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La crise comme prétexte de gouvernance non démocratique?
La crise… Ce mot on l’entend depuis des mois comme une rengaine qui revient sans cesse pour nous faire croire que nos politiques essayent de sauver le monde, qu’il faut faire des efforts,… Et de nous asséner, à coup de reportages télévisuels, la situation de la Grèce, l’Espagne, le recul inévitable des droits sociaux. Faudra faire des sacrifices… Payer plus cher pour faire des études, être moins bien remboursé…
Qui va devoir faire des « efforts » ? Le bon peuple bien sûr…pas les aristocrates de la finance ou ceux des entreprises du CAC 40 et autres rois et reines du profit spéculatif. (Je ne mets pas dans le même sac, ceux qui entreprennent, investissent en prenant des risques et qui ne font pas des profits démesurés en délocalisant à tout va)
(auteurs: A. arnould , Alboize du Pujol & A. Maquet, domaine public)
A se demander si tout cela n’est pas orchestré. Je ne tomberai pas dans l’extrémisme de certains qui vont jusqu’au complot international. Il n’empêche qu’on est en droit de se poser des vraies questions sur la démocratie et ce à quoi elle sert actuellement.
N’est-ce plus qu’un mot vidé de son sens ?
Quelques questions méritent d’être approfondies pour prendre de la distance avec l’actualité « zapping » telle qu’on nous la sert, à la télé notamment souvent mais aussi dans certains magazines pour faire des gros titres ou sur le web. Fatigués par une journée de travail, nombre d’entre nous digèrent (ou pas) rapidement tout cela jusqu’à la banalisation. Ensuite, on passe à autre chose…
(auteur:KoS, domaine public)
Ne généralisons pas : il y a d’excellents magazines télévisés et des reporters qui montrent par exemple les conditions de travail scandaleuses des ouvriers chinois pour qu’Apple fassent des bénéfices énormes avec le dernier joujou technologique, la situation en Syrie qui tue chaque jour des enfants, des femmes et des hommes pour qu’un dictateur conserve son pouvoir.
Il est vrai que ce n’est pas très « gai » et les horaires de passage ne se font pas toujours, loin de là, à des heures de grande écoute… On n’est pas obligé d’y être tout le temps attentif. Mais, de temps en temps, ça remet les « esprits » en place. Il y a aussi sur le web des médias qui ont le mérite de poser de véritables débats (comme Mediapart, Arrêt sur Images et quelques autres) et, sur papier, le « Canard Enchainé ». Cela ne veut pas dire que les autres magazines ou médias ou non du Web ne méritent pas d’être vus ou lus. On y trouve des points de vue très intéressants, divers et variés, d’excellentes signatures. La lecture multiple et diversifiée permet de se faire une opinion. Mais ça demande du temps… Ça devrait aussi mieux s’apprendre à l’Ecole.
Je mets à part la presse dite « People » qui n’a pour moi aucun intérêt. Mais c’est mon point de vue. A chacun sa liberté.
Je reviens sur le vote du Traité budgétaire européen par notre parlement français pour simplement faire remarquer qu’on n’a pas pris le temps et les moyens d'expliquer au français, clairement, tous les tenants et aboutissants de ce traité qui va régir en grande partie notre avenir et celui de nos enfants. De quelle manières non démocratiques les mesures seront-elles prises par l’Europe?
Ma conviction est que ce sera bien sûr sans les peuples et par les « commissaires » non élus de la commission européenne. En France, on a fait voter dans la précipitation par le parlement le Traité et on a réduit le débat aux spécialistes et aux politiques. Il n’a pas été fait les efforts nécessaires pour informer vraiment la population pour qu’il y ait un vrai débat national. N’est-ce pas un signe réel d’une défaillance de la démocratie ? Sommes-nous encore à l’ère du despotisme éclairé ?
