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HARO SUR LE MILLEFEUILLE TERRITORIAL
Quand je me précipite sur un millefeuille ce n’est pas sur le « territorial » mais sur le vrai avec son appétissante couverture de sucre glacé, ses couches craquantes et sa délicieuse crème...
( Mille-feuille français 1, auteur Zantastick, 2007, Licence CC BY-SA 3.0 )
Hélas, ce n’est donc pas de celui dont parlent nos politiques et les médias.
Petite introduction prétexte pour livrer quelques unes de mes réflexions sur la dernière trouvaille de François Hollande pour faire soi disant des économies...
C’est comme le pacte de responsabilité, ça arrive comme un cheveu sur la soupe (ou dans le millefeuille) pour nous annoncer que les décisions sont prises. Il y aura 14 régions au lieu de 22 pour commencer. Le reste du millefeuille, les départements, ...ce sera pour plus tard.
Curieuse manière de travailler... la pâtisserie. Pour pratiquer un peu ce domaine en amateur, il n’est jamais bon de se contenter de faire une recette à la va vite et de manière approximative car la cuisine, surtout la pâtisserie, c’est de la chimie – de l’alchimie- et même s’il est bon parfois de se laisser aller à un tour de main personnel, il est important de respecter quelques règles de base.
J’ai l’impression que nos politiques et leurs technocrates oublient l’essentiel à savoir ceux qui vont « déguster » : les citoyens.
Bien sûr le « millefeuille » existe et il est vrai qu’à force de doublonnage la crème a été rendue un peu épaisse à digérer surtout pour le contribuable qui a vu ses impôts locaux augmenter au fil des années. Mais au moins des services sont rendus au plus près de la population même s’ils peuvent être parfois critiquables.
Ici, j’ai plutôt l’impression que le seul objectif est faire des économies sur la crème sans savoir si elle sera bonne car la recette n’est pas encore au point. On cherche juste à faire baisser le coût. On sait ce que cela donne en matière de « bouffe » indigeste quand les produits ne sont pas bons.
IL FAUT INFORMER.
Je commencerai par demander en tant que citoyen une réflexion et des débats qui se devraient d’être précédés d’une forte information sur un temps long et en y mettant les vrais moyens informatifs.
On me rétorquera que cela fait des lustres qu’on en parle et que l’on sait tout sur le sujet.
QUI SAIT TOUT ? QUI A TOUS LES ELEMENTS POUR AVOIR UN AVIS ARGUMENTE ?
Les politiques ? Peut être puisqu’ils se posent la question depuis de décennies sans être jamais allés au bout de la réflexion. Il semble que les propositions ne conviennent guère ou pour l’un ou pour l’autre qu’il soit de la majorité ou de l’opposition.
Pourtant c’est un sujet sur lequel on devrait s’entendre avant de prendre une quelconque décision. C’est sans doute là que le bât blesse.
Le citoyen « lambda » lui n’a que quelques bribes de la recette, une communication sur le sujet. Ce n’est pas de l’information.
LE GRAND N’IMPORTE QUOI ou UNE RECETTE QUI RATERA
Un jour on entend dire que l’on va réduire les régions au nombre de 11 ou 12. Un autre jour, le président de la république et le premier ministre en annoncent 14 au lieu de 22... Autre sujet de communication : on fera des économies soit disant entre 12 et 25 milliards. SACREE MARGE ! Il ne nous est pas dit quand. A entendre les uns ou les autres qui ont travaillé le sujet, « les experts », on ne sait pas ou alors « ça coûtera plus cher tout de suite », à long terme les économies seront peu importantes ...
BREF de tout dans tous les sens ce qui prouve que le sujet n’a pas été travaillé.
C’est uniquement de la "COM". La préoccupation actuelle est juste de montrer qu’on va faire des économies pour être dans les clous des accords faits avec la communauté européenne.
Et suivent les avis plus ou moins bien argumentés des élus qui sont POUR et des élus qui sont CONTRE.
