• CAMPAGNE PRESIDENTIELLE 8 : MACRON VS MELENCHON 5a sur 5

    Il est venu le tour de l’examen des propositions programmatiques concernant l’Ecole, la santé, les retraites, l’environnement et bien entendu l’Europe qui fonctionne mal mais à laquelle nous appartenons et que nous devons donc transformer pour agir pour le bien commun de ses habitants et donc ceux de la France. Il faut être citoyen français et citoyen européen pour être citoyen du monde.

    CAMPAGNE PRESIDENTIELLE 8 : MACRON VS MELENCHON  5 sur 5 a

    (auteur europen HypnoArt, domaine public)

    L’EUROPE

    Les deux candidats ont des positions bien différentes vis à vis de l’Europe même s’ils diagnostiquent tous deux qu’il faut en changer le fonctionnement, la manière de traiter la maladie n’est pas la même.

    L’Europe est un enjeu majeur de la campagne électorale.

    Le malaise sur l’Europe est lié à la politique allemande. Forte de sa croissance et de sa bonne santé économique, l’Allemagne dirige et la France suit et ne s’oppose pas aux décisions souvent unilatérales de Berlin qui ont amené à une politique de l’austérité dans nombre de pays européens. On l’a bien vu, quand après que les Français aient refusé le traité de constitution européenne, Sarkozy comme Hollande ont fait le nécessaire pour contourner le non au référendum en signant et acceptant d’appliquer les règles d’un traité de Lisbonne, copie conforme de ce qui avait été refusé par les français et qui régit le fonctionnement de l’Union européenne et de ses institutions. François Hollande n’a pas imposé des réformes pourtant nécessaires. Les solutions sont pourtant entre les mains de l’Allemagne et de la France qui devraient agir de conserve pour mette en place les réformes nécessaires.

    Après le Brexit des Anglais c’est peut-être le moment de remettre l’Europe en marche.

    Nous en avons besoin.

    Emmanuel MACRON

    « Vouloir affaiblir l’Europe, c’est laisser la France seule face aux menaces du monde actuel. L’Europe doit être pour la France une protection supplémentaire. »

    « Mais l’Europe aussi doit changer : elle ne doit pas avoir pour mission de gérer une bureaucratie, mais de protéger notre présent et de préparer notre avenir. Elle doit donc nous protéger dès aujourd’hui, et investir pour demain ! »

    Pour lui, l’Europe est à l'arrêt et  « a perdu le fil de son projet ». Il veut la relancer par une renaissance du couple franco-allemand en restaurant « un vrai dialogue franco-allemand », puis de l'élargir. Il veut convaincre le gouvernement fédéral allemand d'examiner par des propositions de réformes ce que jusque là Angela Merkel avait refusé d’aborder : le budget de la zone euro, un plan d'investissement, le troisième pilier de l'Union bancaire, l'Europe sociale »

    Emmanuel Macron est jugé favorablement par l’Allemagne sur son projet européen dans la mesure où il reste dans le système des encadrements budgétaires des traités.

    Sa stratégie est liée à la politique économique qu’il va mettre en place en France pour retrouver selon lui, aux yeux de l’Allemagne une crédibilité. Cela passe par la réforme du marché du travail qu’il faut flexibiliser et la réduction des déficits. En bref, la méthode douce pour que l’Allemagne ait confiance mais cela suppose aussi, en France qu’on soit d’accord avec les réformes qu’il veut appliquer et les économies qu’il veut faire.

    J’ai exprimé mon avis sur ces points dans les articles précédents touchant au programme économique.

    CAMPAGNE PRESIDENTIELLE 8 : MACRON VS MELENCHON  5 sur 5 a

    (auteur geralt, CC0 domaine public)



    Jean Luc MELENCHON

    La méthode ne sera pas la même pour changer l’Europe.

    Contrairement à ce que d’aucuns disent il ne veut pas quitter l’Europe et l’Euro mais la réformer dans son fonctionnement et ses objectifs.

