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EXCUSES FILLON, EXCUSES "BIDONS"...
François Fillon a convoqué la presse ce lundi 6 février à 16 heures.
200 journalistes étaient rassemblés.
Après un exposé de 20 minutes dans lequel il confirme qu’il a employé son épouse comme attachée parlementaire ainsi qu’à une certaine période deux de ses enfants.
Il présente ses excuses pour avoir utilisé une pratique légale qui n’était plus acceptée par les français. Les excuses se limitent là.Ce sont des excuses venant bien tard qui semblent forcées, incomplètes dans lesquelles il n'aborde pas le fait que l'importance des sommes versées aux membres de la famille Fillon puisse être choquant.
François Fillon convertit seulement les sommes en salaires nets, sans plus.
Question de point de vue : le brut représente effectivement ce qui est à la charge de la collectivité nationale.
Il dit aussi qu’il est facile de faire croire à un chiffre important en cumulant les salaires sur une longue période:
« Elle a donc occupé ce poste pendant quinze ans et ceci pour un montant moyen de rémunération mensuelle de 3677 euros nets. Salaire parfaitement justifié pour une personne diplômée de droit et de lettres.
Alors, on brandit un montant proche d’un million d’euros annoncé d’un seul tenant. Pour faire sensation. En oubliant de préciser que la somme est en euros bruts.
Avons-nous déjà vu une rémunération présentée comme un cumul sur quinze ans ? »
Il redit que tout ce qu’il versé était légal et qu’il ne rembourserait pas un centime, sa femme et ses enfants ayant mérité par leur travail le salaire perçu.
Lors des questions posées par la presse, Il avoue avoir bénéficié aussi d’une ancienne pratique de réversion de fonds du sénat.
Ensuite, il se présente en victime d’un assassinat médiatique et politique.
(auteur janjf93, CC0 domaine public)
De ce fait, n’ayant selon lui rien à se reprocher et du fait que ce n’est pas un parti mais 4 millions de français qui l’avaient choisi pour représenter la droite et le centre, il annonce le début d’une nouvelle campagne. Personne ne peut l’empêcher donc de se présenter à la présidentielle.
Les quelques questions qui ont suivi n’ont fait que lui permettre de répéter tout cela.
Il annonce la publication de son patrimoine et des salaires perçus par son épouse sur son site internet. J’y suis allé. J’y reviens.
OÙ SONT LES EXCUSES ?
« Ce qui était acceptable hier, à défaut d’être accepté, ne l’est plus aujourd’hui.
En travaillant avec ma femme et mes enfants, j’ai privilégié cette collaboration de confiance qui aujourd’hui suscite la défiance.
C’était une erreur. Je le regrette profondément et je présente mes excuses aux Français.
Comme beaucoup d’autres parlementaires, j’ai agi selon un usage, certes légal, mais dont il est clair que nos concitoyens ne veulent plus.
J’en ai tiré moi-même les conclusions, il y a plus de trois ans, en cessant toute collaboration avec des membres de ma famille, contrairement à beaucoup de ceux qui, dans le théâtre politique actuel, me font la leçon. »
Monsieur Fillon n’ a pas bien compris où, pour nombre de nos citoyens, se posait le problème du salariat de sa femme et de ses enfants.
Il demande de l’excuser d’avoir tardé à comprendre que de telles pratiques n’étaient pas très éthiques. Cela me semble peu convaincant venant de la part d'un homme politique aussi avisé mais passons.Il n'a donc pas compris que c'est l’importance des montants versés qui pose problème à nombre de français.
Que les salaires versés à son épouse dans la période 1986 à 1990 puissent entrer dans un cadre acceptable de rémunération et qu’il a fait comme il semblait que les pratiques de cette époque et la loi le lui permettaient... Passons.
Dans la mesure où madame Fillon, comme il le dit a assuré un travail auprès de lui, on peut l’accepter. Ce sera à la justice de le dire.
Mais pour la suite regardons les chiffres qu’il a lui-même publiés.
