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LA CONFERENCE SUR L’EVALUATION DE BENOIT HAMON
Pour ma part, j’ai évalué la mise en place des rythmes scolaires par Vincent PEILLON et Benoit HAMON. Si j’avais dû mettre une « note finale » traditionnelle, elle aurait été très en dessous de la moyenne...et je suis gentil. J'ai préféré donner mes appréciations argumentées et des propositions.
Ceci dit pour introduire un sujet qui revient fréquemment sans qu’il soit vraiment bien développé ou aboutisse vraiment pour donner satisfaction.
Monsieur Hamon veut donc faire une conférence pour réformer l’évaluation scolaire. Il veut que celle-ci soit stimulante et ne décourage pas.
C’est un bon objectif et en effet très nécessaire. Mais il faut aller plus loin: cette évaluation doit faire partie d'un tout de pratiques pédagogiques adaptés pour apprendre . Il affirme aussi qu’ « Il n’y aura pas de tabou dans cette conférence». C’est aussi une bonne résolution.
On me permettra, néanmoins, d’être vigilant quand on parle de « tabou ». Il semble bien que pour monsieur Peillon et Hamon il y a eu des tabous et par exemple celui de proscrire le « samedi » comme matinée travaillée obligatoire malgré toutes les recommandations des acteurs compétents du terrain et en se basant sur des sondages plutôt que sur l’intérêt des enfants.
(Œuvre du « serpent de mer » par l’artiste Huang Yong Ping à Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique, France), Auteur Patrick Patte 08 2012, copyright sans droit de reproduction)
Il faut espérer que cette conférence ne sera pas une fois de plus l’occasion de ménager la chèvre et le chou et que l’on prendra le problème dans l’intérêt des élèves et pas dans celui des adultes qu’on consultera par sondage pour arriver à une réforme de l’évaluation qui sera « ni moule ni poisson » pour ménager les uns ou les autres.
Oui, l’intention est bonne et j’attends donc des résultats concrets à la hauteur de l’enjeu et donc un certain courage politique que n’ont pas eu messieurs Peillon et Hamon avec la réforme des rythmes dits « scolaires ».
Certains médias se sont emparés du sujet pour en faire le sondage du jour « Etes-vous pour ou contre la suppression des notes ?» ce qui est réduire l'évaluation à sa forme la plus simpliste... un peu comme le "Etes-vous pour le mercredi ou le samedi travaillé?" des rythmes de la semaine scolaire.
J’ai eu l’occasion de m’exprimer sur le sujet de la notation sur le présent blog, en octobre 2012, sous le titre « noter ou ne pas noter ? ». Je ne ferai donc ici que reprendre ce que j’écrivais alors, avec quelques ajouts, mais qui est toujours d'actualité.
ETRE « POUR OU CONTRE » LES NOTES RELEVE D’UNE CONCEPTION SIMPLISTE DE L’EVALUATION.
Pour justifier la notation, sont souvent ressortis les arguments du type « Il faut préparer les enfants à ce qui les attend après, au système de la compétition dans la société actuelle. La note est indispensable pour cela. Tout le monde est noté etc… »
Avec de tels arguments simplistes, il ne faut pas s’étonner que la société devienne de plus en plus inégalitaire et égoïste.
"A l’école, il faut évaluer par la note ce que les élèves savent... La note permet aux parents de situer leurs enfants. » C’est un peu court... et encore faut-il que cette note représente quelque chose de précis.
On entend aussi : « On pourrait remplacer la note par une lettre… ».
Cela été fait mais en quoi cela a-t-il fait avancer le système de l’évaluation car c’est bien en effet de l’évaluation dont il faut se saisir et non pas de la note.
Le problème de l’évaluation ne se pose que par rapport à ce qu’on doit évaluer.
Alors commençons par réviser, d’une part, les programmes pour les mettre en cohérence. D’autre part, revoyons la pédagogie, la manière de prendre en charge les élèves et de leur apprendre. Et surtout mettons y les moyens et pas seulement les bonnes intentions et les discours.
Mais oui, il faut réformer l'évaluation, n'en déplaise à certains nostalgiques du passé qui en sont encore à glorifier les bulletins remplis de notes généralistes et les classements et qui affirment qu'au moins cela avait le mérite de la clarté pour les parents ou les élèves "les bons comme les mauvais".
Ce n'est pas la note ou la lettre qui est le fond du sujet mais l'esprit de l'évaluation qui est à reconsidérer.
