• CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE : LES PROJETS ET PROGRAMMES – 2

    J’en viens donc aux projets et programmes des candidats. Tout au moins je vais m’y essayer.
    Le travail de lecture est énorme si on ne veut pas se contenter des slogans ou des simplifications énoncés parfois par les candidats dans les médias surtout audiovisuels où le temps est parfois compté pour une expression complète et un approfondissement des sujets. Encore faut -il le pouvoir et en avoir aussi la patience.

    CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE : LES PROJETS ET PROGRAMMES – 2

    (auteur PublicDomainPictures, pixabay, CC0 domaine public)

    Il y a aussi les dérobades de certains candidats qui dévient ou ne précisent volontairement pas le détail de leurs mesures ce qui fait que l’on se pose souvent des questions sur les incidences qu’elles pourraient avoir sur le quotidien.

    Il en est ainsi de la question de quitter l’Europe ou d’y rester et de la changer (comment ?), de la suppression des 35 heures (et ce qu’il advient des heures supplémentaires), de la suppression des fonctionnaires (lesquels ?), de la baisse des cotisations patronales (qui va cotiser ?), de la sécurité sociale et des mutuelles, de l’assurance chômage pour laquelle on veut baisser les indemnités ou le temps d’indemnisation, de l’éducation et des solutions comme de diminuer le nombre d’élèves par classe ou de les limiter à 25 , la sécurité et ses nombreuses conceptions, l’augmentation du budget de la défense sans qu’on dise pourquoi faire...la liste est longue.

    Et puis il y a les mensonges ou les informations tronquées qui sont affirmés pour justifier telle ou telle mesure...

    Il convient donc de trier tout cela pour tenter d’y voir clair.

     

    CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE : LES PROJETS ET PROGRAMMES – 2

    (Constitution de la Ve République (4 octobre 1958), page des signatures, archives nationales, domaine public)

    ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE : "RENCONTRE D’UN HOMME ET D’UN PEUPLE" ?

    Je crois aussi qu’en plus des projets et des programmes, il faut aussi se référer à l’attitude des candidats et à leur conception de la démocratie, aux mesures proposées ou non qui tiennent compte de la réalité des difficultés sociales des français, de la solidarité nationale, du rôle de l’État et du fonctionnement actuel de la démocratie, de l'économie et de la conception qu'ils en ont et au service de qui ou de quoi ils la mettent...

    Beaucoup ont à cœur de rappeler que l’élection présidentielle au suffrage universel de la Vème république est la "rencontre d’un homme et d’un peuple".

    C’est une idée vieille d’un demi siècle issue de la mythologie gaullienne voire plus puisqu’on pourrait la situer déjà quand Bonaparte a pris le pouvoir.

    C’est à mon sens devenu en effet un « mythe » sur lequel se sont appuyés, après de Gaulle, tous les candidats jusqu’à nos jours et  qui ne correspond plus à grand chose mais  est utilisé par les partis et les hommes qui les dirigent pour se succéder au pouvoir dans ce qu’ils appellent l’alternance ...de toujours « les mêmes ».

    Bien des choses ont changé depuis.

    D’abord, il n’a pas été imaginé qu’une femme puisse se présenter à l’élection présidentielle. Ceci pour remettre déjà un élément dans le contexte actuel ce qui ne change rien à ce que je vais dire ensuite mais qui précise les choses. Ainsi on peut citer celles qui se sont présentées aux suffrages du « peuple » :

    • Arlette Laguiller, candidate en 1974, 1981, 1988, 1995, 2002 et 2007
    • Huguette Bouchardeau, candidate en 1981
    • Marie-France Garaud, candidate en 1981
    • Dominique Voynet, candidate en 1995 et 2007
    • Christine Boutin, candidate en 2002
    • Marie-George  BUFFET en 2007
    • Ségolène ROYAL en 2007 et présente au deuxième tour
    • Nathalie ARTHAUD en 2007 et 2012
    • Eva JOLY  en 2012
    • Marine LE PEN  en 2012

    Ceci pour mémoire.

    De Gaulle avait mis en place le suffrage universel (1962) pour l’élection présidentielle et la constitution (1958) qui allait avec, pour essayer de placer au dessus des « partis », celui qui allait pouvoir, directement élu par la peuple, diriger la France : Une constitution faite à sa mesure et pour régler les problèmes du moment. S’il est vrai que dans la constitution, un certain nombre de piliers inclus dans son préambule reste à l’ordre du jour et qu'il faut préserver, les titres et articles ayant traits notamment à l’élection présidentielle, au parlement et au gouvernement sont à remettre en cause pour améliorer le fonctionnement démocratique qui n’est plus adapté et permet nombre de dérives comme celle d’une non représentativité des divers courants d’idées de la population au parlement et un régime présidentiel déséquilibré entre l’exécutif et la représentation nationale qui en font une monarchie républicaine. Après de Gaulle, on a gardé ce système jusqu’à aujourd’hui, sans en surveiller la déliquescence lente et progressive qui nous amène à la situation de crise institutionnelle actuelle dont les symptômes ne sont pas nouveaux mais que nos politiques n’ont pas su ou voulu voir pour traiter une maladie dont l’incubation a commencé au moins après 1981.

    Le fait est qu’une partie importante des électeurs ne se sent plus représentée et se demande vers qui elle va se retourner pour voter.

    CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE : LES PROJETS ET PROGRAMMES – 2

    (auteur geralt, CC0, domaine public)

    On pourra lire par exemple cet article du Huffingtonpost du 5 mars 2017 qui fait un point sur le sujet de l’abstention et de l’indécision des électeurs : http://www.huffingtonpost.fr/chloe-morin/la-participation-a-l-election-presidentielle-2017-sera-t-elle-historiquement-faible/

    J’y note entre autres que l’IFOP, institut de sondages, écrivait que : "Le niveau de mobilisation en cette fin de semaine (60,5% le 23 février) se maintient largement en-dessous du niveau des taux de participation observés lors des précédentes élections présidentielles". Il y a même selon l’IFOP et l’IPSOS (autre institut de sondages) une baisse de 2,5 points de l'intention de participer à l'élection au cours du mois de février 2017. On peut ajouter que 80% des Français trouvent la campagne "de mauvaise qualité" (chiffres OpinionWay, 24 février).    L’ Ipsos pour le Cevipof signale que seulement « 49,7% des gens qui se disent sûrs d'aller voter au premier tour sont certains de leur choix de candidat ».

    Selon une étude du Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) qui réalise un sondage mensuel sur un échantillon d’électeurs qui est toujours le même (échantillon de 15 887 personnes), le taux d’abstention pourrait être de 32% ( le site : http://www.cevipof.com/fr/).

    Cette baisse est donc bien dans l’air du temps. Pour mémoire l’abstention au premier tour des présidentielles précédentes était de 20,22% en 2012, 16,22% en 2007.

    Il y a de plus en plus d’abstentions aux élections intermédiaires et peut-être bientôt à cette élection nationale et présidentielle ci.

    On peut donc penser que ce système démocratique est à bout de souffle et que les partis ont en réalité pris le pouvoir et utilisé une partie de la constitution de la cinquième république pour, chacun son tour, le conserver jusqu’à en rendre exsangue la démocratie française.

    Les piliers de nos institutions sont mêmes contestées comme récemment la justice par certains candidats eux-mêmes que sont François Fillon et Marine Le Pen qui ne montrent pas l’exemple.

     

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    (auteur w100pebble, Pixabay, CC0 domaine public)

    Les français ne se sentent plus représentés y compris par le président de la république élu au suffrage universel. Les deux derniers présidents en sont des exemples flagrants puisque leur rejet a été majeur durant leur mandat. Le précédent n’a pas été élu et n’ a pas été désigné pour la prochaine élection (Sarkozy) et le dernier (Hollande) ne se représente pas.

    On assiste aussi au rejet des partis et notamment actuellement le PS et le LR. Ils en sont responsables de par leurs pratiques d’une démocratie dont ils n’ont pas corrigé les errements, croyant que tenir le pouvoir allait les protéger. Le peuple en a assez d’être celui qui met aux commandes de la nation des gens qui ne font pas ce qu’ils promettent. Les militants des partis se font de plus en plus rares, écœurés par les baronnies qui parfois s’installent y compris au niveau local pour conserver les manettes du pouvoir.

    Les autres courants d'idées ont bien du mal à se faire entendre.

    Les récentes affaires de Fillon et Le Pen, tous deux se disant hors système mais l’utilisant à plein, le premier en satisfaisant apparemment ses goûts pour « l’argent », la deuxième pour permettre à son parti de fonctionner, n’arrangent rien et aggravent la situation.

    Est-ce le signe que les citoyens se révoltent ?
    Pas sûr.

    On sent les électeurs déboussolés, hésitant de plus en plus, selon les sondages, entre l’abstention et la voie d’un candidat ou d’une candidate hors parti.

    Le PS en a désigné un duquel l’appareil se désolidarise partiellement car Hamon est trop « à gauche »... Lui même fait de l’ombre au candidat Mélenchon. Tout cela divise les électeurs de la gauche.

    Macron, se disant « à droite et à gauche », est à la pointe de la popularité avec son mouvement « En marche ! » mais son électorat est fragile.

    Marine Le Pen qui s’est mise « hors front National » a un socle solide d' adeptes qui la suivent aveuglément et veut faire croire qu'elle est hors parti grâce à son rassemblement Bleu Marine qui n'est en réalité rien d'autre qu'un Front national aseptisé.

    Fillon détourne l’élection présidentielle au suffrage universel en appelant le peuple français à juger de ses affaires « au delà de la procédure judiciaire » tout comme Marine Le Pen qui se juge innocente et appelle le « peuple » dont elle dit parler « en son nom » à la plébisciter.

    Le grand bazar !

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    (auteur RyanMcGuire, pixabay, CC0 domaine public)

    PREMIÈRES CONCLUSIONS POUR CHOISIR

    On est donc très loin ici des objectifs de Charles de Gaulle. La "rencontre d’un homme (ou d’une femme) et d’un peuple" est devenu d’abord, pour les deux candidats concernés, Fillon et Le Pen, la solution pour faire croire que le peuple en les choisissant pouvait, au dessus de la justice, les exonérer des conséquences de leurs dérives dont ils sont pourtant pleinement responsables.

    Ils sonnent le glas de la cinquième république telle que conçue à l’origine. Les programmes et projets deviennent secondaires dans la mesure où la campagne ne permet guère d’en débattre.

    Mais peut-être cela va-t-il se faire dans les semaines qui viennent.

    Le danger du "populisme", trompeur en ce qu'il veut faire croire à une fausse souveraineté du peuple grâce à ses slogans aguicheurs mais creux,  est à nos portes et risque de plonger le pays dans un autre marasme, celui de la désillusion à l’échéance, désillusion qui renforcera le rejet de la politique qui est pourtant le seul moyen de faire fonctionner notre pays.

    Triste et préoccupant pour nous et la démocratie dont le fonctionnement est à reconstruire!

    Le programme et le projet ne suffisent donc pas pour choisir si on ne regarde pas de près la femme ou l’homme qui les porte.

    C’est un tout dans notre système actuel avant qu’on le fasse évoluer ce qui est indispensable, encore faut-il choisir un candidat qui en a la volonté.


    Et j’y reviens...sur ce tout.

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