Reprenons la période suivante sur la base de ces chiffres.
En 1998, si madame Fillon avait été reprise comme collaboratrice sur la base du salaire du 31/12/ 1990 date à laquelle elle avait cessé ses fonctions précédentes soit 1375 euros, en appliquant donc un taux d’inflation cumulé de 15,7% entre décembre 90 et avril 98, le salaire correspondant aurait pu être d’environ 1 591 euros. Or le 01/04/1998, le salaire de madame Fillon a été de 3 248 euros : près de 1 700 euros de plus. Une belle augmentation. Elle percevra cette rémunération jusqu’au 30 juin 2002.
Le mois suivant, son mari devient ministre et elle continue son travail de collaborateur parlementaire auprès du suppléant de François Fillon, monsieur le député Marc Joulaud, avec un salaire net de 6 009, 07 euros. Pourquoi cette nouvelle augmentation très importante ? Est-ce parce que monsieur Joulaud n’étant pas son mari, il peut la rémunérer plus ? Et cela dure jusqu’en août 2007. Monsieur Fillon devient premier ministre. Madame Fillon ne travaille plus auprès du député de la circonscription de son mari.
En juin 2012, François Fillon quitte Matignon, il redevient député et rembauche sa femme, le 1er juillet 2007 avec le salaire indiqué de 3 872,91 euros.
Je constate tout simplement que le montant frise le maximum qui peut être attribué à un proche selon les règles de l’assemblée.
Il me semble aussi que les montants versés aux enfants quand ils n’étaient pas encore avocats sont importants.
Marie a travaillé 15 mois en 2005 et 2006 et en 2007 Charles 6 mois, comme collaborateurs parlementaires, pour un salaire mensuel net de 3 000 euros en moyenne pour chacun".
D’après le « Canard Enchaîné », Marie Fillon a touché 57 084 euros brut entre octobre 2005 et décembre 2006 (soit 3 805 euros brut par mois, 2 930 euros net) et Charles Fillon 26 651 euros brut entre janvier et juin 2007 (4 442 euros bruts par mois, 3 420 euros nets). Comme le dit le « Canard » de quoi parfaire sa formation aux Etats Unis. Il sera effectivement avocat en 2011. Tant mieux pour lui. Mais ça trouble beaucoup de gens surtout quand monsieur Fillon a fait de sa probité le fondement de sa candidature et de son programme à la présidentielle.
Combien d’étudiants ont un tel revenu lors de leurs études quand on voit que la plupart d’entre eux- doivent travailler en dehors de leurs cours parce que leurs parents ne peuvent les aider pour diverses raisons dont des ressources insuffisantes?
Dans le cas de monsieur Fillon, ne pouvait- il les aider sans qu’ils travaillent vu ses revenus de sénateur ? Et quand bien même, pour son fils, comment la masse de travail à fournir pour ce montant d’émoluments a pu être fait tout en poursuivant des études ? C’est la question qu’on peut se poser auquel monsieur Fillon n’a apporté aucune réponse.
Dans ces conditions comment pourra-t-il défendre un programme qui se fonde sur l’austérité et des sacrifices demandés aux français pour soi-disant redresser la France?
(modifiée, auteur OpenClipart-Vectors, CC0 domaine public)
APRÈS LES EXCUSES "BIDONS" , PRIORITÉ A LA CAMPAGNE ÉLECTORALE
L’objectif de la conférence de presse était bien là : se réaffirmer comme le seul capable d’emmener son camp à la présidentielle quelle que soit son comportement antérieur en contradiction avec une image bien mal en point de probité. Il prend là une lourde responsabilité.
« Maintenant, le débat doit porter sur mon action politique et sur le projet que je porte.
Tout le reste est une opération destinée à détourner l’attention de nos concitoyens des véritables enjeux.
Le but de cette opération est d’effacer le choix des électeurs de la Primaire qui se sont affranchis du système en me plaçant en tête parce que je porte un programme de rupture et que je suis le seul à pouvoir le mettre en œuvre.
