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Diminuer le redoublement à l'école
C’est l’annonce que vient de faire Vincent PEILLON dans le cadre de la refondation de l’école.
On ne peut être que d’accord sur cet objectif d’autant que l’on sait que le redoublement n’améliore pas, dans la grande majorité des cas, le niveau des élèves.
Le problème est donc bien de quelle manière sont pris en charge les élèves à l’école pour qu’ils puissent avancer et apprendre. Il faut que l’on considère chaque élève selon ses difficultés dues à son milieu socio culturel, ses rythmes …
Le redoublement est hélas considéré en France comme le moyen le plus apte à remédier aux problèmes scolaires ce qui est une erreur. Sans doute est-ce plus facile que de mettre les véritables moyens pour changer l’Ecole.
Le débat du pour ou contre le redoublement est donc un faux débat.
LA FRANCE EN TETE POUR LE REDOUBLEMENT DES ELEVES
Les chiffres on les trouve dans les enquêtes faites par l’OCDE* (enquête PISA) que l’on peut trouver dans son rapport « Programme international de l’OCDE pour le suivi des acquis des élèves ».
Il est noté par exemple : « Dans les pays où on redouble beaucoup (dont la France), tout comme dans les pays où les élèves sont orientés dans différents programmes à un âge précoce, l’impact du milieu socio-économique sur la performance des élèves est plus grand en général. »
L’enquête faite montre que 38% des élèves français de 15 ans ont redoublé au moins une fois contre 13 % en moyenne pour l’ensemble des pays de l’OCDE. Les pays à forts taux de redoublement (dont la France classée première) affichent de moins bonnes performances.
On note que les élèves issus de milieux défavorisés sont beaucoup plus nombreux à doubler que les autres.
Comme je l’ai déjà dit par ailleurs, les mauvais rythmes scolaires français n’arrangent rien en la matière et sont sources d’aggravation des difficultés scolaires…
Il faut donc en finir avec un système injuste (chaque établissement a ses propres critères de doublement) qui démotive les redoublants et aggrave lui aussi les difficultés.
Il est clair aussi que le redoublement coûte cher. Cela a été évalué pour la France à environ deux milliard d’euros par an.
Dire que l’on va diminuer de moitié les redoublements, dans un premier temps est donc un objectif louable s’il s’accompagne bien sûr de véritables objectifs et moyens qui permettront de prendre en charge les élèves d’une autre manière qu’actuellement.
REFONDER VERITABLEMENT L’ECOLE EST LA SOLUTION
Il faut des pratiques pédagogiques rénovées adaptées aux élèves, un soutien scolaire véritable qui n’est pas une pièce rapportée mais fait partie de l’enseignement, une refonte profonde des programmes et de leur cohérence entre les différents cycles de la scolarité , des mesures à revoir pour une vraie politique d’action sociale scolaire et enfin une vraie réforme des rythmes.
Pour ce dernier point, les récentes annonces sont très au deçà de ce qu’on aurait pu attendre : une journée scolaire qui n’est pas diminuée de manière significative, une répartition de l’alternance des vacances scolaires qui n’est pas satisfaisante.
La FCPE affirme avec raison que « Le retour à une semaine de 4,5 jours doit permettre de réduire la journée en classe entière à 5 heures maximum et d'offrir à chaque enfant un temps éducatif de qualité … ».
Mais quand elle dit que cela doit se faire « sans réduire le temps scolaire annuel des élèves », elle se trompe: La réflexion doit être poussée plus loin ce qui permettra peut-être de résoudre les problèmes des vacances.
Si on observe ce qui existe en la matière en Europe et ailleurs, on s’aperçoit que des pays ont un nombre d’heures de travail obligatoire annuel inférieur à ceux de la France et pour certains d’entre eux de bien meilleurs résultats.
« Une vraie refondation doit révolutionner les rythmes et la pédagogie en osant bousculer les systèmes en place.
Il faut commencer par les choix des programmes et des objectifs qui doivent refléter les priorités nationales d’instruction et ce qui doit être enseigné aux élèves en fonction de leur âge.
Une vraie refondation ne sera possible que si on abandonne tout de suite le débat actuel et tronqué des vacances scolaires.
Les préoccupations des vacances doivent venir après l’essentiel : Les contenus de l’instruction, la pédagogie, les rythmes journaliers puis ceux de la semaine et de l’année.
On doit partir pour cela de l’optique que ce n’est pas la quantité et donc notre nombre d’heures de travail annuel qui est le plus important. Il faut… avant toute chose considérer la qualité de ce qui sera fait durant ces heures, avec la cohérence et le contenu nécessaire des programmes… »
(extraits de mes propos sur http://quaiducitoyen.eklablog.fr/refondation-de-l-ecole-un-rapport-interessant-mais-a57567439)
LE PROJET DE LOI POUR LA REFONDATION DE L’ECOLE
Un projet de loi sera examiné en janvier 2013. Il contient, certes ,quelques avancées et objectifs significatifs importants mais aussi des manques notamment dans le domaine des rythmes à l’école, la pédagogie, domaines très sensibles car les avis sont différents et certains d'entre - eux pas toujours fondés sur l’intérêt des élèves mais plutôt sur l’égoïsme des adultes ou des lobbies.
( Certificat d'aptitude pédagogique à l'enseignement dans les écoles primaires, 15/12/1930, auteur Andé Payon-Passeran, licence creative Commons Paternité – Partage des conditions initiales à l’identique 3.0 Unported)
L’annonce du recrutement de 42 500 enseignants et de 500 non enseignants est une bonne chose, encore faut-il qu’il y ait suffisamment de candidats. La formation des enseignants devrait être mieux encadrée dans le cadre des Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE). Leur rôle reste à préciser pour s’assurer d’une vraie formation professionnelle.
Dans le même temps, il faut rendre attractif la profession.
Ces 43 000 postes de personnels à recruter sont nécessaires mais ce doit être aussi pour travailler autrement et mieux dans les écoles. Il faut revoir le statut des enseignants et les salaires (les plus bas de l’OCDE) et les inégalités flagrantes des temps de service actuels.
Pour les enseignants en activité, il faut résorber les inégalités injustifiées de salaires, d’horaires et de carrière selon que l’on travaille dans le premier ou le second degré. Ce sont des nécessités premières si on veut revaloriser et la fonction et redonner un dynamisme à la profession et si on considère véritablement que le premier degré est une priorité. La formation continue est aussi une des clés de la refondation au même titre que la formation initiale.
Des signes positifs sont donnés par le ministre. Il faudra que cela se concrétise. Il n’y a pas de temps à perdre. On n’en a trop perdu ces vingt dernières années.
A suivre très attentivement…