(Frédéric II de Prusse, despote éclairé, auteur Antoine Pesne, domaine public)
Nos gouvernants européens et donc français maîtrisent-ils bien les décisions qu’ils arrêtent ? Certains ne sont-ils pas complices des puissances de l’argent ? On pourrait le croire en considérant les décisions qui ont été prises, depuis des années, par une Europe dirigée par des libéraux qui n’ont comme préoccupations principales que les intérêts économiques (lesquels ?) sans avoir de politiques sociales et d’investissements volontaires.
Pourquoi l’Europe est-elle en réalité dirigées par des structures dont les membres ne sont pas élus mais désignés et que les parlementaires européens ont bien du mal à contrôler ?
A commencer par la commission européenne.
Voici un élément d’appréciation concernant cette instance pour montrer le déficit démocratique de l’Europe. Connaissez –vous le Six Pack ? En bref, ce sont six textes votés en 2011 censés améliorer la gouvernance économique et faire face à certains déséquilibres des dettes publiques des états. Ces textes donnent à la commission européenne non élue des pouvoirs exorbitants. En bref, la commission européenne est depuis cette époque chargée de la surveillance des Etats en matière de déficits et de déséquilibres excessifs. Elle donne des recommandations aux états membres, les avertit et applique des sanctions.Le problème démocratique est à mon sens que cette commission – dont les membres sont désignés par les Etats - met en œuvre par exemple des sanctions selon une procédure qui permet que toute décision de la Commission sera adoptée si le Conseil européen ne s'y est pas volontairement opposée.
La commission ne doit rendre aucun compte devant le parlement alors que c’est elle qui sanctionne. Elle n’est en quelque sorte pas responsable et n’assume en aucune manière les conséquences politiques de la sanction qu’elle prend.
En quoi la commission européenne est-elle donc légitime pour sanctionner le budget d’un état ? Ce devrait être de la responsabilité du parlement européen ou du Conseil.
Où est l’esprit de « Communauté Européenne » dans cette manière technocratique de gérer « les problèmes » par le biais de fonctionnaires européens qui vont se permettre de « mettre au pas » un état, voire convoquer un ministre de la république pour lui « taper sur les doigts » ?
Est-ce là ce qu’on appelle l’Union (européenne) ?
Le nouveau traité budgétaire européen, s’il est mis en place, renforcera le pouvoir de la commission européenne notamment au niveau des sanctions mais n’apporte aucune avancée dans le domaine social et ne permet en rien la relance de la croissance. En effet, les sanctions et mesures prises en direction des états favoriseront au contraire l’austérité, la destruction de services publics pour faire des économies et des privatisations. Privatiser un service public, cela rapporte-t-il ? Sans nul doute sinon il n’y aurait pas « d’amateurs » pour « racheter »…souvent à bas prix.
(Il n’est qu’à se souvenir qu’en France, on a privatisé les péages autoroutiers pour soi-disant permettre des investissements, un meilleur entretien. L’usager voit ce qu’il lui en coûte avec les augmentations des droits de passages, une manne financière pour les actionnaires. Quel est bénéfice pour les usagers de la route ? )
(auteur Xavier Häpe, sous license cc-by-2.0)
Le deuxième problème démocratique européen, et non des moindres, est donc bien que la commission européenne n’agit que par rapport à des critères strictement économiques et libéraux.
Avec le nouveau traité, les critères sociaux ne sont toujours pas à l’ordre du jour. Pourtant c’est ce qui devrait présider à une politique européenne digne de ce nom tout en ayant des préoccupations économiques adaptées à la relance de la croissance et qui soit donc au service de ses populations.
A défaut, ce n’est pas l’Euro qui explosera mais les peuples qui se révolteront.
Et ça sera bien plus grave que la crise provoquée par les spéculateurs, certaines banques et des politiciens irresponsables qui n’ont pas su gérer leur pays en ne pensant qu’au court terme.
Patrick PATTE, citoyen français et européen.
(La prise de la Bastille durant les manifestations de l'automne 2010 contre la réforme des retraites. Auteur: Geoffroy, licence Creative Commons paternité – partage à l’identique 3.0 (non transposée)
Tags : europe, commission européenne, démocratie, despotisme éclairé, traité budgétaire européen