Je voudrais dire aux millions de Français qui m’ont choisi, au terme d’une campagne loyale, qu’on ne pourra pas voler leur choix. On ne les fera pas taire. »
Pauvre sauveur de la France, lui, l’homme providentiel est victime d’un complot !!!
Je pense quant à moi que les victimes se sont d’abord les électeurs de droite qui ont voté pour lui parce qu’ils pensaient qu’il était irréprochable. Pour rester dans le réel : François Fillon l’emporte avec 66,5 % des suffrages (2 903 564 voix) contre Alain Juppé, qui a recueilli 33,5 % (1 463 838 voix). Nombre d’électeurs inscrits en 2016 : 44,8 millions.
Ça remet à son niveau actuel la crédibilité de ce vote de « plusieurs millions de français » qui l’ont désignés comme il dit. C’est tout au plus environ 6,47 % de l’électorat.
Ce sont les premières victimes de François Fillon. Pas sûr qu’ils soient encore tous derrière lui.
Les autres victimes , ce sont les élus, les membres de son parti, ceux du Centre qu’il oblige, en poursuivant la quête de l’élection, à le soutenir, alors qu’hier encore, on parlait de rechercher un autre candidat, Fillon étant « plombé » moralement.Ceux qui ont soutenu sa candidature, ne sont pas des victimes. Ils ont contribué à placer sur orbite un Fillon dont ils n’ont pas vérifié au préalable l’éthique et si la probité qu’il clamait était réelle non sur le plan de la légalité mais sur le plan de la moralité.
Alors, aujourd’hui, dans son parti, tout le monde est obligé de suivre un candidat qui ne peut plus justifier de la même probité virginale pour faire avaler les couleuvres des sacrifices à faire subir au français (quelle partie des français ?) pour redresser la France. Et c’est d’autant plus vrai que son programme n’est pas celui qui permettra de le faire car ses recettes sont usées, dépassées. J’y reviendrai.
Quand je dis « tout le monde est obligé de suivre » .... Pour certains, c’est sans doute du provisoire en attendant qu’ils se désolidarisent...pour aller voir ailleurs si la dynamique n’est pas meilleure pour conserver un poste de député.
DERNIERS REBONDISSEMENTS OU COMMENT ENFUMER LES ÉLECTEURS
En clôturant cet article, je lis dans le « Canard Enchaîné» de ce mercredi de nouvelles révélations quant à des indemnités qu’aurait touchées madame Fillon quand elle était licenciée de l’assemblée.
Dans une conférence de presse d’aujourd’hui à 17 heures, les avocats de Pénélope et François FILLON signifient l’attaque de la procédure mise en place par le parquet financier dont ils dénient la compétence. Les avocats estiment également que l’enquête est entachée d’irrégularités et qu’elle est nulle et illégale. Un nouveau contre feu est donc allumé en essayant de discréditer le parquet national financier.
L’opération de victimisation de François Fillon, candidat à la présidence de la république se poursuit donc et il semble que l’on veut continuer de faire croire qu’il y a complot et qu’on veut « voler » l’élection aux français. Il est mis en question la neutralité et l'impartialité du parquet national financier. Les avocats estiment que le délit choisi pour l'enquête, celui de détournement de fonds publics, est inapplicable à un député. Ils reprochent au parquet une "grave atteinte au principe de la séparation des pouvoirs"Finalement, pour résumer, j’en déduis que la justice ne pourrait pas mettre en cause le député Fillon ni d’ailleurs aucun député. Drôle de conception pour déterminer qui peut être ou non justiciable...
François Fillon a donc choisi la stratégie d’attaquer la procédure alors qu’il souhaitait, il y a peu, que la lumière soit faite rapidement sur l’affaire. Il change donc de stratégie, cela n’allant pas assez vite, à son avis, au vu du calendrier de l’élection présidentielle, il veut maintenant ralentir. Il veut que le parquet national financier se dessaisisse pour violation des « principes les plus fondamentaux du droit constitutionnel."
