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La déclaration de politique générale du premier ministre Jean – Marc EYRAULT
Cette déclaration a eu lieu le mardi 3 juillet à l’assemblée nationale.
Elle me semble limpide tant au niveau des intentions annoncées que dans la ligne directrice affirmée. J’en retiens synthétiquement qu’ il faut redonner tout son sens à la justice dans ce pays. Et j’en suis d’accord. Il est vrai que la France et les français ont souffert depuis de nombreuses années (et durant ces cinq dernières en accéléré) de la diminution progressive de la capacité des services publics à faire que la solidarité, base de la justice sociale , s’amenuise. Cela a été politiquement voulu pour servir une doctrine libérale dont on voit actuellement partiellement les effets dévastateurs avec la crise européenne.
(Photo auteur: Mbzt licence: http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr )
Il faut rappeler quand même que le rôle de l’Etat doit être aussi celui de permettre la solidarité et la justice. Les services public en sont un moyen incontestable. Si l’Etat ne doit pas déresponsabiliser les citoyens et favoriser l’assistanat, son intervention est indispensable pour de nombreuses raisons et parmi elles :
- le maintien du lien social qui est une exigence démocratique. La mise en place de systèmes solidaires est indispensable sinon à quoi sert d’appartenir à la communauté nationale et d’en avoir l’identité.
- Une exigence sociale qui doit rééquilibrer les injustices dues à un développement économique qui accroit les inégalités sociales du fait même, entre autres, d’une mauvaise répartition des richesses produites.
Ce sont les problèmes de chômage, de santé, de handicap, de dépendance due à la vieillesse, de pauvreté, de mal logement pour lesquels il faut des régulations que seul l’état peut et doit assumer car ils concernent notamment les plus fragiles. Pour ce faire l’état doit donc être juste.
Sinon c’est l’anarchie à l’image de ce à que nous avons vécu des crises économiques successives produites par des financiers peu scrupuleux avec certains traders à leurs services et qui ont posé les bombes qui font exploser le système et mis en difficultés des peuples au détriment des innocents et des plus faibles qu’on veut faire payer. Il est temps que les dirigeants européens se ressaisissent après des années d’incompétence notoire pour enfin mettre le « holà » aux puissances impudiques et destructrices de l’argent roi. Ça progresse mais rien n’est joué.
Je suis pour ma part très heureux d’avoir entendu ce mot de justice utilisée de très nombreuses fois comme le mot fort de la déclaration. C’est une première depuis longtemps. A traduire dans les actes mesdames et messieurs les députés.
Il y a aussi des termes tout aussi importants voire fondamentaux comme « motivation au travail, services publics de qualité, productivité directement liée à la qualité des ingénieurs, des techniciens ou des ouvriers qui sortent de nos écoles, fiscalité qui valorise le travail plutôt que la rente… » qui vont dans le bon sens et sont porteurs d’espoir.
On sent que l’on va passer, c’est du moins dans les intentions affirmés, à autre chose que de la communication servant à diviser les français ou à faire croire qu’on agit alors qu’il n’y a qu’agitation ou « activisme brouillon » sans efficacité. On a pu le constater de nombreuses fois ces dernières années :
-sécurité : opérations de police médiatisées qui ne résolvent rien et surtout pas les trafics dans les banlieues, politique du chiffre, …
- éducation : quelques gadgets imposés pour flatter les parents électeurs comme la semaine de quatre jours ou la réforme du lycée qui n’ a été que peu appliquée faute de vrai moyens
- environnement : Grenelle dont les ¾ des dispositions n’ont pas été mises en œuvre
- modification structurelle : ANPE et ASSEDIC pour un pôle emploi inefficace
- course aux radars « pompes à fric » pour faire croire que sur les autoroutes ça allait améliorer la sécurité
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C’est un discours qui a du fond et qui est motivant .Il faudra donc laisser le temps de le mettre en application en y participant mais aussi en y apportant une vigilance qui doit être de mise pour un citoyen conscient des difficultés de mise en œuvre des idées . De la parole aux actes, il y a parfois de la distance qui déçoit. Il y a aussi à être vigilant envers ceux qui tenteront de freiner parce qu’ils ne sont pas pour la justice sociale. Ils sont faciles à reconnaître : ils ont été au pouvoir durant cinq longues années mais il y en a d’autres cachés ou non.
Tout doit être replacé dans le cadre de l’Europe. Celle-ci a bien besoin de mettre la solidarité à l’ordre du jour de ses politiques et de ses actions pour le service des peuples et non pas celui des banques et des financiers, l’argent devant être utilisé non pas pour faire des rentes impudiques mais pour produire, investir et rémunérer ceux qui produisent la richesse: les travailleurs. Ces travailleurs ne sont pas seulement ceux des usines, ateliers, bureaux mais aussi ceux des services publics, de l’éducation et de la santé notamment et ceux de la recherche productrice d’innovations. Ce sera une rude tâche car il faudra combattre les égoïsmes des nations et les lobbies puissants que certains politiciens soutiennent.
Au boulot !
Tags : service, justice, social, systèmes solidaires, inégalités sociales, crises, anarchie, régulations, vigilance, europe, solidarité