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Haro sur les travailleurs et les chômeurs? Premier épisode
C’est un peu l’impression que j’ai quand je regarde la situation de l’emploi dans notre pays et la manière dont on la traite.
Alors que les responsables de la crise mondiale continuent d’engranger des bénéfices - comme par exemple la banque Goldman Sachs - et font des profits pharamineux en continuant de spéculer sur les états tandis qu'on essaye de faire payer la crise aux travailleurs et à leur famille en les mettant indirectement au gré des vagues de la bourse dans la case chômage et précarité.
Les populations des pays de l'EUROPE subissent les conséquences des errements financiers qui se poursuivent de plus belle. L’impunité est donc de règle dans le monde de la finance et il serait temps que nos politiques prennent les véritables mesures pour éradiquer de la planète le fléau de la spéculation.
(auteur Lewis Hine, 1920. Power house mechanic working on steam pump. Domaine Public)
Je cite la banque Goldman Sachs car c'est une des plus flagrantes images qui montre que rien n’a changé dans le monde de la finance malgré tout ce qu’ont pu dire, depuis la crise, nos dirigeants politiques français et européens .
Aucune mesure politique sérieuse et européenne n’a été mise en place pour réguler le jeu de ces « tout -puissants » qui gouvernent le monde.
(La route à dividendes , auteur Inconnu. L'image de la caricature anonyme conservé à la bibliothèque du Congrés des Etats Unis est attribué à Hine, Lewis Wickes (1874-1940) en fonction de la provenance.)
Goldman Sachs symbolise les dérives de la finance de notre époque. Au bord du gouffre en 2008, cette entreprise a été un des acteurs majeurs de la crise mondiale. Elle s’est pourtant relevée et a doublé ses bénéfices en 2012 (par rapport à 2011) pour atteindre un résultat de plus de 7 milliards de dollars. On peut donc affirmer qu’il n’y pas de sanction pour ceux qui ont fait le malheur de nombre d’entreprises, d’actionnaires mais aussi de travailleurs à travers le monde. Bien au contraire!N’oublions pas que cette « firme » qui conseille aussi les états, aurait aidé la Grèce à maquiller un peu ses comptes pour entrer dans l’Europe. On a vu le résultat pour ce peuple: austérité, chômage, réductions des pensions, des salaires, des couvertures sociales, etc…
De tels organismes qui donnent des conseils pour spéculer ont mis en place un réseau de pouvoirs. Le premier ministre italien Mario Monti est un ancien de cette banque. Quand on sait que l’Europe a mis à la tête de la Banque centrale Européenne Mario Draghi, Vice-président pour l'Europe de Goldman Sachs entre 2002 et 2005 puis gouverneur de la Banque d’Italie entre 2006 et 2011, on est en droit de se poser des questions sur la volonté de nos politiques européens de lutter contre la toute-puissance de la finance…
LA SITUATION A FLORANGE : le résultat de décisions politiques passées étriquées
Mercredi dernier, des travailleurs de Florange qui avaient tenté de s’enchaîner aux grilles de l’Hôtel Matignon, pour avoir un rendez-vous, se sont faits expulser par les forces de l’ordre. Cette expulsion a été plutôt brutale et les travailleurs auraient été gazés. Ça donne une idée de la considération qu’on peut avoir des travailleurs et de ce qui risque de se passer si les mouvements de rue s’amplifiaient. Ils se sont ensuite rendus à l’Elysée où ils ont quand même été reçus pour défendre la nationalisation de leur site. Ils ont déposé une pétition de 31 000 signatures réclamant cette nationalisation ou une loi obligeant Arcelor à vendre.
L’accord fait entre gouvernement et Arcelor Mittal n’a pas la confiance des travailleurs. Cet accord du 30 novembre a conclu à la fermeture définitive des hauts fourneaux et la suppression de 629 postes sans licenciement. Si les travailleurs de Florange demandent la nationalisation c’est que pour eux c’est le seul moyen de sauver le site qui serait par ailleurs rentable. Ils veulent donc en revenir au plan d’Arnaud Montebourg « car il est crédible et générateur d’emplois ». Il faut aussi penser aux emplois indirects pour lesquels le gouvernement est muet et qui ne font pas partie de l’accord : 900 sous-traitants et les 130 salariés de la filiale Gepor. (ANZIN - Les Hauts-Fourneaux, Carte du 14 octobre 1914, scannée par Claude_villetaneuse, Domaine Public)
Pendant ce temps, Arcelor Mittal prépare son plan industriel et commercial pour la société Atlantique et Lorraine… A suivre
Rappelons que c’est aussi Golden Sachs qui a conseillé Mittal pour absorber Arcelor. Arcelor était un groupe sidérurgiste européen ayant son siège social au Luxembourg. Il est né de la fusion en 2002 de trois sidérurgistes européens : Acelaria (Espagne), Arbed (Luxembourg) et Usinor (France). « En 2006, il est absorbé par Mittal Stell Company après une intense bataille boursière »(Wikipédia). Nos politiques français et européens ont laissé faire et en laissant filer, de plus, hors Europe, nombre de nos brevets et notre savoir-faire industriel. Il est bon de rappeler de temps en temps l’Histoire. Tout est dans tout.
