• L'INCENDIE DE LA CATHEDRALE "NOTRE DAME" DE PARIS

    Je ne pouvais que mettre sur ce blog une marque de l'évènement qui a frappé, ce lundi 15 avril 2019, un des plus beaux monuments de notre pays que j'avais pu photographier en 2012.

    L'INCENDIE DE NOTRE DAME DE PARIS

    De la stupeur sans doute peut résumer ma réaction mais ce ne fut pas tout de suite. Après avoir vu un tweet qui semblait alarmant, j'ai allumé la télé.

    La nouvelle était d’importance par les images visibles sur les écrans. Ce n’était pas un petit incendie comme cela m’est apparu sans doute par le fait qu’un monument comme la cathédrale Notre Dame de Paris ne me semblait pas susceptible d’être en danger majeur, dans mon inconscient, vu sa stature que l’on connaît.  Je l’avais vu de très près, il y a quelques années,  photographiant les masses immenses de ses deux tours et de sa structure imposante. Mais quand « la flèche » s’est  abattue, embrasant le toit,  là les choses se sont mises à leur place dans ma tête : la cathédrale séculaire était bien en grand danger. Tout le toit de l’édifice s’embrasait à grande vitesse. Le feu avait l’air difficile à maîtriser pour ce qu’on en voyait et notamment de l’action des pompiers dont les lances braquées vers le toit avaient  l’air bien dérisoires face aux flammes qui semblaient gagner du terrain.

    La suite, chacun la connaît.  Nous avons suivi l’avancée des étapes destructrices de ce monument unique puis le feu quelque peu maîtrisé jusqu’à ce qu’il n’y ait plus eu de ce rougeoiement ravageur... les pompiers avaient gagné la bataille car c’en fut une et au moment où j’écris ces mots, l’on connaît un peu mieux la situation qui n’est pas finale tant il reste de précautions à prendre, de veilles...pour s’assurer que les murs refroidissent pour tenter de réduire la fragilité de l’œuvre qui avait traversé les siècles ...

    L'INCENDIE DE NOTRE DAME DE PARIS

    (Photo de Notre-Dame de Paris le 15 avril 2019 à 19h17 prise du Quai de Montebello, auteur Wandrille de Préville - Own work - CC BY-SA 4.0)

    SALUT AUX POMPIERS

    Dans leur ensemble bien sûr mais aussi à ceux d’entre-eux qui ont décidé et dirigé les manœuvres collectives qui ont assuré, d’après ce que j’ai compris, la tactique qui a permis avec intelligence et on pourrait presque dire « délicatesse » de faire que les voûtes ne s’effondrent pas et que les tours "tiennent bon" notamment  celle du Nord contenant les cloches qui auraient pu, si elles avaient lâchés, entraîner une destruction en chaîne de ce qui a heureusement résisté.  Ceci donc grâce aux soldats du feu, nom qu’en la circonstance, je leur donne plus que volontiers.

    Chapeau !!!
    Ceci dit tout simplement et sincèrement de la part d’un citoyen qui , sans tomber dans la démagogie démonstratrice , connaît la valeur de ce monument national.

    L'INCENDIE DE NOTRE DAME DE PARIS

    (Casque en acier modèle 1933 utilisé par les sapeurs-pompiers de Paris, dans les années 1940. Il porte sur le devant le blason de la ville et sa devise « Fluctuat Nec Mergitur ». CC BY-SA 3.0)


    MONUMENT NATIONAL

    Cette cathédrale* est d’abord cela et c’est son histoire qui peut permettre qu’on la qualifie ainsi. 

    Je ne rentrerai pas dans le jeu des outrances que l’on a pu entendre ici ou là sous le coup de l’émotion, tant d’autres choses méritant peut –être au moins voire plus que celle là de nous émouvoir. Il ne faut pas tout mélanger.

    Le lendemain l’émotion a été instrumentalisée par d’aucuns pour des fins politiques ou se mettre en valeur.  Pour d’autres, faire de l’événement ce qui doit rassembler les français...

    Quelques simples rappels donc de l’histoire. 

    Je ne m’aventurerai pas à lister toutes celles et tous ceux qui, rois ou reines ou autres responsables religieux, ont leur sépulture dans le monument ou citer les évènements divers comme les mariages ou les enterrements de divers personnages y compris ceux de la République, célébrés au cours du temps. Cela n’a d’intérêt que pour les croyants. Je leur laisse même si c’est ce que tous les commentateurs ou presque ont cité en guise de mémoire du lieu. Cela ne m’apparaît pas l’essentiel.