Je ne généralise pas non plus les pratiques en ce domaine. Nombre d'enseignants ont infléchi leurs manières de faire pour que l'évaluation soit plus juste et permette de progresser plus que sanctionner. On ne peut caricaturer ce qui existe mais il faut bien dire que dans les classes qu'elles soient du primaire ou de secondaire, il reste à parfaire la réflexion et les pratiques pour plus de justice et de positivité ce qui n'a jamais nuit au progrès des élèves et n'est pas synonyme de laxisme comme d'aucuns voudraient le faire accroire...
PARLER DE NOTATION N’A AUCUN SENS SI ON RESTE DANS LE SEUL ESPRIT DE LA COMPETITION
Il faut se poser quelques questions.
Les enfants et les jeunes qui ont « des mauvaises notes » que ressentent-ils ?
Quelle est le ressenti d’un élève de l’école primaire à qui on dit que ses notes ne sont pas mauvaises mais moyennes , que ça pourrait être mieux, qu’il a des difficultés scolaires et à qui on ne propose rien d’autre que de se comparer aux autres ? Je ne généralise pas mais c'est le lot de nombre d'élèves.
Est-ce normal que des enfants aient mal au ventre avant d’aller à l’école le matin parce qu’on leur met trop la pression vis à vis des résultats, des notes, de la comparaison avec les copains ou les copines? Ce n’est pas une impression, c’est un fait. Une étude,réalisée en 2012, pour l’association Trajectoire -Reflex indique que "43% des élèves d'école primaire ont la boule au ventre avant d'aller en classe". Cela aide-t-il à apprendre?
Que peut penser un élève de collège qui travaille énormément et se donne du mal et qui obtient des mauvaises notes ou « juste la moyenne », n’est jamais récompensé pour le travail qu’il fait à la maison, comparé à un autre qui par « facilité » -tant mieux pour lui - obtient des très « bonnes notes » sans trop travailler?
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( auteur Softeis 28/05/2005, licence CC BY-SA 3.0)
Est-on satisfait du fonctionnement et de cette compétition de la société qui écrase le plus faible ? C’est ce qui existe souvent. Mais est-ce une raison pour mal préparer nos enfants qui vont la subir, de les insérer dans le moule plutôt que permettre d’y faire face non pas en les conditionnant mais avec intelligence et les aider ainsi pour plus tard à faire évoluer les mentalités.
Préparer nos enfants à affronter la société c'est les préparer à avoir la connaissance de cette société y compris les dures réalités sélectives. Mais c'est aussi les préparer à se dépasser, à faire les efforts pour se faire et ce n'est pas par la seule compétition qu'on y arrive mais par la prise de conscience de ses atouts personnels, de ses possibilités et de ses faiblesses ce qui permet de se construire et de trouver sa voie sans être toujours enfoncé dans l'échec.
En quoi, par exemple, la boule au ventre, le découragement organisé par les classements généralistes sont-ils bénéfiques? Ce sont des facteurs qui affaiblissent voire discriminent et enfoncent dans la médiocrité ceux à qui on n'a pas fait découvrir qu'ils peuvent progresser puisqu'on se contente seulement de leur montrer qu'ils ne sont pas les "meilleurs". Les meilleurs en quoi d'ailleurs?
Combien d'enfants ont subi tout cela? Combien ont subi les frustrations, le dégoût ensuite de faire "du scolaire". Combien ont subi l'échec scolaire?
Il est sûr que chacun est différent et qu'il est difficile parfois d'arriver à faire des "miracles" avec certains élèves car les situations sont complexes. Cependant, ce n'est pas une raison pour les enfoncer dans leurs échecs par la note et un classement inutile. Ceci dit toujours sans généraliser ces pratiques existantes. Il y a d' autres méthodes qui se font : celle d'au moins permettre de faire découvrir qu'on peut progresser, que l'effort permet d'avancer et d'être gratifié et qu'on retrouve au moins l'estime de soi-même. Mais on peut sans doute faire plus.
Et dans l’éducation nationale ces dernières année, il n’a pas été donné le bon exemple : Il n’est juste qu’à considérer la disparition programmée de l’aide aux enfants en difficulté (Le RASED) dont le gouvernement Sarkozy/ Fillon a fait réduire les moyens laissant sur le bord de la route des milliers d’enfants que l’on retrouvera en collège aux prises avec des difficultés scolaires encore plus accentuées.