    Sa position : « L’Europe est une grande idée, mais les traités qui l’organisent sont une grande calamité. »

    L’objectif premier est de rester dans l’Union européenne à condition qu’elle soit « refondée ».

    Sa stratégie n’a rien à voir avec celle d’Emmanuel Macron, ce qui est cohérent dans la mesure où son programme économique et social est à cent lieues de celui du leader du mouvement  « En marche ! » (Voir les articles précédents)

    Il a deux plans pour ce faire en arguant du fait que la France, deuxième grand pays contributeur de l’Europe, peut proposer des réformes à l’Allemagne qu’il considère non comme un ennemi mais comme un partenaire avec lequel il faut avoir une certaine fermeté mais avec qui on doit pouvoir discuter et avancer.

    « Le plan A, c’est la sortie concertée des traités européens par l’abandon des règles existantes pour tous les pays qui le souhaitent et la négociation d’autres règles. »

    « Le plan B, c’est la sortie des traités européens unilatérale par la France pour proposer d’autres coopérations. L’UE, on la change ou on la quitte. »

    C’est tout aussi clair que la position d’Emmanuel Macron mais ce doit être sans attendre de la part de la France à des réformes qui touchent par exemple au marché du travail et à des économies à faire pour atténuer la dette.

    Le plan A proposerait

    De mettre fin à l’indépendance de la Banque centrale européenne (BCE), de modifier ses missions et statuts, d’autoriser le rachat de la dette publique directement aux Etats, d’interdire à la BCE de couper les liquidités à un Etat membre.

    Il faudrait dévaluer l’euro pour revenir à la parité initiale avec le dollar ;

    L’organisation d’ une conférence européenne sur les dettes souveraines pour déboucher sur des moratoires, une baisse des taux d’intérêt, des rééchelonnements et des annulations partielles de dettes et mettre en place un protectionnisme solidaire.

    En cas d’accord, « le résultat des négociations sera soumis à référendum au peuple français qui décidera souverainement de sa participation à l’Union européenne refondée ou de la sortie ».

    « Si nous sortons des traités, alors nous pourrons changer les prochains traités. Mais nous ne pourrons pas le faire si nous n’avons pas un plan B. Si l’on ne sait pas que si l’on nous résiste, la France s’en ira. Et si on le fait, alors le débat est possible. »

    La stratégie est là.

    «  S’ils ne cèdent pas sur le plan A, alors nous passerons au plan B. »

    « Qu’est-ce que le plan B ? Le plan B, c’est le plan que je viens de présenter comme plan A. Si les autres n’en veulent pas, alors nous le faisons quand même entre ceux qui sont d’accord. Par conséquent, le plan B est un plan internationaliste. »

    En bref, en cas d’échec des discussions, Jean-Luc Mélenchon proposera d’appliquer son plan B : la sortie de l’Union européenne et de l’euro, et la recherche de nouvelles alliances en dehors de l’Europe actuelle.

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    L’ÉCOLE

    Les intentions générales sont bonnes.
    Emmanuel Macron : « Face aux multiples défis auxquels la France et les Français sont confrontés, l’école est le combat premier. Seule l’éducation pourra garantir la cohésion sociale et la prospérité de la France, offrir à chacun la possibilité de se réaliser grâce à une école plus juste et plus soucieuse de l’accompagnement comme de l’orientation de chaque élève.

    Les élèves sont trop souvent les oubliés des réformes de notre Education Nationale. Notre principal objectif, celui qui doit présider à toute décision, c’est donc avant tout la réussite et l’épanouissement de chaque élève. »

    Jean Luc Mélenchon : « Tous les élèves sont capables. Ils méritent des professeurs qualifiés, formés et en nombre suffisant, qui leur dispensent un enseignement de haut niveau.

    Notre projet pour l’école est en effet inséparable de notre projet de société.

