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CE N'EST PAS UNE FARCE : MANUEL VALLS EST PREMIER MINISTRE
(auteur image Teuxe, 31 mai 2009, domaine public)
Une petite note de gaieté en ce premier avril même si le sujet est sérieux. François Hollande a joué son JOKER plus tôt que prévu : le premier ministre sera Manuel VALLS.
Après la défaite électorale des municipales sans précédent au niveau de l’ampleur, le président de la république a décidé de réagir rapidement en nommant donc un nouveau premier ministre, celui qui, de par ses idées, est un des plus libéraux du gouvernement en matière économique notamment (Voir ses propositions lors de la primaire aux élections présidentielles).
Le gouvernement est annoncé « resserré » avec des ministres qui devraient travailler avec plus de cohérence et de solidarité et plus vite.
Dont acte mais qu’en est-il de la politique menée jusqu’ici ? Le changement de gouvernement n’est en aucun cas gage d’un changement de politique tel qu’attendu par les français notamment ceux qui se sont abstenus de voter et en particulier des électeurs de gauche.
La nomination de Manuel VALLS semble plutôt répondre au fait que le score des municipales est entaché de droitisme.
APRES LA DECLARATION D’HIER, QUELLE POLITIQUE?
Sera-t-elle modifiée, infléchie ? Va-t-elle redonner confiance aux français ?
Citons quelques points de la déclaration.
« ... en votant ou en vous abstenant, vous avez exprimé votre mécontentement et votre déception. J'ai entendu votre message, il est clair. Pas assez de changements et donc trop de lenteur. »
C’est sans doute pour cela qu’il nomme Manuel VALLS, « moins rond » que Jean-Marc AYRAULT, plus capable donc, selon lui, d’aller plus vite, plus clairement en communiquant mieux... A voir...
Mais en ce qui concerne la politique à mener, quels sont les changements ?
(Commons Fichier:Jean-Marc Ayrault - mars 2012, licence CCp 2.0 générique)
Le président rappelle :
« Je vous le confirme ici : le redressement du pays est indispensable. Celui de notre appareil productif. Celui de nos comptes publics. Celui de notre influence en Europe et dans le monde. »
Soit. Juste après, il rend hommage à Jean-Marc AYRAULT qui « a engagé des réformes qui feront honneur à celles et ceux qui les ont proposées et votées. »*. Mais avant cela, a contrario, il reconnaît : « Pas assez d'emplois et donc trop de chômage. Pas assez de justice sociale et trop d'impôts. Pas assez d'efficacité dans l'action publique et donc trop d'interrogations sur la capacité de notre pays à s'en sortir, alors qu'il a tant d'atouts. » .
Fermez le ban. Et...
Et... bien, le nouveau premier ministre grâce à un gouvernement « de combat » doit rectifier le manque d’efficacité dans l’action publique, le déficit de changement, la lenteur... Tout cela va donc être modifié. Alors pourquoi n’y a t-il pas eu ce gouvernement de combat, solidaire et rapide dès le lendemain de l'élection présidentielle?
Venons en aux « annonces » ou aux « non annonces ».
Pour ces dernières, on constate que le « pacte de responsabilité »est maintenu en l’état.
Il est fait un clin d’œil aux écologistes en rappelant « ...Produire différemment, aussi. C'est l'exigence de la transition énergétique pour préparer la France de demain, à être moins dépendante du pétrole comme du tout nucléaire. À prendre de l'avance sur les industries vertes. » Les lois sur la transition énergétique le prévoyaient et ont déjà pris un an de retard. Rien de neuf donc.
Il réaffirme que « le gouvernement aura à mettre en oeuvre le programme d'économies budgétaires... » : Ce qui veut dire les 50 milliards à trouver sur le budget de l’Etat mais on n’en sait toujours pas sur quels postes il s'agira d'agir.
Voilà donc pour les « non annonces ».
Ce qui est nouveau c’est « le pacte de solidarité ». Quand François Hollande déclare que le troisième pilier de ce pacte « c'est le pouvoir d'achat avec une réduction des impôts des Français et une baisse des cotisations payées par les salariés ». C’est une intention louable et cela veut –il dire qu’il faudra faire encore plus d’économies sur les dépenses de l’Etat. Combien ? Autant que pour le pacte de responsabilité ou ... quelques miettes pour calmer la grogne.