« REPENSER L’EVALUATION" DOIT PRENDRE TOUTE SA PLACE EN COHERENCE AVEC LE RESTE
Les parents et les élèves demandent-ils des notes, des classements ?
La réponse est oui et c’est justement là que le bât blesse : on a inculqué un modèle sélectif pour répondre aux besoins des parents d’être rassurés sur le niveau, l’état scolaire de leur enfant ou adolescent. On ne peut les blâmer. Ils ont eux aussi été formatés. Où en est, chez nos concitoyens, l'esprit critique et le désir et l'effort de vraiment s'informer ?
Mais pas assez souvent on indique aux parents une autre manière de considérer les choses : une évaluation qui serait constructive, positive qui permettrait de progresser plutôt que de faire un état sans suite du bon ou mauvais niveau de l’élève. Quand suite il y a, c’est la bonne ou mauvaise appréciation sur le carnet de notes, la colère ou la satisfaction des parents. Et ensuite ? Les moyens de permettre à l'élève de progresser, de rectifier sont-ils vraiment au rendez-vous? Pas toujours pour de nombreuses raisons dues aux manques de notre système éducatif ( moyens, temps, formation du personnel...).
Le problème immédiat n’est donc pas qu’il y ait notation ou pas.
(image Alliance Européenne Dana pour le Cerveau (EDAB))
Il faut changer l'état d'esprit même de l'évaluation et la concevoir comme un moyen de progression plutôt que de compétition. Occupons-nous des erreurs de nos enfants et de nos jeunes pour en faire le tremplin du tâtonnement, de l’essai, de la construction du savoir intelligent, de la réflexion qui permet une confiance en soi, de construire une estime de soi équilibrée et d’arriver à une rectification intelligente de l’erreur et donc à la connaissance. Oui à une évaluation qui diagnostique l’état de la connaissance de l’élève à partir du moment où cela sera intégré dans un processus d’apprentissage car suivie d’évaluations formatives qui aideront à progresser en s’appuyant sur les erreurs ou les réussites.
Cela n’exclut pas à un moment ou un autre une évaluation sommative vérifiant que les acquisitions visées par l’apprentissage ont été faites, atteintes, assimilés et réinvesties.
Ce n’est donc pas la notation qui est importante mais bien la pédagogie à mettre en oeuvre.
LA PEDAGOGIE: CLE DE LA REFONDATION DE L'ECOLE
On doit en rénover la pratique dans la classe, l’école, le collège, le lycée, l’université. Après cela, qu’on utilise une note, une lettre ou tout autre moyen de marquer une évolution, un progrès, un acquis, qu’importe du moment que cela ne soit pas stérilisant, réducteur, stigmatisant et source d’un enfoncement dans l’échec.
Je disais dans un autre article sur la nécessité effective de refonder vraiment l’école : il ne faut pas en effet faire de la notation un débat isolé mais plutôt réfléchir à l’évaluation dans le cadre d’une école re fondée.
Refonder l’école c’est faire la rupture avec l’existant pour qu’enfin le système éducatif soit à la hauteur des enjeux de nos enfants et de nos jeunes pour leur avenir et celui du pays … Les rythmes des enfants et des jeunes doivent être repensés mais pas comme cela s’est malheureusement fait, de manière partisane et électoraliste sans tenir compte des réalités du terrain des écoles.
C'est certes indispensable mais on doit dans le même temps, de manière indissociable, reconsidérer les pédagogies à mettre en œuvre dans les écoles, les collèges et les lycées : des pédagogies pour permettre à tous de réussir au mieux et ne pas laisser de côté comme actuellement nombre d’élèves en difficulté qui pourraient progresser si d’autres pratiques et conditions d’apprentissage étaient mises en place.
Pour cela l'URGENCE c'est d'en mettre LES VRAIS MOYENS ce qui, je le disais dernièrement, tarde. « C’est, avec l’incohérence des programmes, un des facteurs de la baisse de réussite de nos élèves depuis plus de 10 ans... il ne suffit pas de se contenter d'utiliser PISA pour dire que les gouvernements précédents ont la responsabilité des mauvais résultats éducatifs actuels. On le sait depuis longtemps.
Arrêtons aussi de jeter la pierre à tous les enseignants. Il en est de nombreux qu'ils font ce qu'ils peuvent.
Il faut plutôt accompagner la Refondation de l'Ecole des véritables moyens nécessaires au fonctionnement de celle-ci et notamment concrètement tout de suite au niveau des conditions de travail des élèves des maîtres... ainsi que la formation continue et initiale.