    À l’heure du défi climatique, l’école doit jouer un rôle décisif dans la préparation

    de la transition écologique. Alors que les inégalités n’ont jamais été aussi fortes

    et que la société est traversée par de multiples tensions, elle doit s’affirmer comme un espace de coopération et d’échanges et non de concurrence et de compétition. Creuset du peuple en formation, elle doit devenir le lieu de l’éducation à l’intérêt général où l’individu se prépare à l’exercice d’une citoyenneté enrichie de nouveaux droits.

    L’émancipation, individuelle et collective, est la boussole de notre projet éducatif. »

    Un diagnostic est fait par chacun qui a des points communs et des divergences. Chacun pourra s’y rapporter en lisant les programmes.

    Pour ce qui est des mesures... Elles sont nombreuses mais sont -elles adaptées et pertinentes pour enfin refonder l'école, ce qui n' a pas été fait durant ce quinquennat ?

    Emmanuel MACRON : Un certain nombre d’objectifs sont louables mais les mesures ne me semblent pas complétement bien détaillées. On trouvera le programme pour l’école sur le site du candidat : https://en-marche.fr/emmanuel-macron/le-programme/education .

    Objectif 1 : Faire de la crèche un instrument de lutte contre les inégalités. : Ok.

    Objectif 2 : Donner la priorité à l’apprentissage des fondamentaux "lire, écrire, compter" dans le préscolaire, en maternelle et au primaire. Si l’objectif est louable les moyens mis en œuvre ne sont pas à la hauteur de l’enjeu.

    - diviser par deux les effectifs des classes de CP et de CE1 en REP et REP+, mesure la plus importante prise en faveur de l’éducation prioritaire depuis la création des ZEP en 1981 n’est pas gage de réussite si on ne met pas en œuvre une augmentation du nombre de maîtres spécialisés des RASED pour les élèves en grande difficulté

    La division de la taille de classe pour les élèves qui en ont le plus besoin peut enrayer cette dynamique n’est rien si cela n’est pas accompagné de maîtres bien formés et capables de mettre en place des pédagogies adaptées.

    Prendre 12 000 enseignants pour porter le projet en réorientant entre 6 000 postes à 10 000 postes des 60 000 postes créés au cours du quinquennat actuel n’est pas la solution comme si les autres classes dans les autres zones avaient besoin de voir leurs effectifs augmenter.   J’appelle cela déshabiller Jacques pour habiller Paul.

    A l'échelle du quinquennat, créer entre 4 000 postes et 5 000 postes est une broutille vu les moyens nécessaires qu’il faudra compte-tenu de l’augmentation prévisible de la population scolaire.

    Lutter contre la déperdition des savoirs scolaires en proposant des stages de remise à niveau en fin d’été entre le CP et le CM2 est une aberration qui placent les enfants en difficulté une fois de plus à part de l’école. C’est une discrimination et pas une solution. Chaque élève a droit aux mêmes vacances et repos que les autres. C’est pendant le temps scolaire commun qu’on doit permettre par les moyens mis en oeuvre de prendre en charge les élèves et leurs difficultés.

    Même remarque pour les stages de remise à niveau au Collège.

    "Nous reconnaîtrons mieux l’engagement et la contribution des enseignants exerçant en REP+ (zones prioritaires)." Ce n’est pas une prime qui fait la qualité de l’enseignant mais sa formation et sa motivation professionnelle et les conditions de travail adaptées.

    Pour en revenir d’ailleurs à la formation : Celle initiale est annoncée comme devant être de grande qualité. Comment ? Pour ce qui est de la formation continue à qui l’on attribue le même qualificatif on ne me fera pas croire que trois jours par an peut y contribuer d’autant que la moitié de ces heures de formation pourra être effectuée via des modules en ligne. Un peu léger  à la limite du gadget! Je sais ce qu’est une formation continue de qualité car j’ai eu la chance d’avoir pu en bénéficier plusieurs fois dans ma carrière. Cela durait deux à trois semaines au contact avec la théorie et la réalité du métier et du terrain avec  des professeurs et intervenants de qualité. Je crois que les résultats ont été efficaces pour la prise en charge de mes élèves. (C’était dans les années 70 et 80).