(auteur jackolan1, 3/05/2012, licence CCp-part ident 3.0)
Il serait intéressant que Manuel VALLS annonce très vite la couleur, les chiffres, les échéances et les moyens d’y parvenir.
Citons les deux autres piliers qui ne sont pas une nouveauté. Le premier est celui de « l'éducation, et la formation de la jeunesse ». Va-t-on enfin passer à l’action véritable pour la « refondation de l’Ecole » qui a été retardée, reprendre à zéro le décret sur les « rythmes » et enfin revoir véritablement les salaires et les statuts des enseignants notamment ceux du premier degré ? Manuel VALLS a intérêt à choisir un bon ministre qui ne fait pas comme Vincent PEILLON mais qui écoute, entend et agit dans l’intérêt des élèves, des enseignants et des parents ce qu'il n’a pas su faire, préférant flatter les collectivités locales en leur donnant tout pouvoir pour mettre en place des "rythmes". Ceux-ci n’ont d’ailleurs rien de « scolaires ». Dans la plupart des communes, ont été imposées des activités sans réelle concertation voire de projets bien définis. Ce ministre a en tout cas raté l’occasion de refonder l’école et déçu les parents et les enseignants. Cela pourra-t-il se rattraper ?
Quant au deuxième pilier, celui de la Sécurité Sociale, la priorité serait donnée à la Santé. De quelle manière ? That is the question.
LA MAJORITE VA-T-ELLE S’AFFAIBLIR ?
En ce qui concerne l’électorat, c’est fait .
En ce qui concerne le fonctionnement de l’ETAT et de ses institutions, on entend, comme prévu, une partie de la majorité parlementaire qui se rebelle. Il s’agit notamment de députés PS qui pourraient ne pas voter la confiance au nouveau gouvernement à propos du pacte de responsabilité.
On sait aussi que les ministres actuels d’ « Europe Ecologie les Verts » ont refusé de rester au gouvernement auprès de Manuel Valls. Il y aura-t-il d’autres ministres « Verts » ? Les Verts ont-ils le choix s’ils veulent continuer d’exister ? Ou prennent-t-ils une autre direction pour préparer les européennes ? Les relatifs bons résultats obtenus notamment lors des alliances avec le Front de gauche lors des municipales ont-ils influé sur la position des ministres Cécile DUFLOT et Pascal CANFIN qui ont refusé d’être dans un gouvernement dirigé par l’ex-ministre de l’intérieur ? Tactique électorale ou pression pour obtenir plus de garantie sur la mise en place de mesures écologiques ?
On le saura sans doute bientôt avec la composition du futur gouvernement... demain.
CE QU’IL CONVIENDRAIT AU MINIMUM DE FAIRE
Pour ma part et sans vouloir tout balayer de la politique qu’il faudrait mettre en place, je relèverai quelques points auxquels je suis attaché.
Et d’abord, comme je l’ai dit de nombreuses fois, il faudrait un plan clair et précis des objectifs à atteindre dans le temps en précisant de quelle manière on va les atteindre. Ce n’est pas seulement un problème de communication. Celle –ci est très importante et jusqu’ici, elle a été peu satisfaisante voire nulle. Maintenant il faut savoir ce qu'il faut communiquer pour convaincre les français qu’on va dans la bonne direction et les considérer non comme des veaux mais comme des êtres capables de comprendre et de réfléchir à l’avenir du pays. Pour cela, il faut communiquer tous les éléments pour le faire. Mais quelle sera la direction, le plan concret d’actions et les effets attendus qui puissent convaincre et redonner la confiance ?
Le premier acte fort serait de ne pas céder à Bruxelles sur ses critères économiques et demander un délai pour continuer d’assainir notre situation financière afin de ne pas mettre le pays dans l’austérité ce qui s’annonce si on continue à vouloir suivre les critères de l’Europe.