    Si la cathédrale de Paris est là ... c’est grâce à celles et ceux qui l’ont initiée et fait évoluer au cours des temps et c’est donc une des marques de notre histoire et de nos racines multiples mais qui ne sont  pas que chrétiennes  comme d’aucuns sectaires voudraient l’imposer à l’occasion de l’évènement dramatique qui vient d’avoir lieu.

    Il faut rendre hommage pour tout cela à celles et ceux qui ont permis, religieux ou pas

    • que sa naissance,sa construction, son évolution et sa conservation au cours des siècles soient
    • qu’elle ne disparaisse pas et donc, aujourd'hui, les pompiers et toutes celles et ceux qui étaient dans l’action à leur côté, policiers, personnels de la cathédrale, personnel municipal...

    Et cela est valable pour tous les monuments de France qui témoignent de notre histoire et notamment ceux qui ont aussi subi des dommages et ont été préservés, restaurés ou qui nombreux doivent l’être, ceci dit pour remettre les choses à leur place en dehors de l’émotion, certes compréhensible, de l’évènement dramatique qui a eu lieu.

    Les manœuvres, les "hommes de corvée", les apprentis, les centaines d’ouvriers spécialisés  et les bénévoles, des hommes mais aussi un grand nombre de femmes y ont travaillé. Ils étaient dirigés et encadrés par les maîtres : tailleurs, sculpteurs, charpentiers, menuisiers, maçons, verriers …et aussi par les architectes ceci pendant les deux siècles de la construction, lancée par l'évêque Maurice de Sully en 1163, qui s'est achevée en 1345. Durant toute cette période,  la mise en oeuvre  a été fidèle à une unité de style que la succession des architectes et maîtres d'ouvrage n'a pas altérée.  Les plans d'origine dont l'auteur est inconnu n’ont pas été modifiés. Après les dégradations successives à partir du règne de Louis XIV et durant la révolution de 1789, la cathédrale fut restaurée par par Viollet- le- Duc**de  1844 à 1864.

    Notre-Dame de Paris  a donc plus de 800 ans et mérite qu’on respecte l’œuvre de celles et ceux qui l’ont collectivement édifiée.

    L'INCENDIE DE LA CATHEDRALE "NOTRE DAME" DE PARIS

    (Cathédrale de Chartres - Vitrail du bas-côté Nord – Charpentier – auteur MOSSOTl-CC BY-SA 3.0)

    LA RESTAURATION DE L’ÉDIFICE « NOTRE DAME »

    Il est, à mon sens, trop tôt pour en dire quoi que ce soit de bien crédible.

    Il est clair que l’intention de s’y atteler a été affirmé avec force par Emmanuel Macron, le président de la République ce qui est un point positif.

    Mais ce dernier aurait dû se contenter de sa déclaration sur site le soir du drame.

    Malheureusement, le lendemain, mardi 16 avril, lors de sa courte allocution à l’Elysée, l’affirmation simple de la décision de restaurer le monument a été vite gâchée par les outrances verbales qui ont montré que l’hôte du palais présidentiel  soit ne maîtrisait pas ses émotions soit avait des arrières pensées politiciennes pour se servir de l’évènement alors qu’il se trouve dans une situation politique difficile à l’issue de la clôture du grand débat.  Si c’est ce dernier, le mélange des genres n’est pas satisfaisant. Si c’est l’émotion, ce n’est pas une grande preuve de maturité de celui qui prétend gouverner la France.

    J’ai approuvé l’hommage fait aux pompiers et à toutes celles et ceux qui ont contribué à leurs côtés au sauvetage de l’édifice et de son contenu.  Mais j’ai été choqué parles propos présidentiels:

    "Nous rebâtirons la cathédrale plus belle encore, et je veux que cela soit achevé d'ici cinq années"…"Nous le pouvons, et là aussi nous mobiliserons".

    Les termes « plus belle encore » sont mal venus.  Il faut essayer de se contenter déjà de la faire renaître au plus proche de ce qu’elle était, c'est-à-dire de sa beauté avant l’incendie.

    Affirmer la volonté de la rebâtir d’ici cinq ans sans connaître l’état de de ce qui reste de la cathédrale est pour le moins prétentieux à un jour passé du désastre alors qu’il faudra sans doute, aux spécialistes, plusieurs semaines voire plusieurs mois  pour ne serait ce que savoir ce qu’il est possible de faire pour consolider les faiblesses et ensuite décider des travaux à réaliser. Prendre le temps qu’il faut pour réparer et refaire ce qui a été détruit en respectant au plus près le travail  de  celles et ceux qui ont pu faire que la cathédrale existe aurait été une affirmation plus digne de sérieux.