    Je ne note aucune intention de revoir avec sérieux le sujet des rythmes non pas scolaires mais ceux des enfants et des jeunes ce qui est pourtant indispensable. Quant on voit ce à quoi on a abouti lamentablement dans l’organisation des temps de la journée et de la semaine scolaire que les ministres ont utilisé par pur souci électoraliste durant ces deux quinquennats.

    Ce programme pour l’école n’est pas le reflet d’un vrai projet cohérent pour l’école pour laquelle aucun moyen supplémentaire véritable n’est attribué si ce n’est à la marge. Il me fait l’effet d’une accumulation de mesurettes qui ne pourront pas améliorer sensiblement la prise en charge des élèves pour une meilleure réussite de chacun.

     

    CAMPAGNE PRESIDENTIELLE 8 : MACRON VS MELENCHON  5 sur 5 a

    Jean-Luc MELENCHON : Les mesures du candidat de la France Insoumise sont assez complètes. C’est un vrai projet cohérent. On le trouvera détaillé dans un livret d’une vingtaine de page à télécharger sur le site du candidat : https://avenirencommun.fr/le-livret-education/

    J’y note la préoccupation d’une école où « il fait bon apprendre » avec des conditions environnementale agréables, des conditions de travail améliorées avec des effectifs raisonnables grâce à un recrutement de 60 000 enseignants, un effort important pour remettre à niveau les aides aux enfants en grande difficulté avec des RASED étoffés enfin en personnel (15 000 postes).

    L’importance d’une meilleure formation initiale et continue est réaffirmée tant il est vrai que ce n’est pas seulement une baisse d’effectif qui est nécessaire mais ce qui compte aussi c’est bien la capacité des enseignants à prendre en charge les élèves avec des méthodes adaptées.

    Rétablir un véritable corps d’enseignants remplaçants, renforcer le dispositif «plus de maîtres que de classes», prioritairement en CP et CE1, en y affectant 5 000 enseignants durant le quinquennat sont autant de clés supplémentaires pour ne pas laisser d’enfants sur le bord du chemin.

    Je note le renforcement de la prévention et l’éducation à la santé par le recrutement de 6 000 médecins (ce qui ne sera pas simple vu la pénurie actuelle) infirmiers, psychologues scolaires et assistants sociaux afin de permettre à tous les enfants d’avoir une visite annuelle et créer une médecine du travail pour les personnels de l’EN.

    La préoccupation d’abroger le Concordat et les statuts spécifiques en Outre-mer et de réserver les fonds publics à l'école publique et d’abroger notamment la loi Carle me semble être à noter pour remettre en place la laïcité qui a été souvent bafouée.

    Le chapitre 5, l’Ecole et la citoyenneté mérite le détour notamment pour la place qu’il réserve aux parents des élèves, l’éducation à la citoyenneté et la démocratie scolaire.

    L’abrogation de la réforme des rythmes scolaires et garantir l’égal accès de tous les élèves du 1er degré à des enseignements artistiques et sportifs gratuits, dispensés par des personnels recrutés sur concours est une bonne chose. On peut regretter néanmoins qu’on ne lance pas la réflexion sur le rythme des enfants et des jeunes dans le cadre d’une adéquation entre ne nombre d’heures de scolarité annuel, journalier et hebdomadaire nécessaire pour mettre en œuvre les programmes et les temps de repos, vacances scolaires qui ont bien besoin d’être revus et à laquelle aucun gouvernement n’a jamais osé toucher, lobbies du tourisme obligent. Il est pourtant nécessaire que cela soit vu.

    Pour ce qui concerne la cantine avec des produits bio oui. Pour ce qui est de la gratuité, elle doit être réservée aux élèves des familles qui en ont socialement besoin.

    Globalement, je vote pour ce projet pour l’école qui est à la hauteur des enjeux et qui méritera quand même d’être approfondi pour la réalisation des détails pratiques.

     

    La suite...au prochain article le 5 b

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