RENAULT ou une mauvaise stratégie dont font les frais les travailleurs européens et français
Après Peugeot c’est Renault qui veut « dégraisser ». Carlos Ghosn, patron de l’entreprise de construction automobile a annoncé la suppression de 7500 postes en France d’ici à 2016.
Les négociations sont en cours. Le problème est que ces négociations sembleraient entachées par le chantage de la direction qui indique qu'"à défaut d'accord, l'engagement de ne pas fermer de sites ne pourrait être tenu et des fermetures de site seraient inéluctables".
Le gouvernement a enfin réagi et Arnaud Montebourg a rappelé que "les discussions qui sont en cours actuellement chez Renault doivent évidemment respecter le dialogue social et donc la méthode des négociations et, en aucun cas, ne s'apparenter à du chantage". Idem du côté de Michel Sapin et Pierre Moscovici.
Il faut quand même rappeler que si le marché automobile accuse une baisse de 8% en 2012, il faudrait peut-être examiner de quelle manière Renault et son PDG ont mis en place une stratégie perdante sur le marché national, européen et international. Si les profits de groupe ont été de 3,5 milliards d’euros en 2010, de 2,1 milliards en 2011, il est sûr qu'il n’en sera pas de même en 2012 mais Le PDG de Renault et son conseil d’administration ont-ils fait les bons choix stratégiques d’investissement et de répartition des masses de production? On peut en douter au vu des résultats.
(vue générale d'une voiturette Renault, auteur inconnu, 1900, domaine public)
Rappelons quand même que l’Etat français détient 15% du capital de Renault et deux de ses administrateurs siègent pour cela au Conseil d’Administration. Rappelons aussi que l’Etat a versé près de 5 milliards d’aides et d’avances à Renault en quatre ans. Il a eu son mot à dire ces dernières années sur cette stratégie mais une fois de plus a laissé faire : multiplication des délocalisations de production depuis cinq ans ce qui a fait que deux tiers des voitures Renault immatriculées en France sont fabriquées à l’étranger.Renault a des comptes à rendre sur sa mauvaise politique stratégique qui vise à détruire des emplois en France au profit des emplois délocalisés moins onéreux. La sous-utilisation réelle des usines françaises ne s’explique pas uniquement par la crise mais aussi par le fait que Renault a délocalisé massivement sa production à l’étranger pour faire plus de profit ce qui a eu pour effet de réduire les volumes de production des usines françaises. Mais l’Etat n’a rien fait durant ces quatre ans pour influer sur la stratégie de réorientation de la production et qui fera qu’on supprimera plus de 7 000 postes en France à l’Horizon 2016. La stratégie globale de l’entreprise est aussi une erreur puisqu’elle a misé prioritairement sur le développement de l’activité du constructeur japonais au détriment de Renault. Pourquoi la production de Nissan a-t-elle augmenté de 60% alors que celle de Renault a seulement progressé de 10% ?
Un autre scandale de la désindustrialisation que l’Etat a laissé faire. Il est donc temps que le gouvernement actuel réagisse et interdise tout chantage en agissant. Il doit exiger un autre redéploiement des activités sur les sites français. On a beau dire qu’il n’y aura pas de licenciements et que cela se fera en fonction des départs en retraite. Il n’en reste pas moins vrai que ce sont plus de 7 000 postes de travail qui seront détruits. Ce n’est pas admissible.
Il faut que l’état français interdise en tant qu’actionnaire de faire ce qui a été fait en Espagne pour réduire les coûts et augmenter les marges en échange d’ une augmentation de la production (40% en plus à Palencia, 30% à Séville et Valladolid) et de concessions sociales comme l'augmentation du temps de travail sans contrepartie salariale, diminution des salaires, etc…
Et il faudrait maintenant que Renault bénéficie de l’allégement du coût du travail sur les 20 milliards du pacte de compétitivité ? NON !
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