Pour mémoire, le Parquet National Financier, dans un communiqué publié ce lundi 6 février, a rappelé que "la poursuite du délit de détournement de fonds publics relevant d'une compétence partagée avec le parquet de Paris, l'ouverture de l'enquête préliminaire a été précédée d'un échange avec ce dernier comme le prévoit la circulaire du 31 janvier 2014".
François Fillon qui a voulu une justice rapide fait de son affaire une affaire politique qui pourrait le servir en se faisant passer pour une victime.
Tout cela permet de ne plus parler du fond. En mettant en cause la légalité de l'enquête du Parquet National financier, François Fillon veut faire croire aux électeurs que les accusations contre lui ne sont pas sérieuses. Il lance donc l'opération "enfumage" de l'électorat en voulant masquer le fond de ce qui lui est reproché par une opération politicienne destinée à gagner du temps pour être sur la liste officielle des candidats et ainsi faire oublier qu'il appartient à une caste qui profite du système pour en profiter un maximum au niveau de sa famille.
Dans le même temps il dénonce les médias comme participant à la curée.
Et maintenant, il fait ce qu’il faut pour ralentir les procédures. Il ne faut pas nous prendre pour des gogos : La date limite d'envoi des parrainages par les élus est fixée au vendredi 17 mars 2017 à 18 heures et la liste définitive des candidats sera ainsi close. Ensuite, ... monsieur Fillon est sur orbite.
(auteur ulleo, Pixabay, CC0 domaine public)
POUR CONCLURE...
Pour ma part, je ne sais sur quoi débouchera l’enquête ou si l’enquête sera arrêtée ou non. Je constate simplement qu’on tente d’empêcher la justice de faire rapidement toute la lumière sur cette affaire.
Lamentable !!!
Comme simple citoyen, j’estime que même si François Fillon s’est expliqué sur l’emploi de son épouse et ses enfants et qu’il avait le droit de les employer, il est clair qu'il a aussi su montrer qu’il était sensible à conserver un certain train de vie financier en utilisant les possibilités que lui donnait la loi pour rémunérer ses proches.
Question de point de vue pourra-t-on me dire. En effet, tout dépend à quelle « caste » l’on appartient selon que l’on soit dans celle des « puissants » ou que l’on appartienne à cette catégorie de français ordinaires qui sont la majorité et dont les revenus permettent de vivre, survivre ou mendier... Un peu comme sous l’ancien régime, avant la révolution, quand la royauté de droit divin sévissait en France et que les seigneurs avaient tous les privilèges attachés à leur condition.
Il n’y a de la part de François Fillon aucune excuse de ce point de vue. Les sommes allouées lui semblent donc « normales ». Je le disais dans un de mes précédents articles : « Il reste le montant des sommes allouées qui, même si elles ont été attribuées dans un cadre légal, montre la pratique des hommes politiques vis à vis d’un certain nombre de « facilités » et leur perception peu réaliste de ce qu’est le coût de la vie pour la majorité des citoyens. » Les sommes publiées représentent « pour nombre de nos compatriotes bien plus que le salaire qu’ils pourraient prétendre toucher sur l’ensemble de leur carrière professionnelle (une quarantaine d’années). Les exemples ne seraient pas difficiles à trouver. »C'est tout cela qui choque bien au delà du fait que les emplois ont été entachés ou non d’illégalités ce dont la justice décidera.
Pour la suite, je resterai donc aussi sur le plan politique.
Puisque monsieur Fillon relance sa campagne, je continuerai donc d’analyser son programme comme celui des autres candidats, non pour me convaincre que ce programme peut, comme il le dit, redresser la France ce qui ne veut rien dire, mais pour montrer justement qu’il est empreint d’injustices pour les français et qu’il est inadapté pour leur permettre de voir l’avenir avec optimisme et espoir pour eux, leurs enfants et petits enfants.
Tags : Excuses Fillon, salaires, Campagne présidentielle, Canard Enchaîné, Parquet financier national