Il nous est livré une carte de redécoupage... sans autres explications. Comment ce découpage a –t- été fait ? Mystère ou bruits de couloirs. ...relayés par les médias.
( Bienvenue en Bretagne historique auteur Ex-Smith, licence CC BY-SA 3.0)
Ainsi, il paraîtrait, que l’on a laissé la Bretagne en l’état par ce qu’il y a eu pression d’ « Untel » du gouvernement. Finalement on laissera aussi en l’état les Pays de la Loire. Faut éviter les frictions. Quelles frictions ? On fragmente la Picardie car on ne veut pas la mettre avec le Nord Pas de Calais... Et ça peut encore changer...
Tout cela m’apparaît comme le résultat de négociations entre divers personnages de l’Etat, de calculs politico politiques électoralistes qui n’ont rien à voir avec des objectifs clairs et utiles. Ils ne sont pas clairement exprimés sauf à dire que l’on va « simplifier » (QUOI ?) et faire des économies (LESQUELLES ?), éclaircir les compétences... Cela donne une mauvaise image de la manière dont travaillent le chef de l’état et le gouvernement. Le flou artistique ou l’improvisation ?
Pour ma part, j’ai donc l’impression que tout cela est pris à l’envers : on annonce la réduction, un chiffre et après il sera recherché- peut-être - les arguments pour justifier.
Rien n’est clairement mis sur la table dans un grand préalable informatif : quelles compétences, quelles simplifications, quels coûts, quels effets sur le terrain, quid du citoyen face à cette soit disant « simplification » qui m’apparaît de prime abord comme une centralisation administrative.... C’EST TOUT...
Et puis ça SONDE. Les micros trottoirs foisonnent. On questionne le bon peuple....Qui répond bien sûr comme il le peut de manière subjective très souvent.
Tout cela ne donne bien sûr qu’une image à l’instant « T » qui ne sert pas à grand chose qu’à occuper les espaces médiatiques et faire croire que le débat est là.
Ca me rappelle la mise en place des « rythmes » dit scolaires sans aucune information nationale de grande envergure sur ce qu’il faut en savoir pour aider les parents à accompagner leurs enfants notamment au niveau du sommeil, des rythmes de vie...
De la COM, de la COM et pas d’INFOS précises.
Imaginons qu’il y ait un REFERENDUM...
Pour être juste certaines émissions magazines de TV se sont heureusement emparées du sujet et on arrive à percevoir que celui-ci est loin d’être mûr par rapport aux annonces faites d’un redécoupage qui pose question dans la mesure où il semble très arbitraire.
CE QU’IL AURAIT FALLU FAIRE et POUR LANCER UNE VRAIE REFLEXION
( Cerveau Symboles, licence CC BY-SA 3.0 )
D’abord arrêter de nous prendre pour des imbéciles (Cons peut aussi convenir) incapables de comprendre et à qui on annonce « Ce sera comme ça et de votre avis on n’en en a pas besoin ». C’est ce qui est sous entendu avec la manière dont les décisions sont prises et annoncées. Ce n’est pas ainsi qu’on peut redonner confiance à la population.
Ensuite il faut poser les vraies questions et arrêter de faire de prendre des orientations sur les seuls critères d’économies à faire : entre 10 et 25 milliards, la fourchette est large. En réalité qui le sait?
Est-ce vraiment bien pour le citoyen et les décisions ? Le service public en sera t-il amélioré ? Le contribuable paiera- t-il donc moins d’impôts ou plus ?
Ce sont là de vraies questions.
Je me méfie toujours du regroupement des services qui va à contre courant d’une décentralisation qui permet d’être plus près du citoyen.
Quand on voit par exemple de quelle manière fonctionne la centralisation des Caisses d’allocations familiales, celle des MDPH (maison départementales des personnes handicapées) pour traiter les dossiers des handicapés qui accumulent des mois de retard... on est en droit de se poser des questions sur la centralisation administrative.