    L'INCENDIE DE NOTRE DAME DE PARIS

    Ce lancement, à la va vite, au conseil des ministres du mercredi 17 avril, d’un concours international d’architectes pour la « flèche », quasi détruite, est significatif là aussi d’une main mise ultra rapide de l’évènement par le président. Cette précipitation pour prendre une décision d’une telle importance qui sous entend qu’on ne va pas refaire « la flèche » à l’identique, n’est pas admissible et sort de toute règle en la matière en excluant une fois encore celles et ceux qui sont concernés : les français et les architectes de la sauvegarde du patrimoine qui sont les mieux placés pour donner leur avis et mettre en place une restauration de l’édifice. Une décision de monarque républicain.

    Il me semble donc nécessaire de rappeler que la première flèche fut construite au-dessus de la croisée du transept au XIII e siècle, vraisemblablement entre 1220 et 1230 et qu'elle n'est pas un ajout fait au XIX ème siècle.  La flèche d’origine, fragilisée par le temps,  fut démontée en 1786, après plus de cinq siècles d’existence. La cathédrale resta sans flèche jusqu’à la restauration dirigée par Viollet-le-Duc et réalisée par les Ateliers Monduit au milieu du XIX ème siècle. Aucune raison donc de ne pas la refaire à l'identique sauf celle d'une lubie liée à un opportunisme politicien pour un modernisme qui n' a pas lieu d'être en la circonstance et qui serait une insulte à ceux qui ont conçu, fait et restauré la cathédrale au cours des siècles .

    Il y a d'autres manières pour un président de marquer son empreinte...

    Le président a félicité la capacité des Français de « nous mobiliser, de nous unir ». Certes, il s’en est venu un afflux de centaines de millions d’euros de donation mais les décisions fiscales, là aussi prises dans la précipitation et annoncées renforcées pour les donateurs posent questions.

    Sur les dons, la polémique a enflé et n’est sûrement pas prête de s’éteindre dans le contexte que chacun connait de la situation d’injustice fiscale dans laquelle se trouve la majorité des françaises et des français.

    J’y reviendrai…

    Il faut en tout cas  faire renaître la cathédrale de ses cendres... elle ne peut rester en l'état... Faire le plus vite possible, peut-être, mais sans précipitation et surtout bien...

     

    L'INCENDIE DE LA CATHEDRALE "NOTRE DAME" DE PARIS

    (Photo de la cathédrale après l'incendie, prise à Paris  le 18 04 2019, auteur Annie Patte - copyright)

    * "Une cathédrale est, à l'origine, une église où se trouve le siège de l'évêque (la cathèdre) ayant la charge d'un diocèse. Les cathédrales gothiques du Moyen Âge classique ne sont pas construites par les princes, les rois ou les évêques (selon la légende romantique, ils y verraient un moyen d'affirmer la puissance de la foi au cœur de leurs diocèses), mais par les villes (avec leurs riches nobles et bourgeois) et par les chanoines, le clergé bourgeois.

    ** Viollet- le- Duc: Eugène Viollet-le-Duc est l'un des architectes français les plus célèbres du XIXe siècle, connu auprès du grand public pour ses restaurations de constructions médiévales, édifices religieux et châteaux.( https://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A8ne_Viollet-le-Duc )

    ***Les maîtres d'œuvre qui supervisent le chantier de la cathédrale ne sont pas des architectes ou des techniciens. Ils sont responsables vis-à-vis de la fabrique et se bornent à surveiller les travaux exécutés par des ouvriers spécialisés (maçons, sculpteurs, tailleurs de pierre), appelés compagnons, réunis en confréries ou fraternités. Ces derniers, payés à la tâche, laissent parfois sur les pierres des signes gravés, les marques de tâcheron**** qui sont leurs signatures. La construction est également réalisée par des manœuvres moins bien payés. On ne peut que conjecturer la participation des masses populaires à cette construction, vu le silence des textes à ce sujet, cette participation se faisant soit bénévolement soit par réquisition et corvée*****.

    ***https://fr.wikipedia.org/wiki/Compagnonnage

    ****https://fr.wikipedia.org/wiki/Marque_de_t%C3%A2cheron

    *****  https://fr.wikipedia.org/wiki/Corv%C3%A9e   " Sources Wikipédia

    Pour les curieux, ils peuvent aller sur nombre de sites relatant l'histoire de la cathédrale et par exemple et sans esprit d'exhaustivité :

    - http://chemin47.eklablog.net/les-batisseurs-de-cathedrales-a117723592

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Notre-Dame_de_Paris

    http://www.cdi-garches.com/economie/la-vie-les-metiers-des-ouvriers-du-moyen-age/   

    https://www.templedeparis.fr/actualit%C3%A9s-1/850ans-de-notre-dame-de-paris/

     -  http://www.oeuvre-notre-dame.org/cathedrale-de-strasbourg/histoire-cathedrale/techniques-construction-batisseurs

    - ...

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