(Voir mon précédent article : http://quaiducitoyen.eklablog.fr/non-monsieur-hamon-le-debat-sur-les-rythmes-n-est-pas-clos-a108295922)
Le statut de l’élève, la manière dont l’élève doit être considéré par les adultes encadrants doivent aussi faire l’objet d’une réflexion approfondie.
Il faut que les apprentissages soient valorisés par les évaluations et pas que l’élève soit dévalorisé par une évaluation mal conçue.
Je pense qu’il faut se pencher sur les travaux faits sur la docimologie, discipline consacrée à l’étude du déroulement des évaluations, en pédagogie. On y apprend nombre de faits intéressants et on en tirera des leçons sur la relativité des notes, les facteurs d’influences sur les notations des correcteurs de copies etc…Les notations actuelles sont souvent subjectives et peuvent ne pas être très révélatrices du niveau de compétences des élèves.
Et cela est valable de la maternelle à l’université (université comprise).
LES PROBLEMES DES ENSEIGNANTS
Il faut arrêter le « zapping pédagogique » qui consiste pour les professeurs à « courir » pour achever le programme avant la fin de l’année : Il y a des élèves qui ne suivront pas. De plus, de nombreux enseignants sont démunis pour mettre en place une pédagogie qui tient compte de la personnalité de l’élève, ce qu’il sait et ne sait pas. Ils n’ont pas tous été formés et ne maîtrisent que trop peu d’outils qui vont dans le sens d’une pédagogie de la réussite. Ils manquent aussi de temps.
La refonte intelligente des programmes aurait dû contribuer à leur en donner. Cela se fera-t-il ? Pour l'instant, j'en doute car là aussi les échéances reculent alors que ce devrait être une priorité.
Le précédent gouvernement Sarkozy/Fillon a aggravé la situation en supprimant la formation des maîtres et des professeurs au nom du « sacro-saint Master » et d’une conception archaïque de ce que doit être l’enseignement.
Par ailleurs les conditions de travail ne les aident pas non plus. Et ces dernières années, on les a particulièrement dégradées par notamment de nombreuses suppressions de postes qui n'ont pas encore été remis.
Il faudrait peut-être aussi supprimer la notation des professeurs, une "évaluation" parfois infantilisante qui n’apporte pas grand chose et ne contrôle pas vraiment le travail des enseignants. Et si une vraie évaluation des professeurs se faisait dans le cadre d'un travail d'équipe, d'une coopération positive pour améliorer les résultats des élèves... Même si des progrès sont en cours, il reste beaucoup à faire dans ce domaine.
EXAMENS, CONCOURS, CLASSES PREPARATOIRES, GRANDES ECOLES, MONDE DU TRAVAIL...
Mieux évaluer c’est aussi mieux ORIENTER notamment en collège et au lycée. C'est fondamental. Combien d’enfants ou de jeunes ne trouvent pas leur voie, se trompent, vont sur une voie de garage parce qu’ils ont été mal évalués et mal orientés ? C’est une question qu’on peut se poser. Nul doute qu’on y trouvera une réponse pour certains dans la manière dont ils ont été enseignés et "jugés" et les échecs qu'ils ont subis ensuite.
(auteur Iladamouss,licence CC BY-SA 3.0)
Est-on satisfait que certaines épreuves, dans certaines facultés ou pour certains concours, se basent sur des QCM (questionnaires à choix multiples) qui font appel à un bachotage stupide ? Ils ne mesurent que la mémoire à court terme, des savoirs qu’on a ou non compris et non pas la véritable intelligence.
Il faudrait peut-être que les responsables construisent des épreuves qui « impliquent une préparation intelligente et permettent de faire preuve d'imagination et d'esprit critique autant que de capacités de mémorisation.»
Je l’ai dit par ailleurs quand je donnais mon avis sur les classes préparatoires et les grandes écoles, « Le dernier rapport PISA publié par l’OCDE confirme pour la France le rôle du milieu social dans la réussite ou l’échec scolaire et la responsabilité de l’école dite « républicaine » dans la reproduction des inégalités sociales.
Ce rapport confirme aussi que la France est le pays où les élèves sont le plus stressés. Les classes préparatoires, par exemple, ont la réputation de faire vivre à leurs élèves des conditions d’apprentissages où le stress et l’ultra compétition a une grande place pour accéder et préparer les concours. Est-ce une bonne chose ? Pour ma part, en tant qu’éducateur, je pense que non car cela me paraît pédagogiquement dépassé. Peut-on d’ailleurs appeler cela des pratiques pédagogiques? » ... Tout cela concourt au formatage pour une société de la compétition entre les humains.