Une région est capable de gérer ses lycées mais sera-t-elle capable de gérer en même temps le double ou le triple de collèges avec la même proximité que les conseils généraux ?
A l’évidence non.
L’alourdissement du nombre de problèmes à gérer par des structures gigantesques rend le traitement technocratique donc inhumain et inadapté aux préoccupations du citoyen qui demande une vraie prise en compte et une rapidité de traitement des problèmes.
Et si on arrêtait de penser comme le « technocrate » pour penser « service amélioré du citoyen ».
Si tous les énarques qui sont passés dans les divers gouvernements qu’ils soient politiques ou soit disant experts étaient bien formés, ça se saurait depuis longtemps vu l’état dans lequel leurs manières d’agir a mis le pays.
Ils ont des raisonnements d’un autre âge et croient en leurs théories obsolètes. Il faut dire que depuis ce qu’ils ont appris dans leurs écoles « d’élites », les années ont passé et qu’ils n’ont pas suivi de formation continue adaptée. A la décharge de quelques uns, certains ont su, en autodidacte, apporter du positif mais ils sont rares. Il suffit de regarder le fonctionnement de l’état et des institutions pour se rendre compte que nous avons affaire au summum de la ringardise dans toute sa déchéance, tous gouvernements de droite ou de gauche confondus.
Pourquoi vouloir augmenter la taille des régions ?
(Propositions des régions (2014) , Gtaf d'après Natural licence CC BY-SA 3.0)
L’existant c’est : 26 régions.
On veut passer à 14 voire 12. Sur quels critères concrets ?
Aujourd'hui même on apprend que le re découpage change encore à la veille de passer au parlement...
Aucun argument vraiment solide et clair ne nous a été donné. Ce n'est pas sérieux.
Et pourtant tout un tas de critères peuvent justifier la création de régions fortes mieux à même de faire face aux enjeux du développement de la France en Europe. Elles se doivent d’être bien organisées autour de pôles forts ou à fortifier, avec une « capitale » située harmonieusement vis à vis de nos voisins des autres pays pour être des passerelles sur nombre de points qui peuvent apporter un rayonnement dans nombre de domaines notamment économiques mais aussi culturels . D’où la nécessité de ne pas casser les identités historiques et culturelles mais s’appuyer dessus pour éventuellement en rassembler les atouts quand cela est possible. Il ne faut pas balayer d’un trait de plume 32 années d’efforts réalisés depuis 1982 par les régions actuelles pour renforcer les identités.
L’œuvre est donc complexe et demande du temps avec les acteurs locaux des territoires concernés pour une étude sérieuse avec des propositions argumentées.
La mise en place de « grandes régions » demande d’abord de définir ce qu’est une grande région. Ce ne doit pas être une improvisation comme cela apparait aujourd’hui.
L’important n’est pas d’aller vite mais d’aller bien et cela doit se faire sans arrières pensées : pas d’électoralisme, pas de réforme pour la réforme, ....
(Régions culturelles et linguistiques de France, Domaine public, auteur Monsieur Fou)
(Blasons et Régions de France, domaine public)
Pourquoi vouloir faire disparaître les départements, échelon différent de la démocratie ?
L’existant c’est : 101 départements et 36.600 communes. Sans parler des métropoles, des intercommunalités ou des nombreuses autres formes institutionnelles locales. Ce n’est pas rien.
Ne suffirait-il pas d’éclaircir et d’arrêter les compétences de chacun. Je ne suis pas persuadé que l’échelon départemental doive disparaître au profit de super régions centralisatrices qui de par l’accroissement énorme de leur charge, seront donc, de fait, technocratiques dans leur fonctionnement et le règlement des problèmes qui demandent de la proximité. J’estime que la relation entre les citoyens et les élus locaux doit être justement confortée plutôt que de la faire disparaître.
