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EMMANUEL MACRON TENTE DE REPRENDRE LA MAIN
Je viens donc d’apprendre que le président Macron avait publié une lettre « aux français » ce mercredi 10 juillet.
Il dit entre autres « Président de la République, je suis à la fois protecteur de l’intérêt supérieur de la Nation et garant des institutions et du respect de votre choix.C’est à ce titre que je demande à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’Etat de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance française, d’engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays. »
Si certes il rappelle l’état de la situation actuelle à savoir qu’il n’y a pas de majorité au parlement, je trouve un peu cocasse alors que la situation actuelle relève de sa responsabilité, qu’il donne la marche à suivre.
Je pense qu’il aurait dû, conformément à l’usage ,demander au groupe qui avait obtenu à l’assemblée le plus grand nombre de suffrages de désigner la personne qui devait faire le nécessaire pour lui proposer un gouvernement.
En l’occurence ici il s’agit du NFP.Le problème est que le NFP n’a toujours pas résolu son problème de trouver l’interlocuteur à savoir un éventuel candidat au poste de premier ministre et une proposition de gouvernement.
Le président en a donc profité pour choisir de s’en remettre au parlement.
C'est un peu ce que je décrivais ce à quoi on arriverait dans mon écrit précédent, NFP n'ayant pas désigné un ou une personne susceptible d'être premier ministre et un président qui n'a pris aucun contact avec le NFP.
De ce fait, le président attend que l’assemblée s’organise et désigne son président ou sa présidente et son bureau et les différents responsables des commissions et donne mission au parlement de « bâtir une majorité solide nécessairement plurielle, pour le pays »
(Palais Bourbon Palais-Bourbon, VIIe arrondissement de Paris. auteur kimdokhac — Flickr, CC BY 2.0
CE QUI AURAIT CHANGÉ S ‘IL AVAIT DEMANDÉ AU NFP DE FORMER UN GOUVERNEMENT
Si le NFP avait pu proposer une personne que le président aurait pu charger comme premier ministre de former un gouvernement, cela aurait enclenché le processus de la recherche de ce gouvernement et nous aurions pu voir de manière évidente s’il était possible que le NFP puisse réunir sur un projet une majorité de députés pour pouvoir gouverner sans qu’il y ait de motion de censure qui renverse le gouvernement. Pour cela il est clair qu’il aurait fallu que le NFP prenne pour base son programme mais aussi l’amende en fonction de discussions qui auraient nécessairement dû avoir lieu pour que le projet final recueille un consensus majoritaire. Cela avait peu de chance de fonctionner mais il n'était pas inutile d'essayer et aurait eu le mérite de calmer les esprits.
Cette étape est maintenant de fait dépassée par la décision présidentielle prise.
(Image par mohamed matar de Pixabay)
LA TENTATIVE DE REPRISE EN MAIN D’EMMANUEL MACRON
Le président a en effet choisi de s’en remettre «à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’Etat de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance française, d’engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays. Les idées et les programmes avant les postes et les personnalités : ce rassemblement devra se construire autour de quelques grands principes pour le pays, de valeurs républicaines claires et partagées, d’un projet pragmatique et lisible et prendre en compte les préoccupations que vous avez exprimées au moment des élections. Elle devra garantir la plus grande stabilité institutionnelle possible. Elle rassemblera des femmes et des hommes qui, dans la tradition de la Vème République, placent leur pays au-dessus de leur parti, la Nation au-dessus de leur ambition. Ce que les Français ont choisi par les urnes – le front républicain, les forces politiques doivent le concrétiser par leurs actes. »
Emmanuel Macron essaye donc de reprendre la main sur le déroulement du processus qui doit se mettre en place pour qu’un gouvernement puisse être désigné et agir durant au moins la prochaine année.
Il a pris de nouveau le risque d’être le responsable des conflits qui vont nécessairement naître de cette décision, le NFP n’acceptant pas d’avoir été ignoré. De plus on sent bien que des « personnalités » comme Edouard Philippe ou Laurent Wauquiez ou Gerald Darmanin et Bruno Le Maire sont déjà en train de faire le nécessaire non pas pour qu’une solution soit trouvée pour un programme consensuel mais plutôt pour mettre en place les conditions nécessaires pour se placer comme candidat de droite en vue des prochaines présidentielles.POUR CONCLURE PROVISOIREMENT
Je ne cache pas que tout cela m’amène être pessimiste pour l’avenir car à l’évidence s’il n’est pas répondu aux préoccupations des français qui se sont exprimés lors du vote de ce dernier dimanche, alors après la prochaine dissolution de l’assemblée qui peut être dans un an, le RN fera une percée qui lui donnera cette fois la majorité absolue.
Emmanuel Macron a certes l'impression d'avoir repris la main mais il ne fait pas illusion. Comme je le disais dans mes écrits précédents il est le grand responsable de la situation actuelle. Ce que contient sa lettre aux français et notamment ce passage : »Les idées et les programmes avant les postes et les personnalités : ce rassemblement devra se construire autour de quelques grands principes pour le pays, de valeurs républicaines claires et partagées, d’un projet pragmatique et lisible et prendre en compte les préoccupations que vous avez exprimées au moment des élections. », il a eu sept années pour le faire. Il a préféré naviguer au gré des évènements sans tenir compte des avertissements que lui avaient donnés à plusieurs reprises les électeurs et notamment en 2022.
Comme je le disais dans un de mes derniers écrits :
« Le président de la république s’est disqualifié. Depuis 2017 il n’ a pas su faire le nécessaire pour répondre aux préoccupations essentielles de la population. Il n’a pas été le président de tous les français et a gouverné comme Jupiter sur son Olympe, se prenant pour un despote éclairé. Il a voulu appliquer son programme alors qu’il aurait du le modifier pour tenir compte de ceux des électeurs qui ont voté pour lui pour faire barrage à l’extrême droite. Il ne l’a pas fait et ceci à deux reprises. »
Il vient de confirmer lui- même dans cette lettre sa disqualification.
(Jupiter Smyrna Louvre , Marie-Lan Nguyen et un auteur supplémentaire — Travail personnel,
Domaine public)
Tags : Emmanuel Macron, reprise en main, programme, consensus, NFP, RN