« Les classes préparatoires ne sont –elles pas dépassées dans ce monde en constante évolution et préparent-elles vraiment les élèves aux changements présents et de l’avenir en utilisant des méthodes assez brutales qu’on décrit ici et là, enfermant et formatant l’étudiant durant deux à trois ans vers un objectif unique : réussir le concours pour entrer dans la « grande école » ? Les résultats n’orientent elles pas les élèves vers des filières qu’ils n’ont peut-être pas envie de faire mais vers lesquelles ils sont obligés de se diriger pour cause de notes, de classement... ?
Autre question liée : Les « grandes écoles » préparent-elles vraiment les étudiants aux défis et à l’évolution de notre temps ? Ces élèves acquièrent-ils les capacités nécessaires pour être suffisamment ouverts pour s’adapter et créer de nouvelles voies pour nos entreprises ?
A méditer donc pour ne pas en rester aux vieux schémas de notre société actuelle et la faire évoluer intelligemment.
LE SYSTEME DE LA SOCIETE EST FORTEMENT BASE SUR LA CONCURRENCE.
(Auteur Alex Simonini, French MotoGP podium 2010 CC BY 2.0)
C’est le cas par exemple d’innombrables émissions de télé réalité, de jeux « vidéo », de classements divers. Il faut dépasser l’autre, voire l'éliminer. On assiste de plus en plus, de la part de nos concitoyens, à un repli vers le « chacun pour soi », l’égoïsme.
Si on veut faire évoluer la société vers plus de justice sociale, plus d’entraide et de solidarité, il ne faut surtout pas reproduire à l’école cette compétition stérilisante. A l‘école on doit aussi donner les moyens à chacun de s’accomplir et d’évoluer à son rythme avec ses faiblesses et ses forces, de développer ses aptitudes et apprendre. Après on se "débrouillera" mieux dans la vie.
Cela ne remet en aucune manière en cause les rencontres sportives notamment celles des associations comme l'USEP (l’Union sportive de l’enseignement du premier degré) à l'école élémentaire ou l'UNSS (l’Union nationale du sport scolaire) dans les collèges et lycées dans la mesure où c'est d'abord l'esprit de participation de tous qui doit primer sur la compétition.
L'école n'a pas à se calquer sur les attentes de la société. Elle doit faire connaître la société et son fonctionnement et participer à la faire évoluer.
POUR CONCLURE PROVISOIREMENT:L' ECOLE EST TROP TOT SELECTIVE
Le chantier qu'ouvre le nouveau ministre est important. Si la volonté politique est sincère, on pourra avancer pour réformer une école française trop ou mal sélective et surtout trop tôt sélective (Dès la maternelle).
Il faut aller vers une école où on apprend à apprendre, à construire son savoir à partir de ses erreurs et ses réussites dans un esprit d’entre aide et de respect de l’autre. C'est valable à tous les niveaux de la scolarité, université comprise. Des pédagogues s'y sont essayés avec succès, de nombreuses expériences le prouvent. Peut-être doit-on s'en inspirer et prendre les moyens de généraliser ce qui fonctionne plutôt que de continuer dans la copie des errements de la compétition d’une société de plus en plus individualiste.
(auteur Dirk Van der Made, Boquete, Panamá,licence CC BY-SA 3.0)
Il ne s’agit pas de masquer que la société est une jungle mais bien au contraire de donner des moyens à nos enfants de construire leur avenir sans pour cela marcher sur la tête des autres.
Il faut acquérir les capacités de faire le point en toute objectivité sur ce qu'on est capable ou pas de faire, fixer ses objectifs et faire les efforts nécessaires pour y arriver au mieux en connaissant ses limites qu'on peut essayer de dépasser.
Les jeunes d’aujourd’hui pourront changer et améliorer le monde de demain que si on ne continue pas de les enfermer dans le système actuel qui va à la dérive.
Nous avons des atouts qu'il faut savoir mobiliser. J'y reviendrai.
Patrick PATTE
(james morane )
« NON, MONSIEUR HAMON, LE DEBAT SUR LES RYTHMES N’EST PAS CLOS...HUMEURS...EDUCATIVES de JUIN 2014 »
Tags : compétition, évaluation à l'école, note, société, concurrence, ségrégation