Pour le moment, je n’ai vu aucune justification sérieuse qui plaide en faveur de la disparition des conseils généraux. Les propos sont toujours généralistes du type « il y a un échelon de trop qui coûte cher »... « On fera des économies »...bla bla bla...
L’intérêt du service au citoyen et son amélioration, on n’en entend pas parler.
Personne n’a su dire non plus qu’on paierait moins d ‘impôts. On a même parfois entendu le contraire ...
(Département et régions de France, domaine public)
LES FRANCAIS NE SONT PAS CONTRE LES REFORMES
Il faut arrêter de dire n’importe quoi et notamment que le français ne veut pas de réforme. C’est faux. C’est pourtant ce que les politiciens veulent faire croire pour justifier ce qu’ils imposent car il faut montrer que ça change. Ça s’appelle le changement pour le changement. Le français ne veut pas de la réforme pour la réforme au gré des fantaisies politiciennes. Le français veut bien de réformes qui soient claires, bien expliquées, justes socialement pour améliorer le service public au lieu de le détruire au nom de théories fumeuses ou pour faire de soi-disant économies que personne n’est capable de préciser.
Peut-être sont-ce aussi certains élus qui ne sont pas pour les réformes.
Citons en quelques unes qui concernent nos parlementaires : la refondation de l’école qui est en train de capoter faute d’envergure et de véritable volonté politique, la proportionnelle dans les élections nationales, la lenteur des décisions quant au non cumul des mandats, la réforme du parlement, les vrais moyens de la lutte contre la fraude fiscale, la vraie séparation des rôles des banques entre les dépôts et le spéculatif, la taxation des transactions financières, une vraie réforme pour plus de justice fiscale ...
HALTE A L’IMPROVISATION : OU EST L’INTERET GENERAL ?
Il ne suffit pas de brasser du vent pour essayer de faire croire qu’on rattrape deux années durant lesquelles la réflexion aurait pu être lancée.
François Hollande redécoupe les régions pour raison d’économies et de compétitivité mais à aucun moment n’a été mis l’accent sur l’amélioration de la solidarité par exemple qui est à la base de nos compétences sociale.
Tout comme pour l’Europe qui a été construite autour de la monnaie... Il ne suffit pas de paraître prendre de grandes décisions pour soi disant moderniser la France pour masquer qu’en réalité on veut faire entrer la France dans le moule de la doctrine européenne de la compétitivité et de la concurrence des territoires dans la droite continuité de ce qui avait commencé sous Sarkozy.
Cela va affaiblir les services publics par leur technocratisation outrancière sous prétexte de rationalisation et d’hypothétiques économies. Ouvrir la voie pour privatiser nombre de services publics telle est la doctrine européenne à laquelle adhèrent de fait François Hollande et son gouvernement dans la mesure où il n’y a aucune résistance de leur part pour que les accords antérieurs soient revus.
Dans notre société où déjà dominent l’égoïsme et le chacun pour soi, on va accentuer ceux-ci en éloignant le citoyen des structures de décision et de fait casser l’esprit de solidarité qui préside au fondement de notre pays. Il n ‘est qu’à écouter ce que certains de nos concitoyens disent des chômeurs, des assistés ...
Le pas vers la privatisation des services publics commence...
Il y a bien d’autres sujets pour lesquels des décisions doivent être prises et qui tardent et par exemple réorienter la politique économique et sociale au lieu de continuer d’aggraver les inégalités.
Ce n’est pas, par exemple, le plan de diminution des impôts contenu dans la future loi de finances qui changera beaucoup de choses pour les citoyens qui payent l’impôt. Les pressurisations fiscales ont été faites avant vis à vis des classes moyennes et des retraités et maintenant on essaie de faire croire à plus de justice sociale.
La politique d’application de l’austérité décidée de conserve avec l’Europe continue d’être appliquée par le gouvernement et ce n’est pas la poudre aux yeux des discours qui changeront la donne.
Tout est dans tout.A suivre...