Quand on entend l’UMP dire qu’il faut faire 130 millions d’économie, on voit de quel côté penche ce parti : celui de l’austérité en faisant des économies sur le fonctionnement des services publics en supprimant bien sûr des fonctionnaires sans finesse, de manière générale comme cela a pu se faire sous Sarkozy dans le domaine de l’éducation ou de justice ou de la sécurité...j'en passe.
L’UMP n’ aucune leçon à donner en la matière et ce n’est pas parce qu’elle a conquis un nombre important de municipalités qu’il faut oublier sa désastreuse gestion lorsque ce parti était tout récemment au pouvoir sous Sarkozy, gestion qui n’ a fait qu’aggraver la situation financière de la France. Ce ne sont pas François Fillon qui a dirigé pendant 5 années le gouvernement et Jean-François Copé qui a présidé le groupe à l’UMP pendant le même temps qui peuvent avoir la prétention de dire ce qu’il faut faire pour redresser une France qu’ils ont affaiblie tant sur le plan économique que sur le plan social. Gardons cela en mémoire pour les prochaines échéances électorales européennes et nationales.
Il faut, certes, améliorer le fonctionnement des services publics, collectivités locales comprises, en redéfinissant, avec finesse, un certain nombre de missions, en corrigeant les anomalies, en répartissant mieux les postes voire en supprimant quelques millefeuilles mais certainement pas en criant haro sur les fonctionnaires et en les discréditant auprès de ceux qui travaillent dans le privé pour diviser la population. Diviser pour régner, on connait la chanson...
Dans le domaine de l’impôt ou de la fiscalité, il faut tout remettre à plat pour aller vers plus de justice.
Dans le domaine de l’Education, tout reste à faire pour que l’Ecole soit refondée.
Sur tous ces points et d’autres, je reviendrai...
* En bref, les réformes menées par Jean-Marc Ayrault :
Ce qui semble pour moi positif :
Un déficit public ramené à 4,3 %, la loi Duflot qui prévoit notamment un encadrement des loyers, le mariage homosexuel, la tva à 5,5 % sur les livres, les tarifs sociaux électricité et gaz étendus à 4 millions de foyers, l’interdiction de cumuler les mandats (mais ça ne sera pas avant 2017), moins de soldats par la loi de programmation militaire (2014- 2019),
Des dispositifs qui n’ont pas encore donnés de résultats :
La mise en place du crédit d’impôt compétitivité et emploi (CICE) soit 20 milliards d’euros dégagés pour les entreprises, des résultats plutôt inégaux pour les 34 plans de « re- conquête industrielle », la loi sur la reprise des sites rentables ( loi Florange) qui a été retoquée partiellement par le conseil constitutionnel et qu’il faudra refaire,
l’inversion de la courbe du chômage n’est pas arrivée (3,34 millions de chômeurs en février ) malgré les emplois d’avenir, le contrat de génération, des réformes de structures comme la « sécurisation de l’emploi », la formation professionnelle, points qui ne font pas l’unanimité des partenaires sociaux malgré l’instauration d’un dialogue social peu satisfaisant où il suffit de quelques signatures pour entériner des mesures mais qui jusque là ont permis au MEDEF de faire passer nombre de ses « désirs ».
Retraites :maintien de l'âge légal de départ à 62 ans, l'allongement de la durée de cotisations à 43 ans en 2035 et la mise en place en 2015 d'un compte pénibilité financé par les entreprises. Cette loi ne recueille pas l’accord de toutes les organisations syndicales. La pénibilité est aussi mal définie.
Augmentation des retraites :, augmentation - qui dans le passé était au 1er janvier- est passé au 1er avril et sera maintenant reportée au 1er octobre ( On est presqu’à une année de recul du paiement et autant de baisse du pouvoir d’achat, ), gel des retraites complémentaires.
Santé : rien de très significatif pour le moment. Il faut dire que la situation dégradée demande nombre de modifications importantes pour rétablir un système de santé digne de ce nom. Un effort important est fait dans la recherche de solutions aux déserts médicaux
Justice : la réforme est pour le moment suspendue.
Il faut citer, enfin, la réforme des rythmes dits scolaires hautement contestable qui est la seule mesure concrète mais ratée d’une refondation de l’école qui a été mise au ralenti.
Mais j'en oublie sans doute. Chacun complétera ...
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