne manquent plus actuellement selon le ministre de la santé, sont encore ici ou là en tension de distribution. Depuis ce lundi dans les Hauts de France, il semble bien que la pénurie de masques existe encore puisque des médecins et des infirmiers libéraux "rapportent des difficultés à se procurer des masques FFP2 en pharmacie à tel point que l'Agence Régionale de Santé a lancé la distribution de 200 000 masques FFP2..." (Voix du Nord de ce mercredi 20 mai 2020). Aux dires de nombre de responsables d’hôpitaux il faut pourtant être prêt et ne pas se retrouver dans la même situation qu’en mars. Sinon ils ne pourront faire face. Pour l'instant, nous ne sommes pas prêts...
Image par Nana Cola de Pixabay
Le relâchement de la population déjà constaté ici ou là est aussi une crainte majeure… Ce long week-end de l'ascension devrait être un test quant à la capacité des françaises et des français de suivre les règles notamment sur les plages ouvertes. On peut quand même signaler que trois communes de Bretagne (Damgan, Billiers et Erdeven) referment ce jour les plages qu'elles viennent d'ouvrir au motif de nombreuses incivilités : dégradations des aménagements mis en place, la présence de chiens en liberté sur la plage, distanciation sociale pas respectée, plusieurs groupes statiques allongés sur la plage... D'autres communes auraient demandé à la préfecture des fermetures... Il ne faut pas généraliser bien sûr mais tout cela reste à observer.
La prudence s’impose donc.
J’estime que pour le gouvernement, il ne s’agit pas de rassurer sur la baisse de l’épidémie dont on ne maîtrise pas encore les risques d’une contagion qui est de la part du virus importante mais bien d'abord de mettre les moyens opérationnels nécessaires pour y faire face dans les hôpitaux. Cela serait vraiment rassurant mais n'a pas l'air pour l'instant d'être fait. Il faudrait que cette vague ne déferle pas cet été pour laisser le temps aux soignants de récupérer et à l’état de refaire les stocks des hôpitaux et améliorer son organisation pour la débarrasser de ses contraintes administratives de gestion. L’état se doit aussi d’assouplir la technocratie de son administration pour rendre plus souple et opérationnelles les circuits de décisions urgentes et que se reproduisent pas les bugs comme ceux des commandes de masques ou de matériels de protections ou même les moyens de faire des tests.Image par Vesna Harni de Pixabay
L’AUTORISATION D’ALLER N’IMPORTE OU SUR LE TERRITOIRE…
C’est ce qui est prévu si le top départ des vacances est lancé…
Je pense néanmoins que la prudence doit continuer d’être de mise quant à l’ouverture des espaces pour les trois prochains mois et cela dépend du gouvernement qui se doit de prendre les bonnes décisions pour éviter donc une deuxième vague. Même si comme le dit le ministre de la santé, la responsabilité est collective, le premier responsable est le gouvernement qui doit prendre les mesures nécessaires sans faire montre de naïveté en croyant que tout le monde appliquera les règles des gestes barrières et mettra le masque. A ce propos il eut par exemple été opportun d'obliger le port du masque dans tous les lieux clos et bien sûr faire que ce masque soit gratuit. C'est une erreur de décision. Cela se constate tous les jours. Le civisme de la majorité des citoyens ne suffira peut-être pas si on multiplie les occasions alléchantes de liberté qui pourraient augmenter les concentrations de population de vacanciers, les brassages d’une population qui pourrait baisser la garde sans s’en rendre compte, prise qu’elle le serait d’un enthousiasme de retrouver une liberté plus intense.
A partir du moment où on lèvera l’interdiction de se déplacer à plus de 100kms de son domicile, rien n’empêchera d’aller envahir, comme cela se fait chaque été, les lieux comme les plages de la méditerranée ou tout autre région où les vacanciers s’entassent pour profiter du soleil et de la plage…
Il y a probablement d’autres solutions pour limiter de manière raisonnable les déplacements et permettre aux français qui le peuvent encore, de prendre des vacances.
Image par Gianni Crestani de Pixabay
J’ajoute enfin que nous allons accepter que des touristes puissent venir d’autres pays de l’Europe… N’est-ce pas trop tôt pour cet été? J’ai entendu que l’Espagne fermait ses frontières. La réponse de la France a été de dire qu’elle ferait de même si cela se produisait…Ce n’est pas le sujet et de la part de la France c’est une réponse puérile digne d’une cour de récréation. Le sujet est que pour les pays de l’Europe il faut avoir une attitude concertée qui préserve la santé des citoyens de chaque pays. Pas simple il est vrai mais indispensable. Et si chacun restait un peu chez soi - c'est à dire dans sa région ou son pays - pour une fois, cet été, au lieu de participer à des grands brassages de population et prendre le risque de déclencher une deuxième vague européenne de contamination ?
A suivre donc avec beaucoup d’attention.
Pas pessimiste mais lucide...enfin je crois.
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